L’amélioration des revenus, selon le HCP, progresserait deux fois plus vite que l’année dernière: 10,7% contre 4,4% seulement en 2005
Tanger-Med est en train de créer une nouvelle route migratoire des cadres. A Marrakech, il faut chercher longtemps pour trouver un ouvrier.
La croissance du Maroc s’envole, après la crise de 2005. Les derniers indicateurs posent 7,3% de croissance en 2006, un niveau de chômage au plus bas (7,7%, taux qui soulève d’ailleurs beaucoup de débats), et un net redressement des exportations (+13%) au 1er semestre. L’économie mondiale aussi affiche une jolie performance (+8% et en Chine 10%).
La prospérité serait-elle au rendez-vous?
article de l'economiste.
Les prix montent, l’économie aussi
· La prospérité serait-elle au rendez-vous?
· Fortes pressions sur les ressources et tendances inflationnistes
· Le budget va-t-il sécuriser cette croissance?
«C’est pas vrai! Bobards… il n’y a que les imbéciles qui y croient. - T’as vu les chantiers? - Oui, il y en a partout. - Eh bien, c’est ça la croissance!»
Bonne et chère rentrée 2006-2007. La croissance du Maroc s’envole, après la crise de 2005. Les derniers indicateurs posent 7,3% de croissance en 2006, un niveau de chômage au plus bas (7,7%, taux qui soulève d’ailleurs beaucoup de débats), et un net redressement des exportations (+13%) au 1er semestre. L’économie mondiale aussi affiche une jolie performance (+8% et en Chine 10%).
Les opérateurs sont «confiants», mais disent «rester vigilants».
Indicateurs au vert malgré un fardeau très lourd: la facture énergétique que le Marocain commence à peine à directement payer. Pour l’instant, c’est encore le budget de l’Etat qui fait l’avance:
Les entreprises par le jeu de la concurrence peinent à répercuter totalement la hausse des coûts des intrants, notamment la hausse des cours des matières premières (l’acier, le cuivre, le zinc, l’aluminium, le plastique et le bois).
Ce, aux dépens des bénéfices, mais au profit du consommateur, du moins dans le secteur modernisé et formel. Ce qui explique en partie une inflation contenue à 2,9%, le plus haut taux qu’on ait eu ces dernières années.
L’Etat qui peine à payer devra 19 milliards de DH pour la Caisse de compensation, soit 2,5 fois plus qu’en 2005. Les opérateurs surveillent le rythme des paiements publics (qui restent bon sauf pour la Compensation) car il y a un risque potentiel d’étouffer la croissance avec des défaillances financières de l’Etat.
Les prix des matières premières s’affolent et les répercussions sur le consommateur ne sont pas finies (électricité, sucre, services, légumes frais, corps gras). Le budget de l’Etat commence à craquer. Les finances publiques accusent le coup et ont trop longtemps supporté la flambée de l’or noir. Bank Al-Maghrib a tiré la sonnette d’alarme dans son dernier rapport.
Ce qui expliquerait en réalité pourquoi l’inflation est en hausse certes, mais contenue. Pratiquer la vérité des prix aurait ralenti l’activité mais cette option de non-répercussion a évidemment une durée de vie limitée. L’indexation se fait mais à doses homéopathiques.
Dans ce contexte, les ménages soutiendront-ils la croissance sur la durée? Si et seulement si la croissance hors agriculture devient le ressort de la croissance. Le PIB marchand progresserait de 8%, grâce aux performances des services, soit deux fois plus vite que l’année dernière. Sur les 628.000 emplois rémunérés créés au deuxième trimestre 2006, plus la moitié sont en ville.
· IDE: Changement de structure?
L’économie mondiale, et conséquemment l’économie marocaine se portent bien. En particulier la croissance américaine soutenue depuis une quinzaine d’années et la relance de la demande européenne. La région Moyen-Orient a atteint sa plus forte croissance depuis les années 70. Les pays du Golfe viennent investir au Maroc à coups de milliards de DH en une courte période, il faut le souligner. Est-ce un début de changement dans la structure des investissements directs étrangers? Peut-être: il ne fait pas toujours bon d’être arabe et musulman aux Etats-Unis et en Europe. L’optimisme est visible sur le terrain: chantiers, routes, carnets de commandes complets jusqu’à la fin de l’année, rareté de certains profils sur les secteurs dont on a décidé d’en faire des gisements (tourisme, offshoring, électronique, télécommunications…). Et surtout l’absorption de la main-d’oeuvre rurale par une campagne agricole exceptionnelle: elle contribue à trois points de la croissance de 2006.
