Polémique sur le déjeuner public à Tizi-Ouzou : Ksentini appelle à la sagesse
Écrit par Younès Saâdi
Le déjeuner public organisé par le collectif laïque samedi à Tizi-Ouzou continue d’enflammer les réseaux sociaux et les places publiques. Les pours et les contres de cette action se sont livrés des batailles sur la Toile, avant qu’un chef islamiste, en l’occurrence Abdelfetah Hamadache, n’appelle les adeptes de l’Etat islamique à descendre dans la rue pour dénoncer à la fois le déjeuner public et le silence des autorités publiques. La même attitude est adoptée par le MSP, qui réclame des poursuites pénales contre les non-jeûneurs. Devant cette hausse de ton, qui pourrait basculer vers la violence, le président de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l’Homme (CNCPPDH), maître Farouk Ksentini, contacté par nos soins, appelle les deux parties à la sagesse et à la retenue, et ce, pour éviter d’éventuels dérapages. « Je suis contre les poursuites judiciaires à l’encontre des non-jeûneurs », a-t-il dit. « L’observance ou pas du jeûne fait partie des libertés individuelles et de conscience des citoyens que la Constitution a garanti à tout le monde». Il précise aussi que la loi algérienne n’a pas prévu de sanctions contre ceux qui n’observent pas le carême.
« Aucun article du code pénal ne parle de sanctions contre les non-jeûneurs, ça reste une question de morale », a-t-il dit. Néanmoins, l’homme s’oppose à l’exhibition devant le public. « Ils sont libres de ne pas faire le carême, mais il aurait été préférable qu’ils mangent dans la discrétion », a-t-il dit. Manger publiquement en groupe et en plein ramadan pourrait être interprété comme étant une provocation, selon lui. Commentant la réaction des autorités locales, M. Ksentini estime que la décision du wali de Tizi-Ouzou de ne pas mobiliser la force publique contre les non-jeûneurs est juste. « Il faut reconnaître que la wali de Tizi-Ouzou a su gérer la situation », a-t-il affirmé. Pour le défenseur des droits de l’Homme, l’heure est à l’union et à la fédération des forces vives de la nation, et non à la discorde et à la division. « Il faut dépasser tout ça et penser à ce qui unit la nation, et non ce qui la divise. La conjoncture actuelle nous oblige à rester soudés pour faire ensemble face aux défis de l’heure », a-t-il indiqué.
Le MSP condamne
Dans une déclaration rendue publique hier par le bureau du parti islamiste de la wilaya de Tizi-Ouzou, le MSP condamne « un acte commis par un groupe insignifiant ». Considérant que de telles pratiques sont étrangères à la région de Kabylie, le MSP se félicite de la non-adhésion de la population locale à cette action, dont « les initiateurs ont subi un échec cuisant ». Pour sa part, Ali Belhadj a fait une visite spectaculaire à Tizi-Ouzou, dimanche dernier, vers 18 h, en se rendant sur les lieux mêmes où s’est déroulée la manifestation de
non-jeûneurs. Accompagné de son fils et de son frère, Ali Belhadj s’est donné pour mission « d’effacer le sacrilège commis hier sur cette placette même par les ennemis de Dieu ».
Les islamistes ont appelé à une rupture collective du jeûne
Des activistes islamistes ont appelé à un rassemblement pour, hier soir, à la place Matoub-Lounes à Tizi-Ouzou pour une rupture collective du jeûne. « Aux musulmans de la Kabylie, nous avons l’honneur et la fierté de porter à votre connaissance que la prière du crépuscule se fera aujourd’hui sur la place de l’Olivier », lit-on sur le communiqué diffusé notamment dans les mosquées à Tizi-Ouzou par ces islamistes. Les initiateurs de cet appel rappellent que « la Kabylie est musulmane », que « l’Islam est notre religion », « la langue arabe est notre langue », « l’Algérie est notre pays »… Mais un fait a attiré l’attention des fidèles qui ont tenu à prendre de la distance vis-à-vis de cet appel. Ainsi, il est mentionné que le rassemblement se fera « contre le MAK ». Cet appel n’est pas du goût de plusieurs citoyens de la région, car, ils estiment que le MAK, agissant sur un terrain politique, « n’a pas à être attaqué par des appels lancés dans des mosquées ». « C’est de la fitna », écrivaient d’autres sur les réseaux sociaux qui ont diffusé l’appel.
