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Paris: Une ville romantique?

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  • Paris: Une ville romantique?

    J’ai grandi a Paris. Et quand je dis cela aux gens autour de moi, ils s’émerveillent et me lancent inévitablement « Quelle chance que tu as ! » parceque je n’y habite plus. Si les gens ont de l’argent et ont l’intention de visiter, je réponds « oui. » Mais quand ils n’ont pas d’argent ou qu’ils n’ont aucune intention de visiter Paris, dans ce cas, je leur dis la vérité. Pour ne pas freiner l’activité touristique pour cette partie du monde.
    Mon enfance a Paris avait trois saisons : l’hiver, le printemps et l’automne. L’été était un enfer parcequ’on ne partait jamais en vacances et je passais deux mois avec Zembla, Blek le Roc, Capitaine Swing et quelques autres super héros de chez Marvel. Mes vacances etaient les bandes dessinées.
    Je n’aimais pas Spiderman – ou l’homme Araignée, a l’époque la langue Anglaise n’existait pas. Il était toujours en train de se plaindre de sa vie, sans savoir qu’il y a des gens qui le lisent et qui sont dans une situation encore pire que la sienne. Soyons honnête ! Il avait deux copines, quand il avait le cafard, il mettait son coutume et faisait un tour à New York ou combattait un super vilain pour briser sa monotonie. J’avais toujours envie de lui écrire et de lui dire : « Hé ! Peter Parker ! Arrêtes de te plaindre parceque tu as raté un cours de chimie et viens plutôt vivre dans mes chaussures durant la période estivale. Je suis un petit Kabyle-Algerien qui vit dans un petit appart Parisien qui ressemble a un four, sauf que le four a le luxe d’une vitrine ; et qui fait 5 km pour aller acheter du pain parceque tous les boulangers quartier ont décidé de prendre leur vacances en même temps. Mes copains ont tous disparu en direction du sud et mes jours de sortie sont une ballade forcée au marché aux puces ou chez Darty. »
    Je n’ai jamais écrit la lettre, et puis il ne comprendrait pas. J’étais laissé seul à ma souffrance. Heureusement que j’avais Mahmoud, un ami qui semblait avoir le même problème que moi. On était d’accord sur tout, sauf sur Hulk. Il parlait de lui comme si c’était son voisin de palier. Mahmoud ne disait jamais rien et il avait cette manie de faire des boucles à longueur de journée avec ses cheveux. Mes conversations avec lui étaient toujours des monologues. Quand il était d’accord avec moi, il me faisait un sourire et quand il n’était pas d’accord, il me faisait un sourire. C’est juste pour vous dire le problème que j’avais. On allait souvent dans un jardin public, il était vide, comme dans une scène de « Il était une fois dans l’ouest. » Mais sans le fond de musique et les plantes séchées emportées par le vent qui passe de droite a gauche de l’écran pour nous dire que c’est une ville désertée. On partageait les bancs du jardin avec des ivrognes et ramassait les bouteilles de Gevéor et de Préfontaine pour encaisser la consigne. La façon dont on dépensait notre argent était déjà un signe qu’on allait pas vivre notre vie, mais la dépenser. Les ivrognes nous traitaient toujours de vauriens. Bien des années plus tard, on s’est aperçu que ce n’était pas des ivrognes mais des prophètes. La plupart de notre oseille, ou plutôt de l’argent de la consigne partait dans les Carambars et les Malabars. Beaucoup de gens ne le savent pas, mais on peut devenir facilement accroc de l’argent de consigne. On faisait tous les jardins publics de Paris pour les ramasser, c’était une prédiction. On allait soit devenir des ivrognes ou des éboueurs. Quelques années après, on n’était même pas qualifiés pour faire ni l’un, ni l’autre. On était inséparable, jusqu’au jour ou on est tombe amoureux de la même fille. Elle s’appelait Patricia et son père était animateur à la maison des jeunes. Je dis une fille, mais le mot énigme ne serait pas déplacé. Elle aimait Mahmoud, parcequ’il était silencieux et il m’aimait parceque je n’arrêtais pas de parler et la faisais rire. C’est seulement quand elle a déménagé qu’on s’est aperçu qu’elle n’aimait ni l’un ni l’autre, mais plutôt les carambars qu’elle mâchait avec l’argent de nos consignes. Mon enfance était tellement ennuyeuse qu’on dirait que c’est une prescription pour supporter ma vie misérable d’adulte. Mon père insistait toujours que je rentre à 7 heures du soir. Si je rentrais a 7h05, je prenais une raclée de 15 minutes même si j’étais en retard seulement de 5 minutes. Pour lui, les crimes dans les rues sont toujours commis après 7h. Je ne sais d’où il avait sorti cette théorie, mais il en était convaincu.
    Mon père était un Kabyle né à Annaba. Son lieu de naissance n’a peut être aucun rapport, mais quand on analyse les gens ou les choses, on ne laisse rien au hasard. Il était fier qu’on l’appelle « Amar El Annabi » à la table de domino. Mon père ressemblait a Lino Ventura comme un frère jumeau. Il fumait des Gitanes sans filtre et il m’adressait toujours de derrière un nuage de fumée pour créer un suspense. Comme tout les enfants, j’ai subi son influence et ma première cigarette était une Gitane sans Filtre. J’attendais toujours que son paquet descende vers la dizaine pour lui en piquer une ou deux. Mon père savait compter en dessous de dix et au dessus de vingt. C’était le seul avantage que j’avais dans mon enfance. La première fois que j’ai fumé, j’ai entendu mes paumons pleurer. Pour supporter la douleur d’une « Gitane », j’imitais toujours Serge Gainsbourg pour Mahmoud et Azziz. Le père à Azziz fumait des gauloises sans filtre et on se retrouvait souvent sur un banc pour jouer un concerto des « paumons déglingués ». J’aimais Serge Gainsbourg à sa façon de fumer. Il cachait toujours son talent derrière la fumée d’une cigarette. Mon imitation de « je vais et je viens, entre tes reins » aurait pu me décrocher une palme au festival des imitation, mais il y en avait pas. Et puis, je n’avais aucun remplaçant pour perpétuer ma misère.
    Ah ! Oui ! Mon père voulait que j’apprenne l’Arabe, je n’ai jamais su pourquoi. Il croyait que la langue Arabe allait devenir la langue officielle de la France ou je ne sais pas. Il avait toujours de drôles d’idées. Il insistait que j’aille a une école qui donnait des cours dans une mosquée a Ménilmontant. J’étais nul partout, mais en Arabe j’excellais dans ma nullité. On était une dizaine a apprendre l’Arabe et on était tous Kabyle. C’était une ironie. Quand on a quitté, deux semaines après, on a tous quitté ensemble. C’est la que Cheik Madjid savait que l’arabisation des Kabyles est peine perdue. On avait des livres ou les personnages, des enfants, s’appelaient Zina et Malek. Le cheik nous faisait lire sous les images du livre. J’ai toujours la chance de tomber sur le jardin et fièrement je prononçais avec tout le pouvoir d’un rossignol « El BOUSTANE ». Arriver a mon ami Ali, il avait une orange. Apres avoir hésité pour une minute, il prononça « CHINATOUNE » et on a commencé tous a rire sans mettre de freins et le cheik était vexé. Il voulait donner une « fallaqa » a Ali et ce dernier insulta la langue Arabe depuis sa création jusqu'à sa disparition tout en mettant ses chaussures. C’était notre dernier cours avec cheik Madjid.

