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Les faux dollars de Kim-Jong il

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  • Les faux dollars de Kim-Jong il

    Kim-Jong il est le dirigeant dictateur de la corée du Nord. C'est un despote envers ses compatriotes qui vivent sous la terreur dans un régime très autoritaire voué au culte de la personnalité( la sienne évidément et celle de son père dont il est le clone). Il faut dire qu'il est difficle de savoir réellement ce qui se passe en Corée du nord car c'est un régime stalinien qui vit en autarcie.
    Kim-Jong il a parmi ses jeux favoris l'habitude de titiller l'amérique et Bush et outre de les narguer avec le nucléaire maintenant les Etats-Unis le soupçonne de faire fonctionner la planche à billet et d'inonder ainsi le monde de faux dollars très bien contrefaits.

    ===

    C'est un coquet petit immeuble de style colonial - façade jaune passé, moulures blanches et volets verts - situé dans l'un des derniers îlots du vieux Macao. Il abrite le siège de la BDA (Banco Delta Asia). A priori, ce paisible décor n'incite pas à voir en cette banque familiale de moyenne importance la pièce maîtresse d'un sulfureux scénario à la James Bond : faux dollars, blanchiment d'argent, trafic d'armes et agents secrets dont la nébuleuse s'étendrait de Pyongyang aux extrémistes irlandais, en passant par des anciens du KGB...

    Epinglée en septembre 2005 par Washington comme "un noeud des activités illégales de la Corée du Nord à Macao", la BDA est accusée de "blanchiment d'argent" en provenance des trafics divers du régime et de "mise en circulation de faux dollars". Le département du Trésor américain affirme avoir les "preuves" des "activités illégales" dont elle se serait rendue complice, mais il n'en a fourni aucune. Pas même aux autorités de Macao, également "crucifiées" à Washington pour l'insuffisance de leurs contrôles sur le blanchiment d'argent via ses casinos.

    Stanley Au, le président de la BDA, a qualifié les accusations américaines de "plaisanterie ridicule". Mais il était trop tard. Les soupçons publics de Washington ont provoqué la panique des clients et épargnants de la banque, lesquels, retirant brusquement leurs avoirs, ont contraint les autorités de Macao à la recapitaliser. A la demande des Etats-Unis, les comptes nord-coréens ouverts de la BDA - une dizaine de maisons de commerce et de banque - ont été gelés et l'établissement placé sous tutelle publique. Les conclusions d'un audit, non révélées, seraient cependant loin d'être accablantes, indiquent des sources financières locales. La banque a annoncé avoir rompu tout lien avec les entreprises nord-coréennes, mais elle reste mal-en-point : de peur des foudres de Washington, aucune autre banque ne traite plus avec elle.

    Entre 2002 et 2005, la BDA a acheté 9,2 tonnes d'or à la Corée du Nord, riche en minerai, stocks revendus à 1 dollar et demi l'once au négociant allemand en métaux précieux Heraeus Holding GmbH. Pyongyang avait ainsi encaissé 120 millions de dollars. Transaction "légale", a fait valoir la BDA, qui avait notamment pour clients - outre huit sociétés étrangères en affaires avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC) - la Deadong Commercial Bank, impliquée par Washington dans des ventes d'armes. La BDA gérait aussi neuf comptes de particuliers nord-coréens - l'élite du régime -, pour un montant total de 24 millions de dollars. L'écheveau des opérations licites - et de celles qui l'étaient moins - est d'autant plus difficile à démêler que la plupart des transactions étaient alors réalisées en liquide, les fonds arrivant et repartant dans des valises, par avion. La monnaie nord-coréenne n'est pas convertible sur le marché international, et Pyongyang doit souvent utiliser du liquide pour ses transactions avec l'étranger.

    D'autres banques seraient dans le collimateur de Washington : la Banque de Chine - où les banques nord-coréennes ont des comptes - et la Seng Heng de Stanley Ho, l'empereur du jeu à Macao, qui a ouvert un casino dans un hôtel de Pyongyang. Mise en cause par le Wall Street Journal, la Seng Heng a aussitôt acheté des pages de publicité dans le quotidien pour clamer ne rien avoir à se reprocher.

    La mise à l'index de la BDA, en revanche, a suivi deux spectaculaires saisies de faux dollars au cours de l'été 2005, à Taïwan et aux Etats-Unis même. Une cinquantaine de membres des triades (la mafia chinoise) furent arrêtés et 4,4 millions de dollars en fausse monnaie ont été récupérés au cours de ces opérations américaines baptisées "Royal Charm" et "Smoking Dragon".

