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Epidémie de Sida en Algérie : Une contamination tous les trois jours

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  • Epidémie de Sida en Algérie : Une contamination tous les trois jours

    Epidémie de sida: Une contamination tous les trois jours, en moyenne, depuis le début de l’année en Algérie.

    Si l’épidémie de sida est en net recul dans le monde (une chute de plus de 50% des nouvelles infections au VIH dans 25 pays, d’après Onusida 2012), elle continue sa pernicieuse progression en Algérie où le nombre de cas cumulés depuis l’apparition de l’épidémie dans le pays a atteint 6472 porteurs du virus et 1422 personnes malades du sida.


    Des chiffres officiels largement contestés par les professionnels investis sur le terrain, qui estiment le nombre de sidéens en Algérie à 30 000.

    Bien que l’Algérie soit classée parmi les pays à faible prévalence avec un taux de personnes vivant avec le VIH inférieur à 1%, la tendance est à la hausse et le constat a de quoi être alarmant. Depuis le début de l’année (jusqu’au 30 juillet 2013), 62 nouveaux cas de séropositifs et 10 nouveaux cas de sida ont été notifiés, selon les statistiques officielles. A l’origine de cette progression silencieuse : les tabous qui freinent la sensibilisation, le dépistage et la prévention.

    Une quinzaine d’associations algériennes se sont justement unies autour d’un réseau algérien de lutte contre le sida, l’ANAA (Algerian Network Against Aids) pour dénoncer la stigmatisation, le tabou qui entoure cette maladie. «La complexité de la thématique du VIH/sida impose une réponse collective et coordonnée qui convoque des questions sociales et culturelles, et c’est à cette préoccupation que répond le réseau algérien contre le sida» expliquait, hier à Alger, le Dr Scander Soufi, président du réseau, lors d’une conférence de presse qui a rassemblé plusieurs acteurs de la société civile. Le défi de la lutte contre le sida en Algérie dépend des tabous qui freinent toute action de prévention.


    La peur du dépistage

    Précarité, marginalisation, rejet, discrimination et insultes : c’est le quotidien subi par les porteurs du VIH et des malades du sida en Algérie. Une situation que plusieurs associations regrettent. «Pour lutter contre le sida, il faut cesser la stigmatisation», tranche Ahcène Boufenissa, président de Aids Solidarité, une association de lutte contre le sida membre du réseau ANAA.
    La prostitution, l’homosexualité et l’usage de drogues intensifient certes le risque de contamination, mais le sida est loin de ne toucher que ces catégories de la population. La contamination est facile, d’autant que le dépistage est loin d’être un réflexe de prévention en Algérie.
    «Les gens ont peur de se faire dépister de crainte du qu’en dira-t-on», explique pour sa part le Dr Mohamed Guemgama, président de Green-Tea Tamanrasset, autre association membre du réseau. Et d’ajouter : «A Tamanrasset, les professionnels de la santé ne respectent pas toujours les règles de l’anonymat, ce qui décourage les personnes à risque d’aller vers le dépistage.» Les tabous et l’ignorance sont, à son sens, à l’origine de la progression du sida en Algérie.


    Des tabous à la peau dure

    C’est exactement ce à quoi veut s’attaquer le réseau algérien de lutte contre le sida ANAA, dans son tout nouveau plan d’action. Les associations adhérentes au réseau veulent coordonner leurs actions contre le fléau du VIH/sida pour atteindre ensemble l’objectif zéro fixé par Onusida – zéro nouvelle infection, zéro stigmatisation et zéro décès lié au sida – d’ici 2015. Leur mot d’ordre : la lutte contre la stigmatisation, l’ignorance et les fausses perceptions.

    L’Algérie compte 75 centres de dépistage sur le territoire national, dont seulement une dizaine sont réellement opérationnelles. Mais la culture du déni que cultivent si bien les Algériens (population et pouvoirs publics) les rendent presque inopérants, sans compter les pénuries récurrentes de réactifs et le manque de personnel qualifié. Pour Mouloud Salhi, président de l’association Etoile culturelle d’Akbou, «la sensibilisation ne concerne pas que les professionnels, il faut que tout le monde s’implique pour faire bouger les mentalités et venir en aide à ces personnes en détresse». Dans une société où l’éducation sexuelle est considérée comme la pire des offenses, où l’on refuse d’admettre l’existence de certains fléaux (homosexualité, prostitution, usage banalisé de drogues…), la moralisation excessive contraint au silence. Un silence dans lequel le VIH s’étend sournoisement. 

