La métaphore de Suez
Egypte-néo-islamiste: Retour sur la séquence Mohamad Morsi et des néo islamistes arabes à l’ombre du «printemps arabe»
La métaphore de Suez
René Naba – 04.07.13
I – La signification symbolique de la destitution de la statue de Nasser
Paris – La destruction de la statue de Nasser à Benghazi, acte fondateur du pouvoir néo islamiste en Libye, en 2012, a constitué la marque symptomatique du nanisme politique d’une équipe sans légitimité, ni charisme, parvenue au pouvoir à Tripoli sous les ailerons des Tomahawks américains. Indice d’une rare aberration mentale, la destitution symbolique du chef de file du nationalisme arabe a traduit dans le même temps la haine rance que les néo islamistes nourrissent à l’égard d’un homme qui a relevé la tête des Arabes et tenu en respect les puissances occidentales pendant près de deux décennies.
Nasser qui a scandé le redressement arabe avec son légendaire cri de ralliement « ارفع رأسك يا أخي» Irfah Ra’sak Ya Akhi- Relève ta tête mon frère», dont le charisme enflammait les foules de la planète bariolée au point de faire peser une menace d’implosion du Commonwealth britannique dans la foulée de l’expédition de Suez.
Nasser, l’homme de la fermeture du Canal de Suez, en 1956, qui défiera le droit maritime international pour couper le ravitaillement énergétique de l’Occident coupable d’alignement pro israélien. Nasser passé à la postérité pour avoir été l’homme du haut barrage d’Assouan, qu’il construira avec l’aide soviétique, bravant les foudres américaines pour nourrir son peuple. Nasser, le partenaire de la guerre d’indépendance de l’Algérie, qui assumera sans broncher les conséquences de son soutien à la révolution algérienne: une agression tripartite des puissances coloniales de l’époque (France, Grande Bretagne) et de leur poulain Israël lors de l’expédition punitive de Suez en novembre 1956. Nasser, enfin, dont les interlocuteurs étaient des figures de légende: Chou En lai (Chine), Ho Chi Minh (Vietnam), Nehru (Inde), Josep Broz Tito (Yougoslavie), Ahmad Soekarno (Indonésie), Charles De Gaulle, avec lequel il a procédé à la réconciliation franco-arabe à la suite de la rupture de Suez. Coutumiers du fait, les Frères Musulmans se tromperont ainsi constamment de cible et de trajectoire, sacrifiant l’essentiel à l’accessoire, au point d’apparaitre, sous une hostilité apparente, comme le cheval de Troie de l’Occident, la roue dentée de la stratégie atlantiste en terre arabe (1).
Nasser avait les yeux rivés sur Tel Aviv, les Frères Musulmans sur La Mecque, la City et Wall Street. L’officier nationaliste percevait Israël comme la principale menace sur le Monde arabe et privilégiait la solidarité pan arabe, alors que les Frères Musulmans prônaient la solidarité religieuse comme antidote à la laïcité, occultant le fait israélien. La confrérie, première formation à avoir mené le combat contre le colonialisme britannique en Egypte, s’est ainsi ralliée aux pires ennemis de son pays: l’Arabie saoudite, vassal des ennemis de son pays, les Etats Unis et la Grande Bretagne, en une tragique déviation de trajectoire.
II- Gaza, le baromètre du régime néo islamiste égyptien et la Palestine le test de son indépendance
Au pouvoir, les Frères Musulmans se sont appliqués à imposer d’autorité leur crédo sans considération du nouvel environnement régional et de la réalité des forces internes. Sans prendre en compte les profondes aspirations d’un peuple frondeur et tombeur de la dictature et les impératifs de puissance que commande la restauration de la position de l’Egypte dans le Monde arabe.
Sur fond de concurrence avec la mouvance rivale salafiste et d’opposition frontale avec le camp laïc, l’épreuve de force s’est révélée infiniment plus redoutable que cinquante ans d’opposition déclamatoire souvent à connotation sinon démagogique à tout le moins populiste. Au terme d’un an de pouvoir ponctué de violents heurts avec la frange contestataire de la population, le verdict est tombé sans appel. Les Frères musulmans ont «renié leurs engagements», tranchera Amira Howeidy, le 3 avril, 2013, Rédactrice en chef adjointe du Al-Ahram Weekly, mettant en avant le comportement de l’Egypte néo islamiste face à Gaza.
