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Le dogme, c’est d’abord l’éducation de son âme

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  • Le dogme, c’est d’abord l’éducation de son âme

    Le dogme, c’est d’abord l’éducation de son âme
    réponse à une question posée en commentaire
    par Muhammad al-Maghribî (Mohammed Karimi)



    Question
    Salam aleikoum,



    Tout d’abord, Sheikh, je tiens à vous remercier pour le travail de qualité que vous avez effectué depuis tant d’années, et surtout pour moi la Sirah du Prophète que j’ai écouté et réécouté, que j’écoute encore tellement c’est si bien réalisé. Qu’ Allah vous recompense.



    J’étais avant dans la croyance que l’ont peut appeler désormais « Salafi », celle que vous décrivez, mais après avoir lu beaucoup de livres, surtout des grands Imams anciens, tel que Nawawi son charh, Suyuti, Qurtubi, Ibn Kathir (tasfir), Tahawy etc., j’ai vu que tous, sans exception, interprétaient les attributs tel que : yad, wajh, etc., mais aussi dans l’explication des versets ou hadiths « ambigus », ils disent qu’ALLAH n’est pas limité dans un endroit, comme les Asharis. D’ailleurs vous citez Abdelqadir al Jilani qui, dans son livre Futuh al Gayb, dit l’inverse de ce que vous dite concernant la localisation d’ALLAH. Alors entre ces deux livres y aurait-il une falsification quelque part ou un mensonge ? Je vous invite a lire la doctrine du faucon gris pour comprendre de quoi je parle.



    comment se fait-il que les plus grands moufasirouns et les Imams que vous citez aient des propos contradictoires dans certains de leurs livres et que tous fasse le tawil des siffats, et aussi interdise la localisation d’ALLAH ? Car je peux ramener des citations de ces Imams de référence directement de leurs livres qui contredisent tout cela et qui est dans la Aqida des Asharis.



    Tout ceci est incompréhensible pour le commun des mortels qui n’est pas plongé dans la science de la aqida.



    Qu’ Allah vous préserve Sheikh, je vous aime pour ALLAH en ésperant pouvoir vous rencontrer un jour en chair et en os !




    Réponse




    Puisses-tu être aimé par Celui pour Lequel tu m’as aimé ! Sache, cher frère, qu’une bonne `aqîda donne de bons fruits, une mauvaise `aqîda donne de mauvais fruits. On juge une `aqîda selon ses effets sur le cœur, le comportement et les œuvres. Allah le Très-Haut a dit : N’as-tu pas médité comment Allah compare la bonne parole (parole de l’unicité) à un bel arbre dont la racine est ferme et dont la ramure s’élève vers le ciel, et qui produit des fruits à chaque instant par la permission de son Seigneur. [1]



    Ceci étant établi, les excellentes œuvres des imâms que tu as cités sont une preuve évidente de leur bonne `aqîda. Une `aqîda qui nous a donnés des géants comme Ibn Kathîr, An-Nawawî, Ibn Hajar, As-Suyûtî, `Abd Al-Qâdir Al-Jîlânî ne peut être qu’une bonne `aqîda. Quant à la question du ta’wîl et du tafwîd, ce n’est qu’un détail théorique de la `aqîda. Prenons l’exemple de l’attribut « la main ». Allah dit dans le Coran : Bien au contraire Ses deux mains sont librement ouvertes. [2] Les Gens de la Sunna Salafis comme les Acharites (je parle en général, sinon l’imâm Al-Ash`arî comme Al-Baqillânî affirment l’attribut de la main) sont tous d’accord sur le fait que ce verset désigne la générosité d’Allah. La différence entre les deux est que les Salafis, tout en interprétant ce verset, disent : « Allah a une main réelle, mais nous ne connaissons pas comment est cette main ». Ils affirment en Allah l’attribut de la main -ithbât al-yad- et ils remettent à Allah le comment -tafwîd al-kayfiyya-. Les Acharites, comme les Salafis, interprètent ce verset, puis disent : « Nous prononçons : « La main d’Allah ». Nous croyons en ce terme, mais nous nous abstenons de nous prononcer sur le sens du mot « main » ». Ils font ce qu’on appelle tafwîd al-ma`nâ ; ils remettent le sens à Allah.