    Selon David Asher, ancien membre du département d'Etat pour l'Extrême-Orient, deux des truands arrêtés auraient été en cheville avec la Corée du Nord pour écouler des fausses coupures de 100 dollars. Dénommés "supernotes", ces faux billets sont quasiment indiscernables des vrais : gravure, encre et composition du papier sont semblables aux originaux. Ces "superbillets", qui circulent à travers le monde grâce à des connivences avec le crime organisé, auraient une souche commune : Pyongyang. Selon Washington, nul escroc ni même des cartels criminels bien organisés ne peuvent fabriquer de la fausse monnaie d'aussi bonne facture : seul un Etat en a les moyens. Après avoir pointé l'Iran du doigt dans les années 1990, Washington accuse donc à nouveau la Corée du Nord. "La fausse monnaie n'est que le sommet d'un iceberg d'activités illégales de la RPDC qui remonte jusqu'au sommet de l'Etat", commente David Asher.

    Ainsi, Sean Garland, le chef d'un groupuscule républicain radical d'Irlande du Nord jadis proche de l'IRA, en aurait fait circuler en Europe. Arrêté à Belfast en octobre 2005, ce vétéran de la lutte armée a fait l'objet d'une demande officielle d'extradition des Etats-Unis, document dans lequel la Corée du Nord est accusée de faux monnayage, de trafic de drogue et de contrebande de cigarettes... Selon les services américains, l'Irlandais, qui se tait dans sa prison de Belfast, aurait été en contact avec des diplomates du régime de Kim Jong-il chargés d'écouler des faux dollars par l'entremise d'anciens du KGB. Il se serait également rendu à plusieurs reprises à Pyongyang...

    Les Etats-Unis avaient accusé la RPDC d'être un "Etat faux monnayeur" dès la fin des années 1980. Après un quasi-silence sur cette question pendant des années, l'administration Bush l'a remise sur le tapis. Un amalgame de précédents et de nouvelles saisies alimente les présomptions de culpabilité de la RPDC.

    De fait, certaines affaires sont spectaculaires. Ainsi, en juin 1994, des Coréens du Nord se présentent dans deux banques de Macao pour déposer 250 000 dollars en liquide. Ces coupures de 100, fleurant l'encre fraîche, sont fausses. La police perquisitionne le siège de la maison de commerce nord-coréenne Zokwang et découvre des planches à billets, qu'elle confisque. Deux jours plus tard, des agents américains arrivent pour les examiner : elles ont disparu... Avant la rétrocession de Macao à la Chine, en 1999, Pékin "régnait" sur l'enclave : les triades avaient simplement "récupéré" les planches à billets avant l'arrivée des Américains.

  • #2
    Le directeur de Zokwang et cinq de ses collaborateurs furent arrêtés. Disposant de l'immunité diplomatique, ils furent renvoyés en RPDC. Et l'affaire en resta là. Selon les services secrets sud-coréens, Zokwang est l'émanation de deux organismes dépendant du comité central du Parti du travail : le "bureau 35", qui recueille les informations sur les pays étrangers, et le "bureau 39", qui a la haute main sur les fonds financiers outre-mer.

    Moins regardante que Hongkong du temps des Britanniques, la colonie portugaise était une "fenêtre" sur l'extérieur pour Pyongyang, Zokwang était sa base logistique. Aujourd'hui, ses locaux dans un immeuble anonyme de l'avenida de Sidonio Pais, en face du siège de la police de la circulation, sont vides. La vingtaine d'entreprises nord-coréennes présentes à Macao s'est repliée sur Zhuhai, en Chine métropolitaine.

    Jusqu'à l'affaire de la BDA, les Coréens du Nord étaient comme poissons dans l'eau à Macao. Le régime y bénéficiait de l'appui du banquier Ho Yin, l'homme de Pékin dans l'enclave, ancien changeur à Canton qui avait fait fortune dans le trafic d'armes pendant la seconde guerre mondiale et le conflit en Corée, et dont le fils, Edmund, est aujourd'hui chef de l'exécutif de Macao. L'ancienne colonie portugaise était une plaque tournante pour les opérations financières du régime : c'est par là que transita une partie des 500 millions de dollars offerts par Séoul pour la tenue du sommet de juin 2000 entre les dirigeants du Nord et du Sud. La réception des fonds (par la BDA...) a été confirmée par un appel téléphonique intercepté par les services sud-coréens.

