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Un autre conte kabyle

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  • Un autre conte kabyle

    Il y’avait autrefois dans la montagne une femme que le destin n’avait cessé de malmener. Elle vivait seule dans une pauvre bicoque après que la mort lui eut ravi son mari et ses 7 garçons.

    Tant que ses forces ne l’avaient pas abandonnées, elle supporta les difficultés de la vie, mais celle-ci s’écoula bien vite et la vieillesse arriva à grands pas.

    Les longues années de dur labeur et de solitude l’avaient tellement usée qu’elle tenait difficilement sur ses jambes qui supportaient de moins en moins le poids de son maigre corps. Et malgré cela, il fallait encore lutter pour survivre .
    La vie a beau être atroce, elle demeurera éternellement le seul bien dont nul ne voudra jamais se séparer !

    L’hiver est dur dans les montagnes du Djurdjura (Djurdjura, en kabyle Djerdjer, le massif le plus imposant du nord de l'Algérie) ; les gens y sont parfois contraints de se cloîtrer chez eux durant les grandes tempêtes.
    Aussi y avaient-ils pris l’habitude de s’approvisionner en nourriture et en bois. Pour ne pas faillir à cette impérieuse tâche, la vieille femme partit dans la fôret un matin, ramassa du bois et en fit un énorme fagot. Ce n’était qu’au moment où il fallait soulever le lourd fardeau qu’elle se rappela qu’elle n’avait plus sa force d’antan.
    Elle voulut rentrer au village et demander de l’aide mais elle se ravisa aussitôt. N’importe qui l’aurait aidée avec plaisir car, en ces temps lointains, l’entraide n’était pas un vain mot.
    La vérité était qu’elle n’aimait pas voir quelqu’un accomplir pour elle une besogne qui aurait incombé à l’un de ses fils si la mort ne les avait pas emportée.


    Elle était à se demander ce qu’il convenait de faire lorsqu’elle vit surgir de derrière un fourré un formidable lion ! Croyant son heure venue, elle se mit à psalmodier une prière. Mais il n’en fut rien ; le grand félin prit entre ses crocs la corde enroulée autour des branchages et le souleva. L’étonnement atteignit son paroxysme lorsque l’animal, ainsi chargé, prit le chemin du village sous le regard abasourdi de la vieille femme qui se mit à la suivre sans vraiment réaliser ce qui se passe.

    Arrivé en vue du village, le lion déposa le tas de bois avant de rebrousser chemin et de disparaître dans la nature. La maison de la vieille femme se trouvait à quelques mètres de l’endroit où le bois était déposé. Heureusement qu’un paysan passa par-là et lui épargna cette pénible tâche,Avant de quitter sa vieille voisine qu’il venait d’aider, l’homme se gratta la tête et fixa d’un regard interrogateur l’énorme tas de branches. Il trouvait bizarre que la vieille esseulée eût pu le ramener de la forêt jusqu’à l’orée du village et ne pouvoir le traîner sur une distance de quelques mètres !

    Le lendemain, la vieille femme retourna dans la forêt. Et au moment de soulever le bois qu’elle y avait ramassé, le même lion réapparut pour lui épargner une peine qui était bien au-delà de ses capacités. Et comme la veille, le même paysan passa à l’entrée du village et transporta les branchages de la pauvre femme jusqu’à sa maison.

    Cette scène se reproduisit 6 fois. A la 7eme, le lion décida de se cacher derrière un buisson afin de voir comment son « amie » s’y prenait pour emmener les fagots jusque chez elle. Il vit alors apparaître le paysan dont la curiosité était cette fois-là tellement grande qu’il ne pouvait contenir davantage la question qui le taraudait depuis une semaine : -Dis moi, grand-mère, comment fais tu pour ramener ces fagots de la forêt, jusqu’ici et ne pouvoir les traîner ensuite sur quelques mètres ? -C’est très simple ! Je me fais aider par celui dont la gueule pue, répondit la vieille femme. Le lion qui avait tout entendu, retourna dans la forêt, meurtri dans son amour propre.

    Le jour se leva et trouva la vieille femme encore dans la forêt, ramassant du bois sec et guettant subrepticement le buisson d’où le grand félin avait désormais l’habitude de surgir. Il apparut en effet, au bout de quelques instants, mais cette fois-là avec un air menaçant. Etant arrivé tout près de l’ingrate, il rugit et lui demanda de se saisir d’une bûche et de le frapper avec son front jusqu’à ce que le sang en jaillisse !

    Au début, la vieille refusa de lever la main sur celui qui lui avait allégé la vie plus d’une fois mais elle dut obtempérer lorsqu’elle eut vu pétiller dans ses la flamme de la colère. Elle lui asséna plusieurs coups ; le sang se mit alors à ruisseler et à strier, la face du roi des animaux demeuré impassible.

    Tu vois vieille femme, dit-il, je saigne mais ce n’est pas grave. Cette blessure finira bien par se cicatriser et disparaître avec le temps ; je l’oublierai alors. Quant aux paroles offensantes que tu as proférés à mon encontre, elles seront gravées pour toujours dans mon cœur et ma mémoire !!! Ayant dit cela, le lion rugit, sauta sur la vieille femme et la dévora. En effet, on dit dans nos montagnes d’Algérie que les blessures creusent et guérissent. Quant aux insultes elles creusent et creusent toujours d’avantages !!

  • #2
    merci adhfel, il est très beau ce conte
    tu peux donner stp 'lauteur si y en a 1

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