C'est un article un peu long mais fort complet qui permettra de mieux comprendre les méandres dans lequel s'englue la situation de l'enseignement supérieur et ses difficiles relations avec sa tutelle, la situation étant récurrente. Absente de dialogue, absence de concertation et l'affrontement par voie juridique en réponse.
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Comme nous l’avions écrit, le CNES s’est scindé en deux tendances, suite à la décision de justice déclarant la grève illégale.
A l’issue de celle-ci, saura-t-il se réunifier et se renforcer à l’épreuve du terrain ? Sur la crise interne du CNES Pour essayer de répondre à cette question, revoyons les textes du CNES et les actions qu’il a menées. Concernant son programme d’action de son deuxième congrès tenu en janvier 2004, il est dit : 1)
Le CNES est un :
- Syndicat autonome, démocratique et revendicatif ;
- syndicat corporatiste et solidaire des luttes des autres catégories de travailleurs ;
- syndicat respectueux de l’éthique universitaire, pacifique et constructif,
- syndicat attaché à l’intérêt général et soucieux du développement du pays et de l’épanouissement des libertés démocratiques. 2) Ses objectifs stratégiques sont :
- La revalorisation du statut professionnel et social des enseignantes et des enseignants universitaires et la défense du métier d’enseignant chercheur contre l’émiettement et la dépermanisation de la gestion et de la vie universitaire ;
- contribuer à la démocratisation de la gestion et de la vie universitaire ;
- favoriser par son activité syndicale la mise en place des conditions d’une formation de qualité pour les étudiants, futurs cadres à tous les niveaux ;
- lutter contre le démantèlement du secteur public en général et de l’enseignement supérieur en particulier pour le développement de l’université et de la démocratisation de l’accès au savoir à tous les niveaux du système éducatif ;
- un apport spécifique au développement de la démocratie et de la solidarité syndicale ;
- la contribution au développement et au progrès culturel, scientifique, intellectuel, technique, social et économique du pays ;
- le caractère de partenaire social à part entière, que le CNES doit arracher. Le CNES, a-t-il appliqué son programme ? Les actions qu’il a menées sont : la tenue de réunions avec la tutelle pour faire avancer les revendications socio-professionnelles, la participation au CNLS (Coordination nationale pour les libertés syndicales), la tenue de journées d’étude sur les réformes de l’enseignement et la démocratisation de la gestion à l’université, la tenue de journées d’étude sur le statut particulier et l’adoption d’un projet ;
- la tenue d’une journée de protestation le 23 janvier 2006 ;
- l’organisation d’une semaine de grève du 25 février au 2 mars 2006 ;
- l’organisation de deux journées de protestation les 17 et 18 avril pour préparer la grève des examens de mai ;
- le déclenchement de la grève des examens le 13 mai par une partie des sections du CNES ;
- la tenue de deux journées de protestation les 13 et 14 mai par les sections non grévistes.
Que peut-on dire de ces actions ? Tout d’abord, à propos des deux journées de protestation organisées unilatéralement par la section de l’USTHB les 23 et 24 avril 2006, une semaine après celles tenues à l’échelle nationale, n’est- ce pas là une erreur ? Cette action n’a-t-elle pas eu des conséquences négatives en donnant un prétexte à ceux qui n’étaient pas « chauds » pour la grève ? Quant à la division pour maintenir ou non la grève suite à la décision de justice, est-ce l’existence même de courants au sein du CNES qui pose problème, ou est-ce la ligne pour l’application du programme ? Il est vrai que dans toute organisation, des idées et par conséquent des courants s’affrontent, là n’est pas le problème.
Ce qui est important et essentiel, c’est qu’on puisse réellement et sincèrement défendre le programme accepté par une majorité. Une des nouveautés pour le CNES, lors de cette grève, est de savoir quelle attitude prendre face à une situation de blocage : grève ou pas ? La grève étant un ultime recours pour revendiquer ses droits après avoir épuisé le dialogue ou les négociations, cela est connu. Quel obstacle peut y avoir pour contrer une grève : soit elle n’est pas adoptée par les concernés (par vote ou autre), soit elle est interdite d’une manière ou d’une autre (à travers la justice ou par des intimidations et menaces) par l’autre partie, la tutelle dans notre cas ?
