Hasbara signifie : « explication publique ». En réalité, ce sont des départements chargés de la propagande au sein de ministères et de l’armée. Cet article passe en revue certains aspects de la propagande israélienne .
« Nous devons nous inspirer des tactiques utilisées par les nazis », c’est ce qu’a déclaré,
lors d’une conférence concernant les moyens d’améliorer l’image d’Israël, Mme Hadassa Ben-Itto, magistrate à la retraite et spécialiste du « Protocole des sages de Sion ». C’est-à-dire faire comme les nazis qui ont refusé toute discussion à propos de ce fameux « protocole » et ont continué à défendre leur point de vue, y compris devant des tribunaux, même s’ils n’avaient aucune preuve.
Le ton est donné : pour redorer le blason d’Israël, terni dernièrement par l’agression sans précédent sur Gaza et l’attaque contre la flottille dans les eaux internationales, tout est permis et même légitime.
De la traduction…
Dans un article de 2002, Brian Wittaker analyse la crédibilité du Middle East Research Institute (MEMRI) basé à Washington qui inonde les journalistes de traductions d’articles de journaux arabes. Il détecte une série d’éléments suspects : le site de cet institut ne donne ni nom de contact ni adresse du bureau. Par ailleurs, en se penchant sur les fondateurs du MEMRI, il découvre deux personnalités pour le moins orientées. D’abord, Yigal Carmon, officier des services secrets militaires israéliens pendant 22 ans et conseiller pour le contre-terrorisme auprès de Yitzhak Shamir et Yitzhak Rabin. Ensuite, Meyrav Wurmser, auteur –entre autres- d’un article intitulé « Israël peut-il survivre au post-sionisme ? » où elle dénonce les intellectuels israéliens de gauche comme des gens qui sapent le moral d’Israël et sa volonté de se défendre. En plus de cela, sur une page aujourd’hui effacée du site, on peut voir que trois des six membres du staff ont travaillé pour les services secrets israéliens. Mais ce n’est pas tout : bien que le MEMRI se dise non-partisan et prétende défendre la démocratie libérale, la société civile et le libre marché, une page –effacée elle aussi- déclarait que l’institut mettait en évidence « la pertinence du sionisme pour le peuple juif et l’Etat d’Israël ».
Doit-on dès lors s’étonner que les articles choisis ne donnent qu’une image négative du monde arabe, conforme à l’agenda israélien ? Il n’empêche que beaucoup de journalistes anglophones, ne lisant pas l’arabe, utilisent ces traductions qui leur sont gracieusement envoyées.
… Au « Centre pour le suivi de l’impact de la paix » (The Center for Monitoring the Impact of Peace, CMIP) …
On se souviendra de la polémique sur les manuels scolaires palestiniens. Elle fut initiée par le CMIP, fondé en 1998 par un colon israélien , Itamar Markus – il a travaillé pour David Bar-Ilan, second de Netanyahou- , qui, pour raison d’objectivité sans doute, s’était donné une adresse aux Etats-Unis (aujourd’hui le centre a une adresse en Israël). Même si des Israéliens et des chercheurs palestiniens et internationaux avaient démontré l’inexactitude de la critique, l’image de manuels biaisés, incitant à la haine est restée dans le public et reprise périodiquement par les médias. Il est vrai que le CMIP disposait de fonds suffisamment importants pour pouvoir distribuer notamment aux parlementaires français des documents vidéos gratis.
Depuis 2000, l’ « Institut pour le suivi de la paix et de la tolérance culturelle dans l’éducation scolaire » a repris le flambeau. Son directeur, Yonahan Manor, fut pendant six ans, directeur général du département de l’information de l’organisation sioniste mondiale. C’est ainsi que cet institut dans une étude intitulée « Arabs, Islam and Palestinians in Israeli Textbooks » (2009) prétend déceler dans les manuels israéliens des éléments encourageants tels que le fait de regarder « l’autre » comme un être humain… Les études approfondies de Nurit Peled , professeur à l’université de Jérusalem, spécialiste des sciences de l’éducation, démontrent exactement le contraire (Nurit PELED, Palestine in Israeli School Books: Ideology and Propaganda in Education, Tauris Academic Studies, 2010).
