Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Beni Maouche célèbre la figue

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Beni Maouche célèbre la figue

    Beni Maouche préserve ses coutumes et traditions et fête joyeysement l'anniversaire de la figue, expositions communications réjouissances diverses la figue est célèbré avec tous les honneurs que mérite la figue qui est un doux régal au palais.

    =====

    Contrée montagneuse haut perchée au-dessus du cours majestueux de la Soummam, Beni Maouche s’accroche toujours à la culture ancestrale, et ses habitants sont considérés comme de fidèles préservateurs des vieilles traditions et coutumes de la région. C’est ainsi que les paysans de cette coquette localité célèbrent chaque année une fête sans pareille, la fête de la figue.

    Expositions, communications, réjouissances diverses, collations, festivités sportives et culturelles sont dédiées, l’automne venu, à ce fruit qui fait toujours la réputation du village. La commune, les services agricoles et des organismes privés se sont récemment joints à la partie pour donner une dimension supplémentaire à ce «rite» splendide.

    Objet d’égards bien particuliers en Kabylie, le figuier (ficus carrica) possède un tronc lisse et de grandes feuilles à plusieurs lobes. Ses racines très denses épuisent le sol, et réduisent du coup sa durée de vie. Ses fleurs unisexuées sont réparties à l’intérieur de réceptacles charnus, qui forment, après fécondation des masses gorgées de sucre (figues). On ne coupe jamais un figuier, il meurt toujours de vieillesse. La saison des figues est toujours une saison heureuse et mouvementée. On échange les visites, on invite les proches ou on réunit la grande famille. L’occasion se prête depuis la nuit des temps à la fête.

    Pour comprendre le pouvoir et le comment de ce rendez-vous champêtre, il faut d’emblée souligner la place prépondérante du figuier dans la culture et l’imaginaire populaire. «Disons tout de suite que lekhrif est la saison des figues et que de ce mot, lekhrif, nous avons tiré un verbe, le verbe se régaler», écrit Mouloud Feraoun, en soulignant que cette saison est de loin la plus belle dans l’esprit du campagnard kabyle. «C’est sans doute pendant lekhrif qu’il trouve son printemps, lui. Les grappes dorées et les figues juteuses sont ses fleurs éclatantes, ses bouquets parfumés», ajoute le même auteur avant de décrire les contrariétés qui succèdent immédiatement à cette saison généreuse : «Lekhrif passe. Dans la bouche nous gardons quelque temps le doux parfum de la dernière figue et aussi un regret, les picotements de la dernière sève d’octobre». S’inspirant de cette culture populaire, Tahar Djaout, un autre géant de la littérature algérienne, évoqua aussi le figuier dans l’un de ses poèmes : «Et l’arbre entortillé rêva tout haut d’azur / Mes branches doivent se taire / le soleil parlera à leur place.»

    Le figuier doit principalement son rang dans le cœur des travailleurs de la terre, des hommes simples et intransigeants sur les valeurs de l’islam, à une espèce de sacralité que lui confère sa citation dans le Coran : «Par le figuier et par l’olivier», lit-on dans sourate Ettine (figuier). En plus de cette présence dans les us et coutumes populaires, le figuier était autrefois le noyau économique de la communauté paysanne. Il n’est pas seulement le fruit sec ou frais qu’on connaît, il s’est avéré que toutes les parties de l’arbre sont exploitées. Les feuilles, une fois jaunies, les fruits dépréciés ou issus de chute prématurée servent à l’alimentation du bétail.
    Le bois est employé naturellement pour le chauffage, et sa cendre est la seule utilisée comme mélange avec le tabac à priser dans les procédés traditionnels. Le latex (une sève dense et blanche) est utilisé pour coaguler le lait dans la fabrication artisanale du yaourt.

    Beni Maouche avait, à ce propos, de bonnes raisons de fêter son arbre fétiche, car il compte parmi les plus productifs. Etant donnée la valeur nutritive de son fruit, le figuier s’adapte et pousse partout sur les pentes fertiles de la commune. La figueraie couvre en effet une superficie de 1 000 ha (soit 20% de la SAU de la municipalité) avec une production quinquennale qui tourne autour de 15 000 quintaux. Cependant, cette culture aurait connu une régression considérable. En l’absence d’archives chiffrées sur cette question, les témoignages oraux et les vestiges encore visibles permettent de conclure que les figueraies de jadis étaient quatre à cinq fois plus importantes que celles d’aujourd’hui. Pour rattraper ce manque à gagner, le Plan national de développement agricole a offert une opportunité majeure aux figuiculteurs des zones de montagne de créer de nouveaux ou d'étendre leurs vergers déjà existants. Beni Maouche est en liesse depuis dimanche dernier. «Les figueraies tendent sans façon leurs bras lourdement chargés. Ils convient les croyants au merveilleux festin d’Imma T’hamer’rousth, aux plats du Bon Dieu offerts pour tous et que tous doivent goûter», pour reprendre encore une fois Mouloud Feraoun.

    Par La Tribune
Chargement...
X