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L'avenir compliqué des "super-majors" du pétrole

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  • L'avenir compliqué des "super-majors" du pétrole

    Une raffinerie à Bismarck, capitale de l'Etat du Dakota du Nord. En un an , hors éléments exceptionnels, les profits des poids lourds du secteur ont marqué un net repli.
    Le roi ExxonMobil a encore perdu sa couronne. Jeudi 1er août, le champion américain de l'or noir s'est fait dépasser en Bourse par Apple, et l'écart entre les deux sociétés s'est encore accentué vendredi. Le fabricant de l'iPhone pèse désormais 418 milliards de dollars (315 milliards d'euros) à Wall Street, soit 10 milliards de plus que le groupe mieux connu pour ses stations Esso.
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    Depuis des mois, les deux multinationales sont au coude-à-coude, et le titre de premier groupe mondial par la valeur en Bourse est passé à plusieurs reprises de l'un à l'autre. Mais cette fois le mouvement, qui sanctionne les résultats semestriels décevants publiés par Exxon, a une portée plus générale : les ténors du pétrole dans leur ensemble sont à la peine.

    Bien sûr, Exxon, Shell, BP, Chevron et Total ne sont pas sur la paille. A elles cinq, les "super-majors" occidentales ont engrangé 62 milliards de dollars de bénéfice net en six mois, selon les chiffres rendus publics ces jours derniers. De quoi voir venir...

    Mais, hors éléments exceptionnels, les profits des poids lourds marquent un net repli. En un an, les bénéfices semestriels ont reculé de 20 % chez Total, de 23 % chez Shell, de 35 % chez Exxon, et même de 53 % chez l'italien ENI... Et, Total mis à part, ils sont bien plus mauvais que prévu.

    MAUVAISES SURPRISES

    La déception la plus vive est venue de Shell. Sa direction a saisi l'occasion pour annoncer qu'elle ne tiendrait pas son objectif de porter sa production de 3 millions de barils par jour actuellement à 4 millions en 2017. Et qu'elle devait amputer les comptes de 2,1 milliards de dollars en raison de forages décevants dans le pétrole de schiste aux Etats-Unis. Le type même de surprises que détestent les investisseurs. "De mémoire d'analyste, c'est l'une des pires annonces de résultats de Shell", ont d'ailleurs pesté les experts du cabinet d'analystes Bernstein.

    A chaque fois, les groupes en cause mettent en avant des justifications diverses : des difficultés dans les raffineries américaines, des troubles au Nigeria, une légère baisse des cours du brut, etc.

    Mais le problème paraît plus profond. Sur le papier, les leaders du pétrole ont tout pour être en grande forme. La demande mondiale pour leurs produits progresse de 1 %, bon an mal an. Et le prix auquel ils peuvent les vendre se tient bien : le baril s'est stabilisé autour de 100 dollars.

    Le hic ? Les majors ont de plus en plus de mal à trouver et produire autant de pétrole qu'elles le voudraient. Les gisements faciles et peu coûteux à exploiter, comme ceux du Moyen-Orient, les compagnies d'Etat de ces pays se les gardent pour elles.

    Exxon, BP et les autres doivent donc s'aventurer toujours plus loin, tenter des projets toujours plus complexes, par exemple dans l'offshore ultra-profond ou la liquéfaction de gaz.

    "LOURDS INVESTISSEMENTS"

    Le résultat, c'est que la production des majors décline, contrairement aux promesses. Surtout pour le pétrole, moins pour le gaz. Ce recul a été compensé par les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, ceux de l'ex-Union soviétique et par de plus petites compagnies occidentales. Aux Etats-Unis, par exemple, des poids moyens comme le groupe Apache ont plus profité que les géants de l'incroyable ruée vers le pétrole de schiste.

    Deuxième conséquence : les coûts de production des grands pétroliers montent en flèche. En moyenne, ils ont grimpé de 20 % par an depuis dix ans, selon Bernstein. "Ces dernières années, les majors ont lancé de grands projets qui n'ont pas encore porté leurs fruits, commente François Lauras, chez Moody's. Ces lourds investissements sans flux de trésorerie immédiat pèsent sur la rentabilité."

    Les experts d'UBS, par exemple, s'attendent à ce que la rentabilité des capitaux d'ExxonMobil passe de 21 % en 2012 à 15 % seulement en 2015.

    S'ajoute à cela le risque de dérapage de certains chantiers. A l'image de la mine à ciel ouvert prévue dans les sables bitumineux près du lac Kearl, en Alberta (Canada) : la facture a dépassé le devis de 60 %, pour atteindre 12,9 milliards de dollars. Sale coup pour la filiale d'ExxonMobil concernée...

    Dans ces conditions, "tout le monde surveille de près le déroulement des projets, le respect des budgets, dit Anne Pumir, spécialiste du pétrole chez Natixis. Certains projets jugés "tangents" ont d'ailleurs été récemment repoussés".

    Tel est le cas du gigantesque complexe de liquéfaction de gaz qu'avait imaginé Woodside Petroleum en Australie avec Shell, BP et quelques autres. Ou de Mad Dog 2, un investissement de plus de 10 milliards de dollars envisagé par BP dans le golfe du Mexique.

    Dépenser plus pour produire moins : les majors aimeraient sortir de cette équation. En attendant, Apple pourrait bien garder un certain temps la couronne perdue par ExxonMobil.

    LE MONDE
    Par Denis Cosnard
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    les temps ont changé ,la facilité d"extraction et l"exploitation sans limites sont révolues

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