Dans le cas de la grève des examens de mai 2006, la décision de justice consistant à geler la grève est-elle « juste » sachant que dans notre pays, elle est sujette à des pressions énormes (en témoignent les différentes affaires rapportées par les médias) et qu’elle peut être manipulée ? Si la loi ou une décision de justice sont elles-mêmes injustes et vont à l’encontre de ceux qui défendent leurs intérêts vitaux reconnus légitimes et objectifs, alors que doivent-ils faire ? A quoi servirait un syndicat dans le cas où pour raison de légalité uniquement, il accepte cela sans réagir de façon dynamique dans une situation réelle et concrète ? Quelle attitude prendre entre la légitimité et la légalité ? Dans ces conditions, quel syndicat : corporatiste ou ouvert ? Le contexte algérien actuel est caractérisé par un système politique théoriquement pseudo-démocratique, mais pratiquement quasifermé.
En effet, si les textes fondamentaux officiels permettent certaines libertés politiques, dans la réalité, les possibilités de les utiliser sont très limitées : en témoignent les lois sur l’activité syndicale qui la soumettent à une réglementation administrative très restrictive et coercitive, l’annulant de facto. C’est pourquoi, la défense d’intérêts propres nécessite un dépassement de cette situation qui concerne en réalité plusieurs catégories de la population. Alors, nous nous posons la question de savoir si les pouvoirs publics ont- besoin d’organisations autonomes par rapport au pouvoir et si une organisation syndicale se limitant à défendre ses intérêts corporatistes peut être efficace dans ces conditions ?
Dans son programme d’action, le CNES place ses intérêts corporatistes dans le cadre de l’intérêt général et du développement du pays ainsi que dans l’esprit de solidarité avec les autres catégories de travailleurs luttant pour leurs revendications. Ainsi, comme le montre la réalité du terrain, les autorités administratives ne semblent pas entendre un autre son de cloche autre que celui du pouvoir. Dans ce cas, quels intérêts défend finalement ce dernier en n’acceptant pas une sorte de « contre-pouvoirs », pourtant nécessaire à une démocratie ? En recourant à chaque fois à la justice sans respecter les procédures établies par la législation du travail (négociations, réconciliation etc.)
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Comme nous l’avions écrit, le CNES s’est scindé en deux tendances, suite à la décision de justice déclarant la grève illégale.
A l’issue de celle-ci, saura-t-il se réunifier et se renforcer à l’épreuve du terrain ? Sur la crise interne du CNES Pour essayer de répondre à cette question, revoyons les textes du CNES et les actions qu’il a menées. Concernant son programme d’action de son deuxième congrès tenu en janvier 2004, il est dit : 1)
Le CNES est un :
- Syndicat autonome, démocratique et revendicatif ;
- syndicat corporatiste et solidaire des luttes des autres catégories de travailleurs ;
- syndicat respectueux de l’éthique universitaire, pacifique et constructif,
- syndicat attaché à l’intérêt général et soucieux du développement du pays et de l’épanouissement des libertés démocratiques. 2) Ses objectifs stratégiques sont :
- La revalorisation du statut professionnel et social des enseignantes et des enseignants universitaires et la défense du métier d’enseignant chercheur contre l’émiettement et la dépermanisation de la gestion et de la vie universitaire ;
- contribuer à la démocratisation de la gestion et de la vie universitaire ;
- favoriser par son activité syndicale la mise en place des conditions d’une formation de qualité pour les étudiants, futurs cadres à tous les niveaux ;
- lutter contre le démantèlement du secteur public en général et de l’enseignement supérieur en particulier pour le développement de l’université et de la démocratisation de l’accès au savoir à tous les niveaux du système éducatif ;
- un apport spécifique au développement de la démocratie et de la solidarité syndicale ;
- la contribution au développement et au progrès culturel, scientifique, intellectuel, technique, social et économique du pays ;
- le caractère de partenaire social à part entière, que le CNES doit arracher. Le CNES, a-t-il appliqué son programme ? Les actions qu’il a menées sont : la tenue de réunions avec la tutelle pour faire avancer les revendications socio-professionnelles, la participation au CNLS (Coordination nationale pour les libertés syndicales), la tenue de journées d’étude sur les réformes de l’enseignement et la démocratisation de la gestion à l’université, la tenue de journées d’étude sur le statut particulier et l’adoption d’un projet ;
- la tenue d’une journée de protestation le 23 janvier 2006 ;
- l’organisation d’une semaine de grève du 25 février au 2 mars 2006 ;
- l’organisation de deux journées de protestation les 17 et 18 avril pour préparer la grève des examens de mai ;
- le déclenchement de la grève des examens le 13 mai par une partie des sections du CNES ;
- la tenue de deux journées de protestation les 13 et 14 mai par les sections non grévistes.
