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Est-ce que le Maroc vit en état d’exception ?

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  • Est-ce que le Maroc vit en état d’exception ?

    Est-ce que le Maroc vit en état d’exception ?

    Publié le mardi 9 juillet 2013 10:22

    Écrit par Abderrahim Jamai



    Deux ans se sont écoulés depuis l'adoption de la nouvelle constitution, après l'intifada de la jeunesse du 20 Février contre le despotisme et les rituels de la corruption. Deux ans pendant lesquels des jeunes et des moins jeunes ont déliré à n'en plus finir, pour chanter les louanges de cette nouvelle Constitution, dont les chapitres regorgent de droits, de libertés et de garanties.



    Parce que les Marocains aspirent à beaucoup de bonheur, au point d'aller surfer sur les vagues de la mort en empruntant les barques de l'immigration clandestine, ils ont fait de nombreuses lectures du texte constitutionnel et attendu à ce jour des actions gouvernementales concrètes pour le traduire en bonheur, aussi éphémère soit-il, en transformant ses principes en règles, textes et dispositions agissantes qui créent le sentiment que quelque chose a vraiment changé dans la vie du citoyen, que la routine est brisée, et qu'il y a une mobilisation collective en mesure de nous arracher de la misère, aussi bien sur le plan politique que celui des droits et humains.

    La situation du Maroc est bien mauvaise et la Constitution du Maroc est gelée. Nous sommes dans un état d'exception. Le citoyen vit plus que jamais dans la crainte et l'angoisse. Quelle est notre perception de cette situation et quelles sont ses faces les plus sombres ?

    L'article 6 de la Constitution qui prévoit que tous, personnes physiques et morales y compris les pouvoirs publics, sont égaux devant la loi et sont tenus de s'y soumettre. Cet article est gelé car l'Etat pratique l'abus de pouvoir et refuse de se conformer à la loi et à la faire respecter en donnant l'exemple au citoyen. L'Etat refuse souvent d'appliquer les décisions de justice, et applique la loi de façon sélective, selon le statut social, financier ou la position hiérarchique du concerné. Un exemple criant est son refus d'ouvrir une enquête dans l'affaire des échanges de primes entre l'ancien ministre des Finances et le Trésorier Général du royaume.

    Comme les articles 12 et 13 sont tout aussi gelés, les associations et les organisations non gouvernementales ne bénéficient pas du droit de préparer les décisions et les projets dans le cadre de la démocratie participative et il n'y a pas de texte qui lui garantit ce droit. De même, rien ne lui donne la possibilité de partenariat avec les pouvoirs publics dans l'élaboration des politiques publiques et leur mise en œuvre.
    Le citoyen demeure privé de son droit de présenter des motions législatives ou présenter des pétitions aux autorités, conformément aux articles 14 et 15 de la Constitution.

    Les jeunes filles et les jeunes garçons sont toujours menacés dans leur vie, dans leur sécurité physique et leur santé, leur sécurité alimentaire et celle de leur l'environnement. Les femmes ayant droits à des terres collectives en sont toujours privées, et les femmes domestiques de maison sont toujours exploitées et subissent l'humiliation, l'inégalité et ce qui tue leur dignité, à savoir la discrimination de la part de l'État et du pouvoir, contrairement à l'article 19 de la Constitution.

    Ne parlons pas du droit à la vie, qui végète encore en bas de l'échelle de la protection juridique par le maintien de la peine de mort dans les textes et dans les jugements, en dépit de l'article 20, tandis que la torture, l'atteinte à la sécurité physique, les traitements cruels, l'arrestation illégale et arbitraire et la détention dans des lieux secrets, sont tous des actes encore pratiqués par ceux qui sont payés pour appliquer la loi, de même que la présomption d'innocence est violée par ceux dont la responsabilité est de la protéger et la garantir. Les prisons et les centres pénitentiaires sont encore le théâtre d'abus et de violations des droits, comme si l'article 23 de la Constitution n'existait pas.

    La liberté d'opinion et d'expression, et avec elles les professionnels des médias, subissent les pressions et les humiliations, sans parler des poursuites judiciaires en particulier lorsque les sensibilités du pouvoir sont dans l'équation, et ce malgré l'article 25 de la Constitution.
    L'information est encore un tabou pour le citoyen qui ne peut toujours pas l'obtenir de la part des institutions et administrations, en dépit de l'article 27.
    Contrairement à l'article 29, le droit de grève est bafoué et soumis à des contraintes.

    Il existe encore des zones du Maroc où les citoyennes et les citoyens ne connaissent pas le goût de l'eau potable ni les bienfaits de l'électricité, certains vivent même sans un plafond qui les protège contre la neige en hiver, ni route goudronnée, ni soins médicaux, ni travail, ni salaire, contrairement aux dispositions de l'article 31.