    Tu vas peut-être me demander : « Qu’en est-il des propos des pieux prédécesseurs à ce sujet (Mâlik, Al-Awzâ`î, Ishâq b. Râhawayh, Sufyân b. `Uyayna, etc.) ? Ils avaient peut-être tranché ? » Je te réponds que chacun des deux (Achari et Salafi) déclare que leurs propos sont en sa faveur. Ainsi en ce qui concerne la célèbre parole des Anciens : « amirrûhâ kamâ jâ’at » que je peux traduire littéralement par : « Faites les passer comme ils se présentent », les Salafis disent que cette parole signifie qu’il faut comprendre les versets et les hadiths sur les attributs comme ils se présentent, c’est-à-dire dans leur sens immédiat. Les Acharites disent que cette parole signifie qu’il faut croire aux termes de ces versets et hadiths sans se prononcer sur leur sens.



    Ici je te parle des Acharites sunnites et non pas des Acharites qui interprètent ces textes en se référant à des règles philosophiques du genre : « Ces attributs sont des accidents -a`râd-. Si nous attribuons à l’Eternel -qadîm- ces qualificatifs, nous ferons de Lui un lieu d’inhérence d’adventices -mahall li-l-hawâdith-. Et ce qui est un lieu d’inhérence d’adventices est Lui-même adventé. Ce qui est impossible concernant Allah. »



    L’Acharisme philosophique n’a pas la cote en Occident islamique. Il a été introduit en France par la secte des Ahbâsh.
    Dernière modification par mkh, 23 août 2013, 14h24.
    Ceux qui ont mécru, n'ont-ils pas vu que les cieux et la terre formaient une masse compacte? Ensuite Nous les avons séparés et fait de l'eau toute chose vivante. Ne croiront-ils donc pas? S21 V30

  • #2
    Ce qui est malheureux, c’est que des jeunes musulmans qui ne maîtrisent pas ce sujet polémiquent dessus et finissent par se taxer les uns les autres de jahmites, de négationnistes, de corporéistes et de wahabites et par se désavouer les uns les autres, alors que les savants qu’ils suivent se respectent et prennent les uns des autres.



    Concernant maintenant ce qui t’apparaît contradictoire. Il faut savoir que quand un savant interprète la main d’Allah par Sa puissance ou Son bienfait, cela n’implique pas nécessairement qu’il nie cet attribut dans sa réalité ou s’abstient de se prononcer sur son sens. Il peut l’affirmer dans d’autres endroits de son livre. On ne déduit jamais la `aqîda d’un savant à partir d’un de ses discours ou d’un seul passage de ses livres. C’est une grave erreur méthodologique que de procéder de la sorte : détruire le synthétique par l’analytique. On connait la `aqîda théorique d’un savant de deux manières : soit il la déclare sous forme d’un traité comme la wâsitiyya ou la tahâwiyya, soit par une lecture minutieuse de tous ses livres -tahrîr- par un censeur compétent, et là c’est un travail de longue haleine. Même si ces savants ont recouru au tafwîd du sens, ce qui n’est pas à mes yeux la méthode des pieux prédécesseurs, ils l’ont fait en se basant sur des textes et dans l’intention d’exclure toute idée de comparaison entre le Créateur et la créature -tanzîh-. Cela demeure cependant un détail théorique subtil de la `aqîda. Et si tu veux connaître la `aqîda de quelqu’un dans toutes ses dimensions, regarde sa personnalité et ses œuvres, car la `aqîda n’est autre que l’incarnation de la personnalité et des œuvres du croyant. Je t’invite à contempler la personnalité de ces savants et leurs œuvres. Sincèrement nous ne pouvons qu’avoir honte de notre `aqîda. Comme tu devrais le savoir, cher frère, je travaille actuellement sur le livre al-itqân de l’imâm As-Suyûtî. Plus je me plonge dans cette œuvre, plus je me sens très petit devant ce géant, sachant que ce livre qui est en quatre volumes n’est que l’introduction d’un livre d’exégèse coranique intitulé majma` al-bahrayn wa matla` al-badrayn. Malheureusement la mort l’a emporté au tout début de ce projet – qu’Allah lui fasse miséricorde ! -



