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Les Arabes, l’Occident et le théorème Sissi

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  • Les Arabes, l’Occident et le théorème Sissi

    Écrit par Lena Azizi


    Du Caire à Washington en passant par Tel-Aviv et Ottawa – où les néoconservateurs cultivent un ultra-sionisme sans nuances –, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré qu’Israël était derrière le coup d’Etat en Egypte. Très offensif et n’hésitant pas à brocarder «l’hypocrisie» des Occidentaux, Erdogan a déclaré : «Que disent-ils en Egypte ? Que la démocratie n’est pas dans les urnes. Qui est derrière tout ça ? Israël. Nous avons des documents en notre possession.» Erdogan a cité des propos tenus en France avant l’élection de M. Morsi du ministre (israélien) de la Justice et un intellectuel juif qui utilisent ces termes : «Même si les Frères musulmans remportent les élections, ils n’en sortiront pas vainqueurs, car la démocratie ne repose pas sur les urnes.» Au Caire, le gouvernement a réagi en assurant que ce sont des déclarations «sans fondement et qu’aucune personne sensée ne peut croire», assurant que la « patience de l’Egypte arrivait à sa limite». A Washington, le porte-parole de la Maison-Blanche a dénoncé des propos très «agressifs, sans fondements et faux». «Absurde», affirme Tel-Aviv, dont les propos sont amplifiés par Ottawa. Erdogan a-t-il tout faux ? En réalité, il dit, à sa manière brutale, une évidence géopolitique qui fait que depuis la destitution de Mohamed Morsi par l’armée, les Occidentaux n’arrivent pas à nommer un «coup d’Etat» pour ce qu’il est. Erdogan a été peut-être maladroit d’invoquer des preuves en forme de documents, il n’y en a pas besoin, le comportement des Etats-Unis est très largement suffisant. Les médias occidentaux, peu suspects d’antisionisme, soulignaient qu’Israël exerçait – et exerce toujours – un travail de lobbying intense à Washington en faveur des putschistes. L’Aipac, le plus puissant lobby aux Etats-Unis après celui des armes, a très clairement fait savoir que le soutien à l’armée égyptienne était de l’intérêt national israélien et américain. Il y a eu bien sûr
    Mc Cain qui a fini, au bout du compte, par appeler le coup d’Etat… coup d’Etat. Mais cet influent sénateur républicain ne fait pas la politique de Washington. On peut même dire que l’Aipac la fait davantage que lui dans le cas d’espèce. L’erreur d’Erdogan, si erreur il y a, est de laisser entendre qu’il s’agit d’un complot, là où la politique la plus classique se déroule. L’armée égyptienne en faisant le coup d’Etat rétablit non seulement le peu d’espace gagné aux civils après la chute de Moubarak, mais elle rétablit aussi l’ordre régional. Le théorème Sissi est d’une simplicité confondante : on mate les Frères avec le soutien des «laïcs», des «modernistes» et des «libéraux» et on laisse les Américains se dépêtrer avec leur petit malaise médiatique tout en sachant qu’au final, l’intérêt d’Israël, souci central de la politique US, va faire la politique. Rien ne vient contredire le théorème Sissi. Les putschistes du Caire se sont ainsi même payé le luxe de dire publiquement, par Hazem El Beblaoui, le Premier ministre intérimaire, que la suspension de l’aide militaire annuelle de 1,3 milliard de dollars serait une erreur. «Cela affecterait l’armée pendant un certain temps, a déclaré Hazem El-Beblaoui, dans un entretien à la télévision américaine ABC News. N’oublions pas que l’Egypte a vécu avec le soutien militaire de la Russie et que nous avons survécu. Ce ne se serait donc pas la fin du monde et nous pouvons vivre dans des circonstances différentes.» La vieille menace d’aller voir vers Moscou est de pure forme. Les monarchies du Golfe ont déjà assuré les putschistes d’un soutien financier plus substantiel que les aides américaines ou européennes. Le théorème de Sissi est donc que les Occidentaux ne feront jamais rien contre les intérêts d’Israël. Et, corrélativement et cela a été dit sur tous les tons, la démocratie en Egypte dessert les intérêts d’Israël. Si on ne tient pas compte de cet «intérêt central» d’Israël, on ne comprendra jamais pourquoi les Occidentaux exigent de la Syrie ce qu’ils n’exigent pas de Sissi. Que veut dire le théorème de Sissi pour les sociétés arabes ? Rien de nouveau. Que le discours démocratique des Occidentaux est à géométrie très variable, et que les progrès politiques dans ces pays s’arrachent non seulement contre les autocraties locales, mais aussi contre leurs alliés occidentaux. Mais peut-être qu’Erdogan fait mine d’être naïf en pensant que les Occidentaux ne se priveront pas, en cas de nécessité stratégique, de soutenir un nouveau Sissi turc qui remettrait en place la domination de «l’Etat profond».

    REPORTERS.DZ
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Pas mal l'article.
    Ceux qui ont mécru, n'ont-ils pas vu que les cieux et la terre formaient une masse compacte? Ensuite Nous les avons séparés et fait de l'eau toute chose vivante. Ne croiront-ils donc pas? S21 V30

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    • #3
      si on ajoute la tentative d'étranglement de Gaza par les milices de Sissi, la place au doute se mesure en microns.

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