    En dépit de l'article 33 de la Constitution, de nombreux jeunes restent marginalisés sans travail et sans perspective d'intégration sociale, et sont généreusement bastonnés par les forces de l'ordre sur la voie publique, sans que les responsables sécuritaires des bastonnades, humiliations et autres agressions ne rendent compte de leur abus.
    L'abus de pouvoir et le trafic d'influence et de privilèges sont monnaie courante au sein des centres d'influence politique et économique. Le manque d'intégrité morale et la corruption entachent les passations de marchés dans tous les secteurs, au vu et au su des citoyens et des autorités, contrairement à l'article 36.

    Quant à la mise en conformité des lois marocaines avec les conventions internationales relatives aux droits de l'homme, elle demeure gelée dans de nombreux domaines de la vie. Certains protocoles approuvés sont en attente de publication au Journal officiel, alors que la procédure d'examen de la constitutionnalité des lois est suspendue, comme est suspendue la Cour constitutionnelle elle-même, tandis que des notions ou des institutions aussi capitales que le Pouvoir judiciaire et le Conseil supérieur du Pouvoir judiciaire semblent otages des ténèbres des huis clos où le pouvoir les mijote à sa guise et à son rythme ...

    Voici quelques unes des manifestations de cet état d'exception que vit notre pays. On voit bien que la Constitution est bien suspendue, alors que c'est la loi suprême qui nous invite explicitement et invite les autorités à la respecter et s'y conformer.

    Est-il normal dans un Etat qui se respecte que les articles essentiels de sa loi fondamentale soient gelés et ignorés, et que l'autorité publique dont la mission est de la respecter, la viole au quotidien et en public ?

    Une Constitution et ses dispositions ne sont pas rédigées uniquement pour être ostensiblement lues à l'occasion des réunions ou studieusement citées sur les plateaux de télévision. L'intérêt et la vocation d'une Constitution est d'être présente dans la vie pratique, c'est le sentiment concret qu'a tout un chacun que toutes les dispositions de ce texte sont réellement en vigueur partout et à chaque instant, et qu'il bénéficie de toutes les garanties et tous les droits qui y sont mentionnés. La raison d'être d'une Constitution est d'être respectée rigoureusement et dans ses moindres détails, par l'Etat et l'autorité publique d'abord, et par les citoyens ensuite.

    Nous vivons au Maroc sous un état d'exception explicite, qui nous est imposé, et que nous acceptons de bonne grâce sans rechigner et encore moins protester ou dénoncer.

    Il y un déficit d'institutions, comme le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire, la Cour constitutionnelle ..., auquel s'ajoute la confiscation d'un certain nombre de droits, en plus de l'existence d'autorités qui n'exercent pas leur compétence et des certains droits qui sont étouffés. En un mot, nous avons tous les ingrédients de ce que la science politique qualifie d'état d'exception.
    C'est le triste sort de la Constitution qui a permis l'espoir. A force de s'entêter à l'ignorer et la geler, les autorités publiques ont réduit les pauvres chapitres de cette Constitution à l'état de cadavres juridiques qui jonchent les espaces de la vie publique, et partant de là, ceux de la vie des citoyens.

    L'Etat et les pouvoirs publics ne sont pas conscients des dangers de cette situation dont nul ne peut prévoir les conséquences dans l'avenir. Quoi qu'il en soit, il est de notre droit en tant que citoyens à refuser cette situation, revendiquer qu'il y soit remédié et demander des comptes aux responsables de cette paralysie.

    Quelle est alors la différence, devant cette situation d'exception, entre le Maroc d'avant la Constitution d'après, si l'État, deux ans après son adoption, est incapable de créer un climat de confiance et de foi en cette Constitution en prenant toutes les mesures pour l'appliquer et lui donner vie? Quelle est en fin de compte la différence entre l'état d'exception de l'année 1965 et l'état d'exception aujourd'hui?

    Les jeunes du mouvement du 20 Février sont sortis pour revendiquer un Etat de droit et des institutions. Malheureusement, après l'adoption de la Constitution, nous sommes devenus des citoyens dans un Etat où les lois et les institutions sont en position Off. Nous devons par conséquent rendre un hommage posthume au penseur et professeur Driss Benali, qui nous a quittés récemment. En effet, il considérait que le Maroc vivait dans un état d'exception depuis 2002, d'après ce qu'il a publié dans le journal l'Economiste en Octobre de la même année.

