Bonsoir,
Le sujet va détonner un peu avec les us et coutumes de la rubrique mais je voulais vous faire partager à tous ce texte d'hommage posthume d'une grand maître de la SF (Franck Herbert, auteur entre autre de Dune) à son épouse. Il y a de mutliples raisons pour lesquelles je souhaitais le faire, pour lesquelles il me parait profond et pouvoir toucher beaucoup de lecteurs, que je vous exposerai par la suite, si le temps me le permet.
Le sujet va détonner un peu avec les us et coutumes de la rubrique mais je voulais vous faire partager à tous ce texte d'hommage posthume d'une grand maître de la SF (Franck Herbert, auteur entre autre de Dune) à son épouse. Il y a de mutliples raisons pour lesquelles je souhaitais le faire, pour lesquelles il me parait profond et pouvoir toucher beaucoup de lecteurs, que je vous exposerai par la suite, si le temps me le permet.
Voici un livre de plus dédié à Bev, amie, épouse, collaboratrice, sur qui j’ai toujours pu compter et de plus, celle qui donna son titre à ce volume. La dédicace est posthume, les mots qui suivent furent écrits le lendemain de sa mort au matin et le lecteur y trouvera peut-être une partie de l’inspiration qu’elle a représentée pour moi.
L’une des meilleures choses que je puisse dire sur Bev est qu’il n’y a rien, dans notre vie commune, que j’aie envie d’oublier, pas même l’instant plein de grâce de sa mort. Elle m’a fait don de l’ultime présent de son amour, une fin paisible dont elle avait parlé sans peur ni larmes, soulageant ainsi mes propres peurs. Quel plus grand don y a-t-il que la démonstration qu’il n’est pas nécessaire de craindre la mort ?
La notice nécrologique formelle dirait ceci : Beverly Ann Stuart Forbes Herbert, née le 20 octobre 1926 à Seattle, Etat de Washington ; décédée à 17h05 le 7 février 1984 à Kamaloa, Maui (Hawaii). Je sais qu’elle n’aurait pas toléré plus de formalité que cela. Elle n’avait fait promettre qu’il n’y aurait pas d’obsèques conventionnelles « avec sermon fait par un pasteur et mon corps à l’étalage ». Elle disait aussi : « Je ne serai plus dans ce corps à ce moment là mais il mérite plus de dignité qu’un tel étalage ne peut en fournir. »
Elle insistait pour que je ne fasse rien de plus que demander son incinération et disperser ces cendres au-dessus de son Kamaloa qu’elle aimait tant, « où j’ai connu tant de paix et d’amour ». La seule cérémonie eut lieu en présence d’amis et de proches venus assister à la dispersion de ses cendres pendant que l’on chantait : « A Bridge Over Troubled Waters ».
Elle savait qu’il y aurait alors des larmes, comme il y en a au moment où ces lignes sont écrites ; mais durant ses derniers jours, elle parlait souvent des larmes comme quelque chose de futile. Elle les voyait comme faisant partie de nos origines animales. Le chien hurle quand il a perdu son maître.
Un autre aspect de la conscience humaine dominait sa vie : Le sens spirituel. Pas avec la mièvrerie rattachée aux religions, ni avec rien de ce que la plupart des spiritualistes associent généralement à ce terme. Pour Bev, il s’agissait de la lumière que projetait la conscience sur tout ce qu’elle rencontrait sur sa route. Pour cette raison, je puis dire que malgré mon chagrin, et même à l’intérieur de mon chagrin, la joie remplit mon âme pour tout l’amour qu’elle m’a donné et qu’elle continue de me donner encore. Rien de toute la tristesse que m’a causée sa mort n’est un prix trop élevé à payer pour tout l’amour que nous avons partagé.
Le choix fait par elle-même de l’hymne à chanter lors de la dispersion de ses cendres correspond à ce que nous nous sommes souvent dit : Elle était pour moi un pont et j’en étais un pour elle. C’est l’épitomé de notre vie commune.
