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Les affaires religieuses mettent en garde contre les avis théologiques importés : Haro sur les fatwas d’enfer

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  • Les affaires religieuses mettent en garde contre les avis théologiques importés : Haro sur les fatwas d’enfer

    Écrit par H. Midouni et H. Bounab




    Sont mis en cause les prêches et les « explications » diffusés par les chaînes satellitaires du Moyen-Orient et des pays du Golfe, qui professent la haine, l’extrêmise, la fitna et les appels au meurtre.

    Le bureau des fatwas au ministère des Affaires religieuses et des Wakfs considère que certaines fatwas décrétées par des imams et des muftis étrangers peuvent « altérer l’intérêt suprême du pays et son intégrité religieuse ». Il met en garde contre les avis juridico-théologiques importés via les chaînes satellitaires, notamment en ce mois de ramadan, où des prédicateurs d’Arabie saoudite et d’Egypte sont fréquemment sollicités, alors que beaucoup d’entre eux sont d’obédience sensiblement différente du rite malékite, dominant en Algérie. « Nous mettons en garde contre ces fatwas sollicitées auprès d’ulémas non algériens, car véhiculant des messages pouvant altérer l’intérêt suprême du pays, notre référence et intégrité religieuse », a déclaré à ce propos à l’APS un représentant du bureau des fatwas, l’imam Djelloul Guessoul, de la mosquée Al Qods, à Hydra, Alger. Cette mise en garde « n’est pas une interdiction catégorique aux Algériens de contacter ces ulémas, mais plutôt un rappel sur l’impératif de connaître leurs tendances », a précisé ce religieux. L’imam recommande à toute personne voulant se renseigner auprès d’un théologien étranger, notamment à travers les chaînes satellitaires, de connaître d’abord son appartenance et ses tendances, précisant « qu’une fatwa promulguée dans un royaume (…) est influencée par la pensée monarchique, qui est loin de notre culture et pensée ». « L’Islam est le même dans tous les pays musulmans, mais la fatwa diffère selon l’espace et le temps et suivant l’évolution de la société », a-t-il ajouté. « L’Algérie dispose d’ulémas compétents en matière de jurisprudence », a-t-il poursuivi, en déplorant « l’amalgame entre la disposition de l’Islam et la fatwa qui est un avis religieux ». Selon le même avis que l’imam de la mosquée de Hydra, Zaïm Khenchelaoui, anthropologue des religions, juge que l’usage de la fatwa en Algérie selon les pratiques et rites religieux propres aux pays du Machreq ou émanant de courants islamistes « souvent extrémistes », pouvant avoir des incidences négatives sur la pratique de l’Islam au Maghreb, est un « phénomène sectaire » qu’il s’agit de contrecarrer. Les conséquences de ce genre de fatwas sont, de l’avis de ce chercheur, « mortelles », car « elles ont tendance à prêcher la mort, au lieu de prêcher la vie », estime-t-il dans un entretien à l’APS. « L’’Islam maghrébin en est blessé, meurtri et agressé, notamment en Algérie, où le colonialisme français l’avait déjà déstructuré culturellement », a-t-il indiqué.

    « Océan de larmes et de sang »
    « La communauté de l’Islam baigne désormais dans un océan de larmes et de sang, à cause de fatwas politiques » appelant à la discorde. « La piété pousse parfois des fidèles à prêter oreille à ces fatwas, lesquelles sondent leurs intentions, exploitent leur vulnérabilité et les dirigent vers le chaos, selon un mode de manipulation mentale connu par tous », a-t-il relevé, rappelant qu’il s’agit d’un « phénomène dangereux qui menace notre existence même et qu’il convient d’aborder avec alerte et fermeté ». Selon M. Khenchelaoui, la situation de la fatwa chez les pays voisins de l’Algérie semble « moins critique » en raison de la présence de deux institutions référentielles en matière de religion, à savoir Al Qarawiyyîn au Maroc et Al Zaytûna en Tunisie qui, a-t-il souligné, « continuent à former tant bien que mal les imams et encadrer la fatwa ». L’anthropologue des religions estime que « le rite en vogue chez de larges franges de notre jeunesse aujourd’hui semble être le rite hanbalite, dû à la propagande qui vient du Golfe persique et lors du pèlerinage à La Mecque ». Pour lui, le rite hanbalite est une branche « rigoriste » et « totalement étrangère » au parcours historique de l’Islam en Algérie et dans tout le Maghreb, région qui, rappelle-t-il, a connu dans son histoire de nombreux systèmes de pensée qui se réclament tous de l’Islam, tels que l’acharisme ou le mutazilisme. Pour autant, a-t-il prévenu, « il est normal de voir des Algériens affluer vers des fatwas abracadabrantesques. La raison en est qu’en multipliant la construction des mosquées, on pense à tort pouvoir immuniser la nation contre les courants sectaires qui nous guettent de partout. Or, il en est autrement », a-t-il estimé, en soulignant qu’« il aurait fallu investir dans l’individu, qui s’avère être de plus en plus fragile et parfaitement perméable à des courants de pensée parfois dévastateurs ». « A l’heure actuelle, deux organismes détiennent le monopole de la fatwa pour les sunnites arabophones, à savoir l’Union internationale des ulémas musulmans, sous tutelle du Qatar, et la Ligue des ulémas musulmans, sous tutelle de l’Arabie saoudite. Al Azhar, lui, a perdu de sa superbe et peine à avoir une audience, y compris dans son propre pays, l’Egypte », a-t-il tenu à rappeler pour dire qu’en dehors de ces trois structures mondiales, « des centaines de muftis véreux pullulent çà et là et sévissent loin de tout contrôle et en toute impunité ». Selon lui, ce sont « précisément » ces muftis « marginaux » qui intéressent les Algériens, accros à Internet et aux chaînes satellitaires, « sans qu’ils ne soient intellectuellement en mesure de vérifier la crédibilité et le sérieux de ces fatwas, parfois tout à fait extravagantes ». Dans son analyse de la situation, M. Khenchelaoui pointe du doigt certains imams algériens, qu’il considère comme des fonctionnaires rémunérés par le contribuable, qui sont « acquis à certaines de ces interprétations extrémistes de l’Islam », tout comme certains enseignants de différentes matières, qui « improvisent des sessions d’endoctrinement » pour les élèves. Alors que M. Khenchelaoui propose d’administrer les affaires religieuses de façon « sérieuse » et « radicale », par « l’élaboration et l’adoption d’une charte nationale en matière de religion », le secrétaire général de la Coordination nationale des imams et des fonctionnaires des affaires religieuses, cheikh Djelloul Hedjimi, imam de la mosquée Cheikh-El-Fodhil-El-Ouartilani (Alger), plaide pour la création d’une « institution officielle de la fatwa ». La création du poste de « mufti de la République » s’avère des plus impératives afin que l’Algérien comprenne que son pays protège l’Islam et qu’il existe un référent religieux auquel il aura recours en cas de besoin, a insisté cheikh Hedjimi, mettant en garde contre les organes audiovisuels qu’il faut consulter avec une « extrême prudence ».

    reporters.dz
    Dernière modification par nacer-eddine06, 27 juillet 2013, 00h04.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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