    La question que tu m’as posée a animé en moi l’envie d’éclaircir davantage la question du dogme musulman. La `aqîda en Islam est une `aqîda spirituelle et éducative avant toute chose. Le Prophète a inculqué la `aqîda à ses Compagnons avec des termes coraniques qui portent en eux-mêmes une énergie spirituelle et esthétique extraordinaire. Le Prophète a dit en effet : « Celui qui récite une lettre du Coran aura à son actif une bonne action qui lui sera comptée pour dix. Je ne dis pas qu’alif lâm mîm constitue une lettre, mais bien qu’alif est une lettre, lâm est une lettre et mîm est une lettre. [3] » La prononciation des lettres du Coran est en soi un acte d’adoration, sans parler de leur effet sur les cœurs, chose qui n’existe pas dans les traités de `aqîda écrits plus tard. Avec le temps, ceux-ci sont devenus des traités qui assouvissent plus la soif de l’intellect spéculatif que la soif spirituelle de l’âme. Or c’est cette dernière qu’il faut éduquer et nourrir. C’est la fameuse tazkiyya qui constitue un des fondements de la `aqîda, voire de la mission prophétique : Vraiment Allah a octroyé un grand bienfait aux croyants lorsqu’Il suscita parmi eux un Envoyé issu d’eux-mêmes qui leur récite Ses versets, les purifie -yuzakkihim-, leur enseigne le Livre et la Sagesse bien qu’ils fussent autrefois dans un égarement évident. [4]



    Les traités de théologie dogmatique (al-ibâna, at-tahâwiyya, al-wâsitiyya, etc.), les classifications scolastiques -at-taqsîmât al-kalâmiyya- et les livres d’hérésiographie (al-milal wa-n-nihal, al-maqâlât, etc.) ont été écrit dans un but qui est surtout pédagogique (l’enseignement des étudiants en sciences religieuses) et dialectique (argumenter contre les hérétiques -mubtadi`a- et les sectes). Leur manque du caractère éducatif, spirituel et esthétique, les a marqués d’une certaine raideur et d’un certain rigorisme. Certains traités sur le tawhîd sont tellement indigestes et effrayants qu’à les lire on dirait que la `aqîda islamique est très compliquée, ou qu’on est un condamné à mort devant lequel on dresse la liste des crimes qu’il a commis, ou on se sentait jongler sur une corde fine, menacé à tout moment de tomber dans la bid`a, la mécréance ou l’associationnisme. Je connais même un jeune qui, en apprenant la `aqîda chez un « prédicateur », s’est rendu compte qu’il n’est pas encore musulman. Bon départ pour apprendre la `aqîda !!



    Ce que nous étudions dans ces livres-là n’est qu’un côté théorique de la `aqîda et non pas la `aqîda dans ses dimensions spirituelle, esthétique, éducative et pratique, celle qui a permis aux Compagnons et à leurs pieux successeurs de fonder des civilisations terrestres sur une assise spirituelle et éthique.



    Le problème est qu’avec Internet, ces textes théologiques sont devenus accessibles à tout le monde, notamment des musulmans qui n’ont pas été éduqués dans les valeurs de l’Islam, qui n’ont pas assez de science pour opérationnaliser certains principes de droits -usûl- dans le traitement des textes sur la `aqîda, qui n’ont pas assez de connaissances en langue arabe et en rhétorique pour pénétrer la divergence sur ce plan dans l’interprétation des textes, qui n’ont pas acquis une compréhension assez profonde de la religion pour pouvoir juger les textes et leurs auteurs selon une vision synthétique et non pas sur la base de simples détails. Les conséquences néfastes de ce manque d’éducation -tazkiyya- et de compréhension profonde -fiqh- sont nombreuses.
    En voici quelques-unes :




