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Aux racines du mot ALGERIE

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  • Aux racines du mot ALGERIE

    Alors que des personnalités expriment publiquement leur inquiétude grandissante quand au devenir du pays, et que de plus en plus de jeunes, au Nord comme au Sud, à l’Est comme au l’Ouest du territoire national s’interrogent sur le sens même de leur appartenance à l’Algérie, je me suis amusé à creuser l’origine de ce vocable.
    Certes, les racines de l'Algérie remontent fort loin dans l'histoire du Nord de l'Afrique :
    " Les Berbères nous paraissent présents, dès la plus haute Antiquité, dans le pays où nous les trouvons aujourd'hui ; ils étaient alors connus sous les noms de Numides, Maures, Gétules et, plus globalement, Libyens. Ces populations étaient là avant les premiers intervenants historiques que furent les Phéniciens, fondateurs d'Utique, Lixus et Carthage."
    La constitution en nation spécifique des habitants du Maghreb central est toutefois très récente, et intimement liée aux bouleversements introduits par la colonisation française, à partir de 1830. On peut dire que l’Algérie n’existe vraiment comme nation spécifique qu’à compter de 1962, année de l’indépendance.
    Jusqu'à la Première Guerre Mondiale (1914-1918), le terme d'Algérie, identifiant aujourd'hui la nation et l'Etat Algériens, n'avait pas de sens pour les "indigènes". Ou, s'il en avait un, ce sens était fort éloigné de celui que nous lui prêtons communément : il désignait les "Pieds Noirs", les Européens d'Algérie comme l’écrit Mohamed Harbi :
    "Jusqu'à la fin du XIXème siècle, l'expression "peuple Algérien" désignait les Européens. (…) C'est plus particulièrement entre les deux guerres que le terme "Algériens" sera employé pour nommer ceux que le discours colonial définissait alors par leur confession (les Musulmans), leur langue (les Berbères, les Arabes) ou leur région (les Kabyles, les Mozabites, les Chaouia, etc)"
    Le discours colonial n'était pas le seul à identifier par ces différents termes les autochtones d'Algérie. Eux-même ne se désignaient pas autrement. Jusque dans les années 1930-40, l'idée nationale telle que nous la concevons aujourd'hui n'avait pas encore mûri dans les consciences :
    "Il faut bien réaliser l'état d'inconscience dans lequel nous étions. Je crois que la majorité des gens qui habitaient l'Algérie - je ne dis pas les Algériens - étaient dans un état d'inconscience. Il y avait une minorité d'hommes politiques qui avaient conscience de ce qu'ils étaient, de ce qu'ils voulaient, mais la majorité des habitants, à mon avis, non. Et pour moi - si je dois retrouver un sentiment de mon enfance -, c'était l'évidence que je n'avais pas d'autre pays. Ce pays était tellement mien que je ne pouvais même pas m'imaginer dire que c'était le mien. Je n'en avais pas d'autre. Mon pays, c'était la place de la Lyre, c'était Alger."
    C'est, paradoxalement, l'administration coloniale qui introduit l'usage des termes d'Algérie et Algériens à compter du 14 octobre 1839. A cette date, le Ministre de la Guerre - la France ayant délibérément violé le traité de paix signé avec l'Emir Abdelkader – avait décidé d'appeler Algérie les nouvelles conquêtes d'Afrique du Nord :
    " Le pays occupé par les Français dans le Nord de l'Afrique sera, à l'avenir, désigné sous le nom d'Algérie. En conséquences, les dénominations d'ancienne Régence d'Alger et de possessions françaises dans le Nord de l'Afrique cesseront d'être employées dans les actes et les correspondances officielles"
    Les Français n'ont toutefois pas inventé le mot d’Algérie. L'Emir Abdelkader a parlé de "Watan el-Jazair" dans une (une seule !) de ses lettres aux juristes de Fès en 1836[5] . De même, et surtout, il y avait la Régence et la ville d'Alger, terme générique dont seront issus les mots d'Algérie et Algériens.
