Annonce

Réduire
Aucune annonce.

us et coutumes amazigh

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • us et coutumes amazigh

    Tislith d'Anzar.


    La célébration d'un rite antique


    1. La légende explicative du rite

    "Il était jadis un personnage du nom d’ Anzar. C’était le Maître de la pluie. Il désirait épouser une jeune fille d’une merveilleuse beauté : la lune brille dans le ciel, ainsi elle brillait elle-même sur la terre. Son visage était resplendissant, son vêtement était de soie chatoyante. Elle avait l’habitude de se baigner dans une rivière aux reflets d’argent. Quand le Maître de la pluie descendait sur terre et s’approchait d’elle, elle prenait peur, et lui se retirait. Un jour, il finit par lui dire : Tel l’éclair j’ai fendu l’immensité du ciel, ô Toi, Etoile plus brillante que les autres, donne-moi donc le trésor qui est tien sinon je te priverai de cette eau. La jeune fille lui répondit : Je t’en supplie, Maître des eaux, au front couronné de corail. (Je le sais) nous sommes faits l’un pour l’autre. . . mais je redoute le "qu’en dira-t-on". . . A ces mots, le Maître de l’eau tourna brusquement la bague qu’il portait au doigt : la rivière soudain tarit et il disparut. La jeune fille poussa un cri et fondit en larmes. Alors elle se dépouilla de sa robe de soie et resta toute nue. Et elle criait vers le ciel : Ô Anzar, ô Anzar ! Ô Toi, floraison des prairies ! Laisse à nouveau couler la rivière, et viens prendre ta revanche. A l’instant même elle vit le Maître de l’eau sous l’aspect d’un éclair immense. Il serra contre lui la jeune fille : la rivière se remit à couler et toute la terre se couvrit de verdure. Voilà l’origine de cette coutume : en cas de sécheresse on célèbre sans tarder Anzar : et la jeune fille choisie pour la circonstance, doit s’offrir nue".

    2. Le rite lui-même


    "A l’époque où se durcit la terre, et que se présente ce que l’on nomme "sécheresse", les vieilles se réunissent pour fixer le jour où elles célèbreront Anzar. Au jour dit, toutes les femmes, jeunes et vieilles, sortent, accompagnées des jeunes garçons, et elles chantent : . Anzar ! Anzar ! Ô Roi, fais cesser la sécheresse, et que le blé mûrisse sur la montagne comme aussi dans la plaine. . . Autrefois on escortait processionnellement une jeune fille pubère et de plus gracieuse, On lui mettait le henné et on la parait des plus beaux bijoux : bref, on en faisait une "fiancée". La matrone du village, femme aimée de tous et de conduite irréprochable, devait procéder elle-même à la toilette de Tislit u Unzâr ( la fiancée d’Anzar ). Ce faisant, elle ne devait pas pleurer, sinon on aurait pu penser qu’elle ne donnait pas de bon coeur à Anzar sa fiancée. Elle remet à lajeune fille une cuiller à pot (aghenja) sans aucun ornement qu’elle tiendra à la main. Puis la matrone charge "la fiancée d’Anzar" sur son dos. Celle-ci, la louche en main, ne cesse de redire : Ô Anzar, la louche est sèche, toute verdure a disparu. Le vieillard est voûté par les ans, la tombe l’appelle à elle. Mon ventre est stérile et ne connaît pas de progéniture. Ta fiancée t’implore, Ô Anzar, car elle te désire. Un immense cortège les accompagne composé des gens accourus du village qui les suivent par derrière. A chaque seuil devant lequel passe le cortège, de nouveaux membres se joignent à lui et chantent eux aussi : Anzar ! Anzar ! Ô Roi, fais cesser la sécheresse, et que le blé mûrisse sur la montagne comme aussi dans la plaine. . . Sur le trajet de la procession on offre semoule, viande fraîche ou séchée, graisse, oignons, sel. . . . Et les familles ainsi visitées jettent de l’eau sur les têtes, s’efforçant surtout d’atteindre la fiancée que le cortège emmène avec lui. Une fois arrivées à la mosquée ou à l’un des sanctuaires (du village), les femmes déposent la fiancée. Puis elles se mettent à faire cuire ce qu’elles ont recueilli de porte en porte : huile, oignons, viandes. . . . Et tous les accompagnateurs prennent part à ce repas. Celui-ci terminé, on lave sur place les ustensiles et on jette l’eau dans la rigole. . Après quoi, la matrone enlève ses habits à la fiancée, et la laisse nue comme au jour de sa naissance. La jeune fille s’enveloppe d’un filet à fourrage - et ceci signifie qu’il n’y a plus ni verdure ni rien de ce que produit la terre ; bref, que les gens en sont réduits à manger de l’herbe. Puis elle fait sept fois le tour du sanctuaire, tenant la louche en main de façon à avoir la tête de la louche en avant comme si elle demandait de l’eau. Tout en tournant, elle répète : " Ô vous, Maîtres des eaux, donnez-nous de l’eau. . . J’offre ma vie à qui veut la prendre." C’est pour cette raison qu’on la nomme Tislit u Unzâr ( la fiancée d’Anzar ).

