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MAROC:L’aéronautique, l’exemple d’une réussite à l’export

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  • MAROC:L’aéronautique, l’exemple d’une réussite à l’export

    La Nouvelle Tribune :
    Le Maroc souffre d’une balance commerciale déficitaire, pourtant votre secteur d’activité, l’aéronautique, affiche des exportations en très forte hausse. Pouvez-vous nous expliquez-vous cette dynamique ? Et quel est le poids des exportations du secteur comparativement aux exportations industrielles totales ? Quels autres secteurs de l’économie marocaine sont aussi dans cette dynamique?

    M. Hamid Benbrahim Andaloussi:

    En 10 ans, le Secteur Aéronautique et Spatial marocain a connu l’implantation de plus de 100 entreprises avec 10 000 employés hautement qualifiés pour un montant d’un milliard de dollars à l’export, et une croissance annuelle moyenne de l’ordre de 15 % et 25 % depuis le début de cette année. Cela représente autour de 4 % des exportations globales et 25 % des exportations industrielles. C’est modeste au niveau des volumes, mais c’est important pour notre pays d’être présent et reconnu comme acteur dans la chaîne de conception et production d’une industrie reconnue comme la quintessence de la Technologie.
    Plusieurs facteurs expliquent cette croissance. D’abord la conjoncture mondiale de l’industrie aéronautique, qui contraste avec la situation générale de l’Economie mondiale et connait une croissance soutenue qui perdurera sur au moins les 15 prochaines années. Elle est tirée par la demande des pays émergents des zones Asie-Pacifique, Amérique Latine et le Golfe d’environ 8 % par an, et les besoins de renouvellement des flottes obsolètes dans les pays occidentaux. Globalement, le transport aérien connaîtra une croissance moyenne de 5 % sur les 20 années à venir, soit 30 000 avions supplémentaires à construire pour 8, 8 Milliards US $.
    Une fenêtre d’opportunités sans précédent s’ouvre aux pays capables d’offrir les capacités de production nécessaires pour supporter cette croissance dans les meilleures conditions de compétitivité. Il s’agit donc d’une dynamique très favorable et porteuse pour le Maroc. Il s’avère que le choix des métiers mondiaux fait par le Maroc dans le cadre du partenariat public-privé, à savoir l’automobile, l’électronique, et l’offshoring, s’avère judicieux et contribue positivement à l’effort d’équilibre de la balance commerciale dans le contexte de crise actuelle.
    Concrètement, quels sont les avantages comparatifs qu’offre le Maroc aux entreprises qui s’installent au Maroc, comme c’est le cas pour Safran ?
    Les avantages comparatifs tiennent à sa compétitivité dans un secteur à haute valeur ajoutée. C’est d’abord la proximité géographique du Maroc qui se trouve aux portes d’un des deux plus grands hubs de l’industrie aéronautique mondiale, l’Europe. Il s’est positionné sur ce secteur à un moment où l’Europe de l’Est et l’Irlande, intégrant l’Europe communautaire, ont vu leur compétitivité baisser. C’est là notre véritable marché concurrent. Dans l’industrie aéronautique, le Maroc est désormais pour l’Europe ce que le Mexique est pour les Etats-Unis, en termes de conditions compétitives pour l’accès au marché, il peut l’être aussi dans le domaine de l’ingénierie et la Recherche Technologique, de l’intelligence, et pas seulement dans les activités de la production ; nous avons la capacité et les moyens humains pour éduquer et former en conséquence, et donc, avoir une ambition dans ce domaine où il y a de grands besoins en Europe.
    Les conditions de compétitivité idéale qu’offre le Maroc : c’est d’abord la qualité de sa base aéronautique actuelle, de véritables centres d’excellence avec des leaders mondiaux de premier plan qui ont fait confiance au Maroc : Boeing, Safran ( 7 Sociétés ), EADS, Bombardier …mais aussi des Sociétés reconnues dans le monde : Mecachrome, LISI, Piston français , …d’autres leaders mondiaux dans le domaine transversal de l’électrique et le management de la puissance comme EATON qui annonce sa décision de faire du Maroc un hub régional.
    La qualité de notre base, sa diversité et l’importance des opérateurs déjà présents, la crédibilisent. La meilleure publicité pour le Maroc aéronautique est la satisfaction des opérateurs déjà présents et leur compétitivité. Aussi, le GIMAS accorde une grande importance et beaucoup de temps à la facilitation pour ses membres, et forme avec l’Etat une « Equipe Maroc » unique, dotée d’une stratégie concertée et partagée dans la promotion de ce secteur et l’accompagnement dans son développement, notamment dans le cadre du Pacte National pour l’Emergence Industrielle qui permet aux industriels de bénéficier des subventions à l’investissement et au coût de formation des ingénieurs et opérateurs.
    Ensuite, la qualité des ressources, renforcée avec la formation des opérateurs sur les différents métiers de l’industrie aéronautique au sein de l’IMA – l’Institut des Métiers de l’Aéronautique ; et la qualité de la nouvelle offre Maroc avec la nouvelle Plateforme-Industrielle Intégrée Offshore de Nouasser Midparc – capable d’accueillir plus de 200 unités de productions et où le 3ème constructeur mondial, Bombardier, a choisi de s’implanter.
    Que faut-il faire selon vous pour développer plus le secteur à l’export au Maroc ?
    Il faut développer davantage les activités à forte valeur ajoutée et les métiers connexes à l’industrie aéronautique tels que la sécurité et le spatial, et se positionner sur les savoir-faire qui feront l’avion de demain qui sont le composite, l’avion tout électrique, et l’électronique embarquée. Concernant les conditions de compétitivité, il nous faut doubler d’effort pour améliorer encore plus le climat des affaires, le rendre plus compatible avec les exigences du secteur en terme de qualité, de rapidité, avec des procédures administratives plus fluides et plus en phase avec les exigences de célérité de ce secteur ; à noter tout de même l’accompagnement exemplaire de l’Administration qui réagit lorsqu’il s’agit des sociétés aéronautiques.

