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Il y a 19 ans, disparaissait Mustapha Bacha

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  • Il y a 19 ans, disparaissait Mustapha Bacha

    Mustapha Bacha, ce nom provoque à ce jour des frissons même chez certains hommes politiques. Quant à ceux qui ne connaissent de la politique que l’injure et l’insulte, ils se terrent de peur de l’ombre et de la voix du Grand Homme et font exprès d’occulter le 08 août. Parler de Bacha, c’est penser aux grands évènements de l’Algérie, car Mustapha y a grandement contribué.


    Mustapha Bacha était avant tout un homme avec un grand H, un militant, un démocrate qui avait consacré toute sa vie à la démocratie et, surtout, à son identité. Il est né, le 28 juillet 1956, à Tassaft Ouguemoun, un petit village de l’Arche Ath Boudrar, dans la wilaya de Tizi-Ouzou.

    Bacha a effectué ses études dans la même région qui l’a vu naître. Après l’école primaire à son village natal, les cycles moyen et secondaire, il les poursuivra à quelque kilomètre seulement de là, à Beni Yenni, chez les Pères blancs. Après l’obtention du bac, il s’inscrit à la faculté des sciences économiques. Dés son arrivée à l’université, Mustapha créa un collectif culturel qui servira de cadre d’expression à toutes les compétences existantes au sein de la Fac. Il en était l’animateur principal. Il ne pouvait y avoir un autre avec un tel tempérament de résistant.

    Le collectif culturel crée n’était pas là pour faire du folklore, Mustapha lui a assigné, dés le début, des objectifs dont l’un était d’assurer l’épanouissement de l’esprit universitaire. Et c’est de la sorte, que Bacha a pu drainer et mobiliser bon nombre de ses camarades épris de liberté et de justice pour participer à la marche du, 07 Avril 1980, organisée à Alger.

    Lors de cette marche, Mustapha et vingt trois de ses camarades furent arrêtés et jetés à la prison de Berrouaguia où ils passèrent trois mois avant d’être libérés par une grâce présidentielle. Sa libération lui a permis, d’ailleurs, de participer à l’organisation du premier séminaire du MCB à Yakourène. Le répit ne dura pas longtemps, puisqu’à l’occasion de la journée nationale de l’étudiant, en 1981, il serait de nouveau arrêté et renvoyé en prison pour une durée d’une année cette fois-ci. À sa sortie, il s’investira d’avantage dans le mouvement. Ses qualités, son engagement, sa témérité et son courage lui ont permis d’unifier le mouvement syndical autonome à Tizi-Ouzou.

    Par sa conception ouverte, Mustapha faisait adhérer les jeunes dans le mouvement, car de son langage, il avait exclu le sectarisme. En 1982, Bacha était déjà militant du GCRC (Groupe Communiste révolutionnaire), ce qui prouve que la politique était présente dans ses préoccupations. Il resta dans ce groupe jusqu’en 1987, pour entrer de plain-pied dans l’organisation révolutionnaire des travailleurs (ORT). En effet, il intègre la vie professionnelle en rejoignant, en 1986, l’ENIEM de Oued Aissi. À l’unanimité, Mustapha fut élu responsable au sein de l’union wilayale de l’UGTA. Seulement, la wilaya de Tizi-Ouzou sera écartée, cette année-là, du congrès national de l’UGTA. La richesse de son esprit, de son cœur et de sa personnalité ainsi que ses idées plurielles, étaient les choses les plus frappantes chez le personnage. Mustapha voulait faire prendre conscience aux jeunes des défis du futur. Il n’avait aucun mal à transmettre le message. Son discours était raffiné et ponctué de paroles sages, puisées du fond du terroir. Mustapha Bacha, démontrera toute sa générosité, son sens de l’union et sa capacité de combattant indomptable, au lendemain des émeutes d’Octobre 1988, devant des milliers de personnes venues l’écouter lors du meeting organisé avec ses camarades, le 28 Novembre, au stade Oukkil Ramdane de Tizi-Ouzou.

    Ce jour-là, Mustapha avait dit « Si, hier, des idéologies nous ont séparé, aujourd’hui, il temps que Tamazight nous réunisse ». Lors des assises du MCB, qui ont donné naissance au RCD, c’est encore lui qui en a fait l’annonce officielle un certain 10 février 1989 à 04h10. Elu alors secrétaire national à la formation, il fut incontestablement l’un des hommes fort du RCD. Mustapha sera aussi promu porte parole officiel et exclusif du congrès extraordinaire de ce parti, tenu à la Coupole du 5 Juillet, en 1991. Il sera par la suite nommé président du bureau régional de Tizi-Ouzou en 1992.

    Une année plus tard, et lors des états généraux des patriotes républicains qui a donné naissance au mouvement pour la république (MPR), en novembre 1993, Mustapha Bacha est élu président du bureau d’Alger. C’est lui aussi qui initia la conférence des cadres du parti. Il était un homme qui n’aimait pas la défaite, qui n’abdiquait pas et n’aurait jamais accepté de côtoyer, encore moins abdiquer, devant les intégristes; Il avait l’honneur. Il aurait résisté à plus que cela, car il disait : « la résistance, c’est le pluralisme ». Mais, la mort est venue le ravir aux siens. Et sa disparition a arrangé ses ennemis et soulagé certains à qui il faisait de l’ombre.

    À la manière des grands, Mustapha a tiré sa révérence, le lundi 8 août 1994, après avoir tout de même forgé des esprits. Il est l’un des pionniers de la contestation, de la démocratie et bien d’autres valeurs. Qui oserait dire le contraire ? Il était le militant dangereux pour l’ordre établi et la soldatesque. Il le demeurera pour l’éternité.



    Bouras Rabah_ La Dépêche de kabylie
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