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Une voix qui se perd

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  • Une voix qui se perd

    Les péripéties de la vie d'un journal ne sont qu'exceptionnellement éligibles au rang d'événements politiques méritant d'être expliqués, analysés ou commentés. Le départ d'Abdelbari Atwan de la direction du journal Al-Quds Al-Arabi, annoncé dans un ultime éditorial intitulé «Aux chers lecteurs… Adieu et à bientôt», en fait partie. Le nombre de réactions suscitées par cet article d'adieu montre à quel point le titre était identifié à ce journaliste palestinien très engagé et qui n'a jamais perdu de vue les fondamentaux.

    Son journal est resté financièrement pauvre mais il a été du point de vue éditorial l'un des quotidiens arabes les plus riches. Des informations circulaient, hier, indiquant que le Qatar aurait acheté Al-Quds Al-Arabi, ce qui expliquerait qu'Abdelbari Atwan n'y a plus sa place. Il était impossible, hier, de vérifier la véracité d'une telle information, des confrères au sein du journal nous ont assuré qu'ils n'avaient aucune information sur une telle transaction. Mais sans plonger dans la théorie du complot, la personnalité d'Abdelbari Atwan est si forte que son départ a ouvert la bourse des spéculations. La grande question est de savoir si Al-Quds Al-Arabi pourrait, sans l'homme qui l'a dirigé pendant 24 ans, rester ce journal ouvert, progressiste, de gauche, professionnel, tout en étant fortement impliqué dans les combats des sociétés arabes et notamment le combat des Palestiniens ?

    Ce journal a constamment tranché avec le contenu conventionnel des journaux arabes, sous emprise saoudienne, même s'ils ont une excellente qualité graphique et qu'ils recrutent à prix fort des «plumes». Al-Quds Al-Arabi avec peu de moyens a été l'antithèse de ces riches «grands journaux» arabes de Londres comme Asharq Alawsat ou Al-Hayat. C'est un journal qui pouvait déplaire à tous les dirigeants arabes, ceux du Golfe, à Moubarak, à Bachar Al-Assad comme à Mahmoud Abbas et au Hamas. Abdelbari Atwan en a fait, dans tous les sens du terme, un journal «indépendant» des pouvoirs et très engagé dans les combats politiques pour la démocratie et la liberté. Il n'a pas transigé sur cette approche. Sa lecture fine des changements qui ont eu cours récemment dans le monde arabe et sa capacité à les mettre dans une perspective géopolitique déplaisaient aussi bien aux pouvoirs en place qu'à ceux qui se sont fait les hérauts du «printemps arabe».

    ATWAN A ETE, IL Y A QUELQUES ANNEES, UN INVITE REGULIER DE LA CHAINE AL-JAZIRA OU IL APPORTAIT SES ECLAIRAGES ET SES ANALYSES SUR LES EVENEMENTS. AVEC DES IDEES-FORCES DE DEFENSE DE LA DEMOCRATIE CONTRE DES REGIMES QUI CHERCHENT LEUR LEGITIMITE A L'EXTERIEUR AU LIEU DE CELLE DE LEURS PEUPLES. CE PALESTINIEN QUI N'A JAMAIS CRU AUX MIRAGES D'OSLO A PU MESURER DANS L'EXERCICE DE SON MÉTIER A QUEL POINT CES SYSTÈMES AUTORITAIRES ET DÉPENDANTS DE L’EXTÉRIEUR ONT ÉTÉ DES FACTEURS D'AFFAIBLISSEMENT DU COMBAT DES PALESTINIENS. DEPUIS LE DÉBUT DE LA CRISE SYRIENNE, SES ANALYSES DÉPLAISENT AUSSI BIEN AU RÉGIME DE DAMAS QU'AU QATAR. AL-JAZIRA A CESSE DE L'INVITER SUR SES PLATEAUX. SANS COMPLAISANCE AUCUNE, L'HOMME PERTURBAIT LE RONRON. SON DÉPART, ENCORE INEXPLIQUÉ, D'AL-QUDS AL-ARABI EST UNE MAUVAISE NOUVELLE. IL FAUT ESPÉRER UN RETOUR RAPIDE D'UNE VOIX NÉCESSAIRE.

    par K.Selim

    Le Quotidien d'Oran
    وإن هذه أمتكم أمة واحدة
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