    Quand la jeune fille ainsi offerte à Anzar a terminé sa giration autour de la mosquée ou du sanctuaire, elle dit : Je regarde la terre, la face en est dure et sèche. Pas une goutte d’eau dans le ruisseau. L’arbrisseau des vergers s’étiole. Anzar, viens à notre secours, tu ne peux nous abandonner, ô Noble. J’entends le gémissement de la terre pareil à celui du prisonnier plein d’ennui. Pas une goutte ne suinte des outres, le limon est rempli de crevasses. Je me plie à ta volonté ô Anzar, car devant toi je ne suis rien. L’étang se vide et s’évapore, il devient le tombeau des poissons. Le berger reste tout triste, maintenant que l’herbe est flétrie. Le filet à fourrage est vide, il a faim. . . il m’étreint comme ferait une hydre. Après quoi les femmes réunies dans le sanctuaire entonnent le chant que voici : Ô Anzar au cœur généreux, le fleuve n’est plus que sable desséché. La clef, c’est toi qui la possèdes, de grâce, libère la source. La terre agonise, injecte son sang jusqu’en ses racines. Ô Roi ; ô Anzar, notre Mère la terre est sans force Elle patiente, elle compte sur toi, comme elle a accepté de toi le manque de nourriture. Remplis la rivière de ta sueur et la vie triomphera de la mort. Ô Anzar, ô puissant, Toi qui donnes la vie aux hommes, délivre-les de leurs liens, Toi le remède des blessures.

    La terre attend, livrée comme une jument, toute à la joie de ta venue. Ô Anzar, fils du (ou de) géant, Toi qui vis parmi les étoiles. Notre gratitude te sera acquise évidemment si tu nous donnes de l’eau. Ô Anzar, ô Roi, Toi dont le charme est sans égal, tu as épousé une jeune fille, perle précieuse, à la chevelure souple et lisse. La voici, donne-lui des ailes, et foncez vers le ciel : allez, A cause d’elle, parée de fine étoffe, tu peux dire aux assoiffés : buvez ! Cependant, quelques jeunes filles en âge d’être mariées, s’assemblent auprès de la fiancée toujours nue, pour le jeu dit "zerzari" qui se pratique avec une balle de liège. Elles se groupent dans un endroit plat, non loin de la mosquée ou dU sanctuaire. Munies chacune d’un bâton, elles se disputent la balle, jusqu’à ce que cette balle tombe dans le trou préparé pour la recevoir. Pendant ce temps la fiancée répète : La terre et moi, nous sommes co-épouses, nous avons épousé un homme sans l’avoir vu. Nous ne sommes ni infirmes, ni stériles, mais la clef est bloquée dans la serrure. Nos seins ne donnent pas de lait ; comment du reste le pourraient-ils ? Lorsque la balle a pénétré dans le trou, elle dit : Je tends la main devant moi, je ne trouve que le vide. Ma main cherche derrière moi, et ne trouve que moi-même. Rien ne me retient que moi-même. . . Ô Anzar, ô Roi très bon, ma vie m’est précieuse. . . mais s’il la veut qu’il la prenne ! Les jeunes filles qui ont pris part au jeu avec elle, répondent : Nous avons atteint notre but : la balle est à sa place. Le Roi est descendu sur la terre : la fiancée s’est soumise et l’a accepté. Ô Roi, donne-nous de la pluie, tu le vois, notre terre est assoiffée. Alors elle nous donnera bonne récolte, comme vous-même avez donné progéniture. La balle est enterrée dans le trou creusé pour elle avant le jeu.


