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Les avocats face à leur nouvelle loi : les raisons de la cacophonie

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  • Les avocats face à leur nouvelle loi : les raisons de la cacophonie

    Après les huissiers, notaires et magistrats, qui avaient déjà vu réorganiser leurs professions respectives, la réforme judiciaire touche les avocats.

    La profession est sur les dents : la réforme est devenue un véritable imbroglio au fil des différentes moutures du projet de loi et des déchirements au sein de la profession. Après le vote du projet de loi controversé, le 2 juillet à l’APN, le ministre de la Justice a accepté in extremis de faire introduire quelques amendements au texte pour apaiser les avocats. Me Abdelmadjid Sellini, bâtonnier d’Alger et jusque-là fervent opposant au projet de loi, a, à cette occasion, fait volte-face.

    Lors d’une intervention lundi dernier, il a salué le travail du ministre de la Justice et cautionné, à la stupeur de plusieurs de ses confrères, le texte de loi dans son état actuel : «L’essentiel a été sauvé.» Un sac de nœuds tel que plus personne ne s’y retrouve. Les médias ont jeté l’éponge, même l’APS dénonçait hier, après l’intervention de Me Sellini, ses «propos contradictoires qui rendaient difficile de comprendre clairement son avis sur le projet».

    Pour rappel, le mouvement de protestation, depuis plusieurs mois, s’est déclenché quand il est apparu que le texte présenté à l’APN n’était pas celui négocié entre les avocats et le ministère mais une nouvelle version, remaniée unilatéralement par le ministère de la Justice. Les avocats, en colère de voir les droits fondamentaux de leur profession mis à mal, ont tenté de se mobiliser tant bien que mal, malgré des marches et des sit-in annulés. Une protestation menée alors par Me Sellini dans le rôle de figure médiatique de la cause.

    Divisions

    Ces dernières semaines, il a largement dénoncé, dans les médias, une réforme «plaçant les avocats sous la botte du ministère de la Justice» qui ferait du métier des avocats «une sous-profession». Volte-face lundi dernier du bâtonnier : une attitude symptomatique des tensions qui règnent en interne chez les avocats. La profession ne parvient pas à définir une position commune qui lui permettrait de décider si le texte est acceptable pour exercer ou s’il reste gravement attentatoire. En cause ? Des désaccords de nature électoraliste dans les différents bâtonnats du pays.

    «Ce qui s’est passé, c’est que depuis le début, les barreaux régionaux du pays sont divisés par des conflits internes qui concernent des calculs électoralistes, analyse un avocat ayant requis l’anonymat. A Alger, par exemple, le bâtonnat est scindé entre le clan de Me Sellini et celui de l’opposition. Le bâtonnier fait du cinéma en prévision des élections à venir en mars 2014.» Une analyse qui expliquerait le discours contradictoire de Me Sellini durant la conférence de lundi dernier. Privé de marge de manœuvre, le bâtonnier tenterait de sauvegarder son combat pour la réforme tout en ménageant les bâtonniers opposés en vue des élections.

    Selon cet avocat, les marches programmées pour faire descendre la contestation dans la rue ont été systématiquement reportées et déplacées pour entraver le mouvement. Une hypothèse étayée par Me Sellini, qui a reconnu lundi dernier avoir transgressé les règles démocratiques en empêchant l’action de protestation. «Les avocats peuvent me désavouer à cette occasion, car je n’ai pas respecté la volonté de la majorité», a-t-il déclaré. Par dessus les divisons politiques, les avocats dénoncent aussi un manque de concertation avec la «base» de la profession. Ils reprochent au bâtonnat, censé les représenter, d’avoir détourné la contestation contre la réforme. «Nous, avocats, sommes dégoûtés. On a tenté de faire émerger un mouvement de protestation mais ça tirait dans tous les sens.»

    Alix Hardy- el watan
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