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Crise de l’université et pays en crise

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  • Crise de l’université et pays en crise

    J'ai trouvée cette analyse qui correspondait assez à ce que je me disais à propos de cette rentrée universitaire qui ne débute pas réellement car l'année scolaire s'etait achevée sur une grève et des revendications qui n'ont pas du tout été entendues et donc la grève était sur la touche "pause" pour mieux reprendre maintenant avec les mêmes revendications et pour l'instant le même dialogue de sourd entre le CNES et l'Etat via son ministre de l'enseignement supérieur M. Haraoubia et le dialogue de sourd va au delà des revendications qui sont entre autres l''abandon totales des poursuites judicaires à l'encontre de trois membres du CNES, c'est le problème de l'université et de l'enseignement dans son ensemble.

    ===


    La nouvelle année universitaire commence comme s’est achevée la précédente, par une grève. Retour sur une crise où le ridicule côtoie l’absurde.

    Prenez un ancien professeur d’université. Faites-en un recteur, puis un ministre. Appelez le Rachid Harraoubia. Posez-lui quelques questions, et imaginez le dialogue suivant:

    - Pensez-vous, Monsieur le Ministre, que les professeurs d’université sont suffisamment rémunérés pour remplir leur rôle d’enseignants, de chercheurs et d’élite intellectuelle ?

    - Non. Je pense qu’il reste beaucoup à faire. L’élite du pays doit être protégée, mise à l’abri de ce qu’on peut appeler les contingences de la vie pour lui permettre de jouer pleinement son rôle. Je suis d’ailleurs favorable à une augmentation conséquente des revenus des enseignants pour leur permettre de s’épanouir pleinement et d’accomplir leur mission.

    - Quel est le secteur où il vous paraît nécessaire d’investir davantage dans le pays ?

    - La formation, évidemment. C’est plus important que le pétrole, plus important que tout. Un pays qui maîtrise le savoir, qui est maître de la technologie est un pays dont l’avenir est assuré. Une bonne université est un meilleur garant de l’avenir qu’un puits de pétrole.

    - Quel rôle doit jouer l’université dans le pays ?

    - En plus de son rôle central qui est de dispenser le savoir, l’université doit rayonner sur le pays. Elle doit engager les grands débats sur ce que sera l’Algérie de demain et ce qu’elle sera dans cinquante ans. Elle doit anticiper les problèmes, être à l’écoute des palpitations de la société comme elle doit suivre, analyser et anticiper les grands bouleversements qui secouent le monde. Elle doit préparer le pays à engager les mutations nécessaires pour lui assurer une place dans le monde de demain.

    - Pensez-vous que l’université algérienne est outillée pour assumer ce rôle ?

    - Franchement non. Il lui manque beaucoup de choses pour y arriver. Elle ne dispose pas de l’encadrement suffisant pour jouer ce rôle. Il faudrait que les salaires soient suffisamment attrayants pour non seulement assurer de bonnes conditions de vie et de travail aux professeurs dont nous disposons, mais également pour inciter une partie de ceux qui ont quitté le pays à revenir, et attirer éventuellement des enseignants du monde entier, car une université enfermée sur elle-même ne peut survivre. Il faudrait également investir massivement dans les moyens pédagogiques, pour tenter de se rapprocher du niveau atteint par les grandes universités dans le monde. Il est également vital pour l’université d’investir la société, d’établir les ponts avec son environnement, qu’ils s’agisse des entreprises, des institutions ou du monde du travail.

    - Pensez-vous que les étudiants travaillent dans des conditions correctes ?

    - Non. A quatre, cinq ou six par chambre dans les résidences universitaires, ils sont trop nombreux. On devrait aussi assurer aux étudiants un revenu qui leur permettra d’accéder à un certain nombre de services dans de meilleures conditions. Chaque étudiant devrait accéder à la résidence universitaire, et disposer par exemple d’une connexion internet, à travers laquelle il pourrait accéder à toute la documentation nécessaire de toutes les universités.

    Fin du dialogue avec le ministre. Prenez maintenant un professeur d’université, gréviste radical. Entretien:

    - Pensez-vous que la grève lancée à la fin de l’année universitaire écoulée a réglé les problèmes des enseignants ?

    - Non. Elle a posé les problèmes, mais ne les a pas réglés, malgré le prix payé par les étudiants. Mais les enseignants universitaires vivent dans des conditions humiliantes. Ils n’ont pas d’autres recours pour se faire entendre et réaliser leurs revendications légitimes.

    - Pensez-vous que l’université joue le rôle qu’on attend d’elle ?

