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Mohammed VI fait amende honorable

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    AFFAIRE DU PÉDOPHILE ESPAGNOL VIOLEUR D'ENFANTS MAROCAINS

    Mohammed VI fait amende honorable


    Par Mohamed TOUATI - Samedi 10 Aout 2013

    Trop tôt pour oublier. Trop tard pour pardonner. Le mal est fait
    Alors que le souverain marocain a reçu le 6 août les membres des familles des enfants victimes de Daniel Galvan, les Marocains exigent de lui des excuses publiques.
    La fièvre monte. Comment faire retomber cette formidable pression entretenue par une rue marocaine blessée, humiliée et indignée suite à la grâce accordée par le roi à un violeur d'enfants marocains condamné à 30 ans de prison? Comment réparer les pots cassés? C'est ce type d'équation qui se pose au monarque alaouite. Il enclenche le processus.
    Le souverain marocain a reçu le 6 août les parents et les membres des familles des enfants victimes de Daniel Galvan. Que leur a-t-il dit? «Au cours de cette audience, Sa Majesté le Roi, que Dieu l'assiste, leur a réitéré Ses sentiments de compassion et Son empathie à l'égard de leurs souffrances, tant à cause de l'exploitation exécrable dont leurs enfants ont été victimes, qu'en raison de la libération de l'individu concerné et de son impact psychologique sur eux» souligne le communiqué du cabinet royal répercuté par une dépêche de l'agence de presse officielle marocaine MAP. Acculé jusqu'à être contesté, Mohammed VI tente de faire amende honorable. Le mal est cependant trop profond. Le couteau s'est à nouveau enfoncé dans la plaie et a ouvert des cicatrices qui ne se sont jamais refermées. Trop tôt pour oublier. Trop tard pour pardonner. Le mal est fait.

    Plainte contre le ministre de l'Intérieur
    Le recul de Mohammed VI (qui a annulé sa grâce au pédophile espagnol d'origine irakienne) n'a en rien entamé la détermination de la société civile marocaine à faire payer aux vrais responsables le traumatisme qu'ils lui ont fait subir. Le limogeage du directeur de l'administration pénitentiaire n'a pas calmé sa colère. Des voix s'élèvent et exigent de Mohammed VI des excuses publiques alors qu'une vingtaine d'ONG veulent la tête du ministre de l'Intérieur. Les manifestations ont été violemment réprimées. Les organisations non gouvernementales marocaines contre-attaquent. «Nous avons déposé ce matin (jeudi, Ndlr) une plainte contre le ministre de l'Intérieur Mohand Laenser et les hauts responsables de la police. Nous voulons que la lumière soit faite sur la violence policière lors de la manifestation de vendredi dernier», a déclaré Me Abderrahmane Benameur un des défenseurs de ce collectif. «Chaque fois qu'on informe le ministre de la Justice des violences lors des manifestations pacifiques, il nous répond qu'il faut porter plainte. Maintenant c'est fait», a indiqué Khadija Ryadi, l'ex présidente de l'Association marocaine des droits humains (Amdh). «Ceux qui étaient chargés du maintien de l'ordre ce vendredi noir doivent répondre de leur responsabilité devant la justice», a-t-elle souligné.
    Cette affaire aura eu comme enseignement de révéler à la société marocaine la couardise de sa classe politique beaucoup plus prompte à réagir quand il s'agit de la question du Sahara occidental, d'attaques ignominieuses contre l'Algérie ou de revendications de certains de ses territoires (où se cache le SG de l'Istiqlal Hamid Chabat?) que de se pencher sur ses préoccupations à l'instar de ce fléau que sont la drogue ou la pédophilie dont sont victimes 71 enfants quotidiennement selon l'ONG marocaine de protection de l'enfance «Touche pas à mon enfant». Un silence pesant contre lequel s'est insurgée la voix d'une femme. La secrétaire générale du PSU (Parti socialiste unifié marocain) qui prône l'instauration d'un Maroc de citoyennes et de citoyens et non un Maroc de «sujets» a qualifié l'élite politique «d'hypocrite et d'opportuniste» avec elle «l'ensemble des mouvements islamistes marocains qui se sont tous éclipsés suite à l'indignation et à l'humiliation qu'ont subies les Marocains dans cette affaire» a-t-elle ajouté tout en exigeant «des excuses publiques de la part du roi à l'ensemble du peuple marocain».

    La lâcheté de la classe politique
    Dans une interview qu'elle a accordée au média marocain inépendant Lakome. «Tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains du roi et celui-ci lors du dernier discours du Trône, prend des airs de guide porteur de visions qui donne des instructions et quand un dossier de cette ampleur surgit, on nous dit qu'on n'est pas au courant?! Qui dirige le pays alors?!» s'est interrogée Nabila Mounib qui a tordu le coup à la langue de bois et remis à leur place les «à-plat-ventristes», les courtisans et les corrompus de tout poil: «Dans notre pays, nous souffrons de corruption institutionnalisée. Et tout le monde sait l'existence de mafias qui opèrent à l'occasion soit de la fête du Trône, l'Aid Es-Seghir (fin du Ramadhan) ou l'Aid El Kebir (Fête du mouton), pour établir les listes de ceux qui vont bénéficier de la grâce. Et tout cela est rémunéré. Ces mafias demandent aux familles si elles veulent que leur proche soit gracié à l'occasion de l'Aid Seghir ou de l'Eid El Kebir. Et chaque grâce à son tarif propre», dénonce la patronne du PSU qui est aussi professeur d'endocrinologie à l'Université Hassan II de Casablanca.
    Elle avait appelé au boycott du référendum constitutionnel de 2011, estimant que la nouvelle Constitution concentre l'essentiel des pouvoirs entre les mains du roi. Le «Danielgate» vient de la renforcer dans ses convictions et éclairer une société marocaine qui n'a pas encore dit son dernier mot.
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