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Une leçon égyptienne

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  • Une leçon égyptienne



    Jour après jour l’Egypte s’achemine vers la guerre civile. Qu’on le veuille ou non, ce qui s’y passe est la conséquence directe de la destitution du président Mohamed Morsi par l’armée le trois juillet dernier. Qui a pu croire alors que les Frères musulmans et leurs sympathisants accepteraient ce coup de force sans réagir ?

    En décidant de mettre aux arrêts (et au secret) le premier président démocratiquement élu dans l’histoire de l’Egypte, les militaires ont commis une faute majeure. Ils ont mis en danger l’intégrité de leur pays et ont délibérément ouvert une boite de pandore qu’il sera désormais difficile de refermer. Et, contrairement à ce que prétendent nombre de « démocrates » égyptiens – certains ont atteint des sommets dans le pathétique pour justifier leur soutien au coup d’Etat – les premiers responsables des assauts sanglants des forces de l’ordre contre les campements pro-Morsi ne sont pas les dirigeants de la Confrérie des Frères musulmans mais bien ceux qui ont donné l’ordre d’ouvrir le feu.

    Il ne s’agit pas ici de défendre le court bilan de Morsi et certainement pas de reprendre les textes hagiographiques qui circulent à son propos sur la toile et que relaient des sites d’informations plus ou moins proches de l’islamisme politique. L’homme a fait des erreurs importantes, il n’a pas pris la mesure de sa tâche et ne s’est pas rendu compte qu’il divisait son peuple. Surtout, il n’a pas réalisé à quel point il se devait de protéger la transition démocratique en pratiquant une ouverture politique plutôt que de gouverner au seul bénéfice de ses pairs. Mais quelles que soient ses fautes, il ne méritait certainement pas d’être embastillé de la sorte et, qui plus est, sans aucun procès.

    Pour autant, il est important pour tout partisan de la démocratisation du monde arabe de prendre position par rapport à ce qui se passe en Egypte. Qu’on le veuille ou non, les Frères musulmans sont des acteurs incontournables de la vie politique égyptienne et les massacrer ne règlera aucun problème, bien au contraire. L’assaut sanglant contre les camps de pro-Morsi est une honte et un crime majeur. Conséquence d’une crise politique provoquée par l’armée et ses soutiens, ces sit-in auraient dû être levés grâce à un compromis politique et, surtout, de manière pacifique pour ne pas aggraver la situation.

    Mais l’armée égyptienne a visiblement d’autres objectifs. Depuis le début de l’été, elle entend privilégier l’épreuve de force voire-même l’encourager. Peut-être se sent-elle capable de réduire à néant le mouvement des Frères musulmans… Peut-être est-elle décidée à sacrifier une partie de la population au nom de la « sauvegarde » de l’Egypte. Peut-être pense-t-elle à l’expérience algérienne en se disant que, in fine, l’islamisme politique est toujours vaincu sur le plan sécuritaire (« à quel prix ? » est la question que les képis égyptiens ne se posent pas…). Ou alors, peut-être que l’armée égyptienne n’a finalement aucune stratégie clairement définie et qu’elle avance au coup par coup, en présumant de ses forces et de sa capacité à ramener l’ordre. Ou plutôt, en présumant de sa capacité à instaurer rapidement un ordre de fer…

    Car c’est bien là vers où se dirige l’Egypte. Le sang appelle le sang et qui dit violence dit pouvoir dictatorial et Etat d’exception. Bien naïfs sont les démocrates qui ont soutenu le coup d’Etat contre Morsi et qui pensent que Sissi et sa bande de galonnés vont leur offrir demain une place au sommet du pouvoir. Bien sûr, ils auront quelques strapontins car l’époque n’est plus aux juntes totales. Comme sous Moubarak, la démocratie sera officiellement proclamée mais l’on sait déjà qu’elle sera de façade et que des lignes rouges seront interdites de franchissement sous peine d’emprisonnement et autres désagréments caractéristiques des dictatures.