    Toutes les femmes regagnent le village avant le coucher du soleil. On peut être assuré que peu de jours après la célébration d’ Anzar, la pluie se met à tomber. A l’époque où les familles des At-Qasi et des At-Djennad se battaient contre les Turcs, les Marabouts mirent fin à l’ancienne procession (telle qu’elle vient d’être décrite). Ainsi nous l’ont racontée nos aïeules. Malgré cela, certains villages continuèrent la procession "ancienne manière" ; d’autres la cessèrent immédiatement par peur de la malédiction des Marabouts. Dans ce dernier cas ils se contentent de transporter processionnellement la seule cuiller à pot, magnifiquement ornée au préalable comme une fiancée. Le rituel est à peu près le même, hormis bien sûr la dénudation qui n’est pas nécessaire. Le repas terminé, ce sont les jeunes filles qui se livrent au jeu de "azerzar". La célébration terminée, la louche sera reprise par son propriétaire qui la mettra de côté pour une prochaine célébration".

    Adapté d'un auteur anonyme

  • #2
    cette histoire m'a bcp plue, dommage que tu ne saches pas le nom de l'auteur. Si tu as en d'autres dans ce style, je suis intéressée.

    Commentaire


    • #3
      Je ne connaissais pas ce rituel païen!
      Tu connaitras le bonheur si ton existence s'inscrit dans les limites de la volonté de Dieu.

      Commentaire


      • #4
        Qu´est-ce que Yennayer?

        Yennayer est la fête célébrant le passage au Nouvel An par les Imazighen. Ce jour correspond au 12 janvier du calendrier grégorien, devenu universel. À l´instar des autres civilisations dans le monde (russe, chinoise, irlandaise, arabe etc.), les Imazighen avaient donc leur propre calendrier bien ancien, basé à la fois sur les changements de saisons et les différents cycles de la végétation qui déterminent les moments cruciaux à l´agriculture, et sur les positionnements des astres comme la Lune et le Soleil. Julien).

        Pour les Imazighen, Yennayer est d´abord une porte qui s´ouvre sur le nouvel an et appelée «tabburt useggwass» (la porte de l´année). Sa célébration s´explique par l´importance accordée aux rites et aux superstitions de l´époque dont certaines subsistent encore de nos jours. La période en question attire particulièrement l´attention car la saison correspond à l´approche de la rupture des provisions gardées pour l´hiver. Il convient donc de renouveler ses forces spirituelles en faisant appel aux rites. À cette époque de l´année, le rite doit symboliser la richesse. Ainsi, pour que la nouvelle année entamée soit plus fructifiante et la terre plus fertile, il convient de se purifier et de nettoyer les lieux.
        On obéit également aux lois rituelles telles que le sacrifice d´un animal (Asfel) sur le seuil de l´année, comme on le fait encore de nos jours sur les fondations d´une nouvelle bâtisse. Le rituel Asfel symbolise l´expulsion des forces et des esprits maléfiques pour faire place aux esprits bénéfiques qui vont nous soutenir l´année durant. Si les moyens le permettent, seront sacrifiées autant de bêtes qu´il y a de membres de famille. Le dîner ce jour-là sera servi tard et se doit d´être copieux, ce qui, aux yeux des Imazighen, augurera d'une année abondante.

        La viande de l´animal sacrifié y sera servie conformément au rite. Les absents ne seront pas les oubliés du repas : des cuillères disposées par la mère symbolisent leur présence et une proportion symbolique leur sera laissée dans le plat collectif, censé rassembler toutes les forces de la famille. Après le repas, il convient de vérifier si tout le monde a mangé à sa faim. C´est la maîtresse des lieux internes (la grand-mère ou la mère) qui pose la question aux enfants pour savoir s´ils ont mangé à leur faim: la réponse est necca nerwa (oui nous avons mangé et sommes rassasiés). La maîtresse des lieux n´oublie pas non plus les proches ou les voisins, lesquels lui rendent également des aliments différents : il n´est pas coutume de laisser balader des ustensiles vides le jour de laâwachar (jour béni). La fête garde de sa saveur pendant les quelques jours qui suivent l´événement. Les nouveaux ustensiles rangés après la dernière célébration vont redescendre de tareffit (étagère), on prépare lesfenj (des beignets), tighrifin (crêpes), et tout autre plat, et gâteaux rappelant une saveur rare, fût-elle importée. Seront également au rendez-vous les fruits secs amassés ou achetés le reste de l´année, figues sèches, amandes, noisettes, dattes, etc.

