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Le casse-tête de la réforme des politiques de subventions est maghrébin

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  • Le casse-tête de la réforme des politiques de subventions est maghrébin

    La question des subventions étatiques se pose pour les trois pays du Maghreb, Maroc, Algérie, Tunisie, en des termes voisins. Comment faire pour que les aides bénéficient à leurs destinataires et comment les mettre au service du développement ? Un vrai casse-tête !

    En Algérie, le patronat a fait de la critique de la politique des subventions de l'Etat un de ces thèmes récurrents. Le Forum des chefs d'entreprises (FCE) ne le critique pas sur le plan du principe mais sur celui de son inefficacité. Il admet que la subvention peut être utile et accroître le « bien-être » et même être efficace pour remédier à une « défaillance » du marché et « équilibrer » les coûts et les avantages sociaux et privés. Au cours d'un récent débat sur la question des subventions, le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Reda Hamiani, a donné des éléments chiffrés sur le volume des subventions et des transferts sociaux. Un soutien en milliards de dinars qui ne produit pas de « l'efficacité économique », le subventionnement en Algérie s'inscrivant principalement dans « une vision sociale ». Les transferts sociaux financés par le budget de l'Etat ont atteint plus de 11 300 milliards de dinars (soit 156 milliards de dollars) entre 1999 et 2012. Cela représente près de 10% du produit intérieur brut (PIB) et plus d'un quart du budget de l'Etat. Durant cette période, ils ont été multipliés par 7,5 passant de 254 milliards de dinars en 1999 à 1863 milliards de dinars en 2012. 277 milliards de dinars sont affectés au soutien des produits de large consommation (blé, lait en poudre, etc.), soit 25% du total des subventions. Les subventions destinées au consommateur final augmentent également. Les subventions aux produits alimentaires de première nécessité (pain, lait, sucre, semoule et huile) représentent 1,1 % du PIB, selon des données statistiques fournies par Mahrez Hadjseyd, consultant, présent à ce débat.

    LA SUPPRESSION DE LA SUBVENTION POLITIQUEMENT INENVISAGEABLE

    L'Etat met également la main à la poche et compense les prix à l'importation de l'huile brute de soja (2,095 milliards de dinars en 2011 et 540 millions de dinars en 2012). Quant aux subventions à la production (assainissements des entreprises publiques), elles s'établissent à 50 milliards de dollars, selon la Banque mondiale. Malgré ces montants substantiels, le souci « politique » fait que les pouvoirs publics sont peu sensibles aux appels à revoir la politique de subvention. Le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, a admis récemment qu'il est « politiquement difficile » d'envisager une suppression de la subvention aux carburants. Faisant référence aux rejets réitérés de l'Assemblée nationale des tentatives d'augmenter les prix des carburants, il a relevé qu'à « chaque fois que nous envisagions une hausse d'un dinar, nous nous heurtions à une opposition ».

    CIBLER LES SUBVENTIONS, MAIS COMMENT ?

    Au Maroc, le gouvernement d'Abdelilah Benkirane a fait de la réforme de la subvention des produits de large consommation qui grève le budget une de ses priorités. Mais les choses avancent lentement. Le gouvernement s'est donné cependant comme première tâche de réviser la révision de la subvention des produits pétroliers qui est passée de 10 à 30 milliards de dirhams entre 2007 et 2011. L'objectif est d'aboutir à une discrimination en faveur des plus démunis et éventuellement des classes moyennes. Plus facile à dire qu'à faire. Le patronat marocain a ouvert, lui aussi, le débat sur la politique des subventions en juin dernier.

    Dans ce pays, les subventions ont atteint 29,8 milliards DH en 2010, 48,8 milliards DH (effet printemps arabe) en 2011 et 53 milliards de dirhams soit 15% du total des dépenses publiques en 2012. Il est toujours question de réformer la Caisse de compensation et d'aller à une aide directe à ceux qui en ont besoin. Cette réforme devrait permettre à deux millions de foyers, les plus nécessiteux, de recevoir un versement mensuel en liquide de 1000 dirhams. Mahrez Hadjseyd estime qu'en cas de suppression des subventions au Maroc, le taux officiel d'inflation, qui est inférieur à 2%, passera à 7%. En Tunisie, les subventions accordées par l'Etat se sont chiffrés à deux milliards de dinars tunisiens en 2010 et à sept milliards de dinars tunisiens en 2012 (soit près de 30% du budget de l'Etat) dont 5300 MDT pour l'énergie et 300 MDT pour le transport. Les subventions énergétiques se répartissent comme suit : 13% pour l'essence, 27% pour le gasoil, 58% pour le fuel-oil… Là également, les subventions profitent peu aux plus démunis mais beaucoup plus aux classes moyennes. Selon une étude tunisienne citée par Mahrez Hadjseyd, seulement 9,2% des subventions vont aux ménages les plus pauvres, 60,5% aux ménages de la classe moyenne, 7,5% à la population riche et 22,8% sont transférés hors ménages (restauration, cafés, touristes, commerce illégal transfrontalier).
    le quotidien d'oran
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