Fait sans pareil dans les annales diplomatiques internationales, l’Egypte continue d’appliquer un accord périmé auquel elle n’a pas souscrit. Signé entre Israël, l’Union Européenne et l’autorité palestinienne en 2005-2006 pour la circulation des biens et des personnes cet accord a été piétiné par deux opérations militaires israéliennes de grande envergure, le premier «Plomb durci» en 2007-2008, le second en novembre 2011, après la visite de l’Emir de Qatar à Gaza et le ralliement du Hamas au groupe des pays anti syriens. Un accord d’autant plus périmé qu’il s’est accompagné de l’arrestation du tiers du parlement palestinien, particulièrement des députés de la branche palestinienne de la confrérie sans la moindre protestation du Caire ni des autres régimes néo-islamistes arabes (Tunisie, Libye), indice du surréalisme du nouveau pouvoir égyptien et de la perte de souveraineté de l’Egypte et de ses autres confrères.
Seul acteur transnational de l’aire musulmane depuis l’effondrement du bloc soviétique, la confrérie se pose en équivalent de la «démocratie chrétienne» en Europe occidentale, Un parti politique à soubassement religieux. Fer de lance de l’Arabie, elle a mène un combat sans relâche contre Gamal Abdel Nasser, chef charismatique des Arabes auréolé d’une authentique légitimité populaire, cible d’une offensive occidentale sans précédent dans le Monde arabe. A des moments charnière de la confrontation israélo-arabe, elle cherchera à déstabiliser la Syrie, l’autre pays du champ de bataille, la première fois en 1966, au moment du détournement des eaux du Jourdain, la deuxième fois, en 1982, avec la révolte de Hama, à quatre mois de l’invasion israélienne du Liban en vue d’y propulser le chef phalangiste Bachir Gemayel à la magistrature suprême libanaise. La levée de l’ostracisme qui la frappait jusqu’à présent serait destinée à s’assurer sa coopération dans la stratégie américaine et à compenser quelque peu l’impéritie des Etats-Unis dans la zone, du fait de son impuissance face à Israël en ce qui concerne le gel de la colonisation et la relance des négociations israélo-palestiniennes.
Le partenariat que cherche à promouvoir les Etats-Unis avec les Frères Musulmans ne résulte pas d’un amour immodéré pour les Musulmans, mais vise à livrer une compensation au rabais des turpitudes antérieures à leur égard, notamment en ce qui concerne la question palestinienne. A assurer la pérennité de l’économie du marché dans les pays arabes, qu’ils jugent plus assurée par les régimes islamiques que par un système nationaliste contestataire avec son cortège de syndicats et de revendications professionnelles et patriotiques. Un quitus en somme à son combat contre les chefs de file du nationalisme arabe anti américain.
L’accession de Mohamad Morsi à la magistrature suprême a considérablement modifié la donne plaçant la confrérie en situation paradoxale vis à vis de l’Arabie saoudite, son incubateur et propulseur en direction de l’Islam européen. Premier dirigeant islamiste démocratiquement élu dans le plus grand pays arabe, Morsi est en mesure de contester le leadership de la dynastie wahhabite tant au niveau religieux via l’Université Al Azhar, qu’au niveau politique. En concurrence sur les deux champs de son intervention, religieux et politique. En phase de convalescence égyptienne et de douloureuses successions saoudiennes, la compétition est vive entre les divers prétendants. Tison américain planté sur le flanc de l’Arabie et nouveau soutien financier des Frères Musulmans en remplacement du Royaume, le Qatar du même rite wahhabite rêve de se substituer à la dynastie saoudienne au leadership spirituel et politique du Monde arabe sunnite.
