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ALGERIE:Petites combines et grands trafics autour des subventions

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  • ALGERIE:Petites combines et grands trafics autour des subventions

    Les petites combines font les grands fleuves de la déroute économique. Les produits subventionnés sont les plus touchés par la contrebande. Faut-il pour autant supprimer la subvention, comme le réclament certaines organisations patronales ?

    En lançant une vaste campagne contre le trafic de carburants aux frontières, le gouvernement a choisi la cible la plus spectaculaire, visiblement en vue de préparer l'opinion publique à une hausse des prix. Mais rien ne dit que le gouvernement est disposé à aller jusqu'au bout, ni qu'il veut réellement s'attaquer à tous les trafics liés à la subvention. Des trafics nombreux, juteux, relevant souvent de la pure escroquerie. Pourtant, le gouvernement, hanté par son soucide préserver coûte que coûte la paix sociale,hésite à s'y attaquer. Et même s'il était tenté de le faire, il ne dispose pas des outils nécessaires pour s'attaquer à des problèmes aussi complexes. Combattre ces trafics parait hors de portée d'une administration incompétente et corrompue.

    Ces trafics concernent une multitude de produits. Cela va de la semoule au sucre, destinés au pain et détournés vers la pâtisserie, aux céréales, subventionnéesau profit des consommateurs, mais utilisées dans la fabrication de pâtes alimentaires réexportées. Les méthodes sont elles aussi très variées. Elles vont du trafic, plus ou moins licite, au vol pur et simple. La marge est étroite, et on passe allègrement de l'un à l'autre, comme le décrivent des opérateurs du secteur.

    Un minotier explique le procédé utilisé dans son métier. Pour encourager la production, les céréales sont achetées par les offices publics auprès des fellahs à un prix supérieur au cours du marché, rappelle-t-il. Mais ce qui se passe ensuite relève de l'escroquerie pure. Les céréales sont ensuite cédées aux opérateurs, principalement les minoteries, à un prix fortement subventionné. A leur tour, les minotiers en vendent discrètement une partie à des faux fellahs établis en réseau, qui les revendent aux offices publics au prix fort. Résultat : l'OAIC achète le blé au prix fort, le revend moitié moins cher, et le rachète de nouveau au prix fort. «Ce système fausse tout», souligne cet opérateur. «Il fausse le marché, détourne de l'argent, et fausse également les statistiques sur la production et la consommation».

    DE BONNES INTENTIONS, DE MAUVAIS RESULTATS ECONOMIQUES

    Pourtant, au départ, l'intention était louable, tout comme pour la pomme de terre, encouragée dans le cadre d'un système au nom quasi-soviétique mis en place par le ministère de l'agriculture : le Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac). Au départ, il s'agissait de garantir un débouché aux producteurs lorsque la pomme de terre de saison arrive sur le marché. Traditionnellement, le prix s'effondre, et les fellahs ne trouvent pas leur compte. Le ministère a incité les propriétaires de chambres froides à acheter le produit au prix du marché, et à le revendre quand l'administration le décide. Y compris à perte. Dans ce cas, l'administration donne la différence, pour garantir aux détenteurs de chambres froides un bénéfice, quelle que soit l'évolution du marché. Mais cette subvention a progressivement changé de nature. Elle ne profite plus aux fellahs, mais aux propriétaires de chambres froides.

    A côté de ces exemples, les traditionnelles subventions donnent lieu à un immense gaspillage. Electricité, gaz, eau, lait, carburant et autres produits sont facturés à un prix ridiculement bas, ce qui ruine tous les efforts visant à établir des règles économiques dans ces secteurs. Le prix de l'essence et du gas-oil est si bas qu'il n'y a aucun intérêt à rouler au GPL. Pourtant, l'Algérie tente, depuis un quart de siècle, de s'orienter vers ce carburant, plus abondant dans le pays et moins polluant.

    HARO SUR LA SUBVENTION

    Le patronat et certains courants ultra-libéraux utilisent souvent ces arguments pour plaider pour une suppression pure et simple de la subvention. Une option difficile à mettre en place, car elle laisserait sur le carreau des franges entières de la société, dont les revenus ne sont supportables que grâce à l'apport de la subvention. «Il faut trouver un équilibre entre les nécessités sociales et les impératifs économiques», affirme un économiste. «Subventionner certains produits est souvent nécessaire, parfois vital. Mais quand le montant de la subvention atteint 80% du prix du produit, comme c'est le cas pour le carburant importé, cela crée un problème plus important que celui qui a été résolu», dit-il.

    Une situation qui débouche sur un véritable casse-tête. Ainsi, le prix du pain, qui n'a pas changé depuis plus de quinze ans, est devenu ingérable. Les boulangers y trouvent difficilement leur compte. Ce qui débouche sur d'énormes gaspillages, et des menaces de grèves cycliques des boulangers. Le prix de l'eau, de l'électricité, du gaz et du carburant n'ont pas été révisés depuis une dizaine d'années, alors que l'inflation a frôlé les dix pour cent pour la seule année 2012. «Les prix administrés permettent de contenir artificiellement l'inflation», souligne cet économiste, qui prône «une gestion dynamique de la subvention». Pour lui, il faut «une adaptation permanente. Mais il n'est pas possible de le faire en Algérie, tant que le préalable politique n'est pas réglé», dit-il, précisant que ce préalable, c'est «l'existence d'un pouvoir légitime»
    le quotidien d'oran
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