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Al-Qaida tisse sa toile en Tunisie

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    Al-Qaida tisse sa toile en Tunisie
    Andrew Lebovich,
    CourrierInternational

    Assassinats politiques, trafic d'armes, djihadistes retranchés sur le mont Chaambi : le réseau d'Al-Qaida serait-il en train de s'implanter en Tunisie ?

    Pour la seconde fois en six mois, la Tunisie a vécu quelque chose d'impensable jusqu'ici : un assassinat politique. En février dernier, c'était Chokri Belaïd qui était abattu dans la rue, et le 25 juillet, c'est un autre politicien laïc, Mohamed Brahmi, qui a été tué sous les yeux de sa famille à la Cité El-Ghazela, dans la banlieue de Tunis.

    Cet assassinat tombe à un moment délicat pour la Tunisie. La coalition tripartite au pouvoir a des difficultés pour gouverner le pays, et un mouvement fraîchement créé, Tamarod [Rébellion, dont l'objectif est la dissolution de l'Assemblée nationale constituante étant donné qu'elle a perdu sa légitimité en se maintenant après la date butoir du 23 octobre 2012] manifestement inspiré des manifestations massives de juin en Egypte, cherche la moindre occasion pour lancer de grandes manifestations contre Ennahda, le parti islamiste qui dirige la troïka [coalition qui se partage le pouvoir : Ennahda, le Congrès pour la République (CPR), gauche nationaliste, et Ettakatol, gauche]. Les accusations lancées par la famille de Mohamed Brahmi contre Ennahda ont sans nul doute joué en faveur des contestataires.

    Le 26 juillet, le gouvernement a réagi en donnant une conférence de presse au cours de laquelle le ministre de l'Intérieur Lofti Ben Jeddou a déclaré que des tests balistiques - effectués dans un laps de temps remarquablement court - montraient que la même arme avait été utilisée pour tuer Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi et que les deux attentats avaient été commis par une cellule liée à Al-Qaïda. Il a même donné le nom du meurtrier présumé : Boubaker El-Hakim, un djihadiste franco-tunisien connu des services de renseignement.

    Certes, il n'a guère fallu de temps au gouvernement d'Ennahda pour arriver à la conclusion que cette cellule salafiste se trouvait derrière l'assassinat de Mohamed Brahmi.

    Le seul fait que l'assassin et son arme aient été identifiés si vite, alors que beaucoup imputaient la mort de l'opposant à Ennahda, devrait susciter quelques doutes. Mais si les déclarations du gouvernement sont bien exactes, il convient de se pencher de plus près sur les activités de Boubaker El-Hakim lui-même, et sur celles d'Al-Qaïda et des groupuscules qui lui sont affiliés en Tunisie.

    La nature obscure de sa présence en Tunisie
    Même s'il est impossible de confirmer les déclarations officielles sur le djihadiste et de savoir s'il est vraiment membre du groupe Ansar Al-Charia [Les défenseurs de la charia] en Tunisie ou lié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Boubaker El-Hakim a incontestablement des liens avec le milieu djihadiste. D'origine tunisienne, il a grandi à Paris et faisait partie des Filières irakiennes, un réseau qui, entre 2004 et 2009, a recruté des jeunes pour participer au djihad en Irak. Son frère, Redouane, était lui aussi impliqué dans ce réseau et il est mort en juillet 2004 sous les bombardements américains, alors qu'il combattait dans les rangs d'Al-Qaïda à Falloudja [ville située au centre de l'Irak].

    Les deux frères faisaient partie de la première cellule de la filière, dite du "19e arrondissement" ou des "Buttes Chaumont". Le chef de cette cellule, Farid Benyettou, était un prédicateur charismatique autodidacte qui prêchait autour de diverses mosquées, dont celle d'Addawa dans le 19e arrondissement, et dans de petites salles de prière. Boubaker était chargé du transit en Syrie de jeunes Français envoyés sur le front irakien, mais il a été arrêté dès 2004 par les forces de Bachar El-Assad, maintenu en détention pendant un an, puis extradé vers la France en 2005.

    Condamné à huit ans de prison pour son implication dans la filière de recrutement, il aurait dû rester derrière les barreaux jusqu'en 2015, mais il n'a purgé que les deux tiers de sa peine et a été expulsé en Tunisie en 2012. Depuis, son nom est apparu dans des reportages sur des terroristes en activité près du mont Chaambi [depuis avril, la traque de djihadistes retranchés dans cette montagne située au centre-ouest du pays à la frontière avec l'Algérie a fait plusieurs victimes dans les rangs de l'armée et de la garde nationale]
    Dernière modification par jawzia, 31 juillet 2013, 17h21.
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