Il en est de même de la Turquie, principale bénéficiaire de la destruction de l’Irak et de la Syrie, qui se positionne comme nouveau chef de file du Monde sunnite tout court. Dans un spectaculaire retournement d’alliance, les anciens alliés de la dynastie se posent désormais en postulants à la succession. Le contentieux entre l’Arabie saoudite et les Frères culmina à la fin des années 1990, lorsque la confrérie a damné le pion à l’Arabie au niveau de l’islam européen et que le Hamas, sa branche palestinienne, a rallié l’«axe chiite» constitué par l’Iran, la Syrie et le Hezbollah. Emboitant le pas à l’Arabie, les autres pétromonarchies, notamment les Emirats arabes Unis et le Koweït maintiennent sous pression les sympathisants de la confrérie sur leur territoire de crainte d’un débordement. Il en est de même de la Jordanie qui redoute de faire les frais d’une opération de déstabilisation résultant d’une effervescence islamiste à l’effet de faire du royaume hachémite la «patrie de substitution» aux Palestiniens.
III- Al Qaida, un double défi à l’Arabie saoudite et à l’Egypte
Sur fond de vaste recomposition du paysage politique régional, de vive compétition entre l’Arabie saoudite, l’Egypte et le Qatar pour le leadership arabe, en phase éruptive du Monde arabe, Al Qaida s’est replacé dans le jeu depuis la terre des ancêtres de son fondateur, Oussama Ben Laden, le Yémen, adressant un magistral pied de nez à ses anciens parrains.
S’implantant, une décennie après l’apocalyptique raid qu’il a commandité sur les symboles de l’hyper puissance américaine, sur le flanc sud du royaume saoudien dans un combat retourné contre la dynastie wahhabite visant au premier chef à rétablir la légitimité de son chef posthume et à redorer son blason au sein du Monde arabe sur les lieux mêmes de son immersion, la mer d’Oman, the Arabian Sea. Houspillé pour sa fugitive disparition à la suite de l’invasion américaine de l’Afghanistan, en novembre 2001, à bord d’une moto conduite par son borgne compère, le Mollah Omar, chef des Talibans, le sous-traitant émérite de la connivence saoudo américaine dans la guerre antisoviétique d’Afghanistan (1980-1989) s’est rappelé au bon souvenir de ses anciens bailleurs en faisant un retour signalé au Yémen, à tout le moins ses disciples, se replaçant en Arabie méridionale, à l’épicentre de la connexion arachnéenne du dispositif militaire et énergétique américain, en bordure de la veine jugulaire du système énergétique mondial, à l’intersection des voies des communications maritimes internationales.
Egypte-néo-islamiste: Retour sur la séquence Mohamad Morsi et des néo islamistes arabes à l’ombre du «printemps arabe»
La métaphore de Suez
René Naba – 04.07.13
I – La signification symbolique de la destitution de la statue de Nasser
Paris – La destruction de la statue de Nasser à Benghazi, acte fondateur du pouvoir néo islamiste en Libye, en 2012, a constitué la marque symptomatique du nanisme politique d’une équipe sans légitimité, ni charisme, parvenue au pouvoir à Tripoli sous les ailerons des Tomahawks américains. Indice d’une rare aberration mentale, la destitution symbolique du chef de file du nationalisme arabe a traduit dans le même temps la haine rance que les néo islamistes nourrissent à l’égard d’un homme qui a relevé la tête des Arabes et tenu en respect les puissances occidentales pendant près de deux décennies.
Nasser qui a scandé le redressement arabe avec son légendaire cri de ralliement « ارفع رأسك يا أخي» Irfah Ra’sak Ya Akhi- Relève ta tête mon frère», dont le charisme enflammait les foules de la planète bariolée au point de faire peser une menace d’implosion du Commonwealth britannique dans la foulée de l’expédition de Suez.
Nasser, l’homme de la fermeture du Canal de Suez, en 1956, qui défiera le droit maritime international pour couper le ravitaillement énergétique de l’Occident coupable d’alignement pro israélien. Nasser passé à la postérité pour avoir été l’homme du haut barrage d’Assouan, qu’il construira avec l’aide soviétique, bravant les foudres américaines pour nourrir son peuple. Nasser, le partenaire de la guerre d’indépendance de l’Algérie, qui assumera sans broncher les conséquences de son soutien à la révolution algérienne: une agression tripartite des puissances coloniales de l’époque (France, Grande Bretagne) et de leur poulain Israël lors de l’expédition punitive de Suez en novembre 1956. Nasser, enfin, dont les interlocuteurs étaient des figures de légende: Chou En lai (Chine), Ho Chi Minh (Vietnam), Nehru (Inde), Josep Broz Tito (Yougoslavie), Ahmad Soekarno (Indonésie), Charles De Gaulle, avec lequel il a procédé à la réconciliation franco-arabe à la suite de la rupture de Suez. Coutumiers du fait, les Frères Musulmans se tromperont ainsi constamment de cible et de trajectoire, sacrifiant l’essentiel à l’accessoire, au point d’apparaitre, sous une hostilité apparente, comme le cheval de Troie de l’Occident, la roue dentée de la stratégie atlantiste en terre arabe (1).
