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Pas de polémique autour du «village pour retraités gays»

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  • Pas de polémique autour du «village pour retraités gays»

    Libération 1 août 2013 GUILLAUME GENDRON s.

    Dès mardi soir, les médias relaient l’information selon laquelle le maire de Sallèles-d’Aude, près de Narbonne, serait «tombé des nues» en découvrant la brochure promotionnelle très gay-friendly de la société Villages Group, à qui il a accordé un permis de construire pour développer un village de luxe pour retraités. Selon la dépêche, l’élu «déchante» et a «demandé à ses collaborateurs de vérifier cette information.» Entre les lignes, on croit comprendre que la résistance s’organise contre ce cheval de Troie LGBT. Flairant l’outrage, les caméras et micros des chaînes d’actualité en continue se mettent en marche vers la petite bourgade de 2 500 habitants traversée par le canal du Midi, principale attraction de la région...

    Et finalement rien, pas de scandale. Le maire (PS) Yves Bastié est un peu secoué, mais s’en moque. «Très franchement, que ce soit une résidence pour les homos, ça me gêne pas du tout ! Je me bats toujours pour que ce projet aboutisse, explique-t-il à Libération. C’est vrai que quand je l’ai appris, j’étais étonné et en colère parce qu’en tant qu’élu, on se doit d’être tenu au courant de l’évolution des projets qu’on soutient afin de donner des explications aux gens de la commune. Ça permet d’éviter les faux débats et le n’importe quoi au café du commerce.» Et d'ajouter : «L’homosexualité de ces gens, ce n’est pas mon problème, c’est des gens comme tout le monde ! Mais quand les promoteurs sont venus me présenter le projet, il n’a été à aucun moment question de l’appartenance sexuelle de leurs clients. Ils auraient dû me dire quel était le fond de leur projet.»
    Opération marketing

    De son côté, Danny Silver, le promoteur britannique en question, se défend de toute manipulation et assure que la décision d’orienter la publicité vers la communauté LGBT est venue sur le tard, par pur opportunisme commercial, en réponse à un manque d’intérêt des acheteurs pour ces maisons à 250 000 euros. Une fois cet ajustement marketing effectué, avec l’ajout d’un petit drapeau arc-en-ciel sur une photo du canal du Midi et la description du village pour retraités comme une «oasis privée pour la comunauté gay et lesbienne qui souhaite mener une vie active et saine», le projet a rencontré l’adhésion de la communauté. Destinées en priorité aux homosexuels, les résidences pourront aussi être achetées par des hétérosexuels, la discrimination à la vente étant illégale. «Everyone is welcome», précise même le site internet du groupe, la seule condition obligatoire étant d'être âgé de plus de 50 ans. La construction devrait commencer dès 2014, pour une ouverture prévue en 2015.

    Basé sur le modèle des parcs sécurisés de résidences de luxe pour riches retraités, comme il en existe beaucoup aux Etats-Unis et en Australie, le «village Canal du Midi» comportera, selon Danny Silver, 107 maisons, ainsi qu’une piscine, un sauna, des courts de tennis et un parcours de golf, sans compter les bars et restaurants qui se grefferont au «village» dans le village.
    25 millions d'euros

    Seul hic, les promoteurs, qui se veulent soucieux de l’environnement avec des maisons «eco-friendly», se vantent par ailleurs de développer ce qui est «probablement un des derniers projets immobiliers construits sur le canal du Midi, avant un changement de loi». Le chef-d'œuvre de Pierre-Paul Riquet risque en effet de perdre sa place au patrimoine mondial de l’Unesco, où il est inscrit depuis 1996, suite à une série de dégradations écologiques ces dernières années, comme la coupe de nombreux platanes et des aménagements malheureux. «C’est vrai qu’on s’attend à ce que l’Etat change la législation pour mieux protéger le canal. Il y avait donc clairement une fenêtre pour la réalisation de ce projet maintenant», reconnaît Yves Bastié.

    L’édile, qui a donné le feu vert au projet en mars, voit surtout les importantes retombées financières d’un tel développement immobilier. «La seule chose que je regarde quand je signe un permis de construire, c’est la légalité du projet, ainsi que les avantages et inconvénients pour la commune», affirme le maire, qui va célébrer le premier mariage homosexuel de sa commune dans les jours à venir. Dans une interview au Midi libre, Danny Silver affirme que son investissement s'élève à «25 millions d’euros pour 60 emplois».

    D’après l'AFP, les Sallelois expriment plutôt leur bienveillance envers les homosexuels, bien que certains s’inquièteraient de voir «se créer un ghetto à leurs portes». La presse locale semble avoir en effet eu bien du mal à trouver des passants franchement hostiles au projet, comme en atteste ce micro-trottoir. Pour Christian et Eric, le couple homosexuel propriétaire du café du village, «les gens ne sont pas particulièrement homophobes par ici».
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet
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