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TUNISIE:Le cadeau du vice à la vertu

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  • TUNISIE:Le cadeau du vice à la vertu

    Écrit par Boudjemaa Medjkoun


    Presque six mois après l’assassinat de Chokri Bélaïd, au début de février dernier, ce nouvel assassinat politique ciblé contre la personne de Mohamed Brahmi, qui intervient le jour de la célébration de l’anniversaire de la République tunisienne et qui est exécuté selon le même mode opératoire, replonge la Tunisie dans le même climat de psychose qui avait régnait alors. Colère et indignation, mais, surtout, incompréhension et questions.

    Car, au-delà des réactions immédiates qu’il a suscitées, cet assassinat ne manquera pas, cette fois-ci, de marquer un tournant dans la vie du pays. Sonnera-t-il le début d’une escalade meurtrière longtemps contenue, mais menaçant de déborder à tout moment ? Permettra-t-il un sursaut des forces progressistes et patriotiques qui se feront obligation de se défaire de leurs dissensions et de leurs divergences pour construire une véritable alternative politique à même de permettre à la Tunisie de traverser cette situation et d’arriver à bon port ? La réponse ne peut plus être différée. L’assassinat de Chokri Bélaïd, qui était un signal d’alarme, avait révélé déjà l’importance du danger qui guettait le pays en sombrant dans un cycle de violence. Et l’escalade qu’a vécue ensuite le pays, ces derniers mois, avec l’apparition de cellules djihadistes dormantes et de groupuscules armés à la faveur, notamment, de la situation de guerre au Mali, confirmait la fragilité de la situation, qui pouvait basculer facilement, et la précarité du climat politique.

    Décantations à l’emporte-pièce et régression

    Depuis la chute du régime de Ben Ali en janvier 2011, le pays est plongé dans une situation de transition qu’il peine à dépasser. Une situation qui n’a pas manqué de créer des tensions et des dissensions diverses qui ont secoué le pays. Les premières élections d’octobre 2011, remportées par le courant islamiste, lui ont permis, d’une part, d’imprimer au processus de transition en cours une lenteur qui commence à peser lourdement sur la vie politique. Un rythme quelque peu favorisé, et qu’il a réussi à maintenir, à cause de l’émiettement enregistré dans le camp d’en face.
    Et partant, d’autre part, de dénaturer la nature de cette période de transition, de maintenir le statu quo, lui imprégnant la posture d’une situation finale. Après un départ en trombe, marqué par la reconnaissance de l’ensemble des forces politiques, l’organisation d’élections pluralistes et la mise en place d’institutions de transition dont les missions étaient clairement définies et balisées au début, le processus politique n’a pas tardé à sombrer dans une routine qui commence à couter cher et à freiner le passage du pays à une nouvelle étape. Partie sur des décantations qui ne sont pas forcément la représentation des aspirations profondes au changement de la société tunisienne, mettant en confrontation deux camps dont la ligne de démarcation principale est le rapport à la question religieuse, oubliant les autres aspects structurants de la vie sociale, la scène politique tunisienne ne cesse de vivre des remodelages, aux contours pas toujours clairement définis, qui se sont tous avérés, pour l’instant du moins, peu efficaces. Et dans ce nouveau contexte, plusieurs forces et pontes de l’ancien régime n’ont pas trouvé de difficultés à se placer et à être acceptés dans le jeu politique post-révolution en se joignant, notamment, au camp des anti-islamistes.

    Ce qui n’a pas manqué, d’ailleurs, d’ajouter de l’eau au moulin de ces derniers pour crier à la contre-révolution. Pionnière des « printemps arabe », la révolution tunisienne, malgré les avancées institutionnelles, mises en place en apparence, semble aujourd’hui à la traîne des changements intervenant autour d’elle et s’exerce à calquer les dynamiques enclenchées ailleurs. Les récents développements de la situation politique avec les tentatives de réédition du scénario égyptien, même si l’on tient à préciser que, contrairement à ce qui se passe en Egypte, l’armée tunisienne n’a aucun rôle à jouer, démontrent, dans une certaine mesure, l’impasse dans laquelle patauge la classe politique tunisienne et son incapacité à transcender ses divergences et aller vers l’élaboration d’une alternative fondamentale claire à même de replacer le pays sur la voie d’un véritable développement et de la réalisation des objectifs de la révolution qui l’a secoué il y a deux ans et demi déjà.

    REPORTERS.DZ
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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