La police égyptienne a commencé, mercredi 14 août, à faire évacuer de force les places Rabiya Al-Adawiya et Nahda du Caire, occupées depuis six semaines par les partisans du président déchu Mohamed Morsi. L'opération, que le pouvoir ne voulait pas voir se transformer en "bain de sang", a déjà fait de nombreuses victimes.
Les bilans restent contradictoires, notamment en raison de l'interdiction faite aux journalistes de pénétrer dans la zone. L'AFP a pu comptabliser 43 cadavres après cette opération militaire. Les Frères musulmans, qui parlent de "massacre", évoquent le chiffre de 250 morts et plus de 5 000 blessés. Le gouvernement égyptien a assuré à CNN qu'il n'y avait que 26 blessés, et aucun mort chez les protestataires. En revanche, deux policiers auraient été tués.
SNIPERS ET BULLDOZERS
Sur le plus grand campement, situé près de la mosquée Rabiya Al-Adawiya, la police a d'abord bouclé plusieurs rues avant de tirer des cartouches de gaz lacrymogène sur la foule, pendant que des hélicoptères survolaient la place en diffusant des messages par haut-parleur. Des images de télévision montrent des bulldozers enfoncer ces barrières de fortunes faites de pavés et de sacs de sable. Des snipers étaient également placés sur les toits autour de la place, enveloppée de volutes de fumée. Selon l'AFP, plusieurs des manifestants ont pu être tués par balle.
Le ministère de l'intérieur affirme que la place Nahda, la plus petite, est désormais "totalement sous contrôle", et des dizaines de manifestants y ont été arrêtés. Selon l'agence Associated Press, des camps érigés à Nasr City, dans la banlieue est de la capitale, et devant l'université du Caire ont également été évacués.
Quelques heures après le début de l'assaut, les Frères musulmans ont appelé les Egyptiens à "descendre dans la rue contre le massacre" perpétré par le nouveau régime, assurant que l'opération visait à écraser d'une façon sanglante toute voix opposée au coup d'Etat militaire. Ils ont entamé une marche depuis la place de la mosquée Salam, en direction de la place Nadha, sous contrôle des forces de sécurité.
L'un de ses porte-parole, Gehad El-Haddad, parle de tirs de coktails Molotov sur les tentes des manifestants et assure que les ambulances ont été empêchées de pénétrer sur la place Rabaa pour secourir les blessés.
TOUS LES TRAINS BLOQUÉS
Pour éviter des manifestations hors du Caire, le gouvernement a bloqué l'ensemble des trains du pays. Les grands axes de la capitale égyptienne auraient également été bouclés. Cette évacuation, annoncée depuis quelque temps par les autorités égyptiennes, concerne également d'autres points de ralliement des islamistes.
Depuis le début des manifestations, le pouvoir intérimaire avait répété qu'il rendrait les Frères musulmans responsables de la suite des événements. L'armée avait fait la promesse suivante : ceux qui quitteraient les deux places de leur propre chef ne seraient pas poursuivis. Depuis, au moins 250 personnes ont été tuées, en grande majorité des partisans des Frères musulmans.
Le Monde
14.08.2013
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