Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Comment bien administrer un médicament à un enfant ?

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Comment bien administrer un médicament à un enfant ?

    AVIS D'EXPERT- Les conseil du Pr Françoise Brio, membre de l'Académie nationale de pharmacie.

    L'enfant n'est pas un adulte en miniature: son métabolisme lui est propre et évolue au fil des ans. Un médicamentefficace chez l'adulte ne l'est pas forcément chez l'enfant , sans compter qu'il peut de plus entraîner chez lui des effets indésirables qui n'étaient pas apparus chez l'adulte. Or, il y a très peu de médicaments pédiatriques proprement dits, ce qui oblige à recourir aux préparations en pharmacie ou à extrapoler les formes et les doses à partir des médicaments pour adultes. Cette automédication forcée peut étre source d'erreurs, ce qui exige de la part des professionnels comme des parents une information particulière et une vigilance accrue. Un médicament n'est pas un bonbon, même si, pour un enfant, une bonne acceptation dépend souvent d'abord de la saveur et de la couleur. Mais tous les traitements ne peuvent pas se réduire à des sirops rose fluo… Or, comme il n'est pas toujours facile de faire prendre un médicament aux plus petits, toutes les ruses sont permises, à condition toutefois de ne pas hypothéquer l'efficacité et la sécurité du traitement et de respecter certaines règles de bon usage.
    Les formes liquides à boire sont naturellement les plus adaptées. Elles sont vendues pour la plupart avec des seringues doseuses ou des cuillères mesures, tellement pratiques qu'on a tendance à les réutiliser quel que soit le produit. Attention, elles ne sont pas interchangeables! Il est courant aussi de mélanger le médicament dans du lait, de la compote ou du jus de fruits, mais à condition de ne le faire qu'en petites quantités. Par exemple, il ne faut jamais diluer le médicament dans un biberonentier car, si l'enfant ne le termine pas, il sera impossible d'évaluer la dose effectivement absorbée. Pour toutes les préparations liquides, des précautions d'hygiène s'imposent: noter la date d'ouverture, nettoyer le col du flacon pour éviter que le sucre ne colle, conserver éventuellement le produit reconstitué au réfrigérateur et le sortir trente minutes avant emploi, sachant toutefois que, selon la stabilité du principe actif, il peut au contraire être déconseillé de réfrigérer la présentation… Mieux vaut consulter la notice avant usage dans tous les cas. Enfin, tout flacon entamé doit être jeté à la fin d'un traitement pour éviter de le réutiliser contaminé, conservateurs ou pas.
    Attention aux fausses routes

    Les formes solides, comprimés et autres gélules, sont déconseillées chez les enfants de moins de 6 ans, par crainte des fausses routes, à moins de les scinder éventuellement en demi ou quart de comprimé. Mais, d'une part, tous les comprimés ne sont pas sécables ; d'autre part, le dosage du médicament est alors plus aléatoire. Les pertes ou les excès peuvent aller jusqu'à 80 %, ce qui pose un vrai problème quand le dosage est calculé au mg près. Tous les comprimés ne peuvent pas non plus être broyés car c'est l'enrobage qui souvent permet justement une meilleure absorption. Par ailleurs, certains enrobages servent à masquer le mauvais goût, qu'il serait absurde de retrouver dans la poudre obtenue par broyage… Les gélules, enfin, peuvent être ouvertes et mélangées à l'alimentation ou aux boissons, sauf si c'est justement l'encapsulation qui facilite le passage du médicament dans l'estomac et sachant qu'il y a un risque important de rendre ainsi le médicament inactif. Enfin, les comprimés effervescents sont à manier avec précaution: attendre la fin de l'effervescence pour diminuer l'absorption de bicarbonate, ne pas en donner aux enfants sujets aux vomissements ni surtout en cas d'insuffisance rénale car le sodium et le potassium qu'ils contiennent sont une contre-indication majeure.
    Piqûres et suppositoires avec modération. Pas de vaccinationsans piqûre ; pour le reste, mieux vaut éviter cette épreuve à l'enfant, et surtout aux parents… Quant aux suppositoires, comme pour les thermomètres on peut faire autrement ; autant y recourir le moins possible, en tenant compte de l'âge de l'enfant mais aussi de sa culture (les Anglo-Saxons, par exemple, y sont très réticents). Il faut savoir aussi qu'ils sont plus longs à agir et que, chez les enfants, le rejet est quasi systématique. À n'utiliser donc, en dernier ressort, en cas de tendance chronique au vomissement
    Il est fréquent que l'enfant recrache, régurgite ou vomisse son traitement Lorsque le médicament est recraché immédiatement, on peut redonner la dose entière. De même, si l'enfant vomit dans les dix minutes suivant l'administration, car l'absorption n'a pas été significative. Pour tout délai supérieur à dix minutes, mieux vaut prendre un avis autorisé. En cas d'oubli de prise, on considère généralement que lorsque la moitié de l'intervalle entre deux doses est dépassée, il est inutile de rattraper la prise du médicament (un délai de plus de 4 heures pour une prise toutes les 8 heures: on attend la dose suivante) à condition de ne pas oublier de doubler la dose de la prise suivante. La meilleure façon de prévenir les oublis est de s'adapter au rythme de vie de l'enfant. Le médecin doit pouvoir prescrire le traitement en fonction du mode de garde, des horaires habituels de l'enfant, s'il mange à la cantine ou non, de la possibilité ou non pour l'école ou l'assistante maternelle de donner le médicament en l'absence des parents.
    Prise en charge difficile

    Le bon usage, c'est aussi la sécurité. Les médicaments doivent être classés pour éviter l'administration multiple d'un même médicament présent sous différents noms commerciaux ; il faut surtout veiller à ce qu'ils soient hors de portée des enfants pour qui, même à faibles doses, ils peuvent être des poisons mortels. En effet, malgré les recommandations officielles, tous les médicaments ne sont malheureusement pas encore dotés de bouchons «sécurisé = scellé avant ouverture» et «sécuritaire = difficilement ouvrable par un enfant».
    Mais tant que les médicaments pédiatriques ne seront pas suffisamment spécifiquement adaptés et évalués, réduisant les professionnels de santé à une pratique le plus souvent empirique, la prise en charge thérapeutique des enfants sera difficile et le risque d'erreur d'administration toujours présent. Seuls des essais cliniques permettraient de conclure au caractère utile ou dangereux de chaque médicament et de préciser les conditions optimales d'utilisation. Aux parents de comprendre que, sans leur consentement et leur adhésion, rien n'est vraiment possible
    le figaro
Chargement...
X