    Pyongyang aurait aussi utilisé Macao pour ses "basses besognes". Trois Thaïlandaises y auraient été enlevées en 1978, et Kim Hyun-hee, auteur de l'attentat à bord d'un appareil de Korean Airlines au-dessus de la mer d'Andaman, en 1987 (115 morts), y résida six mois. Celle-ci raconte dans son autobiographie, The Tears of my Soul, qu'elle fut envoyée à Macao pour se perfectionner en cantonais et apprendre à vivre en "capitaliste" : utiliser les cartes de crédit et fréquenter les discos. Pyongyang nie toute implication dans cet attentat.

    Suite à la rétrocession de Hongkong à la Chine, en 1997, Pyongyang y a ouvert un consulat. Mais Macao conservait son intérêt : c'est une des plus grosses "machines à blanchiment" de la planète. Il passe chaque année sur les tapis de ses casinos des milliards de dollars. S'y côtoient triades, mafia russe, yakuzas, prostituées de toutes nationalités, petits truands, trafiquants de haut vol et agents secrets : toute une faune qui donne à la ville un côté Casablanca de la grande époque...

    Pyongyang y est en cheville avec un personnage de l'ombre nommé Wong Sing-wha, un "entrepreneur" chinois qui fit office de consul honoraire de la RPDC. Partenaire de Stanley Ho dans le casino de Pyongyang, l'homme tirerait notamment ses revenus du commerce des armes et aurait des affaires au Cambodge. Coïncidence, la Corée du Nord dispose à Phnom Penh d'une énorme ambassade de style colonial qui a été mise à sa disposition par l'ex-roi Norodom Sihanouk. Les liens de Sa Majesté avec feu le "Grand dirigeant" Kim Il-sung étaient étroits : Pyongyang fut un temps le refuge du facétieux monarque. Avec son retour définitif au pays, en 1991, les Coréens du Nord arrivèrent en force, certains comme gardes du corps de l'ex-roi. Le diplomate nord-coréen qui nous reçoit à Phnom Penh est affable, mais il ne parle pas. "Tout ce que je dirai se retournera contre nous, donc je ne dis rien..."

    L'"incident" est pourtant mémorable : dans la soirée du 23 mars 1996, une Mercedes aux vitres teintées sort en trombe de l'ambassade et fonce vers la frontière vietnamienne. Elle est aussitôt prise en chasse par la police khmère. Arrivée au poste-frontière de Bavet, 160 kilomètres à l'est de Phnom Penh, trois de ses occupants en sortent, brandissant quatre passeports diplomatiques. Le quatrième homme refuse de quitter le véhicule. Il y restera obstinément pendant vingt-quatre heures, "mangeant, dormant et urinant" sur place, écrit le Phnom Penh Post. Qui était ce mystérieux personnage ? Un Japonais nommé Yoshimi Tanaka, ex-membre du groupuscule Armée rouge, qui détourna en 1970 un appareil de Japan Airlines sur Pyongyang. Restés sur place, les jeunes terroristes nippons furent par la suite chargés par le régime de "missions" en Europe et en Asie. L'année précédente, Tanaka avait été repéré à Pattaya, en Thaïlande, écoulant des faux dollars. Il avait réussi à se réfugier à l'ambassade nord-coréenne à Phnom Penh, où Interpol l'avait localisé.

    Après d'âpres pourparlers avec la police khmère - allant de la menace d'en "référer au roi, ami du peuple coréen", à un pot-de-vin de 10 000 dollars -, Tanaka fut arrêté. Il était en possession de trois passeports nord-coréens et de 40 000 dollars. Il en aurait écoulé 3 millions en Thaïlande. Selon l'expert japonais en fausse monnaie Yoshihide Matsumura, "ces billets n'étaient pas ceux qui circulent au Moyen-Orient ou en Russie." "Après examen, dit-il, j'ai conclu qu'ils venaient de RPDC et je les ai baptisés "Super K" (Korea)."

    Depuis, les Coréens du Nord font profil bas au Cambodge. A part quelques incidents de pavillons de complaisance - dont un cargo arraisonné au large du Yémen en 2002, qui transportait des pièces de missiles -, aucune activité illégale ne leur a été imputée dans ce pays, dont l'économie "dollarisée" facilite pourtant le blanchiment. C'est le cas dans les casinos flambant neufs de la frontière avec la Thaïlande, dans une sorte de no man's land coincé entre la ligne de démarcation et le poste-frontière cambodgien. Les faux dollars pullulent. A Phnom Penh, un "bon" faux n'est pas détruit. Les changeurs de rue le reprennent avec une décote de 30 % à 40 %. D'où proviennent-ils ? Aucun indice "n'étaye la piste nord-coréenne", affirme la police cambodgienne. Même réponse au bureau d'investigation des infractions économiques en Thaïlande. Pour l'heure, les "superbillets" gardent leur mystère.

    Par Le Monde

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