    …..bon ! Je vais ouvrir la porte de mon adolescence quand je reviendrais.

  • #2
    Le HLM l'été,
    les cages d'escaliers sont un terrain de jeu propice à l'imagination, les voisins crient car on fait trop de bruit... on s'en fou, on joue...on s'invente une vie aventureuse, des enquêtes que l'on a lu dans les livres de bibliothèques roses ou vertes empruntés à la MJC du coin ...

    " on dirait que tu étais un trafiquant et que moi j'étais un détective"
    PHINE n'est pas d'accord ! elle ne veut pas être comme le gars de l'entrée 5 de l'étage 11 que l'on voit traficoter la nuit tombée ...

    d'ailleurs le soir, quand on doit descendre les poubelles, on se dépêche...vite.. de remonter...
    sur le chemin, il y a la cave... celle où ..
    il y a longtemps pourtant...
    rien n'est oublié ... mais ce n'est qu'un fait divers sans importance... après tout!


    claude, annie, françois , mick et le chien dagobert du club des cinq nous ont aidé PHINE et moi à supporter RIEN. On s'imaginait futées, malicieuses, nous élaborions des scénarii...des codes secrets.
    BENE, JOEL, phil , PHINE et moi, nous formions notre bande...

    " dégage de là toi, sale môme, où t'étais encore ?"
    "va y tape, j'men fou... même pas mal..."

    il va s'endormir dans une heure ou deux... j'attend... je suis devenue patiente...
    en attendant, j'me cache dans un cagibi avec ma petite lampe de poche , tellement précieuse, et je continue de rêver mes enquêtes secrètes avec annie, claude, françois , mick et dagobert le chien...


    une chose est sûre ... quand je serai grande j'aurai un chien !
    Dernière modification par Absente, 31 août 2006, 18h44.

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    • #3
      Zembla, Blek le Roc,
      On a les mêmes références culturelles en matières de BD
      Blek le trappeur et Zambla (tarzan) on été les deux héros qui ont habité mon imagination d’enfants …
      Je suis père et fais de mon mieux au regard de cette citation :
      L'exemple, c'est tout ce qu'un père peut faire pour ses enfants. Thomas Mann

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      • #4
        A adhar

        (...) J'ai adore les BD! Tu sais, j'ai trouve des gens qui payeraient plus de 70 euros pour un episode de Strange ou des hors-serie des Fantastiques...J'aurais du les garder. Je serais moins pauvre aujourd'hui.

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        • #5
          qui connait les rubriques à brack de gotlib ?
          Dernière modification par Absente, 31 août 2006, 18h46.

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          • #6
            " Paris: Une ville romantique?"
            En touca pas en métro ...

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