    L’illusion : certains musulmans croient que la `aqîda se limite à l’apprentissage des traités de théologie dogmatique tels que lum`at al-i`tiqâd, al-wâsitiyya, at-tahâwiyya, etc. En apprenant ces traités avec leur explication, ils se croient déjà détenir dans la poche le code qui leur permet d’accéder au temple de l’élite de la communauté : le groupe sauvé ou la fraction victorieuse. Ils affirment en Allah l’attribut de la miséricorde, sans lui donner une interprétation allégorique, comme le font les Gens de la Sunna, mais dans la réalité ils ne font pas miséricorde aux gens. Ils croient qu’Allah est sur Son Trône, au dessus du ciel, qu’Il les observe et les entend, mais dans leur vie quotidienne ils font des choses incompatibles avec cette croyance ; ils se montrent hautains, ils ne craignent pas Allah dans leur comportement avec les gens, ils les calomnient, s’érigent en censeurs et en inquisiteurs sur leurs actes et leur font du tort. Ils connaissent par cœur les quatre degrés du qadar (la science, l’écriture, la volonté et la création de l’acte). Cette connaissance est censée leur inspirer de s’en remettre à Allah et d’avoir confiance en Lui, mais dans les faits il suffit qu’une épreuve les touche pour qu’ils se montrent lâches et cherchent une licence d’un savant qui leur permet de commettre un acte illicite ou justifie leur défaitisme. Bref une schizophrénie qui contraste de manière flagrante avec la `aqîda saine des pieux prédécesseurs, voire celle du simple bédouin dont la saine nature n’a pas été corrompue par les conflits doctrinaux ni par le mode de vie occidental qui nourrit l’égoïsme.



    Les vaines polémiques : l’une des premières choses sévèrement condamnées dans les anciens traités sur la `aqîda (al-ibâna d’Ibn Batta, ash-sharî`a d’Al-Ajurrî, sharh as-sunna d’Al-Barbahârî) ce sont les querelles et les disputes en matière de religion. Nous n’avons qu’à regarder ce qui se passe aujourd’hui dans les assemblées et les forums des musulmans pour constater l’échange d’anathèmes (takfîr, tabdî`, tadlîl, tafsîq, etc.), sans parler du plagiat, du tronquage des textes, de la falsification des propos des savants. Quand je constate que même dans des forums arabophones, les intervenants qui ont pourtant un certain niveau de science ne maitrisent pas le sujet de `aqîda qui fait l’objet de leur discussion, que dire alors des forums musulmans francophones qui polémiquent sur le même sujet ?
    Dernière modification par mkh, 23 août 2013, 14h25.
    Ceux qui ont mécru, n'ont-ils pas vu que les cieux et la terre formaient une masse compacte? Ensuite Nous les avons séparés et fait de l'eau toute chose vivante. Ne croiront-ils donc pas? S21 V30

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    • #3
      Nous sommes tous d’accord que l’Islam consiste en des œuvres, « Croire c’est agir » comme nous le répétons tous. Cette vérité est censée nous unir, mais certains d’entre nous en font un objet de division en polémiquant, sans science, sur le fait si l’acte fait partie de la définition de la foi -mafhûm al-îmân-, ou constitue un élément de la quiddité de la foi ; si l’acte est une condition de la validité de la foi ou s’il est une condition de la perfection de la foi ; si l’acte est une condition de la perfection obligatoire de la foi ou s’il est une condition de la perfection souhaitable de la foi. Ils perdent leur temps à se quereller sur ce sujet et à s’accuser les uns les autres de takfiri, de jahmite, de murji’, d’égaré, voire à proférer ces anathèmes contre d’éminents savants, ce qui est très grave. En agissant de la sorte, ils suivent le manhaj des sectes égarées et non pas le manhaj des Gens de la Sunna.




      Avoir la bonne `aqîda en matière de foi c’est s’efforcer toute sa vie à réformer les vertus de son cœur et à améliorer ses œuvres et ses actes d’adoration en vue de plaire à Allah.





      L’importation des conflits doctrinaux qui sévissaient en orient.


      Il faut savoir que toutes les grandes sectes (kharidjites, chiites, mutazilites, jahmites, murji’ites) et la plupart des hérésies sont apparues en orient. L’Occident islamique a formé un bloc à ces sectes et bid`a grâce à ses savants malékites, notamment ceux d’Al-Andalous (l’Espagne musulmane). Il est vrai que l’Occident islamique a été contaminé par certaines bid`as et certaines pratiques qui relèvent de la légende, voire de l’associationnisme, mais à quoi sert-il de bourrer le crâne du commun des musulmans de cette région avec le dogme du Coran créé, ou la question de la prononciation des termes du Coran : est-elle créée ou non créée, ainsi que l’inquisition imposant ce dogme à l’époque du calife Al-Ma’mûn et la position mémorable de l’imâm Ahmad ?