Mais l’activité anti-palestinienne d’Itamar Markus ne s’arrête pas là : il est aujourd’hui à la tête de « L’Observatoire des Médias Palestiniens » qui recherche et publie sur son site toute émission ou discours ou article qui, d’après lui, démontrent l’antisémitisme, la haine d’Israël et finalement la non-volonté de paix des Palestiniens. Pour donner une idée des orientations du site, il suffira de citer un article co-écrit avec la co-fondatrice, Barbara Crook, « Kill a Jew – Go to Heaven, a study of Palestinian Authority anti-Semitism». Par ailleurs, outre que la traduction est souvent incertaine, elle joue aussi sur la méconnaissance du spectateur/lecteur occidental de la culture arabe. Le site s’est élargi à des pages en français et l’observatoire est intervenu (et intervient encore) comme « spécialiste » au sénat américain et dans les universités américaines ou encore dans les parlements en Grande-Bretagne, en France, en Allemagne, en Norvège, en Suisse et en Australie. Son impact n’est donc pas négligeable.
… En passant par l’assaut sur le Net…
Tout pays en guerre a bien sûr ses outils de propagande. Il n’y a là rien de nouveau. Mais en Israël, le ministère des Affaires étrangères a son département de propagande. En 2006, lors de la guerre contre Gaza et le Liban, Amir Gissin, directeur du département des Affaires publiques du ministère des Affaires étrangères, lançait un appel :
« Chers Amis,
Beaucoup parmi nous savent l’importance du Net comme nouveau champ de bataille pour l’image d’Israël. Il est temps de faire mieux et de coordonner nos efforts on-line au nom d’Israël. Une compagnie de logiciel a développé pour vous un outil sur et utile pour nous, The Internet Megaphone. Prière de vous rendre sur www.giyus.org – ndlr GIYUS – Give Israel Your United Support- Charger Megaphone et vous recevrez quotidiennement la mise à jour avec le lien instantané à une importante base de données, les articles problématiques qui exigent vos commentaires, etc .
Nous avons besoin de 100.000 utilisateurs de Megaphone pour faire la différence. Aussi, je vous en prie, distribuez ce mail à tous les supporters d’Israël.
Faites le maintenant. Pour Israël.
Juillet 2006, Amir Gissin, Directeur du Département des Affaires publiques (Hasbara), ministère des Affaires étrangères. »
Même si des critiques se sont élevées en Israël, pour condamner ce genre d’initiatives , jugées improductives, le système a inondé le Net de réponses toutes faites ou de questions faussement naïves sur le conflit israélo-palestinien ou simplement sur le monde juif.
Depuis, les initiatives du genre se sont multipliées. Ainsi, en 2009, lors de l’opération « Plomb durci », le ministère des Affaires étrangères a formé des « brigades » pour la hasbara. Dans un mail faisant appel à volontaires, on peut lire : « Nous détenons la suprématie militaire mais nous avons échoué dans la bataille sur les médias internationaux. Nous devons gagner du temps pour permettre à l’armée de réussir. (…) Plus nous mettons en ligne, nous bloggons, nous répondons aux articles de journaux, nous votons, plus nous devrions profiter d’un sentiment positif . » Pour aider les internautes à faire leur travail, non seulement on leur fournit des sites sionistes pour qu’ils y puisent leurs informations mais encore on leur signale les médias à cibler, parmi lesquels la BBC, le Guardian – Un site spécifique suit de près le Guardian : www.cifwatch.org : Monitoring and exposing antisemitism on the Guardian newspaper’s « Comment is free » blog. Ce site, relais de la propagande israélienne, a toute une page pour montrer le ridicule des mensonges concernant la flottille -, Sky News, Yahoo!News, le Times, par exemple. Les juifs ou les Israéliens qui critiquent la politique israélienne sont souvent les premiers visés par les brigades de propagande.
Les internautes recrutés sont « des jeunes fans d’informatique pratiquant parfaitement une ou plusieurs langues étrangères afin de répondre aux critiques qui fusaient dans les blogs ainsi que dans le courrier électronique des grands journaux européens et américains » (Serge DUMONT, « Israël muscle sa riposte sur le net« , Le Temps, janvier 2010). Bien sûr, ces internautes iront le visage masqué. Comme le déclarait en 2009, M. Shturman, directeur adjoint du département de la hasbara du ministère : « Nos gens ne diront pas: Salut, je suis du département de la hasbara du ministère des Affaires étrangères et voilà ce que je veux vous dire. Et ils ne s’identifieront pas nécessairement comme Israéliens… Ils s’exprimeront comme de simples internautes et comme de simples citoyens. Ils écriront des réponses qui sembleront personnelles mais qui se baseront en fait sur une liste de messages que le ministère des Affaires étrangères a préparés . »
« Nous devons nous inspirer des tactiques utilisées par les nazis », c’est ce qu’a déclaré,
lors d’une conférence concernant les moyens d’améliorer l’image d’Israël, Mme Hadassa Ben-Itto, magistrate à la retraite et spécialiste du « Protocole des sages de Sion ». C’est-à-dire faire comme les nazis qui ont refusé toute discussion à propos de ce fameux « protocole » et ont continué à défendre leur point de vue, y compris devant des tribunaux, même s’ils n’avaient aucune preuve.
