Dans le livre Une vie partagée avec Messali Hadj, mon père (éditions Riveneuve, Paris 2013), Djanina Messali-Benkhelfat la fille du nationaliste algérien raconte la part inconnue de cette légende de la Révolution algérienne.
- En quoi ce livre de mémoire, où vous dévoilez une part de votre vie avec votre père, vous a-t-il semblé nécessaire ?
Djanina Messali-Benkhelfat : Ce livre m’a non seulement semblé nécessaire mais indispensable. Comme je le dis en introduction «je l’ai porté en moi durant trente-cinq ans». C’est aussi une «promesse» que j’ai tenue, un véritable devoir de mémoire personnel et citoyen.
- C’est votre père qui vous a demandé d’écrire son histoire, avec vos yeux, toute l’histoire. Avez-vous le sentiment du devoir accompli ? Votre pudeur vous a-t-elle poussée à cacher certains aspects ?
Oui ! Effectivement, vos termes sont exacts, j’ai eu un total sentiment d’accomplissement lorsqu’en arrivant de Montréal au Salon du livre de Paris, j’ai eu la joie et l’émotion de prendre mon livre dans mes mains. Par ailleurs, je me suis exprimée assez librement dans ce livre et pense n’avoir rien caché qui puisse intéresser davantage le lecteur.
- Votre mère a joué un grand rôle dans l’activité politique de votre père ? Est-ce le fruit du hasard d’une rencontre, ou bien votre mère a-t-elle été déterminante dans les prises de position de votre père au moment de l’Etoile nord-africaine ? Autrement dit, ces deux parcours sont-ils, durant cette période, séparables ?
Je commencerai par la dernière partie de votre question. Il n’y a qu’un seul et même parcours partagé. Ensuite, la relation de mes parents est une conjugaison articulée et rôdée à tous les niveaux de leur vie personnelle et politique, à toutes les périodes de leur itinéraire. Ils se sont construits à deux, ont fait leur éducation politique ensemble et leur engagement fut commun. Son rôle dans le destin historique de mon père est prépondérant. Ensemble, ils ont fait la démonstration qu’en s’engageant sur une valeur universelle, telle que la liberté, leur différence n’a jamais été un obstacle. Ça, c’est remarquable !
Pensez-vous un jour écrire la vie de votre mère, à l’image de ce qu’a déjà écrit Mohamed Benchicou ?
Dissocier la vie de ma mère de celle de Messali est impossible. Il a fallu le talent de Mohamed Benchicou pour en faire l’héroïne d’un roman dans lequel Messali est présent tout du long. En plus du talent, Mohamed Benchicou a le mérite citoyen d’être le premier écrivain algérien à casser l’occultation de ce pan important de l’histoire du nationalisme.
- Quel père était Messali Hadj, pour la petite fille que vous étiez, la militante à ses côtés puis plus tard, pour la femme mariée, mère de famille ?
Dans la petite enfance, j’avais un père mais je n’ai pas eu de «papa» avant l’âge de 5 ans. Je rendais visite à un bagnard une fois par mois, c’était mon père. Notre frustration affective réciproque a été compensée ensuite par des liens exceptionnels, forts qui se sont renforcés davantage encore dans la vie rude partagée. Je suis passée de l’enfance à l’âge adulte sans transition, et j’ai eu à assumer très tôt des responsabilités familiales ainsi qu’à être utile dans des actions militantes. Très jeune, mon père a su m’élever à lui en me considérant comme une grande personne, ce qui ne l’empêchait pas par ailleurs de partager avec moi des moments ludiques d’une tendresse toute paternelle. Bien plus tard, notre proximité et nos rapports de totale confiance n’interdisaient pas qu’il use de délicatesse, tact et élégance à mon égard.
- Quelles sont les révélations que vous faites dans cet ouvrage sur le parcours de Messali Hadj ?
Dans mon ouvrage, ce n’est qu’une succession de révélations pour les générations qui ont suivi la mienne, a fortiori pour celles d’aujourd’hui. L’histoire de ma famille s’inscrit entièrement dans l’histoire du mouvement national, celle-là même qui a été travestie à des fins de confiscation de légitimité.
- On découvre dans votre ouvrage un Messali toujours déterminé, mais dépassé par les événements. Il traduit le premier la lutte pour l’indépendance, mais il laisse à d’autres la tâche du déclenchement dont il avait lui-même décidé la période ?
Votre question, cher Monsieur, est contradictoire. Si Messali avait été dépassé par les événements, il n’aurait pas décidé la période du déclenchement». D’autant que ce n’est pas une décision personnelle, c’est la décision d’un congrès tenu les 13, 14, et 15 juillet 1954. Posez-vous la question de savoir pourquoi et comment ce «déclenchement» a eu lieu à une autre date ? Les lecteurs trouveront dans mon ouvrage comment les enjeux de hpouvoir sur l’avenir ont précipité ce «déclenchement».