      Parmi les choses importées de l’Orient, il y a la diabolisation des Acharites. La plupart des déviations dont les salafis accusent les Acharites, ils les ont entendues de la bouche des savants hanbalites de l’Orient islamique ou les ont copiées de leurs livres. Or, pour comprendre les stéréotypes et les préjugés que les salafis ont empruntés aux hanbalites au sujet des Acharites, il faut revenir aux conflits doctrinaux qui avaient éclaté entre ces derniers entre le cinquième et le sixième siècle de l’hégire et qui avaient dégénéré en échange d’anathèmes (takfîr et tabdî`) et d’accusation de corporéisme par les uns et de négationnisme par les autres, voire en des actes violents ayant fait des victimes des deux côtés comme le conflit connu sous le nom de la fitna d’Abû Nasr b. Al-Qushayrî en 469 H.



      Il faut savoir que l’Acharisme ce sont plusieurs écoles dont certaines sont proches des Gens de la Sunna tandis que d’autres sont contaminées par la théologie scolastique d’inspiration grecque comme l’école d’Abû Al-Ma`âlî Al-Juwaynî, celle d’Al-Ghazâlî et d’Al-Fakhr Ar-Râzî, ce qui n’est pas le cas de l’école d’Abû Al-Hasan Al-Ash`arî et d’Al-Bâqillânî. Qu’Allah fasse miséricorde à tous ces savants qui constituent nos références et dont les œuvres continuent de profiter à la communauté génération après génération.





      Je trouve dommage qu’on impute aux savants du Maghreb islamique les déviations de certaines écoles Acharites extrémistes gangrénées par la philosophie. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui explique la réticence de jeunes musulmans à l’égard de l’énorme patrimoine malékite que nous ont légué nos savants. Cessons de répéter comme des perroquets ce que disent les Hanbalites de l’Orient islamique sur les Acharites et que ces derniers divergent des Gens de la Sunna dans quinze principes du credo. Les savants malékites de l’Occident islamique soutiennent pour la plupart le dogme d’Abû Al-Hasan Al-Ash`arî tel qu’il l’affirme dans al-ibâna et dans les maqâlât, à savoir que la foi consiste en des paroles et des actes et qu’elle est susceptible d’augmenter ou de diminuer, ils affirment les attributs d’Allah, ils soutiennent que la source d’acquisition du savoir est la Révélation -naql- et non la raison -`aql-, contrairement à ce que leur imputent certains salafis. Ceux-ci prétendent que tous les Acharites nient la sagesse d’Allah dans Ses actes alors que les savants qui ont parfaitement parlé de la sagesse d’Allah dans Ses actes et Ses prescriptions sont des savants Acharites, notamment notre imâm malékite Ash-Shâtibî. Je connais ici au Maroc des savants et des professeurs qui enseignent sans le moindre problème le dogme salafi comme al-`aqîda al-wâsitiyya d’Ibn Taymiyya, Sullam al-wusûl de Hâfiz Al-Hakamî et la risâla d’Abî Zayd Al-Qayrawânî.





      Les musulmans maghrébins sont dans l’ensemble sur la voie de la saine nature, ils ne connaissent ni acharisme, ni mutazilisme, ni kharidjisme, ni takfîr. Cessons de ressusciter au milieu d’eux d’anciens conflits doctrinaux, de rallumer des fitnas déjà éteintes et de cataloguer les musulmans sur leur base en éprouvant leur foi.



      Cessons d’avoir une vision réductrice sur la `aqîda. Certains ne voient dans la `aqîda que la question de la mécréance ou non du gouverneur qui ne juge pas avec ce qu’Allah a fait descendre. Certains n’y voient que la question du ta’wîl ou du tafwîd concernant les attributs d’Allah. Certains n’y voient que la question de l’invocation des tombes, etc.