    Que peut-on faire pour l’Egypte et les Egyptiens ? Cela peut paraître naïf mais il est important de multiplier les appels au calme et à la conciliation. Les récentes tentatives de médiation ont échoué ? Il faut recommencer. Certes, on ne peut guère compter sur les pays arabes dont certains – on regardera du côté de la péninsule arabique – se frottent les mains à propos du dérapage de la transition égyptienne post-Moubarak. La question reste donc de savoir ce que veulent, et ce que peuvent, l’Europe et, surtout, les Etats-Unis. Eux-seuls peuvent faire pression sur l’armée égyptienne et l’amener à négocier. Le feront-ils ? Une chose est certaine, personne, pas même Israël, n’a intérêt à ce que l’Egypte soit à feu et à sang.

    Enfin, ce qui se passe en Egypte devrait aider les Tunisiens à réfléchir quant aux conséquences d’un détournement du processus démocratique. Partisans ou opposants du parti Ennahda n’ont qu’à méditer le chaos égyptien pour savoir quelles erreurs éviter. Peut-être que cela leur semblera plus convaincant que les mises en garde répétées de leurs voisins algériens… Pourtant fort de leur terrible expérience des années 1990, ces derniers ont bien de la peine à faire entendre leur exhortation à la prudence et au dialogue national. Car la paix civile n’a pas de prix et c’est ce que les Egyptiens sont malheureusement en train de réaliser.

    Le Quotidien d’Oran
    15 août 2013
    Par Akram Belkaid: Paris
    Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien

  • #2
    Pour autant, il est important pour tout partisan de la démocratisation du monde arabe
    Comme si les FM ou tout autre mouvance islamiste se souciait de la démocratie ou de la démocratisation.

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    • #3
      La leçon




      ../..
      “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

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      • #4
        Comme si les FM ou tout autre mouvance islamiste se souciait de la démocratie ou de la démocratisation
        Ils sont plus démocratiques que le régime militaire d'Al Sissi soutenus par les pseudo-laïcs. C'est eux les ennemis de la démocratie. Ils n'ont aucune chance d'accéder au pouvoir que par des coups d'états militaires et la répression.
        Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien

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        • #5
          Ils sont plus démocratiques que le régime militaire d'Al Sissi soutenus par les pseudo-laïcs
          tu considères que la démocratie est seulement un comptage des urnes, je suppose.

          Evidemment, Sissi ou Morsi, ce n'est que quête de pouvoir et rien d'autre. La démocratie, on en est très loin d'un côté comme de l'autre.
          Mais à moyen ou long terme, ce que fait l'armée égyptienne, exactement comme celle de l'Algérie à son époque, c'est salutaire.
          On paie très cher mais on évite la noirceur.

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          • #6
            Putain....je vois que les Egyptiens font fasse au même choix que celui qu'avaient les Algériens : la peste ou le choléra :22:

            Finalement, les régimes autoritaires sanguinaires trouveront toujours un moyen pour se reproduire.

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            • #7
              La chronique du blédard , le soit disant intellect ??

              *Ta plume t avait trahi ???

              Akram Belkaid prend un Klach et va défendre l obscurantisme et la médiocrité importées et imposées par les monarchies ...
              T as le choix ,le Maroc , la Tunisie , la Libye , la Syrie ou le Mali
              A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

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              • #8
                Comment peut-on comparer ce qui se passe en Égypte et ce qui s'est passé en Algérie ?

                1. Les FM ont été élu, pas le FIS.
                2. Les FM sont une organisation ancienne et qui a déjà fait ses preuves comme en Turquie. Le FIS est sorti de nul part et était loin d'être aussi respectable que les Morsi and co. Rien que les entendre parler ça fait peur.
                3. Le FIS avait des groupes armés qui s'en prenaient même aux civils. Al afin ils se sont même mis sur la gueule entre eux.
                4. Tout le monde s'en foutait de notre gueule.

                Il y a un monde entre les FM et le FIS.

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                • #9
                  1. Les FM ont été élu, pas le FIS.
                  mais si, le FIS a bien été élu et même très bien élu au 1er tour des législatives déjà...
                  2. Les FM sont une organisation ancienne et qui a déjà fait ses preuves comme en Turquie.
                  Quelles preuves?

                  Commentaire


                  • #10
                    mais si, le FIS a bien été élu et même très bien élu au 1er tour des législatives déjà...
                    Non, ils n'ont pas gagné les présidentielles.

                    Quelles preuves?
                    La Turquie n'est pas devenue la république islamique de Turquie.
                    Donc, ceux qui disent que les FM veulent imposer le califat etc ... c'est juste des excuses. Les FM auraient pu être viré par les urnes. Ce coup d'état est complètement stupide.