Performance agricole dopante certes, mais volatile. Les grands défis de l’agriculture attendent toujours, cela même si sur ce volet, le Royaume s’engage avec ses partenaires pour libéraliser le secteur (négociations agricoles en cours avec l’Union européenne). Comment va s’en sortir la loi de Finances 2007 (cf. L’Economiste du 31 août, www.leconomiste.com)? Challenge intéressant!
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Et le blanchiment d’argent?
Nous avons en même temps une bulle immobilière, des investissements fonciers et des investissements de chantiers: «blanchiment d’argent», disent les observateurs. Pour rappel, on estime à 2 milliards de dollars l’argent produit par la drogue marocaine et dont une partie reste au pays.
Il n’est pas impossible que l’arrivée annoncée de la loi sur le blanchiment d’argent (annoncée pour la fin de l’année au Parlement) accentue les placements: blanchir avant d’avoir à se justifier. Il n’est pas impossible non plus que le «blanchiment» concerne aussi l’argent de la fraude fiscale: comment justifier son existence sans risquer de se faire accuser d’être un trafiquant de drogue?!
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Répartition et salaires
L’amélioration des revenus, selon le HCP, progresserait deux fois plus vite que l’année dernière: 10,7% contre 4,4% seulement en 2005.
Mécaniquement, si l’inflation affaiblit les salaires réels; la compétitivité et l’ouverture des marchés font baisser les prix sur la tendance, malgré la hausse des cours du pétrole. On paie plus d’électricité, mais on travaille plus, on gagne plus d’argent. C’est là où se jouera l’enjeu de la répartition: ce que fera l’Etat de l’argent qui rentrera à flot dans ses caisses? L’impôt est récolté par une partie seulement du tissu productif du Maroc. D’où tout l’enjeu de l’élargissement de l’assiette fiscale.
La hausse de la création de l’emploi entraîne une hausse de la consommation, de l’épargne, ce qui baisse les taux d’intérêt, ce qui relance l’investissement… A fin juin 2006, les ventes de ciment ont crû de 10,6%. Les crédits à l’équipement ont frôlé les 26,7% au 1er semestre. Et les crédits à la consommation sont en hausse de 8%.
Les recrutements en masse n’ont d’ailleurs pas manqué. Echantillonnage: l’association de microcrédit, 600 personnes recrutées en huit mois. La compagnie maritime Maersk, un plan de recrutement de quelque 800 personnes sur 18 mois…Tanger-Med est en train de créer une nouvelle route migratoire des cadres. A Marrakech, il faut chercher longtemps pour trouver un ouvrier.
Mouna KADIRI
Tanger-Med est en train de créer une nouvelle route migratoire des cadres. A Marrakech, il faut chercher longtemps pour trouver un ouvrier.
La croissance du Maroc s’envole, après la crise de 2005. Les derniers indicateurs posent 7,3% de croissance en 2006, un niveau de chômage au plus bas (7,7%, taux qui soulève d’ailleurs beaucoup de débats), et un net redressement des exportations (+13%) au 1er semestre. L’économie mondiale aussi affiche une jolie performance (+8% et en Chine 10%).
La prospérité serait-elle au rendez-vous?
article de l'economiste.
Les prix montent, l’économie aussi
· La prospérité serait-elle au rendez-vous?
· Fortes pressions sur les ressources et tendances inflationnistes
· Le budget va-t-il sécuriser cette croissance?
«C’est pas vrai! Bobards… il n’y a que les imbéciles qui y croient. - T’as vu les chantiers? - Oui, il y en a partout. - Eh bien, c’est ça la croissance!»
Bonne et chère rentrée 2006-2007. La croissance du Maroc s’envole, après la crise de 2005. Les derniers indicateurs posent 7,3% de croissance en 2006, un niveau de chômage au plus bas (7,7%, taux qui soulève d’ailleurs beaucoup de débats), et un net redressement des exportations (+13%) au 1er semestre. L’économie mondiale aussi affiche une jolie performance (+8% et en Chine 10%).
Les opérateurs sont «confiants», mais disent «rester vigilants».
Indicateurs au vert malgré un fardeau très lourd: la facture énergétique que le Marocain commence à peine à directement payer. Pour l’instant, c’est encore le budget de l’Etat qui fait l’avance:
Les entreprises par le jeu de la concurrence peinent à répercuter totalement la hausse des coûts des intrants, notamment la hausse des cours des matières premières (l’acier, le cuivre, le zinc, l’aluminium, le plastique et le bois).
Ce, aux dépens des bénéfices, mais au profit du consommateur, du moins dans le secteur modernisé et formel. Ce qui explique en partie une inflation contenue à 2,9%, le plus haut taux qu’on ait eu ces dernières années.
L’Etat qui peine à payer devra 19 milliards de DH pour la Caisse de compensation, soit 2,5 fois plus qu’en 2005. Les opérateurs surveillent le rythme des paiements publics (qui restent bon sauf pour la Compensation) car il y a un risque potentiel d’étouffer la croissance avec des défaillances financières de l’Etat.
