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Le Conte de l'âne et du boeuf Partie II

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  • Le Conte de l'âne et du boeuf Partie II

    Touché par tous ces propos et faisant mine de compatir à la piteuse condition de son ami, l’âne répond :

    - Compagnon ! Je suis assez sage pour saisir que c’est ainsi que juste nature a fait son partage, et surement elle a ses raisons. Vous qui êtes fort et gaillard, manger gloutonnement au hasard et autant boire ne trouve équité que dans votre ardeur à la tâche et au travail. Mais voilà que vous vous lamentez sur votre sort, je ne dis pas que vous avez tort, c’est de votre ressort, mais je crains que ça vous déshonore.
    Remuez votre pensée à l’endroit de votre raison et rappelez vous que depuis toujours l’ordre de la nature quoiqu’on accoure est seule vraie mesure. Constatez de vous-même ! Ces pauvres paysans, parmi lesquels notre maître, témoin du soleil de son lever à son coucher, semences, cultures et récoltes, après pénibles labours, maints travaux et efforts, le long des jours et ainsi toute sa vie, qu’a-t-il gagné le pauvre ? Le droit à exister !
    Soyons heureux toutefois, nous les animaux, le paisible monde muet nous préserve de tous leurs maux et nous secoure de leur monde de paroles, d’invectives et de discordes. Voilà, je te propose de te faire savoir une ruse pour lui jouer un tour.

    Ebahi, le bœuf pensif et inquiet, écoute son voisin enfin avec intérêt. Il redressa son corps et avança sa tête et lécha l’oreille de son compagnon et répond :

    - Et dire qu’après ça il y aurait encore des sots qui vous prendraient pour la plus bête des bêtes. Maintenant que vos sages paroles m’éclairent et vos conseils me guident je me remets à votre tête ; car il faut dire qu’après ce que j’ai entendu je dois avouer moi aussi que j’ai failli. Veuillez accepter mes excuses ! Croyant à une nuisible compagnie je découvre un voisin à tête bien garnie, un fidèle compagnon qui se fait des soucis de ma condition. Salut l’ami ! Salut l’affidé ! Continuez !

    Loué et flatté, l’âne se sent enfin reconnu et répond :


    - Puisque vous êtes épuisé, pour prendre congé il fallait aussi être malin et rusé, car l’homme comme vous le savez pour ses intérêts se laisse rarement duper. Alors comme vous avez trop de dépit un peu de répit, pour vous est une nécessité, même s’il est vrai, pour vous les bœufs, le véritable repos est dans vos tombeaux.
    Plusieurs fois moi-même quand un poids me ploie, je me plie, je m’écroule, et sans avoir d’autres choix, je laisse choir tout à la fois et je m’enfuis galopant aussi loin que je peux dans les prés et les champs, et sans me soucier des qu’on dira-t-on, car ma liberté pour moi vaut tous leurs intérêts.
    Donc pour vous qui êtes à votre nature éternellement fidèle, paisible et passif, impassible et docile, c’est tout à fait facile : oubliez votre dignité et votre loyauté ; faites le bœuf vil vous serez moins servile !

    .../...

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