    Plus de 700 enfants infectés par le VIH en Algérie

    Les chiffres officiels ne se penchent pas sur la prévalence du VIH chez les enfants mais les associations tentent de combler le vide. Ils seraient plus de 700 enfants à vivre avec le VIH en Algérie. «C’est un véritable drame, notamment pour les enfants nés sous X qui n’ont pas la chance d’être placés dans des familles d’accueil», explique Ahcène Boufenissa, président de l’association Aids Solidarité membre du réseau ANAA.

    Selon ses estimations, ils sont actuellement une centaine à être pris en charge dans le service des maladies infectieuses d’El Kettar, à Alger. Leur prise en charge, leur scolarisation et leur suivi psychologique dépendent en grande partie des associations qui activent sur le terrain. Aids Solidarité organise justement une sortie pédagogique ce vendredi pour les enfants séropositifs. 
    Clés :

    62 nouveaux cas de séropositifs (durant les 7 premiers mois de 2013, sources officielles)

    - 10 nouveaux cas de sida (durant les
    7 premiers mois de 2013, sources officielles)

    - Chute de plus de 50% des nouvelles infections au VIH dans 25 pays (Onusida 2012)

    - 6472 porteurs du virus (nombre de cas cumulé depuis l’apparition de l’épidémie dans le pays, sources officielles)

    - 1422 malades du sida (nombre de cas cumulé depuis l’apparition de l’épidémie dans le pays, sources officielles)

    - 30 000 personnes touchées par le sida en Algérie (estimation d’associations)

    - 100 enfants traités dans le service des maladies infectieuses de l’hôpital El Kettar (Alger)


    Fella Bouredji- El Watan

  • #2
    Dr Scander Soufi. Président de l’association de lutte contre le sida AnisS et du réseau ANAA (Algerian Network Against Aids)

    «La moralisation est contreproductive»

    Le réseau algérien de lutte contre le sida ANAA, dont vous êtes le coordinateur veut s’attaquer à la stigmatisation des malades du sida pour une meilleure lutte contre cette épidémie. Quel est votre plan d’action ?

    Après un fléchissement du partenariat associatif ces dernières années, nous avons décidé de redynamiser notre réseau pour plus d’efficacité sur le terrain. Nous avons décidé d’opter, dans un premier lieu, pour une mobilisation nationale ce vendredi 23 août.

    Une quinzaine d’associations algériennes parmi celles spécialisées dans la thématique mais aussi celles d’envergure nationale, en partenariat avec les pouvoirs publics, prendront part à 51 activités de solidarité et de sensibilisation prévues ce vendredi à travers toute l’Algérie. Le tout sous le thème de la lutte contre la stigmatisation.

    - Pensez-vous justement que la stigmatisation ainsi que les tabous qui entourent cette maladie participent à la progression du VIH en Algérie ?

    Oui, effectivement. Les tabous freinent la prise en charge de l’épidémie. Par exemple, dans nos hôpitaux, parfois le personnel refuse de leur prodiguer des soins ; nous avons rencontré récemment plusieurs cas de ce genre. Il y a parfois des discours religieux qui n’incitent pas à la tolérance. Alors que la lutte contre le sida doit se baser sur un discours cohérent et scientifique. Le discours moralisateur n’a pas lieu d’être. Comment pourrait-on culpabiliser des enfants porteurs de VIH, des personnes infectées accidentellement ? La moralisation de cette question peut être contreproductive et même dangereuse.

    - Qu’en est-il de la pénurie de médicaments, récurrente ces dernières années, qui complique la prise en charge des malades du sida ?

    Beaucoup d’efforts ont été consentis et ces ruptures sont passagères et contrôlées à présent. Il y a une nette amélioration. Visiblement, le circuit de distribution a été revu.

    Les gens ne meurent plus du sida dans le monde et la prise en charge médicale ne cesse de s’améliorer. Nous n’en sommes malheureusement pas là en Algérie, où il y a une progression du nombre de contaminations. La qualité du traitement n’est pas ce qu’il y a de meilleur. Il reste beaucoup à faire. 

    Fella Bouredji- El Watan

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