Les prix des matières premières s’affolent et les répercussions sur le consommateur ne sont pas finies (électricité, sucre, services, légumes frais, corps gras). Le budget de l’Etat commence à craquer. Les finances publiques accusent le coup et ont trop longtemps supporté la flambée de l’or noir. Bank Al-Maghrib a tiré la sonnette d’alarme dans son dernier rapport.
Ce qui expliquerait en réalité pourquoi l’inflation est en hausse certes, mais contenue. Pratiquer la vérité des prix aurait ralenti l’activité mais cette option de non-répercussion a évidemment une durée de vie limitée. L’indexation se fait mais à doses homéopathiques.
Dans ce contexte, les ménages soutiendront-ils la croissance sur la durée? Si et seulement si la croissance hors agriculture devient le ressort de la croissance. Le PIB marchand progresserait de 8%, grâce aux performances des services, soit deux fois plus vite que l’année dernière. Sur les 628.000 emplois rémunérés créés au deuxième trimestre 2006, plus la moitié sont en ville.
· IDE: Changement de structure?
L’économie mondiale, et conséquemment l’économie marocaine se portent bien. En particulier la croissance américaine soutenue depuis une quinzaine d’années et la relance de la demande européenne. La région Moyen-Orient a atteint sa plus forte croissance depuis les années 70. Les pays du Golfe viennent investir au Maroc à coups de milliards de DH en une courte période, il faut le souligner. Est-ce un début de changement dans la structure des investissements directs étrangers? Peut-être: il ne fait pas toujours bon d’être arabe et musulman aux Etats-Unis et en Europe. L’optimisme est visible sur le terrain: chantiers, routes, carnets de commandes complets jusqu’à la fin de l’année, rareté de certains profils sur les secteurs dont on a décidé d’en faire des gisements (tourisme, offshoring, électronique, télécommunications…). Et surtout l’absorption de la main-d’oeuvre rurale par une campagne agricole exceptionnelle: elle contribue à trois points de la croissance de 2006.
Performance agricole dopante certes, mais volatile. Les grands défis de l’agriculture attendent toujours, cela même si sur ce volet, le Royaume s’engage avec ses partenaires pour libéraliser le secteur (négociations agricoles en cours avec l’Union européenne). Comment va s’en sortir la loi de Finances 2007 (cf. L’Economiste du 31 août, www.leconomiste.com)? Challenge intéressant!
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Et le blanchiment d’argent?
Nous avons en même temps une bulle immobilière, des investissements fonciers et des investissements de chantiers: «blanchiment d’argent», disent les observateurs. Pour rappel, on estime à 2 milliards de dollars l’argent produit par la drogue marocaine et dont une partie reste au pays.
Il n’est pas impossible que l’arrivée annoncée de la loi sur le blanchiment d’argent (annoncée pour la fin de l’année au Parlement) accentue les placements: blanchir avant d’avoir à se justifier. Il n’est pas impossible non plus que le «blanchiment» concerne aussi l’argent de la fraude fiscale: comment justifier son existence sans risquer de se faire accuser d’être un trafiquant de drogue?!
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Répartition et salaires
L’amélioration des revenus, selon le HCP, progresserait deux fois plus vite que l’année dernière: 10,7% contre 4,4% seulement en 2005.
Mécaniquement, si l’inflation affaiblit les salaires réels; la compétitivité et l’ouverture des marchés font baisser les prix sur la tendance, malgré la hausse des cours du pétrole. On paie plus d’électricité, mais on travaille plus, on gagne plus d’argent. C’est là où se jouera l’enjeu de la répartition: ce que fera l’Etat de l’argent qui rentrera à flot dans ses caisses? L’impôt est récolté par une partie seulement du tissu productif du Maroc. D’où tout l’enjeu de l’élargissement de l’assiette fiscale.
La hausse de la création de l’emploi entraîne une hausse de la consommation, de l’épargne, ce qui baisse les taux d’intérêt, ce qui relance l’investissement… A fin juin 2006, les ventes de ciment ont crû de 10,6%. Les crédits à l’équipement ont frôlé les 26,7% au 1er semestre. Et les crédits à la consommation sont en hausse de 8%.
Les recrutements en masse n’ont d’ailleurs pas manqué. Echantillonnage: l’association de microcrédit, 600 personnes recrutées en huit mois. La compagnie maritime Maersk, un plan de recrutement de quelque 800 personnes sur 18 mois…Tanger-Med est en train de créer une nouvelle route migratoire des cadres. A Marrakech, il faut chercher longtemps pour trouver un ouvrier.
Mouna KADIRI
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