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Hamid Krairi: l’avocat qui a révélé le DanielGate

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  • Hamid Krairi: l’avocat qui a révélé le DanielGate


    Interview exclusive -et exhaustive- avec Hamid Krairi, l’avocat qui a révélé au grand jour le scandale de la grâce accordée à Daniel Galvan Vina.

    Du début de l’affaire en 2010 jusqu’à la manifestation prévue aujourd’hui à Casablanca, on remonte le temps pour restituer les moments clés du DanielGate, avec Hamid Krairi, militant AMDH et l’un des avocats des victimes du pédophile espagnol. Me Krairi est surtout celui qui a tiré la sonnette d’alarme en avertissant l’opinion publique de la scandaleuse libération de Daniel Galvan.

    Vous avez été le premier à signaler aux autorités les crimes commis par Daniel Galvan. Comment et quand avez-vous eu connaissance de cette affaire?

    Le 28 novembre 2010, un citoyen anonyme m’a fait parvenir un CD contenant des photos pornographiques mettant en scène des mineurs (seuls ou avec Daniel Galvan). Le jour même, j’ai déposé plainte, au nom de l’AMDH, auprès du procureur du Roi à Kenitra.

    L’enquête a commencé et deux jours plus tard, Daniel a été arrêté (30 novembre 2010). La police a saisi plusieurs accessoires électroniques qui prouvent que Daniel Galvan Vina a commis des agressions sexuelles sur des mineurs pendant plusieurs années: de 2003, quand il s’est installé au Maroc, jusqu’en 2010. Je me demande d’ailleurs comment un État peut permettre à un citoyen étranger d’habiter en toute illégalité sur le sol marocain durant 6 ans.

    Dans l'illégalité dites-vous?

    Il a vécu au Maroc pendant plus de 6 ans sans carte de séjour marocaine. Il devait quitter le territoire marocain tous les trois mois.

    Que s’est-il passé ensuite?

    La procédure judiciaire a commencé avec l’enquête préliminaire, et 11 victimes ont été identifiées. Un responsable de la police qui était en charge du dossier a déclaré dans une émission sur les criminels consacrée à Daniel Galvan et diffusée sur Médi1 TV, qu’il y avait au moins 20 victimes, mais que l’identité de plusieurs enfants est demeurée inconnue.

    La police n’a pas réussi à identifier certains enfants. Et puis, dans les fichiers saisis, il y avait des photos non pornographiques d’enfants, que la police ne pouvait pas utiliser contre le pédophile. Six des onze victimes ont demandé réparation au tribunal.

    Comment s’est déroulé le procès?

    Le procès de Daniel Galvan s’est déroulé dans les règles. L’avocat a bénéficié de tous les droits inscrits dans la procédure pénale: le droit à la défense –il avait trois avocats-, le droit au silence -devant la police judiciaire… Plusieurs chefs d’accusation ont été retenues contre lui: viol de mineurs, pornographie, perversion, violences.

    Le procès a duré 4 mois, au bout desquels le Tribunal de première instance, la Cour d’appel et la Cour de cassation ont condamné Galvan à 30 de prison ferme et à payer 50.000 dirhams de dédommagement à chacune des victimes. Pour la première fois de son histoire, la justice marocaine a rendu la sentence maximale dans une affaire d’agressions sexuelles sur mineurs, avec audace et en toute transparence. Cette décision était vraiment irréprochable! D’ailleurs, plusieurs associations et ONG ont applaudi la justice marocaine pour cette décision.

    Quand avez-vous appris la libération de Daniel Galvan?

    Je l’ai appris au lendemain de sa libération -le 31 juillet. Au début, on ne savait pas s’il avait bénéficié de la grâce royale ou d’une procédure de transfert en Espagne.

    Mais quand j’ai appris, grâce à des sources au sein du tribunal, qu’il était passé devant le procureur du roi pour récupérer ses papiers, mais aussi pour porter plainte contre la confiscation de certains de ses biens –qui ont été saisis par le tribunal pour dédommager ses victimes-, on a eu la certitude qu’il avait été gracié. Après sa libération, il a d’ailleurs effectué une interview avec un journaliste d’Assabah du nom de Belaïd Karroum, dans laquelle il clame son innocence.

    La justice avait pourtant tranché dans cette histoire, et les preuves étaient accablantes...

    Bien sûr, mais après tout, celui qui bénéficie de la grâce royale peut dire ce qu’il veut…

    Avait-il le droit de contester la décision de confiscation de certains de ces biens?

    Quand il s’est présenté devant le procureur, il pensait que la grâce annulait automatiquement les dédommagements. Or, sur cette question, le droit pénal au Maroc est clair. La grâce royale ne concerne que les sentences pénitentiaires.