Nasser avait les yeux rivés sur Tel Aviv, les Frères Musulmans sur La Mecque, la City et Wall Street. L’officier nationaliste percevait Israël comme la principale menace sur le Monde arabe et privilégiait la solidarité pan arabe, alors que les Frères Musulmans prônaient la solidarité religieuse comme antidote à la laïcité, occultant le fait israélien. La confrérie, première formation à avoir mené le combat contre le colonialisme britannique en Egypte, s’est ainsi ralliée aux pires ennemis de son pays: l’Arabie saoudite, vassal des ennemis de son pays, les Etats Unis et la Grande Bretagne, en une tragique déviation de trajectoire.
II- Gaza, le baromètre du régime néo islamiste égyptien et la Palestine le test de son indépendance
Au pouvoir, les Frères Musulmans se sont appliqués à imposer d’autorité leur crédo sans considération du nouvel environnement régional et de la réalité des forces internes. Sans prendre en compte les profondes aspirations d’un peuple frondeur et tombeur de la dictature et les impératifs de puissance que commande la restauration de la position de l’Egypte dans le Monde arabe.
Sur fond de concurrence avec la mouvance rivale salafiste et d’opposition frontale avec le camp laïc, l’épreuve de force s’est révélée infiniment plus redoutable que cinquante ans d’opposition déclamatoire souvent à connotation sinon démagogique à tout le moins populiste. Au terme d’un an de pouvoir ponctué de violents heurts avec la frange contestataire de la population, le verdict est tombé sans appel. Les Frères musulmans ont «renié leurs engagements», tranchera Amira Howeidy, le 3 avril, 2013, Rédactrice en chef adjointe du Al-Ahram Weekly, mettant en avant le comportement de l’Egypte néo islamiste face à Gaza.
Fait sans pareil dans les annales diplomatiques internationales, l’Egypte continue d’appliquer un accord périmé auquel elle n’a pas souscrit. Signé entre Israël, l’Union Européenne et l’autorité palestinienne en 2005-2006 pour la circulation des biens et des personnes cet accord a été piétiné par deux opérations militaires israéliennes de grande envergure, le premier «Plomb durci» en 2007-2008, le second en novembre 2011, après la visite de l’Emir de Qatar à Gaza et le ralliement du Hamas au groupe des pays anti syriens. Un accord d’autant plus périmé qu’il s’est accompagné de l’arrestation du tiers du parlement palestinien, particulièrement des députés de la branche palestinienne de la confrérie sans la moindre protestation du Caire ni des autres régimes néo-islamistes arabes (Tunisie, Libye), indice du surréalisme du nouveau pouvoir égyptien et de la perte de souveraineté de l’Egypte et de ses autres confrères.
Seul acteur transnational de l’aire musulmane depuis l’effondrement du bloc soviétique, la confrérie se pose en équivalent de la «démocratie chrétienne» en Europe occidentale, Un parti politique à soubassement religieux. Fer de lance de l’Arabie, elle a mène un combat sans relâche contre Gamal Abdel Nasser, chef charismatique des Arabes auréolé d’une authentique légitimité populaire, cible d’une offensive occidentale sans précédent dans le Monde arabe. A des moments charnière de la confrontation israélo-arabe, elle cherchera à déstabiliser la Syrie, l’autre pays du champ de bataille, la première fois en 1966, au moment du détournement des eaux du Jourdain, la deuxième fois, en 1982, avec la révolte de Hama, à quatre mois de l’invasion israélienne du Liban en vue d’y propulser le chef phalangiste Bachir Gemayel à la magistrature suprême libanaise. La levée de l’ostracisme qui la frappait jusqu’à présent serait destinée à s’assurer sa coopération dans la stratégie américaine et à compenser quelque peu l’impéritie des Etats-Unis dans la zone, du fait de son impuissance face à Israël en ce qui concerne le gel de la colonisation et la relance des négociations israélo-palestiniennes.
