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Printemps Arabes ;Pourquoi en veut-on aux forces armées ?

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  • Printemps Arabes ;Pourquoi en veut-on aux forces armées ?

    Engagées malgré elles dans le jeu politique du fait notamment qu’elles s’en tiennent à une position d’impartialité (elles l’ont prouvé en refusant de soutenir les dictatures) et qu’elles assurent une mission de sécurisation du pays, les forces armées sont au cœur des mutations profondes du Monde arabe. Elles sont à ce titre attaquées par des forces plus ou moins désignées qui veulent les « récupérer » en prenant au passage le soin de les affaiblir. A moins qu’il ne s’agisse, dans un élan anarchiste inavoué, de les faire disparaître du paysage national. Comme elles sont sollicitées, face à la gabegie qui s’installe, pour prendre les choses en main.
    Lundi 24 juin 2013, amer, le Chef d’état-major des forces armées tunisiennes, Rachid Ammar, annonce son départ volontaire à la retraite. Il ne laisse pas passer l’occasion, sur le plateau de la chaîne « Attounisya », pour dire qu’il a subi des « coups de couteaux dans le dos ».
    L’armée libanaise avait eu, le jour même, à Sayda, dans le sud du pays, maille à partir avec des guerriers d’un cheikh extrémiste sunnite religieux du nom d’Ahmed Al-Assir qui lui reproche de ne pas avoir réagi face à l’implication de la milice du parti chiite, le Hezbollah, dans la guerre en Syrie. Bilan des combats : 21 morts dont 16 soldats libanais.
    La veille, l’armée égyptienne fait savoir qu’elle « ne se mêlera pas dans les affaires d’autres pays » et qu’elle « assure uniquement la protection de l’Egypte et la sécurité nationale ». Une déclaration qui fait suite à celle du président Mohamed Morsi, issu des rangs des Frères Musulmans, qui a affirmé, en annonçant la rupture des relations diplomatiques avec la Syrie, que « l’Egypte, sa nation, son gouvernement et son armée n’abandonneront pas le peuple syrien avant qu’il n’obtienne ses droits et sa dignité ». Le 23 juin 2013, le ministre de la Défense égyptien, le général Abdel-Fatah Al-Sissi, a, par ailleurs, souligné que « les forces armées ont le devoir d’intervenir pour empêcher l’Egypte de plonger dans un tunnel sombre de conflits et de troubles ». Et ce, en prévision des affrontements qui pourraient se produire, le 30 juin 2013, à l’occasion de la Journée de mobilisation « tamarrod » (rébellion) des adversaires du président Morsi pour réclamer son départ.
    Un enjeu important dans la transition démocratique
    Trois faits qui ne semblent pas liés, mais qui le sont étroitement. Dans la mesure où ils ne cessent de placer l’armée au-devant de la scène politique arabe depuis le Tsunami du « Printemps arabe ». Il ne faut pas être un expert en géopolitique ni encore un spécialiste de la région pour remarquer que les forces armées arabes sont l’objet d’un enjeu important dans la transition démocratique qui se dessine depuis janvier 2011.
    Engagées malgré elles dans le jeu politique du fait notamment qu’elles s’en tiennent à une position d’impartialité (elles l’ont prouvé en refusant de soutenir les dictatures) et qu’elles assurent une mission de sécurisation du pays, les forces armées sont au cœur des mutations profondes du Monde arabe. Elles sont à ce titre attaquées par des forces plus ou moins désignées qui veulent les « récupérer » en prenant au passage le soin de les affaiblir. A moins qu’il ne s’agisse, dans un élan anarchiste inavoué, de les faire disparaître du paysage national. Comme elles sont sollicitées, face à la gabegie qui s’installe, à prendre les choses en main.
    « Garde-moi de mes amis »
    Pourquoi ? Deux raisons semblent évidentes. La première est, sans doute, parce qu’elles constituent une force. Les pays arabes présentent certes des réalités différentes, reste que l’armée a toujours joué un rôle important à la faveur notamment des conflits qui ont émaillé l’histoire de la région arabe. En Egypte, l’armée est engagée dans des guerres bien avant la guerre de 1948 contre Israël, mais depuis le règne de Mohamed Ali, en 1820 (guerre du Soudan). Au Liban, l’armée est entrée en guerre, déjà en 1948, contre Israël pour récupérer des parties du territoire libanais conquis. En 1978, l’armée libanaise se déploya jusqu’au fleuve Litani pour protéger le pays de l’armée israélienne. En Tunisie, l’armée a livré la guerre à l’ancienne puissance coloniale, en 1958 (Rémada) et en 1961 (Bizerte). Et les frictions avec la Libye, à la fin des années soixante-dix, l’ont propulsée sur la scène nationale. Bien plus : dans ces trois pays – ils ne constituent pas une exception -, des militaires ont occupé des fonctions importantes à la tête de l’Etat.
    Deuxième raison, parce que les forcées armées bénéficient d’un prestige certain. Et ce, contrairement à la police qui a défendu les régimes en place. Dans un article publié dans le numéro de mars-avril 2013 de la revue Le Moyen-Orient, Roland Lombardi, chercheur à l’IREMAM (Institut de Recherche et d’Etude sur le Monde Arabe et Musulman), explique comment il est question, en se basant sur le cas égyptien, de vouloir « inverser le rapport de force » en faveur de l’armée pour l’ « évincer » de la scène nationale. Sans doute parce que les forces armées incarnent cette « continuité » de l’Etat que certains veulent perturber. Dans le même numéro de ladite revue, un autre chercheur (de l’Institut de Recherche Stratégique de l’Ecole Militaire –IRSEM-), Flavian Bourrat, souligne comment les forces armées se dressent face « aux risques d’éclatement milicien auxquels est exposé l’usage de la force militaire dans plusieurs pays ».
    Mais à qui profite le crime ? Ce sont les extrémistes religieux, qui ont fait une apparition remarquée, avec le « Printemps arabe » qui sont le plus souvent tout désignés. Mais attention, la réalité n’est pas aussi simple dans un monde arabe où certains agissent par procuration. Un monde arabe, investi aujourd’hui par les intérêts et les acteurs les plus divers. Conclusion : celui qu’on croit être l’ennemi n’est pas toujours celui-là auquel on pense. Ne dit-on pas qu’Antigonos II Gonatas, roi de Macédoine (-277 à -239), avait coutume de dire : « Dieu garde-moi de mes amis. Mes ennemis, je m’en charge » ? Surtout lorsqu’il s’agit d’amis qui crient leur amitié sur tous les toits !
    - l'économiste maghrébin
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