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Réconciliation: le douteux argument sécuritaire

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    Réconciliation : le douteux argument sécuritaire


    Par : Mustapha Hammouche
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    Zerhouni a résumé, hier, les prétextes qui, dans le discours du pouvoir, de ses alliés et de ses courtisans tiennent lieu d'argumentation pour la prorogation de l'application de la loi pour la paix et la réconciliation nationale : “Si un terroriste demande à se rendre après le délai, allez-vous lui dire de retourner au maquis ?”
    Cornélien dilemme, en apprence ! Sauf, qu'à la vérité, en guise de dilemme il n'en est rien, dans cette proposition. Car un dilemme suppose un choix limité de deux options, toutes aussi problématiques l'une que l'autre. Or, pour un terroriste qui se rendrait au-delà de la période de validité de la mesure d'impunité, les autorités n'ont pas ce dramatique choix que semble redouter le ministre de l'Intérieur ; celui de l'absoudre ou de le renvoyer au maquis. Cette alternative est même absurde puisque la loi a prévu sa forclusion et la possibilité de revenir à un fonctionnement judiciaire normal. Nous présenter ce “dilemme” comme une argumentation d'État, comme si hors l'impunité point de salut, reviendrait à nous infantiliser.
    Mais, pour l'heure, puisqu'il est convenu qu'il est bon pour le pays de l'innocenter, innocentons-le ! Sans forcer la raison à admettre qu'il n'y a pas d'autre issue que l'impunité des tueurs.
    Cela dit, une période d'indulgence, si tant est que l'indulgence puisse s'appliquer à la barbarie, n'a de sens qu'en ce qu'elle est limitée dans sa durée. Autrement, c'est un encouragement à la terreur.
    Les concepteurs de l'impunité comme moyen de lutte contre le crime terroriste n'ont même pas pensé à dissuader les nouvelles recrues en les privant des avantages de l’impunité. Au contraire, à entendre les chantres de la réconciliation nationale, ceux-là bénéficient déjà d'une assurance d'impunité qui ne peut que susciter de nouvelles vocations. On ne pourra même pas retenir contre eux la charge du délit d'initié qu'on impute généralement à ceux qui exploitent malhonnêtement les bonnes intentions du législateur.
    Pourtant, en concédant que “la charte a réussi mais pas assez”, Zerhouni avoue un relatif échec de la démarche. L'arithmétique achève de confirmer ce fiasco. Selon les chiffres du ministre, 250 à 300 terroristes se sont rendus en six mois. Il faut rappeler que les terroristes peuvent se rendre sans risque de procès depuis le 13 juillet 1999, puisque la loi pour la concorde civile a été tacitement et indéfiniment reconduite. En plus de sept ans d'impunité, l'éventuelle efficacité sécuritaire d'un tel procédé aurait été vérifiée.
    Par contre, et toujours selon le ministre, “500 terroristes ont été abattus ou capturés par les forces de l'ordre en une année”. Et ce, malgré la disqualification de la résistance populaire, sous prétexte que “la paix est revenue”.
    Même si le terrorisme a relativement reculé, on voit que ce reflux se doit bien plus à la lutte antiterroriste armée qu'à l'accueil héroïque d'hypothétiques “repentis”.
    La concorde civile est une option politique. Elle peut se défendre par des considérations idéologiques. Mais, à l'épreuve comme à la réflexion, il serait faux de lui accoler quelque vertu sécuritaire.

    M. H
    [email protected]
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