    La Régence d'Alger, c'était ainsi que les Turcs (qui régnèrent sur la région de 1515 à 1830) appelaient les territoires, au centre de l'actuelle Algérie, passés sous leur domination. L'Est du pays était sous l'autorité du Bey de Constantine, tandis que l'Ouest était sous la domination du Bey du Titteri. Ces différents Beyliks étaient, selon les époques, plus ou moins rattachés au Dey d'Alger, lui-même plus ou moins dépendant de la Sublime Porte.
    Certains, à tord selon nous, ont trouvé dans ce règne Ottoman les origines de l'Etat Algérien.
    Il reste que les Turcs n'ont, pas plus que les Français, inventé le terme d'Alger.
    Alors d'où vient ce mot dont l'extension a donné Algérie et Algériens ?
    La thèse d'une origine arabe est souvent citée par les historiens avant et après l'indépendance du pays.
    Selon une première hypothèse, ce nom aurait été donné au VIIème siècle à toute la région du Maghreb par les Arabes conquérants, le terme se serait par la suite en quelque sorte restreint à la partie centrale de l'Afrique du Nord :
    "Les Arabes, qui vinrent de l'est, baptisèrent Djezira el-Maghreb, " l'île de l'Occident ", tous les pays à l'ouest de l'Egypte et, plus proprement, Maghreb El-Aqça l'extrême occident du Maghreb."
    Une autre version considère que le vocable El-Djezaïr signifiant " îles " en arabe, a été donné à la ville qui porte le nom par Bologhin, Emir de la Dynastie des Ziride, en raison des nombreux îlots présents dans la baie :
    "A l'époque romaine, cette cité s'appelait Icosium. Dans la seconde moitié du IXe siècle, le prince Ziride Bologuin lui a redonné vie. Il l'a baptisée El-Djezaïr, " Les Îles ", à cause de 4 îlots rocheux situés à quelques encablures au large. Sur l'un de ces îlots, l'Espagnol Pedro Navarro a fait bâtir le fameux Penon, forteresse dont les canons pointent dangereusement sur les murs de la cité."
    Cette dernière citation introduit à une connaissance, nous semble-t-il, plus proche de la vérité. Effectivement, Alger a été construite par Bologhin ibn Ziri, Emir de la Dynastie Ziride qui régna au Maghreb central entre 973 et 1060, sur les ruines de l'ancienne Icosium, un parmi les nombreux comptoirs puniques[9] édifiés par Carthage sur la côte nord africaine. Mais ce nom ne renvoie pas à un mot arabe signifiant "les îles".
    Ziri Ibn Manad était le chef d'une tribu Çanhadja de Petite Kabylie qui sauva (en 944) le Calife Fatimide El-Mo'iz assiégé à Mahdia, au sud de l'actuelle Tunisie, par l'insurrection d'Abou Yazid, dit "l'homme à l'âne". L’ambition du Calife shi'ite El-Mo'iz, originaire du Moyen-Orient, étant de règner sur l'ensemble du monde musulman à partir de la Mecque, il conquiert l'Egypte vers 970 et choisit de s'y installer. Bologhin ibn Ziri, fils de Menad et chef de guerre reconnu, est alors désigné comme Emir du Maghreb. C'est lui qui fonda la ville d'Alger dont un quartier porte toujours le nom.
    Ziri est le patronyme de la Dynastie berbère de Kabylie qui édifia la ville d'Alger.
    Izzri signifie "la vue" en tamazight. L'on en a tiré Ziri (ou Ti Ziri) pour le clair de lune (éthymologiquement "lumière d'étoiles") auquel les Kabyles confèrent un pouvoir occulte. Il est probable que la tribu des Ziri tira son nom d'une adoration de la "lumière d'étoile". Elle fonda Alger en tant que capitale de l'Afrique du Nord. Telle est l'origine amazigh du nom de l'Algérie.
    Aît Menguellet avait un million de fois raison de chanter : A y arrac nnej El zzayer tamurt nnej.
    Ramdane HAKEM
    dz(0000/1111)dz
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