Écrit par Kamel Aït Bessaï
Au-delà du fait qu’il y ait eu mort d’hommes, et qu’un mort est une tragédie, les événements sanglants qui ont eu lieu la semaine dernière à Bordj Badji-Mokhtar, une commune de la wilaya d’Adrar, à l’extrême sud de l’Algérie, près de la frontière malienne, semblent être la résultante d’une accumulation de vieilles contradictions sociales, économiques, culturelles et ethniques que le conflit malien a exacerbées.
L’éloignement d’Alger et des grands centres urbains, l’extrême difficulté de l’environnement et le dénuement n’expliqueraient donc pas tout dans ce drame de Bordj Badji- Mokhtar. On a tant vanté les vertus de la coexistence pacifique entre une communauté targuie, majoritaire et unie, et une communauté arabe minoritaire et hétéroclite.
Cependant, le conflit nord-malien et ses développements armés, avec la guerre menée par la France sous mandat international contre les groupes islamistes extrémistes armés, ont ouvert la boîte de Pandore.
Les équilibres sociaux, longtemps maintenus par l’Etat dans la région, grâce à ses relais constitués par les notabilités locales, se sont avérés insuffisants, voire inefficaces devant la fulgurance des développements politiques et sécuritaires qu’a connus Bordj Badji-Mokhtar, une petite bourgade, voire un simple poste frontalier avec le Mali jusqu’à un passé très récent, pour se muer en plaque tournante de l’agitation nord-malienne au grand dam de ses paisibles habitants.
Un observateur averti qui suit de près les événements au sud du pays et en rapport avec le conflit nord-malien rappelle que « cette guerre contre le terrorisme devait provoquer des dégâts collatéraux, surtout sur l’Algérie qui partage la plus grande frontière avec ce pays troublé et aussi en raison de la paix et de l’aisance dans lesquelles baignent les villes frontalières algériennes comparées à leurs homologues de l’autre côté de la barrière». Est-ce à dire que les autorités et les services de renseignements algériens n’ont rien vu venir ? Notre source estime que «l’équation n’est pas aussi simple que cela», ajoutant qu’«Alger avait un souci primordial qui a été celui d’endiguer l’activité terroriste et de l’empêcher de traverser la frontière». Dès lors, ajoute notre interlocuteur, «et par souci humanitaire, l’Algérie ne pouvait fermer ses portes aux civils ayant fui une mort certaine». Il se trouve que parmi ces réfugiés, les autochtones, les touareg pour ainsi dire, ont fini par démasquer d’anciens collaborateurs des groupes terroristes (Aqmi, Mujao et Ançar Dine, NDLR), ayant semé la terreur des mois durant au Nord-Mali et mis toutes les régions algériennes frontalières avec ce pays en état d’alerte.
La leçon targuie
Selon des versions recoupées émanant des habitants de Bordj Badji Mokhtar, parmi ces réfugiés fuyant les affres de la guerre au Nord-Mali se trouvaient des membres de la communauté non touarègue et qui auraient collaboré avec les groupes sanguinaires, en leur servant de guides notamment, durant le séjour des terroristes étrangers sur le territoire du Nord-Mali.
Selon un expert des questions sécuritaires, ces événements dramatiques durant lesquels le sang a coulé ne sont pas moins utiles et bénéfiques pour le pays, dans le sens où une décantation se fera systématiquement dans le microcosme local. D’ores et déjà, notre source estime que la communauté touarègue algérienne a administré une leçon à toutes les officines et autres parties qui nagent en eaux troubles, en réitérant sont attachement à sa patrie l’Algérie.
Ce qui se passe dans cette région «préfigure ce qui se prépare autour du pays, le statut chaotique des pays voisins, le regard de certains sur les ressources du pays, le vouloir de certains de plier et affaiblir l’Etat», note un autre analyste. Il ajoute que ces événements de Bordj-Badji Mokhtar sont provoqués sciemment, en attisant les clivages ethniques et culturels, dans le seul but de «mettre à genoux le pays avec l’aide de certains mercenaires sans foi ni loi, ni patrie». Pour notre source, ces événements dans l’extrême sud-est du pays sont «un remake ou un nouveau feuilleton des troubles qui sont fomentés au sud du pays, un vieux procédé qui consiste à monter une révolte sur des revendications saines et légitimes de la société pour donner, plus tard, un cachet politique étranger au mouvement revendicatif».
Sur la question de la réaction tardive de l’Etat à travers ses divers relais, politiques et sécuritaires, notre analyste souligne la complexité de la situation. «Devant un conflit qui a une connotation tribale ou ethnique, la prudence est toujours de rigueur avant toute intervention.» Et pour répondre aux appels en faveur d’un déploiement massif des forces de sécurité dans les quartiers de Bordj Badji-Mokhtar, notre source explique que «la nature du conflit nécessite plus un travail de lobbying et de persuasion qu’un déploiement de la force publique qui ne ferait qu’ajouter à la situation déjà assez compliquée». Pour conclure, notre interlocuteur fait remarquer que comme dans le conflit ayant opposé en 2008 les communautés ibadite et chaambie, un accord est trouvé entre les communautés touarègue Idnane et arabe Bérabiche grâce aux ressorts que l’Etat a contribués à créer dans le pays profond.
