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Chakib Khelil : L’un des piliers du régime Bouteflika s’écroule

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  • Chakib Khelil : L’un des piliers du régime Bouteflika s’écroule

    Le procureur général près la cour d’Alger lance un mandat d’arrêt internationale contre l’ex-ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, son épouse et ses deux enfants, entre autres personnes du proche entourage de celui qui a régné sans partage et durant une décennie sur le secteur des hydrocarbures et le fleuron de l’économie nationale et l’une des plus grandes firmes mondiales du pétrole, la Sonatrach. L’homme étant, c’est de notoriété publique, impliqué dans toutes les affaires de corruption qui ont frappé la compagnie nationale ces dernières années.


    Pour un événement, c’en est vraiment un et pour cause : depuis 1962, la justice algérienne n’a eu à sévir à ce niveau de la responsabilité qu’une seule fois jusque là !

    C’était durant les années quatre-vingt, lorsque le tout puissant général major Mustapha Belloucif, ce très proche officier supérieur de Chadli Bendjedid, qui était secrétaire général du ministère de la Défense, poursuivi à l’époque pour des malversations, dans une affaire qui a sérieusement ébranlé le régime du successeur de Boumediène.

    Belloucif est natif d’Annaba comme Chadli et son ami d’enfance en plus. Tout comme l’est Chakib Khelil par rapport à Bouteflika. Natif d’Oudjda comme Bouteflika, Chakib Khelil qui réussira une brillante carrière dans le secteur des hydrocarbures aux Etats-Unis où il avait obtenu ses diplômes dans les années soixante, exercera également en tant que conseiller au niveau de la banque mondiale et même à la présidence de la République.

    Mais c’est avec l’accession de Bouteflika au pouvoir qu’il se verra propulsé à la tête du secteur névralgique de l’Energie et des Mines. Il est d’abord conseiller de Abdelaziz Bouteflika dès son investiture en avril 1999. Le 26 décembre de la même année, il est nommé dans le premier gouvernement du «candidat du consensus» comme ministre de l’Energie. Sa proximité avec Bouteflika faisait de lui, de Abdelhamid Temmar et de Mourad Benachenhou le trio qui domine, fait et défait l’économie nationale.

    Avec Noureddine Yazid Zerhouni au ministère de l’Intérieur et Mohamed Bedjaoui, comme véritable patron du secteur de la Justice même lorsqu’il quittera le ministère à charge pour le Conseil constitutionnel, le premier cercle présidentiel, celui qui détient tous les pouvoirs, est complété. Ce sont ces quelques tout puissants ministres, tous originaires de Tlemcen qui constituent, incarnent et, cela va de soi, symbolisent le régime Bouteflika.

    La providence aura voulu aussi que l’arrivée de Chakib Khelil à la tête du secteur, coïncide avec une embellie financière et un boom inespéré sur les marchés énergétiques mondiaux.

    En parfait connaisseur du secteur, il impose sa mainmise sur la Sonatrach comme jamais aucun autre ministre avant lui, au point d’en cumuler le poste de P-DG pendant deux ans !
    Avec ses deux proches collaborateurs, Réda Hemche et Farid Bedjaoui, en «interne» et ses innombrables connaissances en «externe», notamment les plus influents dirigeants du lobby américain du pétrole, Chakib Khelil faillit même mettre à genoux la Sonatrach avec un projet de loi qui, en 2004, proposait rien moins que de renoncer aux nationalisations de 1971 ! Mais si cette loi ne passe pas, Chakib Khelil s’avérera quand même comme la plus grande menace qu’a jamais connue l’économie nationale. Voire même la sécurité nationale !

    Que l’on se rappelle le tout premier scandale impliquant l’ex-ministre de l’Energie, et dont on parle curieusement moins depuis, celui dit «affaire BRC» qui avait éclaté en 2006. Cette affaire est faite d’un mélange de corruption proprement dite et d’espionnage et qui avait fait l’objet d’un rapport accablant que les services de sécurité ont transmis à Bouteflika. C’était d’ailleurs ce rapport là qui avait fait avorter la nomination de cet ami d’enfance du locataire d’El Mouradia à la tête du gouvernement ! Il ne le lâche pas pour autant. Contre vents et marées, Bouteflika maintient et protège son ministre de l’Energie et, même lorsque, en décembre 2009, éclate la gigantesque autre affaire de corruption qui frappera la compagnie nationale au cœur, celle dite «Affaire Sonatrach I», celle-là même qui aura un retentissement mondial avec l’emprisonnement du Président-directeur général de Sonatrach en personne, Mohamed Meziane, qu’a fait Bouteflika ? Eh bien, il disparait pendant plus de trois mois ! Il ne refera surface qu’en mars 2010, lorsque les rumeurs prenaient une proportion alarmante, avec la fameuse mise en scène d’une «réception familiale» pour… Zinedine Zidane !

    Bouteflika avait pris, selon des sources crédibles, l’implication de son protégé de ministre comme une offense personnelle. Et il aura fallu d’autres rapports tout aussi accablants et incontestables que lui transmettront les services de sécurité pour qu’il daigne enfin le limoger du gouvernement, à l’occasion du remaniement du 28 mai 2010, dont la seule motivation était de se débarrasser du «boulet Chakib Khelil» et accessoirement de Temmar et de Zerhouni réduits tous les deux à des postes insignifiants dans l’exécutif.
    Pour autant, Chakib Khelil ne sera jamais inquiété. Il aura fallu encore qu’un autre scandale volumineux, dit «Sonatrach II», éclate à partir de Rome pour que la justice algérienne lance un «mandat d’arrêt international» contre celui qui a failli faire exploser le pays. Et la suite ? Ira-t-on jusqu’au bout avec ce risque que Chakib Khellil comparaisse devant le tribunal et «dire tout» ? Déjà que ce même risque est en train de rendre caduc un autre mandat d’arrêt international, que la justice algérienne avait lancé depuis 2004 contre un certain Abdelmoumene Khalifa, un autre homme qui avait connu ses heures de gloires avec l’arrivée de Bouteflika au pouvoir…


    Kamel Amarni - Alger (Le Soir)
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