    - Non, évidemment. Le rôle du professeur d’université est de dispenser le savoir, non d’organiser des grèves salariales. Vous savez, j’ai honte de parler échelons, prime de rendement, pourcentage d’augmentation des salaires et des indemnités, puis d’entrer dans un amphi pour enseigner aux étudiants l’histoire de la philosophie ou leur expliquer la Déclaration universelle des droits de l’Homme. J’ai conscience de ce décalage dû à une situation absurde.

    - Pensez-vous que l’université algérienne est en mesure de produire l’élite de demain ?

    - C’est tout le paradoxe. Elle ne peut pas le faire, mais elle doit pourtant le faire. Au train où vont les choses, l’université semble condamnée, et le pays avec elle. Il faut donc un effort gigantesque pour tenter de changer le cours des choses, et permettre à l’université de s’affirmer, de produire les élites et d’être l’éclaireur de l’avenir.

    Fin de l’entretien. Prenez maintenant le discours du ministre et celui du professeur gréviste. Il est certain que tous les deux assumeraient largement ces propos. Premier constat: leurs discours sont convergents, aussi bien sur les constats que sur la nécessité de changer radicalement la situation actuelle, qui apparaît dans toute son absurdité. A priori, rien ne les empêche donc de parvenir à un accord rapide, du moment qu’ils ont les mêmes grands objectifs, partagent la même vision du rôle de l’université et de la nécessité de son rayonnement sur le pays.

    Pourtant, ils sont engagés depuis plusieurs mois dans un dialogue de sourds, un affrontement absurde dans lequel tout le monde perd, qu’il s’agisse du professeur lui-même, de l’université, du pays ou du pauvre étudiant. Plus grave encore, c’est dans ce monde supposé constituer l’élite du pays qu’on n’arrive pas à trouver une solution à une question ridicule de grille et d’augmentation de primes. Comment, dès lors, en attendre des réponses aux grandes questions qui se posent au pays et comment en attendre des solutions aux grands défis de l’avenir ?

    La crise actuelle de l’université est révélatrice de l’état du pays. L’administration était supposée anticiper les problèmes. On attendait d’elle qu’elle engage des actions d’envergure pour éviter ce type de conflit, et offrir à l’université les conditions nécessaires pour jouer pleinement son rôle. Non seulement elle a été incapable de le faire, mais elle s’est révélée incapable de gérer une crise de troisième catégorie.

    Pris dans l’engrenage, les enseignants ont à leur tour basculé dans un radicalisme que justifie peut-être leur colère, mais que ne justifie pas leur place dans la société. Un analyste a utilisé cette formule à propos des enseignants: «face à une administration bête et méchante, ils n’ont, moralement, pas le droit de basculer dans un comportement nihiliste. Face à l’irresponsabilité de l’administration, ils n’ont pas le droit de se montrer irresponsables vis-à-vis des étudiants».

    Par ailleurs, la crise de l’université a porté sur des questions qui pouvaient être aisément réglées par un délégué syndical et un sous-directeur de ministère. Mais au final, elle a hypothéqué la formation de dizaines de milliers d’étudiants. Sa genèse a confirmé ce constat établi depuis longtemps: non seulement le système de gestion du pays est incapable de régler les problèmes, encore moins d’anticiper pour les éviter, mais il est devenu lui-même la principale source des problèmes.

    Par Abed Charef(QO)

  • #2
    Non de Dieu, quelle cata !!!

    Je pense qu'il doivent maintenir la pression jusqu'au bou afin de regler la question une fois pour toute ... pas de recul, la lutte dure depuis des années, le ministère na toujours pas tenu ses promesses et c'est l'étudiant qui paie le prix à chaque fois. Il faut en finir une fois pour toute.

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    • #3
      Envoyé par Far solitaire
      la lutte dure depuis des années, le ministère na toujours pas tenu ses promesses
      Ce que je ne comprend pas c'est cette absence de dialogue et de concertations qu'il y a entre l'Etat et les syndicats notament le CNES car en effet cela fait des années que les problèmes sont posés et demeurent.
      A l'entendre le ministre affirme que tout est entrepris et que tout va bien que les réformes portent leurs fruits et à la limite reproche à la presse d'avoir donné trop d'importance aux revendications et aux mouvements de grèves. Il a convoqué ses collaborateurs et la presse pour leur en faire part, pourquoi fait il la sourde oreille aux professionnels ceux qui sont directements concernés et avec qui il est en litige, et préfère t'il convoquer les patrons de presse ? Le CNES se retranche dans ses positions et l'Etat fait de même. Jusqu'à quand? Et c'est toujours au détriment de l'étudiant.

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