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Égypte, après le printemps populaire, l'été des généraux

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  • Égypte, après le printemps populaire, l'été des généraux

    Le renversement du régime instauré par les Frères musulmans, après la chute de Moubarak, a peut-être été moins spontané qu'on a pu le croire...

    Après le relatif échec des islamistes pour mobiliser les masses, l'avantage ne semble pas pencher en faveur des Frères musulmans, 26 jours après la reprise en main par les militaires des mouvements hostiles au président Mohamed Morsi. Mais les généraux ne bénéficient plus, eux non plus, de la même cote de sympathie. Ni dans l'opinion égyptienne la plus éclairée, qui les avait pourtant appelés à intervenir, ni dans les capitales occidentales. Car il est de plus en plus évident que l'armée égyptienne a profité, voire même suscité ce mouvement. Pour tirer les marrons du feu à son profit, et retrouver l'influence qu'avaient ses généraux du temps de Moubarak. La campagne de collecte de signatures demandant la démission du président élu a été ainsi, d'après plusieurs témoignages et recoupements, largement épaulée par les services secrets de l'armée.

    La répression sanglante - plus de 70 morts - qui a marqué le dernier week-end confirme tragiquement ce soupçon. D'autant qu'elle est intervenue au moment où le général Abdel Fatah El Sissi avait appelé le peuple à manifester place Tahrir pour lui donner "un mandat populaire lui permettant de combattre la violence et le terrorisme".

    On peut certes reprocher au régime de Morsi d'avoir mal géré le pays, d'avoir tenté de l'entraîner sur la pente d'une islamisation forcée, d'avoir pêché par clientélisme et d'avoir essayé de confisquer tous les pouvoirs à son profit. Mais on peut difficilement qualifier ses méthodes de terroristes. Un communiqué commun, publié en début de semaine par plusieurs organisations militant pour les droits de l'Homme, et qui toutes avaient soutenu le mouvement en faveur d'une démission du président issu des Frères musulmans, précise clairement le problème : "L'armée égyptienne n'a nul besoin d'un nouveau blanc-seing pour combattre le terrorisme, et un mandat qui lui viendrait de la foule serait en contradiction avec les principes de la loi."

    Il y a 61 ans, Nasser

    Plus méfiants que ne l'étaient sans doute les Européens lorsqu'a fait irruption le soulèvement populaire, les Américains, après le bain de sang de ces jours derniers, multiplient les mises en garde. Même si Obama reste pour l'instant prudent, certains de ses partisans dans le camp démocrate, comme l'influente sénatrice de Californie Diane Feinstein, n'hésitent pas à menacer d'une suspension de l'aide américaine annuelle de 1 milliard et demi de dollars à l'Égypte. L'Europe (et la France avec elle) s'est enfin décidée à corriger une position très laxiste et à réclamer la libération du président destitué. Catherine Ashton, la représentante un peu falote de l'UE pour les Affaires internationales, a même obtenu des militaires l'autorisation de rencontrer Mohamed Morsi, dans son lieu de détention.

    Il y a 61 ans presque jour pour jour, un colonel égyptien inconnu, Gamal Abdel Nasser, au nom d'un groupement qui s'était baptisé les Officiers Libres, renversait le roi Farouk et instaurait une dictature populiste et militaire qui allait interdire tous les partis et - déjà - mettre hors la loi les Frères musulmans. Si le général El Sissi ne cherche pas à devenir un nouveau Nasser, il est temps qu'il en donne des preuves. En faisant les gestes destinés à promouvoir une réconciliation nationale qui doit inclure les Frères musulmans. Sans pour autant leur laisser gouverner le pays à leur guise. Si ce n'est pas le cas, la sanction devrait être immédiate du côté des États-Unis, qui ont l'obligation légale de prohiber toute aide financière aux régimes issus de coups d'État militaires. L'Europe devrait suivre. Et l'Égypte, ce grand pays si déterminant pour l'avenir du Moyen-Orient, sans doute, risque de s'enfoncer dans le malheur.

    Le Point
    Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien
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