REPORTERS.DZ
Au-delà du fait qu’il y ait eu mort d’hommes, et qu’un mort est une tragédie, les événements sanglants qui ont eu lieu la semaine dernière à Bordj Badji-Mokhtar, une commune de la wilaya d’Adrar, à l’extrême sud de l’Algérie, près de la frontière malienne, semblent être la résultante d’une accumulation de vieilles contradictions sociales, économiques, culturelles et ethniques que le conflit malien a exacerbées.
L’éloignement d’Alger et des grands centres urbains, l’extrême difficulté de l’environnement et le dénuement n’expliqueraient donc pas tout dans ce drame de Bordj Badji- Mokhtar. On a tant vanté les vertus de la coexistence pacifique entre une communauté targuie, majoritaire et unie, et une communauté arabe minoritaire et hétéroclite.
Cependant, le conflit nord-malien et ses développements armés, avec la guerre menée par la France sous mandat international contre les groupes islamistes extrémistes armés, ont ouvert la boîte de Pandore.
Les équilibres sociaux, longtemps maintenus par l’Etat dans la région, grâce à ses relais constitués par les notabilités locales, se sont avérés insuffisants, voire inefficaces devant la fulgurance des développements politiques et sécuritaires qu’a connus Bordj Badji-Mokhtar, une petite bourgade, voire un simple poste frontalier avec le Mali jusqu’à un passé très récent, pour se muer en plaque tournante de l’agitation nord-malienne au grand dam de ses paisibles habitants.
Un observateur averti qui suit de près les événements au sud du pays et en rapport avec le conflit nord-malien rappelle que « cette guerre contre le terrorisme devait provoquer des dégâts collatéraux, surtout sur l’Algérie qui partage la plus grande frontière avec ce pays troublé et aussi en raison de la paix et de l’aisance dans lesquelles baignent les villes frontalières algériennes comparées à leurs homologues de l’autre côté de la barrière». Est-ce à dire que les autorités et les services de renseignements algériens n’ont rien vu venir ? Notre source estime que «l’équation n’est pas aussi simple que cela», ajoutant qu’«Alger avait un souci primordial qui a été celui d’endiguer l’activité terroriste et de l’empêcher de traverser la frontière». Dès lors, ajoute notre interlocuteur, «et par souci humanitaire, l’Algérie ne pouvait fermer ses portes aux civils ayant fui une mort certaine». Il se trouve que parmi ces réfugiés, les autochtones, les touareg pour ainsi dire, ont fini par démasquer d’anciens collaborateurs des groupes terroristes (Aqmi, Mujao et Ançar Dine, NDLR), ayant semé la terreur des mois durant au Nord-Mali et mis toutes les régions algériennes frontalières avec ce pays en état d’alerte.
La leçon targuie
Selon des versions recoupées émanant des habitants de Bordj Badji Mokhtar, parmi ces réfugiés fuyant les affres de la guerre au Nord-Mali se trouvaient des membres de la communauté non touarègue et qui auraient collaboré avec les groupes sanguinaires, en leur servant de guides notamment, durant le séjour des terroristes étrangers sur le territoire du Nord-Mali.
Selon un expert des questions sécuritaires, ces événements dramatiques durant lesquels le sang a coulé ne sont pas moins utiles et bénéfiques pour le pays, dans le sens où une décantation se fera systématiquement dans le microcosme local. D’ores et déjà, notre source estime que la communauté touarègue algérienne a administré une leçon à toutes les officines et autres parties qui nagent en eaux troubles, en réitérant sont attachement à sa patrie l’Algérie.
Ce qui se passe dans cette région «préfigure ce qui se prépare autour du pays, le statut chaotique des pays voisins, le regard de certains sur les ressources du pays, le vouloir de certains de plier et affaiblir l’Etat», note un autre analyste. Il ajoute que ces événements de Bordj-Badji Mokhtar sont provoqués sciemment, en attisant les clivages ethniques et culturels, dans le seul but de «mettre à genoux le pays avec l’aide de certains mercenaires sans foi ni loi, ni patrie». Pour notre source, ces événements dans l’extrême sud-est du pays sont «un remake ou un nouveau feuilleton des troubles qui sont fomentés au sud du pays, un vieux procédé qui consiste à monter une révolte sur des revendications saines et légitimes de la société pour donner, plus tard, un cachet politique étranger au mouvement revendicatif».
Sur la question de la réaction tardive de l’Etat à travers ses divers relais, politiques et sécuritaires, notre analyste souligne la complexité de la situation. «Devant un conflit qui a une connotation tribale ou ethnique, la prudence est toujours de rigueur avant toute intervention.» Et pour répondre aux appels en faveur d’un déploiement massif des forces de sécurité dans les quartiers de Bordj Badji-Mokhtar, notre source explique que «la nature du conflit nécessite plus un travail de lobbying et de persuasion qu’un déploiement de la force publique qui ne ferait qu’ajouter à la situation déjà assez compliquée». Pour conclure, notre interlocuteur fait remarquer que comme dans le conflit ayant opposé en 2008 les communautés ibadite et chaambie, un accord est trouvé entre les communautés touarègue Idnane et arabe Bérabiche grâce aux ressorts que l’Etat a contribués à créer dans le pays profond.
REPORTERS.DZ
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