Le partenariat que cherche à promouvoir les Etats-Unis avec les Frères Musulmans ne résulte pas d’un amour immodéré pour les Musulmans, mais vise à livrer une compensation au rabais des turpitudes antérieures à leur égard, notamment en ce qui concerne la question palestinienne. A assurer la pérennité de l’économie du marché dans les pays arabes, qu’ils jugent plus assurée par les régimes islamiques que par un système nationaliste contestataire avec son cortège de syndicats et de revendications professionnelles et patriotiques. Un quitus en somme à son combat contre les chefs de file du nationalisme arabe anti américain.
L’accession de Mohamad Morsi à la magistrature suprême a considérablement modifié la donne plaçant la confrérie en situation paradoxale vis à vis de l’Arabie saoudite, son incubateur et propulseur en direction de l’Islam européen. Premier dirigeant islamiste démocratiquement élu dans le plus grand pays arabe, Morsi est en mesure de contester le leadership de la dynastie wahhabite tant au niveau religieux via l’Université Al Azhar, qu’au niveau politique. En concurrence sur les deux champs de son intervention, religieux et politique. En phase de convalescence égyptienne et de douloureuses successions saoudiennes, la compétition est vive entre les divers prétendants. Tison américain planté sur le flanc de l’Arabie et nouveau soutien financier des Frères Musulmans en remplacement du Royaume, le Qatar du même rite wahhabite rêve de se substituer à la dynastie saoudienne au leadership spirituel et politique du Monde arabe sunnite.
Il en est de même de la Turquie, principale bénéficiaire de la destruction de l’Irak et de la Syrie, qui se positionne comme nouveau chef de file du Monde sunnite tout court. Dans un spectaculaire retournement d’alliance, les anciens alliés de la dynastie se posent désormais en postulants à la succession. Le contentieux entre l’Arabie saoudite et les Frères culmina à la fin des années 1990, lorsque la confrérie a damné le pion à l’Arabie au niveau de l’islam européen et que le Hamas, sa branche palestinienne, a rallié l’«axe chiite» constitué par l’Iran, la Syrie et le Hezbollah. Emboitant le pas à l’Arabie, les autres pétromonarchies, notamment les Emirats arabes Unis et le Koweït maintiennent sous pression les sympathisants de la confrérie sur leur territoire de crainte d’un débordement. Il en est de même de la Jordanie qui redoute de faire les frais d’une opération de déstabilisation résultant d’une effervescence islamiste à l’effet de faire du royaume hachémite la «patrie de substitution» aux Palestiniens.
III- Al Qaida, un double défi à l’Arabie saoudite et à l’Egypte
Sur fond de vaste recomposition du paysage politique régional, de vive compétition entre l’Arabie saoudite, l’Egypte et le Qatar pour le leadership arabe, en phase éruptive du Monde arabe, Al Qaida s’est replacé dans le jeu depuis la terre des ancêtres de son fondateur, Oussama Ben Laden, le Yémen, adressant un magistral pied de nez à ses anciens parrains.
S’implantant, une décennie après l’apocalyptique raid qu’il a commandité sur les symboles de l’hyper puissance américaine, sur le flanc sud du royaume saoudien dans un combat retourné contre la dynastie wahhabite visant au premier chef à rétablir la légitimité de son chef posthume et à redorer son blason au sein du Monde arabe sur les lieux mêmes de son immersion, la mer d’Oman, the Arabian Sea. Houspillé pour sa fugitive disparition à la suite de l’invasion américaine de l’Afghanistan, en novembre 2001, à bord d’une moto conduite par son borgne compère, le Mollah Omar, chef des Talibans, le sous-traitant émérite de la connivence saoudo américaine dans la guerre antisoviétique d’Afghanistan (1980-1989) s’est rappelé au bon souvenir de ses anciens bailleurs en faisant un retour signalé au Yémen, à tout le moins ses disciples, se replaçant en Arabie méridionale, à l’épicentre de la connexion arachnéenne du dispositif militaire et énergétique américain, en bordure de la veine jugulaire du système énergétique mondial, à l’intersection des voies des communications maritimes internationales.
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