      Je pense qu’il est temps de présenter la `aqîda aux gens dans toutes ses dimensions spirituelle, éducative, esthétique, pratique et dans l’esprit de l’époque. Il faut savoir que, depuis Adam jusqu’aujourd’hui, satan ne cesse de changer de stratégies et varier ses doctrines corruptrices et les divinités dans lesquelles il s’incarne. La divinité moderne qu’il prend soin d’entretenir aujourd’hui est le mondialisme. Cette divinité détruit la cellule familiale, les cultures, les identités, les appartenances et cultive l’ego. Ainsi voit-on en Occident le bon musulman avec sa barbe et son qamîs, se voyant déjà dans le groupe sauvé parce qu’il a écouté quelques leçons sur la `aqîda al-wâsitiyya ou at-tahâwiyya, alors que dans la réalité il est un consommateur et un citoyen du monde qui ne manque jamais les trois prières du jour : le petit-déjeuner, le déjeuner et le dîner, qui, dans les supermarchés, se recueille tantôt devant le rayon des surgelés, tantôt devant le rayon des fromages, tantôt devant le rayon des produits de la mer, bref un « pavlovien », conditionné par la publicité, et pour qui « Vivre c’est saliver ». Face à l’écran de son ordinateur ou de sa télévision, il se comporte comme tout serviteur du sacrosaint mondialisme ; dès qu’un shaykh prononce une fatwa ou un discours qui ne flattent pas son ego, il le zappe et le critique comme on zappe et on critique une « star » de cinéma, un joueur de football, un présentateur d’une émission, un film, etc. Comme tout citoyen du monde, il n’a pas honte d’être médiocre, au contraire il revendique le droit d’exhiber sa médiocrité. Il est dépaysé et coupé de ses racines, il ne se reconnait pas dans la civilisation Andalou-maghrébine, ni dans la civilisation Ottomane. Superficiel comme il est et comme le veut l’oligarchie mondialiste, il ne voit pas nécessaire l’exploration intelligente de l’énorme patrimoine que ces civilisations lui ont légué pour reconstruire une nouvelle civilisation, ni ne s’inscrit dans cette continuité. Bien pis, il considère le recours aux écoles juridiques -madhâhib- comme une innovation en matière de religion et qu’il faut recourir directement aux textes de la Révélation. Comment fait-il pour comprendre ces textes ? Là, égoïste comme il est, il se fait son propre madhab : un cocktail de sentences, de fatwas, d’explications ; deux pages du livre de tel shaykh, un extrait de dix minutes du discours de tel autre shaykh, et quand un jour ils ne l’arrangent pas, il les zappe tout simplement. A ce désordre intellectuel s’ajoute un désordre moral qu’il légitime par la pratique de la polygamie ou un mariage sans engagements et sans respect de son caractère sacré. Un bon citoyen du monde !





      Ouvrons un peu notre esprit et libérons-le du joug de l’imitation servile. Faisons l’effort de comprendre profondément notre religion et notre `aqîda en manifestant notre indigence à l’égard d’Allah seul. Allah a dit en effet : Ceux qui déploient leurs efforts pour Nous plaire, Nous les guiderons assurément sur Nos chemin, car Allah est avec ceux qui agissent parfaitement. [5] Sinon nous laisserons dans notre `aqîda des lacunes par lesquelles s’infiltrera sournoisement satan avec ses idoles. Le Prophète a dit : « L’associationnisme s’infiltre dans ma communauté plus subtilement que les pas d’une fourmi sur une pierre lisse. [6] »
      Dernière modification par mkh, 23 août 2013, 14h26.
      Ceux qui ont mécru, n'ont-ils pas vu que les cieux et la terre formaient une masse compacte? Ensuite Nous les avons séparés et fait de l'eau toute chose vivante. Ne croiront-ils donc pas? S21 V30

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      • #4
        _________________________

        [1] Coran, Ibrâhîm (S.14), 24-25.




        [2] Coran, al-mâ’ida (S.5), 64.




        [3] Hadith d’une autorité canonique assez bonne -hasan-. Il est rapporté par At-Tirmidhî (n° 2910) qui l’a qualifié de hasan sahîh gharîb. Le shaykh al-Albânî le qualifie d’authentique : voir sahîh al-jâmi` (n° 6469).




        [4] Coran, âl-`Imrân, 164.




        [5] Coran, al-`ankabût (S.29), 69.




        [6] Hadith qualifié d’authentique par le shaykh Al-Albânî : voir sahîh al-jâmi` n° 3730
        Dernière modification par mkh, 23 août 2013, 14h08.
        Ceux qui ont mécru, n'ont-ils pas vu que les cieux et la terre formaient une masse compacte? Ensuite Nous les avons séparés et fait de l'eau toute chose vivante. Ne croiront-ils donc pas? S21 V30

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