    Avez-vous contacté les familles des victimes quand il a été gracié?

    Je n’ai pas eu de contact avec les familles des victimes, car les familles vivent dans des régions éloignées de Kenitra, et la lenteur de la procédure de dédommagement a fait que nous ne sommes pas restés en contact. Et puis après la médiatisation de l’affaire de la grâce, tout est allé tellement vite qu’on n’a pas pu prendre contact avec eux. Mais au cours de cette semaine, il se pourrait qu’il y ait des prises de contact…

    Comment avez-vous perçu l’indignation et la mobilisation de milliers de Marocains suite à la médiatisation de l’affaire?

    Cette affaire a créé un consensus à tous les niveaux. L’appel à manifester devant le parlement à Rabat a fédéré un nombre impressionnant d’internautes. Cette mobilisation de l’opinion publique signifie qu'il y a des limites, et il n’y a pas de décision sacrée quand il s’agit de dignité et d’enfance.

    Justement que pensez-vous des associatifs qui ont préféré garder le silence sur le DanielGate?

    Je les appellerai plutôt des mercenaires, ceux qui ont appelé à ne pas manifester. Les vrais associatifs représentent la conscience de la nation. Ils ont réussi à un moment donné à briser le silence sur ce scandale. Grâce à la mobilisation, on a découvert qu’il y avait eu une erreur, et le roi a retiré la grâce. Sans l’audace de toutes ces personnes qui ont manifesté leur soutien sur internet et dans les rues, on n'en serait pas là aujourd’hui!

    Avez-vous participé à la manifestation réprimée du vendredi 2 août devant le parlement à Rabat?


    Oui, j’ai répondu présent, j’étais là-bas. L’intervention violente des forces de l’ordre est une erreur. Ça n’a fait que renforcer la légitimité des manifestants.

    Entre les déclarations du ministre de la Justice, Mustapha Ramid, et celles du porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi qui a dit qu’il ne savait «rien de cette affaire» et les communiqués du cabinet royal, il y a eu une grande confusion

    Je pense que les officiels ont été déstabilisés par l’ampleur du scandale de la grâce du pédophile Daniel Galvan. Ils s’attendaient à ce que la décision de la grâce passe inaperçue.

    Que pensez-vous du premier communiqué du cabinet royal?

    Il confirme que la grâce de Daniel Galvan est bien une erreur, mais il indique aussi que la grâce -qui était auparavant arbitraire et absolue- sera dorénavant mieux contrôlée. La commission de grâce est tenue de faire participer l’institution législative, mais aussi les forces civiles et associatives dans ses prises de décision, en sachant que dans les pays développés, on ne parle plus de grâce générale, mais plutôt particulière, soumise à des conditions humanitaires et non pas politiques.

    Quid du deuxième communiqué, qui annonce que la grâce de Galvan est annulée?


    Ce deuxième communiqué, je le considère comme une victoire pour le peuple. Cela a encore une fois prouvé que la monarchie fait partie des institutions constitutionnelles et qu’elle est soumise aux exigences constitutionnelles. Cette décision ouvre le débat : la monarchie doit être une institution garante de la stabilité du pouvoir judiciaire.

    Le combat se poursuit donc?

    Une partie de la bataille a été gagnée, mais il faut continuer à se battre contre la corruption, pour l’intégrité, pour que les jeunes s’impliquent dans la scène politique et associative et surtout pour la construction d’un Maroc démocratique qui respecte la dignité humaine.

    Pour finir, allez-vous participer à la manifestation de mardi 6 août à Casablanca?

    J’aurais bien voulu, mais je serai à Fès pour un dossier. Par contre, je serai présent lors de la manifestation prévue le lendemain à Rabat.


    H24
    Dernière modification par AARROU, 07 août 2013, 16h31.
    "Les petits esprits parlent des gens, les esprits moyens parlent des événements, les grands esprits parlent des idées, et les esprits supérieurs agissent en silence."

  • #2
    Que pensez-vous du premier communiqué du cabinet royal?

    Il confirme que la grâce de Daniel Galvan est bien une erreur, mais il indique aussi que la grâce -qui était auparavant arbitraire et absolue- sera dorénavant mieux contrôlée. La commission de grâce est tenue de faire participer l’institution législative, mais aussi les forces civiles et associatives dans ses prises de décision, en sachant que dans les pays développés, on ne parle plus de grâce générale, mais plutôt particulière, soumise à des conditions humanitaires et non pas politiques.
    Bien! Encore 2 concessions a avoir...

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    • #3
      merci kraiki merci a l'association touche pas a mon enfant bien qu'elle n'a pas pu aller jusqu'au bout, grand merci a eux pour avoir permi la mediatisation de la grace de la honte

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