- En quoi ce livre de mémoire, où vous dévoilez une part de votre vie avec votre père, vous a-t-il semblé nécessaire ?
Djanina Messali-Benkhelfat : Ce livre m’a non seulement semblé nécessaire mais indispensable. Comme je le dis en introduction «je l’ai porté en moi durant trente-cinq ans». C’est aussi une «promesse» que j’ai tenue, un véritable devoir de mémoire personnel et citoyen.
- C’est votre père qui vous a demandé d’écrire son histoire, avec vos yeux, toute l’histoire. Avez-vous le sentiment du devoir accompli ? Votre pudeur vous a-t-elle poussée à cacher certains aspects ?
Oui ! Effectivement, vos termes sont exacts, j’ai eu un total sentiment d’accomplissement lorsqu’en arrivant de Montréal au Salon du livre de Paris, j’ai eu la joie et l’émotion de prendre mon livre dans mes mains. Par ailleurs, je me suis exprimée assez librement dans ce livre et pense n’avoir rien caché qui puisse intéresser davantage le lecteur.
- Votre mère a joué un grand rôle dans l’activité politique de votre père ? Est-ce le fruit du hasard d’une rencontre, ou bien votre mère a-t-elle été déterminante dans les prises de position de votre père au moment de l’Etoile nord-africaine ? Autrement dit, ces deux parcours sont-ils, durant cette période, séparables ?
Je commencerai par la dernière partie de votre question. Il n’y a qu’un seul et même parcours partagé. Ensuite, la relation de mes parents est une conjugaison articulée et rôdée à tous les niveaux de leur vie personnelle et politique, à toutes les périodes de leur itinéraire. Ils se sont construits à deux, ont fait leur éducation politique ensemble et leur engagement fut commun. Son rôle dans le destin historique de mon père est prépondérant. Ensemble, ils ont fait la démonstration qu’en s’engageant sur une valeur universelle, telle que la liberté, leur différence n’a jamais été un obstacle. Ça, c’est remarquable !
Pensez-vous un jour écrire la vie de votre mère, à l’image de ce qu’a déjà écrit Mohamed Benchicou ?
Dissocier la vie de ma mère de celle de Messali est impossible. Il a fallu le talent de Mohamed Benchicou pour en faire l’héroïne d’un roman dans lequel Messali est présent tout du long. En plus du talent, Mohamed Benchicou a le mérite citoyen d’être le premier écrivain algérien à casser l’occultation de ce pan important de l’histoire du nationalisme.
- Quel père était Messali Hadj, pour la petite fille que vous étiez, la militante à ses côtés puis plus tard, pour la femme mariée, mère de famille ?
Dans la petite enfance, j’avais un père mais je n’ai pas eu de «papa» avant l’âge de 5 ans. Je rendais visite à un bagnard une fois par mois, c’était mon père. Notre frustration affective réciproque a été compensée ensuite par des liens exceptionnels, forts qui se sont renforcés davantage encore dans la vie rude partagée. Je suis passée de l’enfance à l’âge adulte sans transition, et j’ai eu à assumer très tôt des responsabilités familiales ainsi qu’à être utile dans des actions militantes. Très jeune, mon père a su m’élever à lui en me considérant comme une grande personne, ce qui ne l’empêchait pas par ailleurs de partager avec moi des moments ludiques d’une tendresse toute paternelle. Bien plus tard, notre proximité et nos rapports de totale confiance n’interdisaient pas qu’il use de délicatesse, tact et élégance à mon égard.
- Quelles sont les révélations que vous faites dans cet ouvrage sur le parcours de Messali Hadj ?
Dans mon ouvrage, ce n’est qu’une succession de révélations pour les générations qui ont suivi la mienne, a fortiori pour celles d’aujourd’hui. L’histoire de ma famille s’inscrit entièrement dans l’histoire du mouvement national, celle-là même qui a été travestie à des fins de confiscation de légitimité.
- On découvre dans votre ouvrage un Messali toujours déterminé, mais dépassé par les événements. Il traduit le premier la lutte pour l’indépendance, mais il laisse à d’autres la tâche du déclenchement dont il avait lui-même décidé la période ?
Votre question, cher Monsieur, est contradictoire. Si Messali avait été dépassé par les événements, il n’aurait pas décidé la période du déclenchement». D’autant que ce n’est pas une décision personnelle, c’est la décision d’un congrès tenu les 13, 14, et 15 juillet 1954. Posez-vous la question de savoir pourquoi et comment ce «déclenchement» a eu lieu à une autre date ? Les lecteurs trouveront dans mon ouvrage comment les enjeux de hpouvoir sur l’avenir ont précipité ce «déclenchement».
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