Courrier International 03/08/2013
Dans la guerre mondiale du luxe, la France se taille la part du lion. Les grandes entreprises du secteur - LVMH et Kering - adoptent une stratégie digne de Napoléon en menant des attaques massives sur la concurrence, analyse le quotidien économique.
Le quotidien économique allemand fait sa une sur le luxe français, symbolisé par un Napoléon conquérant - DR Le quotidien économique allemand fait sa une sur le luxe français, symbolisé par un Napoléon conquérant - DR
Qui peut le mieux représenter la France, "superpuissance mondiale du luxe", aux yeux d’un très sérieux quotidien économique édité outre-Rhin ? Napoléon, bien sûr, chapeauté par Hermès, tenant une bouteille de premier cru sous le bras.
"Le principe Bonaparte", titre Handelsblatt pour expliquer la domination française sur "le monde du prestige et des signes extérieurs de richesse" et ses nouvelles campagnes pour conquérir le monde, menées cette fois-ci à coups de centaines de milliards d’euros. Car sur un marché de luxe en plein mouvement, "le principe Bonaparte" signifie acheter le plus de marques de luxe possible, au premier rang desquelles figurent… les italiennes.
Dernier exemple en date : Loro Piana, le producteur italien de cachemire, vendu pour deux milliards d’euro à LVMH. "Nombreuses sont ses consœurs qui acceptent des offres faites par Guiony et Cie. en France [Jean-Jacques Guiony, le directeur financier de LVMH] – et se jettent dans les bras des conglomérats français", ajoute le quotidien.
Le secteur, en effet, est en plein essor. Le chiffre d’affaires mondial des produits de mode, cuir, parfum et cosmétiques a atteint 210 milliards en 2012. Les Français dominent 30 % du marché et comptent agrandir leur part "en achetant à tout va", précise le Handelsblatt. Les clients potentiels se trouvent à l’est, et surtout en Chine. D’après les estimations, la consommation de biens de luxe y passera de 56 à 125 milliards d’euro d’ici 2020. "Les Français voient les choses ainsi : l’industrie et l’automobile aux Allemands, l’Internet aux Américains, mais le luxe, le luxe est à eux."
"C’est aussi une lutte d’égo entre deux messieurs : Bernard Arnault (LVMH) et François-Henri Pinault (Kering, anciennement Printemps-Pinault-Redoute) se livrent un duel pour savoir qui sera le plus grand au pays du luxe. Leurs caisses de guerre sont pleines" : 2,2 milliards d’euros pour LVMH contre 2,1 milliards pour Kering, qui alimenteront la bataille pour racheter les marques italiennes Ferragamo et Tod’s.
Le monde du luxe est-il menacé par une dictature du goût français ?, s’interroge le quotidien. Les grandes marques italiennes, souvent encore dans la main des familles qui les ont créées, sont loin d’être des victimes des groupes français qui les rachètent, affirme le journal. "Ce qui intéresse les Français, c’est justement la particularité de leur marque, il ne détruiront pas leur ADN", explique Armado Branchini, président de la fédération de luxe européenne ECCIA. "Les groupes n’apportent pas uniquement l’argent nécessaire, mais aussi les méthodes de gestion aujourd’hui indispensables sur un marché mondialisé."
Courrier international
| Carolin Lohrenz
Dans la guerre mondiale du luxe, la France se taille la part du lion. Les grandes entreprises du secteur - LVMH et Kering - adoptent une stratégie digne de Napoléon en menant des attaques massives sur la concurrence, analyse le quotidien économique.
Le quotidien économique allemand fait sa une sur le luxe français, symbolisé par un Napoléon conquérant - DR Le quotidien économique allemand fait sa une sur le luxe français, symbolisé par un Napoléon conquérant - DR
Qui peut le mieux représenter la France, "superpuissance mondiale du luxe", aux yeux d’un très sérieux quotidien économique édité outre-Rhin ? Napoléon, bien sûr, chapeauté par Hermès, tenant une bouteille de premier cru sous le bras.
"Le principe Bonaparte", titre Handelsblatt pour expliquer la domination française sur "le monde du prestige et des signes extérieurs de richesse" et ses nouvelles campagnes pour conquérir le monde, menées cette fois-ci à coups de centaines de milliards d’euros. Car sur un marché de luxe en plein mouvement, "le principe Bonaparte" signifie acheter le plus de marques de luxe possible, au premier rang desquelles figurent… les italiennes.
Dernier exemple en date : Loro Piana, le producteur italien de cachemire, vendu pour deux milliards d’euro à LVMH. "Nombreuses sont ses consœurs qui acceptent des offres faites par Guiony et Cie. en France [Jean-Jacques Guiony, le directeur financier de LVMH] – et se jettent dans les bras des conglomérats français", ajoute le quotidien.
Le secteur, en effet, est en plein essor. Le chiffre d’affaires mondial des produits de mode, cuir, parfum et cosmétiques a atteint 210 milliards en 2012. Les Français dominent 30 % du marché et comptent agrandir leur part "en achetant à tout va", précise le Handelsblatt. Les clients potentiels se trouvent à l’est, et surtout en Chine. D’après les estimations, la consommation de biens de luxe y passera de 56 à 125 milliards d’euro d’ici 2020. "Les Français voient les choses ainsi : l’industrie et l’automobile aux Allemands, l’Internet aux Américains, mais le luxe, le luxe est à eux."
"C’est aussi une lutte d’égo entre deux messieurs : Bernard Arnault (LVMH) et François-Henri Pinault (Kering, anciennement Printemps-Pinault-Redoute) se livrent un duel pour savoir qui sera le plus grand au pays du luxe. Leurs caisses de guerre sont pleines" : 2,2 milliards d’euros pour LVMH contre 2,1 milliards pour Kering, qui alimenteront la bataille pour racheter les marques italiennes Ferragamo et Tod’s.
Le monde du luxe est-il menacé par une dictature du goût français ?, s’interroge le quotidien. Les grandes marques italiennes, souvent encore dans la main des familles qui les ont créées, sont loin d’être des victimes des groupes français qui les rachètent, affirme le journal. "Ce qui intéresse les Français, c’est justement la particularité de leur marque, il ne détruiront pas leur ADN", explique Armado Branchini, président de la fédération de luxe européenne ECCIA. "Les groupes n’apportent pas uniquement l’argent nécessaire, mais aussi les méthodes de gestion aujourd’hui indispensables sur un marché mondialisé."
Courrier international
| Carolin Lohrenz
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