Que peut-on dire de ces actions ? Tout d’abord, à propos des deux journées de protestation organisées unilatéralement par la section de l’USTHB les 23 et 24 avril 2006, une semaine après celles tenues à l’échelle nationale, n’est- ce pas là une erreur ? Cette action n’a-t-elle pas eu des conséquences négatives en donnant un prétexte à ceux qui n’étaient pas « chauds » pour la grève ? Quant à la division pour maintenir ou non la grève suite à la décision de justice, est-ce l’existence même de courants au sein du CNES qui pose problème, ou est-ce la ligne pour l’application du programme ? Il est vrai que dans toute organisation, des idées et par conséquent des courants s’affrontent, là n’est pas le problème.
Ce qui est important et essentiel, c’est qu’on puisse réellement et sincèrement défendre le programme accepté par une majorité. Une des nouveautés pour le CNES, lors de cette grève, est de savoir quelle attitude prendre face à une situation de blocage : grève ou pas ? La grève étant un ultime recours pour revendiquer ses droits après avoir épuisé le dialogue ou les négociations, cela est connu. Quel obstacle peut y avoir pour contrer une grève : soit elle n’est pas adoptée par les concernés (par vote ou autre), soit elle est interdite d’une manière ou d’une autre (à travers la justice ou par des intimidations et menaces) par l’autre partie, la tutelle dans notre cas ?
Dans le cas de la grève des examens de mai 2006, la décision de justice consistant à geler la grève est-elle « juste » sachant que dans notre pays, elle est sujette à des pressions énormes (en témoignent les différentes affaires rapportées par les médias) et qu’elle peut être manipulée ? Si la loi ou une décision de justice sont elles-mêmes injustes et vont à l’encontre de ceux qui défendent leurs intérêts vitaux reconnus légitimes et objectifs, alors que doivent-ils faire ? A quoi servirait un syndicat dans le cas où pour raison de légalité uniquement, il accepte cela sans réagir de façon dynamique dans une situation réelle et concrète ? Quelle attitude prendre entre la légitimité et la légalité ? Dans ces conditions, quel syndicat : corporatiste ou ouvert ? Le contexte algérien actuel est caractérisé par un système politique théoriquement pseudo-démocratique, mais pratiquement quasifermé.
En effet, si les textes fondamentaux officiels permettent certaines libertés politiques, dans la réalité, les possibilités de les utiliser sont très limitées : en témoignent les lois sur l’activité syndicale qui la soumettent à une réglementation administrative très restrictive et coercitive, l’annulant de facto. C’est pourquoi, la défense d’intérêts propres nécessite un dépassement de cette situation qui concerne en réalité plusieurs catégories de la population. Alors, nous nous posons la question de savoir si les pouvoirs publics ont- besoin d’organisations autonomes par rapport au pouvoir et si une organisation syndicale se limitant à défendre ses intérêts corporatistes peut être efficace dans ces conditions ?
Dans son programme d’action, le CNES place ses intérêts corporatistes dans le cadre de l’intérêt général et du développement du pays ainsi que dans l’esprit de solidarité avec les autres catégories de travailleurs luttant pour leurs revendications. Ainsi, comme le montre la réalité du terrain, les autorités administratives ne semblent pas entendre un autre son de cloche autre que celui du pouvoir. Dans ce cas, quels intérêts défend finalement ce dernier en n’acceptant pas une sorte de « contre-pouvoirs », pourtant nécessaire à une démocratie ? En recourant à chaque fois à la justice sans respecter les procédures établies par la législation du travail (négociations, réconciliation etc.)
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