REPORTERS.DZ
Écrit par Younès Saâdi
Le déjeuner public organisé par le collectif laïque samedi à Tizi-Ouzou continue d’enflammer les réseaux sociaux et les places publiques. Les pours et les contres de cette action se sont livrés des batailles sur la Toile, avant qu’un chef islamiste, en l’occurrence Abdelfetah Hamadache, n’appelle les adeptes de l’Etat islamique à descendre dans la rue pour dénoncer à la fois le déjeuner public et le silence des autorités publiques. La même attitude est adoptée par le MSP, qui réclame des poursuites pénales contre les non-jeûneurs. Devant cette hausse de ton, qui pourrait basculer vers la violence, le président de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l’Homme (CNCPPDH), maître Farouk Ksentini, contacté par nos soins, appelle les deux parties à la sagesse et à la retenue, et ce, pour éviter d’éventuels dérapages. « Je suis contre les poursuites judiciaires à l’encontre des non-jeûneurs », a-t-il dit. « L’observance ou pas du jeûne fait partie des libertés individuelles et de conscience des citoyens que la Constitution a garanti à tout le monde». Il précise aussi que la loi algérienne n’a pas prévu de sanctions contre ceux qui n’observent pas le carême.
« Aucun article du code pénal ne parle de sanctions contre les non-jeûneurs, ça reste une question de morale », a-t-il dit. Néanmoins, l’homme s’oppose à l’exhibition devant le public. « Ils sont libres de ne pas faire le carême, mais il aurait été préférable qu’ils mangent dans la discrétion », a-t-il dit. Manger publiquement en groupe et en plein ramadan pourrait être interprété comme étant une provocation, selon lui. Commentant la réaction des autorités locales, M. Ksentini estime que la décision du wali de Tizi-Ouzou de ne pas mobiliser la force publique contre les non-jeûneurs est juste. « Il faut reconnaître que la wali de Tizi-Ouzou a su gérer la situation », a-t-il affirmé. Pour le défenseur des droits de l’Homme, l’heure est à l’union et à la fédération des forces vives de la nation, et non à la discorde et à la division. « Il faut dépasser tout ça et penser à ce qui unit la nation, et non ce qui la divise. La conjoncture actuelle nous oblige à rester soudés pour faire ensemble face aux défis de l’heure », a-t-il indiqué.
Le MSP condamne
Dans une déclaration rendue publique hier par le bureau du parti islamiste de la wilaya de Tizi-Ouzou, le MSP condamne « un acte commis par un groupe insignifiant ». Considérant que de telles pratiques sont étrangères à la région de Kabylie, le MSP se félicite de la non-adhésion de la population locale à cette action, dont « les initiateurs ont subi un échec cuisant ». Pour sa part, Ali Belhadj a fait une visite spectaculaire à Tizi-Ouzou, dimanche dernier, vers 18 h, en se rendant sur les lieux mêmes où s’est déroulée la manifestation de
non-jeûneurs. Accompagné de son fils et de son frère, Ali Belhadj s’est donné pour mission « d’effacer le sacrilège commis hier sur cette placette même par les ennemis de Dieu ».
Les islamistes ont appelé à une rupture collective du jeûne
Des activistes islamistes ont appelé à un rassemblement pour, hier soir, à la place Matoub-Lounes à Tizi-Ouzou pour une rupture collective du jeûne. « Aux musulmans de la Kabylie, nous avons l’honneur et la fierté de porter à votre connaissance que la prière du crépuscule se fera aujourd’hui sur la place de l’Olivier », lit-on sur le communiqué diffusé notamment dans les mosquées à Tizi-Ouzou par ces islamistes. Les initiateurs de cet appel rappellent que « la Kabylie est musulmane », que « l’Islam est notre religion », « la langue arabe est notre langue », « l’Algérie est notre pays »… Mais un fait a attiré l’attention des fidèles qui ont tenu à prendre de la distance vis-à-vis de cet appel. Ainsi, il est mentionné que le rassemblement se fera « contre le MAK ». Cet appel n’est pas du goût de plusieurs citoyens de la région, car, ils estiment que le MAK, agissant sur un terrain politique, « n’a pas à être attaqué par des appels lancés dans des mosquées ». « C’est de la fitna », écrivaient d’autres sur les réseaux sociaux qui ont diffusé l’appel.
REPORTERS.DZ
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