Le ton est donné : pour redorer le blason d’Israël, terni dernièrement par l’agression sans précédent sur Gaza et l’attaque contre la flottille dans les eaux internationales, tout est permis et même légitime.
De la traduction…
Dans un article de 2002, Brian Wittaker analyse la crédibilité du Middle East Research Institute (MEMRI) basé à Washington qui inonde les journalistes de traductions d’articles de journaux arabes. Il détecte une série d’éléments suspects : le site de cet institut ne donne ni nom de contact ni adresse du bureau. Par ailleurs, en se penchant sur les fondateurs du MEMRI, il découvre deux personnalités pour le moins orientées. D’abord, Yigal Carmon, officier des services secrets militaires israéliens pendant 22 ans et conseiller pour le contre-terrorisme auprès de Yitzhak Shamir et Yitzhak Rabin. Ensuite, Meyrav Wurmser, auteur –entre autres- d’un article intitulé « Israël peut-il survivre au post-sionisme ? » où elle dénonce les intellectuels israéliens de gauche comme des gens qui sapent le moral d’Israël et sa volonté de se défendre. En plus de cela, sur une page aujourd’hui effacée du site, on peut voir que trois des six membres du staff ont travaillé pour les services secrets israéliens. Mais ce n’est pas tout : bien que le MEMRI se dise non-partisan et prétende défendre la démocratie libérale, la société civile et le libre marché, une page –effacée elle aussi- déclarait que l’institut mettait en évidence « la pertinence du sionisme pour le peuple juif et l’Etat d’Israël ».
Doit-on dès lors s’étonner que les articles choisis ne donnent qu’une image négative du monde arabe, conforme à l’agenda israélien ? Il n’empêche que beaucoup de journalistes anglophones, ne lisant pas l’arabe, utilisent ces traductions qui leur sont gracieusement envoyées.
… Au « Centre pour le suivi de l’impact de la paix » (The Center for Monitoring the Impact of Peace, CMIP) …
On se souviendra de la polémique sur les manuels scolaires palestiniens. Elle fut initiée par le CMIP, fondé en 1998 par un colon israélien , Itamar Markus – il a travaillé pour David Bar-Ilan, second de Netanyahou- , qui, pour raison d’objectivité sans doute, s’était donné une adresse aux Etats-Unis (aujourd’hui le centre a une adresse en Israël). Même si des Israéliens et des chercheurs palestiniens et internationaux avaient démontré l’inexactitude de la critique, l’image de manuels biaisés, incitant à la haine est restée dans le public et reprise périodiquement par les médias. Il est vrai que le CMIP disposait de fonds suffisamment importants pour pouvoir distribuer notamment aux parlementaires français des documents vidéos gratis.
Depuis 2000, l’ « Institut pour le suivi de la paix et de la tolérance culturelle dans l’éducation scolaire » a repris le flambeau. Son directeur, Yonahan Manor, fut pendant six ans, directeur général du département de l’information de l’organisation sioniste mondiale. C’est ainsi que cet institut dans une étude intitulée « Arabs, Islam and Palestinians in Israeli Textbooks » (2009) prétend déceler dans les manuels israéliens des éléments encourageants tels que le fait de regarder « l’autre » comme un être humain… Les études approfondies de Nurit Peled , professeur à l’université de Jérusalem, spécialiste des sciences de l’éducation, démontrent exactement le contraire (Nurit PELED, Palestine in Israeli School Books: Ideology and Propaganda in Education, Tauris Academic Studies, 2010).
