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Le 14èmejuillet du 1ernovembre et l'inverse

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  • Le 14èmejuillet du 1ernovembre et l'inverse

    Le 14èmejuillet du 1ernovembre et l'inverse



    Au début, c'était humaniste : Bouteflika est malade, âgé et fatigué : cela impose la compassion, la politesse et un début d'interrogation. Puis ce fut comique: Bouteflika est aux «invalides», il mange des gâteaux. Comme dit par un internaute, il reçoit en robe de chambre un Général en civil et un ministre qui lui donne à manger. Puis c'est devenu dramatique : le pays fête son Indépendance pendant que son président est installé pour long séjour chez l'ancien colon, justement. Puis c'est devenu surréaliste : nous sommes devenu le seul pays qui n'a pas de Président et qui prouve que l'on en a pas besoin. Ni Etat, ni coup d'Etat.

    Et ensuite ? Ensuite vient une phase obscure, proche de l'inceste ou de la confusion cosmique. Une époque où on ne sait plus «quoi est quoi ?», «où se trouve qui ?» et où la question franco-algérienne devient un trouble des repères : Bouteflika vient en effet d'adresser à Hollande ses meilleurs vœux pour la fête nationale de la France, à partir de la France, à partir de Paris. A quelques mètres l'un de l'autre. Le message qu'on lit et relit sonne étrange, comme un message dans une bouteille mais avec le bouteille que l'on tend de main à main entre deux voisins de palier. Ou comme un homme qui hurle dans l'oreille d'un homme qui a une ouïe parfaite. Ou un homme qui envoie vers la Hollande des messages à Hollande (jeu de mot plat mais inévitable). Cela n'a pas de sens. Ou trop de sens. Cela fait sourire ou fait penser à l'inutilité de l'histoire universelle. A quoi servent deux Etats si on peut les loger dans une même pièce ? Puis cela fait grimacer : il y a des décennies, la Méditerranée était une mer intérieure qui séparait un seul pays : l'Algérie française. Aujourd'hui, c'est plus petit : à peine deux ou trois stations de métro. Et au-delà, on continue : on ne peut pas ne pas penser à Bouteflika jouant à être en Algérie pour écrire un message à Hollande, pendant qu'il est en France là où le second joue à ce que le premier soit loin derrière la mer, au point de ne pouvoir s'adresser à lui que par lettre écrite. C'est de jouer au conflit permanent entre les deux pays, à la guerre des mémoires et aux «relations dites difficiles» quand on est l'un assis sur une chaise et l'autre allongé sur un lit à quelques centimètres l'un de l'autre. Cela finira, un jour, par des huées après avoir commencé par une guerre de Libération. D'ailleurs, on ne sait plus quoi penser. Des internautes parlent déjà d'une prochaine visite d'Etat de trois jours de Bouteflika en Algérie. Et d'autres parlent de Président immigré. Et les plus vieux s'interrogent sur la fin du monde dans un monde où De Gaulle s'appelle Hollande et où le Président algérien est un malade français.

    Bouteflika et son staff com' ont dû être bien gênés : ne pas envoyer des vœux à la France pendant qu'on est chez elle est une grave indélicatesse. Mais les envoyer pendant qu'on est chez elle, mais comme si on était loin de chez elle, est d'un profond ridicule. C'est à ce genre de situation que l'on aboutit lorsqu'on construit la plus grande mosquée d'Afrique chez soi et pas le plus performant hôpital.


    par Kamel Daoud


    Le Quotidien d'Oran
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

  • #2
    Kamel Daoud a toujours le mots qu'il faut pour décrire une situation qui devient ridicule.

    Il y a des hommes qui quittent ce monde avec dignité et honneur, et heureux de rejoindre leur créateur, d'autres qui s'accrochent a cette vie même au fond d'un trou à rat comme Saddam.

    Le préambule du film Troie est un jolie petit rappelle:
    "Men are haunted by the vastness of eternity and so we ask ourselves: Will our actions echo across the centuries? Will strangers hear our names long after we are gone, and wonder who we were, how bravely we fought, how fiercely we loved."

    «Les hommes sont hantés par l'immensité de l'éternité et nous nous posons alors la question: Est-ce que nos actions feront écho à travers les siècles? Est-ce que les étrangers entendront nos noms longs après notre départ, et se demanderont qui nous étions, comment nous nous sommes battus bravement, comment farouchement nous aimions?. "

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