Ce partage commença par une cérémonie devant un pasteur de Seattle, le 20 juin 1946. Notre lune de miel eut lieu dans une station de guet anti-incendie au sommet de la butte Kelly, dans le Parc Forestier National de Snoqualmie. Nous vivions dans un peu plus d’un mètre carré surmonté d’une coupole qui en faisait à peine la moitié, et presque tout l’espace était occupé par l’instrument qui servait à localiser toute fumée suspecte.
Dans cette tour exiguë, avec un Victrola à ressort et deux machines à écrire portatives qui occupaient une place considérable sur l’unique table, nous avons parfaitement établi la structure de notre vie commune à venir : le travail comme support à la musique, à l’écriture et aux autres joies que procure la vie.
L’une des meilleures choses que je puisse dire sur Bev est qu’il n’y a rien, dans notre vie commune, que j’aie envie d’oublier, pas même l’instant plein de grâce de sa mort. Elle m’a fait don de l’ultime présent de son amour, une fin paisible dont elle avait parlé sans peur ni larmes, soulageant ainsi mes propres peurs. Quel plus grand don y a-t-il que la démonstration qu’il n’est pas nécessaire de craindre la mort ?
La notice nécrologique formelle dirait ceci : Beverly Ann Stuart Forbes Herbert, née le 20 octobre 1926 à Seattle, Etat de Washington ; décédée à 17h05 le 7 février 1984 à Kamaloa, Maui (Hawaii). Je sais qu’elle n’aurait pas toléré plus de formalité que cela. Elle n’avait fait promettre qu’il n’y aurait pas d’obsèques conventionnelles « avec sermon fait par un pasteur et mon corps à l’étalage ». Elle disait aussi : « Je ne serai plus dans ce corps à ce moment là mais il mérite plus de dignité qu’un tel étalage ne peut en fournir. »
Elle insistait pour que je ne fasse rien de plus que demander son incinération et disperser ces cendres au-dessus de son Kamaloa qu’elle aimait tant, « où j’ai connu tant de paix et d’amour ». La seule cérémonie eut lieu en présence d’amis et de proches venus assister à la dispersion de ses cendres pendant que l’on chantait : « A Bridge Over Troubled Waters ».
Elle savait qu’il y aurait alors des larmes, comme il y en a au moment où ces lignes sont écrites ; mais durant ses derniers jours, elle parlait souvent des larmes comme quelque chose de futile. Elle les voyait comme faisant partie de nos origines animales. Le chien hurle quand il a perdu son maître.
Un autre aspect de la conscience humaine dominait sa vie : Le sens spirituel. Pas avec la mièvrerie rattachée aux religions, ni avec rien de ce que la plupart des spiritualistes associent généralement à ce terme. Pour Bev, il s’agissait de la lumière que projetait la conscience sur tout ce qu’elle rencontrait sur sa route. Pour cette raison, je puis dire que malgré mon chagrin, et même à l’intérieur de mon chagrin, la joie remplit mon âme pour tout l’amour qu’elle m’a donné et qu’elle continue de me donner encore. Rien de toute la tristesse que m’a causée sa mort n’est un prix trop élevé à payer pour tout l’amour que nous avons partagé.
Le choix fait par elle-même de l’hymne à chanter lors de la dispersion de ses cendres correspond à ce que nous nous sommes souvent dit : Elle était pour moi un pont et j’en étais un pour elle. C’est l’épitomé de notre vie commune.
Ce partage commença par une cérémonie devant un pasteur de Seattle, le 20 juin 1946. Notre lune de miel eut lieu dans une station de guet anti-incendie au sommet de la butte Kelly, dans le Parc Forestier National de Snoqualmie. Nous vivions dans un peu plus d’un mètre carré surmonté d’une coupole qui en faisait à peine la moitié, et presque tout l’espace était occupé par l’instrument qui servait à localiser toute fumée suspecte.
Dans cette tour exiguë, avec un Victrola à ressort et deux machines à écrire portatives qui occupaient une place considérable sur l’unique table, nous avons parfaitement établi la structure de notre vie commune à venir : le travail comme support à la musique, à l’écriture et aux autres joies que procure la vie.
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