Mais l’activité anti-palestinienne d’Itamar Markus ne s’arrête pas là : il est aujourd’hui à la tête de « L’Observatoire des Médias Palestiniens » qui recherche et publie sur son site toute émission ou discours ou article qui, d’après lui, démontrent l’antisémitisme, la haine d’Israël et finalement la non-volonté de paix des Palestiniens. Pour donner une idée des orientations du site, il suffira de citer un article co-écrit avec la co-fondatrice, Barbara Crook, « Kill a Jew – Go to Heaven, a study of Palestinian Authority anti-Semitism». Par ailleurs, outre que la traduction est souvent incertaine, elle joue aussi sur la méconnaissance du spectateur/lecteur occidental de la culture arabe. Le site s’est élargi à des pages en français et l’observatoire est intervenu (et intervient encore) comme « spécialiste » au sénat américain et dans les universités américaines ou encore dans les parlements en Grande-Bretagne, en France, en Allemagne, en Norvège, en Suisse et en Australie. Son impact n’est donc pas négligeable.
… En passant par l’assaut sur le Net…
Tout pays en guerre a bien sûr ses outils de propagande. Il n’y a là rien de nouveau. Mais en Israël, le ministère des Affaires étrangères a son département de propagande. En 2006, lors de la guerre contre Gaza et le Liban, Amir Gissin, directeur du département des Affaires publiques du ministère des Affaires étrangères, lançait un appel :
« Chers Amis,
Beaucoup parmi nous savent l’importance du Net comme nouveau champ de bataille pour l’image d’Israël. Il est temps de faire mieux et de coordonner nos efforts on-line au nom d’Israël. Une compagnie de logiciel a développé pour vous un outil sur et utile pour nous, The Internet Megaphone. Prière de vous rendre sur www.giyus.org – ndlr GIYUS – Give Israel Your United Support- Charger Megaphone et vous recevrez quotidiennement la mise à jour avec le lien instantané à une importante base de données, les articles problématiques qui exigent vos commentaires, etc .
Nous avons besoin de 100.000 utilisateurs de Megaphone pour faire la différence. Aussi, je vous en prie, distribuez ce mail à tous les supporters d’Israël.
Faites le maintenant. Pour Israël.
Juillet 2006, Amir Gissin, Directeur du Département des Affaires publiques (Hasbara), ministère des Affaires étrangères. »
Même si des critiques se sont élevées en Israël, pour condamner ce genre d’initiatives , jugées improductives, le système a inondé le Net de réponses toutes faites ou de questions faussement naïves sur le conflit israélo-palestinien ou simplement sur le monde juif.
Depuis, les initiatives du genre se sont multipliées. Ainsi, en 2009, lors de l’opération « Plomb durci », le ministère des Affaires étrangères a formé des « brigades » pour la hasbara. Dans un mail faisant appel à volontaires, on peut lire : « Nous détenons la suprématie militaire mais nous avons échoué dans la bataille sur les médias internationaux. Nous devons gagner du temps pour permettre à l’armée de réussir. (…) Plus nous mettons en ligne, nous bloggons, nous répondons aux articles de journaux, nous votons, plus nous devrions profiter d’un sentiment positif . » Pour aider les internautes à faire leur travail, non seulement on leur fournit des sites sionistes pour qu’ils y puisent leurs informations mais encore on leur signale les médias à cibler, parmi lesquels la BBC, le Guardian – Un site spécifique suit de près le Guardian : www.cifwatch.org : Monitoring and exposing antisemitism on the Guardian newspaper’s « Comment is free » blog. Ce site, relais de la propagande israélienne, a toute une page pour montrer le ridicule des mensonges concernant la flottille -, Sky News, Yahoo!News, le Times, par exemple. Les juifs ou les Israéliens qui critiquent la politique israélienne sont souvent les premiers visés par les brigades de propagande.
Les internautes recrutés sont « des jeunes fans d’informatique pratiquant parfaitement une ou plusieurs langues étrangères afin de répondre aux critiques qui fusaient dans les blogs ainsi que dans le courrier électronique des grands journaux européens et américains » (Serge DUMONT, « Israël muscle sa riposte sur le net« , Le Temps, janvier 2010). Bien sûr, ces internautes iront le visage masqué. Comme le déclarait en 2009, M. Shturman, directeur adjoint du département de la hasbara du ministère : « Nos gens ne diront pas: Salut, je suis du département de la hasbara du ministère des Affaires étrangères et voilà ce que je veux vous dire. Et ils ne s’identifieront pas nécessairement comme Israéliens… Ils s’exprimeront comme de simples internautes et comme de simples citoyens. Ils écriront des réponses qui sembleront personnelles mais qui se baseront en fait sur une liste de messages que le ministère des Affaires étrangères a préparés . »
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