    Abderrahim Jamai


    lakome
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

  • #2
    c est quoi la plus value de passer sa journée a posté de tels articles dont la totalité des marocains ne contestent pas la véracité ???
    pour certains marocains de ce forum ?? il y en a qui vivent dans le déni de la réalité comme certains algériens de ce forum dont tu fais partie me semble t il !
    le maroc et l algérie sont deux pays du tiers monde sous la coupe de clans mafieux qui garnissent leurs comptes a l etranger sur le dos des lobotomisés qui passent leurs journées à chanter leur louanges et qui pour la plus part vivent dans la mouise
    mais réveillez vous c est valable pour tous les lobotomisés des deux suisses maghrébines

    j aime bien cet article car il decrit la situation de l'algerie mais aussi du maroc qui est pareille
    rue89/Tribune 11/07/2013 à 17h09
    Algérie : pourquoi rentrer quand l’avenir est inerte ?

    Yazid Haddar | Auteur



    Tribune
    Ils sont étouffés, ils s’ennuient. Ils monologuent à l’infini, veulent s’échapper. La faute à qui : à la société, à ses dirigeants ? À eux même ? C’est l’état psychologique « d’un future immigrant » avant de prendre la valise !
    Des années après, ils sont souvent interpelés par leur compatriotes : « Quand reviendras-tu ? ». Revenir, mais pourquoi ?

    Au Jardin d’essai d’Alger, juin 2013 (Pierre Haski/Rue89)

    Quand le nombre de chômeurs ne cesse d’augmenter aucun projet d’avenir ne peut être envisagé, l’Algérien vit au jour le jour !
    35, 40% de chômeurs ?

    A ce jour aucun chiffre sérieux sur le chômage, ni les catégories sociales, sexes, métiers et régions les plus touchés, on se base souvent sur des estimations. Selon ces derniers, la population qui est en chômage varie entre 35% et 40% !
    Quand la corruption, le népotisme et le piston sont des pratiques omnipotentes et qui régissent la vie au quotidien, du travail à la simple demande d’extrait de naissance !
    Quand les valeurs comme la transparence des procédures d’embauche, reconnaissance du mérite sont galvaudés et devenues des valeurs ringardes, devant l’incompétence, la servitude et le matérialisme avalisant et justifiant les voles, les corruptions…etc.
    Nous sommes devant un spectre de médiocrité qui atteint le summum de la fonction de l’état, sans manifester aucune conscience, sauf certaines voix diabolisées par la presse courtisane ! Revenir, mais pourquoi faire !
    Quand un journaliste se voit refuser, par les policiers des frontières, de quitter le territoire en faisant fi des lois républicaines !
    Où est l’Etat ?



    Au même moment certaines personnalités accusées de corruptions circulent comme ils le souhaitent, avec tout le confort nécessaire !
    • Une justice à deux « balles » ! Où loge l’indépendance de la justice ? Est-elle enfermée dans le texte ou dans la pensée ?
    • Quand 22% des médecins exerçant en France sont d’origine algérienne, ceci montre que le problème n’est pas dans l’individu, mais dans les conditions professionnelles et le cadre de vie (environnemental/écologique) où l’individu évolue.
    • Quand 80% des algériens qui quittent le territoire national demandent la nationalité française, il y a matière à méditer !
    • Quand le système de santé est grabataire et qui a besoin de se soigner soi-même avant de soigner les citoyens !
    Revenir, pourquoi faire ! Quand vous marchez dans la rue avec une peur, qui vous tenaille d’être agressé ou insulté !

    Où est la présence de l’Etat ! Sa mission est-elle réduite à attraper un « casseur de jeûne » qui boit un verre d’eau ? Ou des jeunes couples qui se prennent la main ou qui s’embrassent ! Quand les pratiques étatiques deviennent les sources de violence la suite est connue ! Il n’y a pas pire qu’une République sans autorité éthique !
    Revenir, pourquoi faire ! Quand le système éducatif vient d’être contaminé par la fraude au vu et au su de tout le monde !
    Quel modèle de société propose-t-on à nos enfants ? Une société ouverte sur le monde, armée par une éthique, la transparence… ou une société où la loi du plus fort règne ! Loi de la jungle ou personne n’assume ses responsabilités ! Où le pouvoir est donné à des personnes incompétentes qui confondent entre le privé et le publique ! La liste est longue.
    Finalement, rentrer en Algérie est possible, mais avec un prix à payer, mais si tu le fais tu le fais pour la nostalgie ou pour la famille, mais pas pour l’avenir ! Car l’avenir reste inerte !

    Aller plus loin
    Dernière modification par kaiser, 12 juillet 2013, 13h19.
    "En ces temps d'imposture universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire" (G. Orwell)

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