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Noëlie Vegas« Le transfert de savoir-faire : un des premiers objectifs du protocole d’accord signé entre Sonel

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  • Noëlie Vegas« Le transfert de savoir-faire : un des premiers objectifs du protocole d’accord signé entre Sonel

    Écrit par Yanis Koceyla




    Dans cet entretien, Noëlie Vegas revient sur la naissance du projet Desertec pour le transfert de l’énergie verte produite dans la région Mena vers l’Europe et sa finalité. Pour la porte-parole de DII, consortium qui chapeaute le projet, la construction de capacités de production d’énergies renouvelables et l’échange transfrontalier de l’électricité offre d’importantes opportunités de croissance et de création d’emplois pour les pays du Sud de la Méditerranée, dont l’Algérie. L’ambitieux projet Desertec, dont le coût est estimé à 400 milliards d’euros, se fixe comme objectif d’installer 100 GW d’énergie renouvelable au Maghreb et au Moyen-Orient pour répondre à 15% de la demande d’électricité de l’Europe d’ici 2050. L’électricité ainsi produite est destinée en première ligne à la consommation locale en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, mais une partie pourrait également être exportée vers l’Europe.

    Reporters : Le projet Desertec est d’une grande envergure. Pourriez-vous le présenter aux lecteurs de Reporters ?

    Noëlie Vegas : A l’origine, Desertec est le nom d’un concept qui prévoit d’approvisionner toutes les régions du monde en énergie à partir des ressources renouvelables dont regorgent les déserts. En 2009, une dizaine d’entreprises inspirées par cette idée ont créé le consortium industriel DII qui a pour objectif de stimuler la création d’un marché de l’électricité verte entre l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient et l’Europe (Eumena). DII ne construit pas de centrales solaires ou éoliennes : le consortium se veut facilitateur de la transition énergétique en Méditerranée, identifiant les barrières et les moyens de l’assurer. L’électricité ainsi produite est destinée en première ligne à la consommation locale en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, mais une partie pourrait également être exportée vers l’Europe.

    Ces derniers temps, plusieurs défections ont été annoncées. Notamment la Fondation Desertec, qui est votre principal actionnaire. Comment expliquez-vous cela ?

    La fondation Desertec, qui est une ONG (organisation non gouvernementale), a décidé de se retirer du consortium industriel DII pour pouvoir rester neutre en tant qu’acteur de la société civile. Chez DII, nous respectons cette décision qui n’a cependant aucun impact sur notre objectif, notre stratégie ou nos activités. Le plan d’action complet de DII, « Desert Power : Getting Started », publié en juin 2013, constitue l’axe de travail à venir de DII. D’après ce rapport, les énergies renouvelables peuvent représenter 55% du mix électrique de l’Europe, de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient d’ici 2030. D’ici 2050, les combustibles fossiles ne joueraient plus qu’un rôle de réserve, les énergies renouvelables constituant alors le pilier de l’approvisionnement électrique à hauteur de 90%.

    La dernière sortie des actionnaires du consortium DII, durant laquelle ils ont décidé de redynamiser l’initiative DII, traduit-elle la crainte de voir d’autres actionnaires rompre avec le projet ?

    La quarantaine d’entreprises issues de toute la région Eumena (Europe, Afrique du Nord et Moyen-Orient) qui soutiennent DII ont exprimé leur satisfaction par rapport au travail effectué par nos équipes lors de notre dernière réunion d’actionnaires et de partenaires associés début juin 2013 à Séville. DII a accumulé et développé ces trois dernières années et demie une expertise approfondie sur tous les aspects de l’électricité des déserts, qui représente une réelle valeur ajoutée pour ses partenaires. Nous sommes d’ailleurs actuellement en discussion avec un certain nombre d’entreprises intéressées souhaitant faire partie de notre initiative.

    Quelles sont les principales contraintes auxquelles vous faites face aujourd’hui ?
    Les contraintes au développement des énergies renouvelables sont multiples, qu’elles soient d’ordre politique, réglementaire ou technique. DII a formulé dans « Getting Started » une série de propositions concrètes afin de faire face à ces barrières qui freinent le développement des énergies renouvelables. Un exemple de proposition concrète consiste à installer une autre interconnexion entre l’Afrique du Nord et l’Europe qui nécessitera, d’après les calculs de DII et suivant la capacité de la ligne, un financement de 2,5 à 10 milliards d’euros. Ce projet pourrait obtenir le statut de projet d’intérêt commun, recevant alors un soutien de la part du programme européen « Connecting Europe Facility » qui a été créé dans le but de financer ce type de projets. L’Europe, accédant à une électricité abordable sur le long terme, profiterait d’un tel projet.

    L’Algérie est partie prenante du projet. Quel est le degré de coopération du gouvernement algérien dans ce domaine ?

    En décembre 2011, DII a signé un accord de coopération avec Sonelgaz, qui a pour mission la réalisation du programme algérien des énergies renouvelables prévoyant l’installation d’une puissance de près de 22 000 Mégawatts, avec 12 000 MW destinés à la demande nationale et 10 000 MW à l’exportation. Dans le cadre de cette coopération, les équipes de DII et de Sonelgaz ont évalué ensemble les possibilités d’exportation d’électricité de l’Algérie avec un volume à l’étude de 1 000 MW, dont 900 MW destinés à l’exportation et 100 MW au marché local.