                    Ils ouvrent leur gueule quand Gaza se fait bombarder contrairement aux militaires égyptiens qui participent au massacre.

                    Mais, je pense que c'est surtout un coup fourré des Al Saoud qui ne veulent aucun adversaire dans le contrôle de l'Islam sunnite, comme ça, eux, ils restent sur le koursi.

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                    • #11
                      Comment peut-on comparer ce qui se passe en Égypte et ce qui s'est passé en Algérie ?
                      Ils se ressemblent sur un point très important. Dans les deux pays, les islamistes ont été utilisés par des régimes autoritaires et sanguinaires pour se maintenir au pouvoir.

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                      • #12
                        Envoyé par Bachi
                        tu considères que la démocratie est seulement un comptage des urnes, je suppose
                        Je ne parle pas uniquement du suffrage. Le plus important en démocratie est d’instaurer des institutions pour que le peuple puisse juger les actes de ses dirigeants et de se débarrasser d’eux sans révolution ni effusion de sang. Tout autre méthode, par la rue ou les coups d'états militaires, conduit au chaos. La démocratie c’est aussi la possibilité à tous les courants de la société de pouvoir se représenter. Les militaires veulent éradiquer, par une répression sanguinaire inégalée, un mouvement populaire (les F.M.) qui existe depuis plus d’un siècle.

                        Envoyé par Bachi
                        Mais à moyen ou long terme, ce que fait l'armée égyptienne, exactement comme celle de l'Algérie à son époque, c'est salutaire
                        Le mouvement des frères Musulmans n’est pas le FIS. Je n’ai pas entendu les dirigeants des F.M. dire que la démocratie est ‘koufr’ ou qu’ils n’acceptaient pas le jeu démocratique. C’est des gens modérés qui n’avaient pas l’intention d’appliquer la Charia ou changer les mœurs des égyptiens du jour au lendemain. Ce sont les médias égyptiens, à la solde des militaires et de l’ancien régime, qui ont voulus diaboliser les F.M.

                        Je ne crois pas que ça soit salutaire pour l’Egypte avec ces militaires qui veulent revenir au régime de Moubarek et conduire le pays dans une guerre civile qui sera très néfaste pour le pays. L’Egypte contient 80 millions d’habitants, des musulmans et chrétiens. Les pertes en vies humaines peuvent être plus importantes qu’en Algérie. En plus l’Egypte ne possède pas de pétrole comme l’Algérie pour pouvoir faire face économiquement à une guerre civile.
                        Dernière modification par shadok, 17 août 2013, 21h43.
                        Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien

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                        • #13
                          Dans les années 90' personne ne croyait au retour du FLN au pouvoir apres le ras de marrée des municipales (emportées par le FIS ).

                          si qlq 1 à l'epoque nous disait le contraire on l'aurait pris pour un fou

                          le FIS a mordu à l'hameçon et a donné l'occasion (se croyant fort avec sa base populaire) , l'armée s'est débarrassé de Chadli et du FIS d'un seul coup ,

                          apres 8 ans de guerre civile et 200 mille morts c'est le peuple lui même qui remet le FLN au sommet du pouvoir ,

                          ce senario est entrain de se reproduire en Egypt .
                          "La colère est un moment de folie ."
                          Bizarre! je suis rarement en colère .

                          Commentaire


                          • #14
                            militaires

                            ça ce voit que les militaires egyptiens ont été à l'école algérienne.
                            comme leurs homologues algériens après la révolte du 05 octobre, après la révolte de leur peuple de janvier 2011 ils ont laissé les islamistes s'accaparer la révolution puis leur ont permis l'exercice du pouvoir. La deuxième étape après les prévisibles erreurs de ces derniers au pouvoir, les présenter comme ennemis de la démocratie, attirer leurs opposants de leur coté et troisième étape leur tomber dessus pour les anéantir. ainsi ils auront réalisé d'une pierre plusieurs coups: discréditer, décourager et diviser les opposants démocrates,se débarasser des islamistes et se maintenir au pouvoir pour l'éternité.

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                            • #15
                              mais on en fous de votre démocratie athee nous on a islam et nos lois et elle suffit pour le musulman

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