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Les deux béquilles de la lutte contre l’intégrisme

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  • Les deux béquilles de la lutte contre l’intégrisme

    La population dénonce l’état de terreur

    Si les bilans établis par les services de sécurité et répercutés par la presse font état d’une relative satisfaction suite à l’ «accalmie’’ sécuritaire dont aurait bénéficié le mois de Ramadhan de cette année, ceux qui tiennent à l’amour du pays, à la stabilité de ses institutions et la bonne santé morale des citoyens diront qu’un Algérien de tué, un seul, est un mort de trop. Il ne s’agit nullement de comparer, dans une espèce de fausse balance, les morts sur la route, soit 345 personnes en un mois qu’il s‘agit toujours de déplorer, et les victimes de la barbarie intégriste qui, apparemment, n’a pas dit son dernier mot.

    Le dernier attentat d’Azeffoun, commis mardi dernier, une journée avant la fête de l’Aïd, à quelques minutes de la rupture de jeûne, en pleine ville, est là pour nous rappeler que la bête immonde sévit toujours; trois policiers ont été assassinés, prolongeant la triste et trop longue liste d’un ordre sanguinaire pour les yeux duquel l’Algérie n’agréerait que soumise et livrée pieds et points liés à leur funestes désidérata. La colère des citoyens d’Azeffoun est légitime et compréhensible. Les foules scandant, avant-hier, ‘’halte au terrorisme’’, n’ont été mues que par l’amour de leur pays, de leur région. Si le mot de ‘’marche spontanée’’ a encore un sens dans ce pays, après qu’il eut été malmené pendant plusieurs années par une kyrielle de manipulations, c’est bien ici, à Azeffoun.


    Azeffoun, pays de Tahar Djaout, une autre victime de la barbarie, est une cité qui a toutes les potentialités de bénéficier d’une économie côtière (tourisme balnéaire, activité halieutique,…), de respirer la joie de sa jeunesse et des flancs verdoyants de ces collines. Elle vient d’être meurtrie dans sa chair. Pour la énième fois. Pas loin de là, quelques jours plus tôt, ce fut un officier de l’ANP qui tomba près du village Alma Guechtoum. Trop, c’est trop! Mais, ne cédons pas au sentiment de la paranoïa ou de la persécution en pensant que seule la Kabylie est visée par ce genre d’opération. La seule lecture des journaux nous apprend que le terrorisme intégriste n’a pas de frontière à l’intérieur de l’Algérie, et même au-delà. Le mont Chaâmbi est, aujourd’hui, de par l’activité terroriste qui y règne, un mont algéro-tunisien, comme ce fut en son temps le village Sakiet Sdi Youcef où se mêlèrent les sangs algérien et tunisien.

    Si une telle pensée- un terrorisme spécifique à la Kabylie- continuait à avoir les faveurs de l’opinion, elle ferait sans doute le jeu de toutes les manipulations politiciennes qui se mènent actuellement sous le ciel gris d’Algérie, où les enjeux politiques, sociaux et économiques de la nouvelle phase que traverse le pays montrent chaque jour leur face complexe, voire fatidique. En effet, la scène politique algérienne est menacée de véritable forclusion par des échéances que risquent d’être ratée ou effacées du calendrier. Le champ économique, hormis les investissements en infrastructures, grevés par le phénomène de corruption, garde dangereusement sa structure bancale en faveur d’une mono-exportation paralysante. Sur le plan social, la bouilloire est partout écumante. Le Premier ministre distribue des promesses par ci, des conseils par là, et ne cesse de montrer, en creux, que le pays est en stand-by. La scène sécuritaire, elle, tout en ayant enregistré une grande amélioration depuis le début des années 2000, est souvent nourrie par le réveil de groupuscules tapis dans des casemates, comme c’est le cas dans la région de Tamellaht, dans la wilaya de Bouira, ou à l’affut de la baisse de vigilance de nos services de sécurité, comme dans d’autres dizaines de cas à travers le territoire national. De jeunes décérébrés, conquis définitivement par l’option intégriste, continueront sans doute à semer l’insécurité jusqu’à leur totale élimination. La population et les services de sécurité sont appelés à faire preuve d’un regain de vigilance. Par-delà les actes factuels par lesquels il tente de se donner longue vie, le terrorisme intégriste doit être décrypté dans ses bases sociales et culturelles nichées que les structures officielles, telle que la mosquée, l’école, certains médias publics et privés,…etc. C’est le plus grand combat que l’État et la frange éclairée de la société ont à mener après avoir terrassé militairement le gros des hordes sanguinaires. Ce sont là deux béquilles d’une guerre sans merci que l’histoire tourmentée de notre pays impose à ses enfants.

    Par Amar Naït Messaoud- La Dépêche de kabylie
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