    étL’Algérieait réticente à cette idée (Desertec), comment êtes-vous parvenus à la convaincre ?

    La décision de l’Algérie d’aller vers les énergies renouvelables est motivée par le souci de diversifier ses sources énergétiques, d’autant plus que le pays dispose d’énormes possibilités en ressources renouvelables. A noter que le programme de développement des EnR (énergies renouvelables) est associé à un programme ambitieux d’efficacité énergétique. Nous nous sommes donc rendu compte assez vite chez DII et Sonelgaz que nous partagions une vision commune que nous avons décidé de concrétiser sous la forme d’une collaboration. M. Boutarfa (P-DG de Sonelgaz) était d’ailleurs présent lors de notre dernière réunion des actionnaires et partenaires associés pour présenter les résultats du travail effectué conjointement par les équipes de Sonelgaz et DII.

    Parmi les conditions que l’Algérie a exigées en contrepartie de sa participation à Desertec : le transfert de technologie. Cet aspect a-t-il été pris en compte et comment cela va-t-il se traduire sur le terrain ?

    Le transfert de connaissances et de savoir-faire est un des premiers objectifs du protocole d’accord signé entre Sonelgaz et DII. L’étude a permis, à travers le travail en commun mené entre les experts de DII et ceux de Sonelgaz, d’assurer un réel transfert de connaissances entre les experts. Cette démarche se renforcera dans le futur, DII s’engageant à travers son réseau de partenaires à mettre en contact des entreprises européennes et algériennes pour le transfert de technologie et la réalisation de projets renouvelables multipartenariaux «win-win ».

    L’Algérie dispose d’atouts majeurs dans le domaine des énergies renouvelables. Cela signifie-t-il que ce statut lui confère le rôle d’acteur majeur de Desertec ?

    L’Algérie possède un potentiel solaire et éolien considérable. Dans le solaire, par exemple, celui-ci s’élève à environ 170 000 TWh, ce qui en fait un partenaire de premier choix pour DII. Nous allons continuer à travailler avec Sonelgaz au-delà de l’étude que nous avons menée, notamment pour attirer l’attention des décideurs politiques et des industriels en Europe sur le potentiel considérable de l’Algérie en termes de production renouvelable.

    Plus globalement, comment voyez-vous la coopération des autres gouvernements impliqués dans le projet ?

    La mise en place de partenariats entre l’Europe et la région Mena constitue la pierre angulaire du développement des énergies renouvelables. Plus les pays coopèreront, plus la transition vers un système électrique Eumena sera stable et durable. Dans cette optique, DII coopère entre autres avec Sonelgaz en Algérie, la Masen au Maroc, la STEG Energies renouvelables, la NREA en Egypte et travaille actuellement sur d’autres partenariats avec des pays du Moyen-Orient.

    Vous organisez, au mois d’octobre 2013, la 4e conférence annuelle sur l’énergie des déserts au Maroc. Quel est l’objectif de cette rencontre et quels en seront les principaux themes ?

    Alors que les bénéfices que peuvent apporter les énergies renouvelables en Afrique du Nord et au Moyen-Orient deviennent de plus en plus évidents, il est urgent que toutes les parties prenantes définissent, ensemble, les mesures concrètes à prendre dès aujourd’hui pour l’exploiter. La conférence annuelle de DII offre une plateforme de discussion pour les décideurs politiques, les industriels, les représentants de la société civile et scientifiques afin de faire avancer le débat de notre avenir énergétique et de stimuler des projets concrets.

    Vous avez choisi le Maroc et l’Afrique du Nord pour abriter cette conférence. Quel est le potentiel de la région en matière de ressources provenant des énergies renouvelables ?

    Des programmes nationaux ambitieux de développement du solaire et de l’éolien, devant atteindre une capacité totale installée de 50 GW d’ici 2020, ont été lancés dans les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient.
    Lorsque l’on parle de potentiel, il ne s’agit pas seulement de capacités installées, mais également d’impacts socioéconomiques : dans un récent rapport intitulé « Economic Impacts of Desert Power », DII a démontré que la construction de capacités de production d’énergies renouvelables et l’échange transfrontalier de l’électricité offre d’importantes opportunités de croissance et de création d’emplois pour les pays du sud de la Méditerranée.

    Le consortium DII s’est doté d’un plan dénommé « Desert Power : Getting Started », publié en juin 2013, et qui constitue la base (de ses) activités futures. En quoi consiste-t-il ?

    Un marché international de l’électricité, même si tous peuvent en bénéficier, ne se fera pas tout seul. Avec l’étude « Getting Started », que l’on peut considérer comme une sorte de manuel, DII indique quelles mesures prendre en priorité pour inciter ces développements. DII a élaboré des recommandations à l’intention des Etats de la région Eumena afin de surmonter les obstacles freinant la création d’un marché de l’électricité verte ouvert à tous. Des efforts politiques considérables ont déjà été faits ces dernières années pour favoriser le développement des énergies renouvelables en Méditerranée et au Moyen-Orient. Des institutions clés, qui ont déjà été mises en place, doivent désormais coordonner leurs activités de manière efficace.
    reporters.dz
    Dernière modification par nacer-eddine06, 21 juillet 2013, 09h53. Motif: Noëlie Vegas, porte-parole du consortium DII (Desertec) a reporters
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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