    Peut-on parler d’une réussite de co-localisation, pour le groupe Safran ? Pouvez-vous nous préciser en quoi ?
    Le secteur aéronautique est l’exemple réussi par excellence de la co-localisation. Il permet à un pays comme la France d’être encore plus compétitif sur ce secteur, en produisant une partie de ses systèmes au Maroc. Le concept de co-localisation est à la base de l’expérience réussie d’entreprises telles le Groupe Safran qui ont compris très vite qu’une croissance en phase avec les exigences de développement rapide de l’industrie, dans un contexte international global donc excessivement concurrentiel mettant la pression sur les coûts, ne peut se faire qu’à travers le déploiement de nouvelles capacités dans un pays offrant de meilleures conditions de compétitivité. Par opposition à la délocalisation qui détruit du travail au Nord, ferme des installations de faible valeur et les implante au Sud, ici on est dans une autre logique, un autre paradigme industriel, où on profite de la croissance d’un secteur pour développer de véritables centres d’excellence qui améliorent la compétitivité globale de l’entreprise mère et participe à sa croissance internationale.
    Au-delà de l’évolution positive des exportations du secteur aéronautique, est-ce que le Royaume bénéficie d’un transfert de technologie dans ce domaine, et de formation technique de vos employés?
    Le secteur aéronautique est par essence hautement technologique et nécessite une certaine rigueur et traçabilité compte tenu des exigences de sécurité de cette industrie. Dans la première phase de développement de ces 10 dernières années, le Maroc a su s’inscrire dans la carte mondiale de la construction aéronautique avec une base industrielle crédibilisée par la présence de groupes de référence tels que EADS, Safran, Zodiac Aerospace, UTC et plus récemment Bombardier, ainsi que nombre de PME qui constituent l’essentiel du tissu aéronautique. Nous avons pu asseoir une supply chain diversifiée, il s’agit demain de la consolider et la rendre encore plus compétitive en se positionnant sur de nouveaux marchés : le Royaume Uni, les USA, l’Allemagne, le Japon , et sur les métiers à plus haute valeur ajoutée. La compétitivité du Maroc se joue aussi sur sa capacité à déployer les ressources qualifiées, ce qui fait défaut aujourd’hui dans les pays industrialisés.
    Avec l’IMA, qui double sa capacité pour accompagner les besoins du secteur, nous avons pu répondre aux besoins des entreprises en opérateurs qualifiés, des partenariats sont en cours pour adapter les formations des ingénieurs. Ce sont les ressources d’aujourd’hui qui feront les entrepreneurs de demain. Donc oui, nous bénéficions du transfert de technologie dans ce domaine.
    Quelles sont les perspectives de développement du secteur aéronautique marocain en général, et de Safran au Maroc en particulier, dans le moyen et le long terme ?
    L’ambition pour le Maroc est de doubler la taille du secteur à l’horizon 2020. Il faut savoir que dans l’aéronautique les cycles sont longs, et 2020 pour nous c’est demain, il faut le préparer. Il s’agit donc d’aller vite et bien, en déployant tous les efforts qui nous permettraient de profiter de cette fenêtre d’opportunité unique pour accélérer la cadence des investissements et monter en valeur ajoutée.
    Le secteur aéronautique est au cœur de la modernité de notre pays et de sa marche vers le progrès, il est intégré dans la mondialisation, il projette notre jeunesse dans le futur, il permet d’accéder à la technologie et à l’industrie du savoir, conditions incontournables pour une réelle émergence d’un pays.
    lnt
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