        par Arezki SLIMANI

        Commentaire


        • #5
          adhfel

          Ton conte m'a bcp plu, j'ai tjr autant de plaisir à te lire mon ami
          «On ne voit bien qu’avec le coeur. L’essentiel est invisible pour les yeux» Extrait du livre "Le Petit Prince"

          Commentaire


          • #6
            Bonjour

            Effectivement, il est bien dommage de ne pas connaître l'auteur d'un si beau texte surtout très riche en ce qui concerne les traditions liées au Maghreb.
            Merci Adhfel de nous le faire partager.

            Commentaire


            • #7
              Lilia

              C'est un texte tiré des récits de la tribu des Ait Zikki (Haut Sebaou)
              Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

              Commentaire


              • #8
                cette histoire m'a bcp plue, dommage que tu ne saches pas le nom de l'auteur. Si tu as en d'autres dans ce style, je suis intéressée.
                Bonjour,

                J’avais posté ce Topic sur le même sujet dans le Forum "Culture" :Légende d’Anzar

                Commentaire


                • #9
                  Zwina

                  Azul awaltma et tanmirth.
                  je pense m'acheter si je le trouve le bouquin de Camille Lacoste-Dujardin "le conte kabyle" et j'ai un bouqin en ma possession de poésie kabyle très ancienne (datant des années 1870) si tu es intéressée contacte moi en mp et je me ferais un réel plaisir à te l'envoyer.

                  Commentaire


                  • #10
                    GENEVOIS, Henri
                    1978 «Un rite d’obtention e la pluie: "la fiancée d’Anzar"», in : M. Galley (éd.), Actes du 2ème Congrès International d’Etude des cultures de la Méditerranée occidentale, Alger, pp.393-401.

                    J'sais pas si c'est trouvable (si on le voulait pour soi) mais faut savoir qu'il devrait y avoir un exemplaire à la Bibliothèque National François Mitterrand, pour les Parigo.

                    Commentaire


                    • #11
                      merci adhfel pour le texte il très beau, je ne connaissais pas cette legende
                      ***
                      === Moderation ===
                      Utilisez la Messagerie Privée (MP) pour vos échanges personnels. Relisez et respectez le règlement du forum, svp.

                      Commentaire


                      • #12
                        === Moderation ===
                        Utilisez la Messagerie Privée (MP) pour vos échanges personnels. Relisez et respectez le règlement du forum, svp.

                        Commentaire


                        • #13
                          Anzar

                          "Anzar" signifie pluie. En berbere la pluie a plusieurs noms et ils sont tous au masculin: Agafur, anu, azayar (pluie battante), azefuf (averse), lahewa (emprunté à l'arabe).
                          "Tslit u n'zar" est le nom berbere donné à l'arc-en-ciel, litteralement il signifie la mariée de la pluie.

                          Rite commun aux Marocains et Algériens:
                          En période de sécheresse, comme pour exhorter le ciel à donner de la pluie, on prend une louche, qui a beaucoup servie, on l’habille en mariée et on la donne aux enfants pour faire le porte à porte et demander de la semoule, des légumes secs… qui serviront à la préparation du repas communautaire.
                          Les enfants chantent alors « anzar, anzar, a Rabi sw’i-ts-id ar azar…» (pluie, pluie, oh Dieu arrose-là jusqu’aux racines…)

                          Commentaire


                          • #14
                            Chez les aith abass lr terme utilisé pour la pluie est "lguerra"

                            Commentaire


                            • #15
                              Il n'y a pas que chez les ath abbas qu'on dit "lguerra" mais également à Tazmalt, ath m'likeche, Takerboust, Akbou, Ighzer amokrane......
                              Tadut melulen, limer d izmawen, macci d ulli ittisburen qlil w-a yelsen abernus.(si les lions portaient la peau du mouton,rare ceux qui porteront le burnous)

                              Commentaire

                              Chargement...
                              X