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La politique gazière de l'Algérie en risque de syndrome égyptien

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  • La politique gazière de l'Algérie en risque de syndrome égyptien

    Il existe un fort décalage entre l'offre et la demande en gaz naturel en Algérie, d'où l'urgente nécessité de revoir la tarification nationale et la politique de subventions, explique l'expert Ali Aïssaoui, consultant à l'APICORP, dans une récente étude. Eléments…

    « Après avoir longtemps ignoré la réalité, le gouvernement égyptien s'est soudainement réveillé à la dure réalité que la production (de gaz naturel) ne pouvait plus répondre à la demande en forte croissance alimentée par les subventions massives et inabordables». C'est ce qui risque d'arriver à l'Algérie, explique Ali Aïssaoui, consultant à l'Arab Petroleum Investments Corporation (APICORP), dans une étude intitulée : «Politique gazière de l'Algérie : Le syndrome égyptien». L'auteur constate que «les inquiétudes sur l'épuisement des réserves de gaz naturel ont commencé à se faire sentir en Algérie» et que «les décideurs politiques se bousculent pour y remédier». «Dans ce contexte, en février 2013, la révision de la loi sur les hydrocarbures a introduit des changements significatifs des plus nécessaires, dont deux revêtent un intérêt particulier. La première offre de nouvelles incitations pour relancer l'exploration et le développement et susciter de l'intérêt dans le gaz non conventionnel. La seconde donne la priorité au principe de «l'obligation du marché intérieur» et s'engage à rémunérer les partenaires étrangers de Sonatrach sur un coût basé sur les prix à l'exportation», si leur part de gaz était réclamée pour le marché intérieur, explique M. Aïssaoui. Mais, relève-t-il, «cette réaction, qui vient s'ajouter à davantage d'accent sur la promotion des énergies nouvelles et renouvelables, contraste fortement avec un ajustement relativement faible de la politique de la demande, particulièrement pour le gaz naturel». En d'autres termes, l'auteur estime que la prise de conscience des pouvoirs publics reste incomplète, en maintenant inchangée leur politique de subventions.

    DES PRIX DU GAZ FONDES SUR UN COUT OBSOLETE

    Si dans l'étude il met l'accent sur le gaz naturel, c'est en raison de «son rôle dominant dans le bilan énergétique de l'économie algérienne». Selon Ali Aïssaoui, le gaz naturel «représente 50% de la production d'énergie primaire, 98% de la production d'électricité et d'alimentation en eau, et contribue à 39% dans le reste de la consommation énergétique, à la fois comme une source d'énergie et une matière première pour l'industrie pétrochimique». Le gaz naturel représente aussi «si l'on inclut le gaz naturel liquéfié (GNL) 56% des volumes des exportations d'hydrocarbures». Avec tout ce poids dans l'économie du pays, les prix du gaz sur le marché national «ont été fondés sur un coût obsolète». Avec le temps, cette politique a aggravé le risque de «modes de consommation non viables, déjà manifeste dans la façon dont la demande intérieure se renforce au détriment des exportations», ajoute l'expert.

    SITUATION INTENABLE

    L'étude décrit un «changement important et inquiétant de l'offre et de la demande de gaz naturel en Algérie» et «veut attirer l'attention sur la nécessité urgente d'aborder les prix intérieurs et les réformes des subventions». Il est noté une baisse de la production depuis 2008 qui est passée de 201 milliards de mètres cubes à 189 milliards de mètres cubes (mmc) en 2012. Même constat pour les quantités commercialisées qui après «avoir fortement augmenté jusqu'à la fin des années 1990, pour atteindre un pic de 88 mmc en 2006", suivent depuis «une tendance baissière pour atteindre 82 mmc en 2012». «Si les exportations ont diminué de 15 mmc depuis 2000, la consommation intérieure a augmenté de 10 mmc» pour atteindre 30,9 mmc en 2012. A ce rythme, la demande intérieure en gaz naturel atteindra 45,2 mmc en 2019, et 70 mmc en 2030, en raison également de la hausse de la production d'électricité et d'eau.

    Quant au prix du gaz sur le marché interne, il reste très bas et ne correspond pas à la formule retenue par les pouvoirs publics pour calculer le prix réel composé d'un «prix de cession», d'un «prix de vente» et de «coûts de transport», en relation également avec la parité dinars/dollars US. En apparence indépendant, dans les textes, le régulateur algérien du secteur de l'électricité et gaz, en l'occurrence la CREG, reste dépendant de la décision politique. Résultat, le prix de détail du gaz naturel (et celui de électricité) ne correspondent pas à ceux de la «formule d'indexation» et lui sont même bien inférieurs.

    D'ailleurs, ces prix sont les plus bas dans la région MENA (sauf le cas très particulier de la Libye), et sont encore plus bas que les coûts de production et de transport. Ces prix varient de 0,50 dollar/MBtu en Algérie à 3,75 dollars/MBtu en Iran. Même en Egypte, le prix du gaz naturel est six fois plus important que celui pratiqué en Algérie.

    TROIS PISTES

    Ali Aïssaoui suggère trois pistes pour corriger la politique gazière de l'Algérie. La première est d'éviter le syndrome égyptien de «se réveiller soudainement à la dure réalité que la production ne pouvait plus faire face à la demande croissante alimentée par des subventions massives».

    La seconde implication est que les pouvoirs publics doivent «s'attaquer au prix de l'énergie» et mener des «réformes sur les subventions d'une manière coordonnée et cohérente». La troisième piste consiste, selon l'auteur, à revoir le «modèle de consommation énergétique» de l'Algérie qui date des années 80. Dans le contexte actuel, les pouvoirs publics «ont besoin d'éclairer le débat public et de façonner une vision consensuelle plus holistique (vision globale, ndlr), pour guider et soutenir un changement fondamental de paradigme sur l'énergie, qui garantirait la sécurité de l'offre à long terme, et qui contribuerait à la stabilité économique et à la durabilité».

    le quotidien d'oran
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