Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Dans les favelas d’Alger (II et fin) Haï Erramli (Semmar) : gourbis, trains et marécages

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Dans les favelas d’Alger (II et fin) Haï Erramli (Semmar) : gourbis, trains et marécages

    Des taxis clandestins qui font le guet devant une palissade en béton longeant la route Semmar-El Harrach.

    Une brèche dans la palissade. Des femmes et des hommes qui se faufilent à travers la brèche. Des rails. Des trains qui passent. Quelques-uns électriques. Derrière la palissade, des gourbis à perte de vue. Par centaines, voire par milliers. C’est le fameux Haï Erramli, le plus grand bidonville de Semmar, alias Gué de Constantine, sans doute le plus important de toute la capitale.
    C’est aussi l’un des plus anciens. Il remonte aux premières années de l’indépendance et compterait aujourd’hui quelque 5000 baraques, selon certaines estimations.

    Les usagers de la ligne de chemin de fer, qui dessert la banlieue ouest d’Alger, ne peuvent pas le rater. Le ghetto s’étend de Semmar à Baraki au sud et jusqu’aux abords d’El Harrach à l’est. Nous nous engouffrons dans la brèche et traversons les rails en veillant à ne pas nous faire surprendre par un train.
    Première image : des plantations de roseaux flottant dans des eaux bourbeuses. Des vaches qui broutent de l’herbe empoisonnée. Des hommes en haillons chargés de baluchons. Des chérubins qui jouent devant une montagne de détritus. Et une plaque imaginaire sur laquelle on peut lire : «Bienvenue en enfer !» Rencontre avec un homme qui passe son chemin, accompagné de sa fille d’une douzaine d’années. L’homme est perplexe, troublé par notre incursion. Gêne réciproque suivie d’un dialogue hachuré. «Wech, kech rahla ?» (des promesses de recasement en vue ?) risquons-nous, histoire d’engager la conversation. «Rien de concret pour le moment», bredouille-t-il. L’homme exhibe dans la foulée un bout de papier avec une liste de documents administratifs à produire pour les besoins d’un énième recensement. Sur ces entrefaites arrivent d’autres locataires du bidonville, des chômeurs en majorité. Ils sont de M’sila, de Bou Saâda, de Médéa, de Djelfa, de Chlef, de Aïn Defla, de Laghouat, d’un peu partout. Les 48 wilayas ont leurs représentants ici, nous dit-on. Dans le lot, beaucoup d’Algérois acculés par l’exiguïté à se trouver un quelconque gîte, fut-ce dans ce taudis géant.

    «10 chardonnerets dans une cage ?»

    Parmi eux, Mohamed Bellal, 33 ans, mais qui en paraît 40. Grand, brun, empâté, au regard sombre et au verbe caustique. Mohamed est natif de Hussein Dey. Il est portefaix comme une bonne partie des hommes fourbus de haï Erramli, qui louent leurs bras et leur dos voûté aux nombreux grossistes qui ont fait main basse sur Semmar. Mohamed est père de 4 enfants. Le tout dernier, prénommé Moad, venait à peine de naître quand nous avons rencontré notre hôte. Comme on peut l’imaginer, Mohamed n’est pas un père heureux. «Ce n’est pas un endroit pour élever ses enfants», peste-t-il. Une lapalissade.

    La favela semble pousser au milieu d’une décharge sauvage. Quand on s’enfonce dans ses entrailles, on est surpris par l’ampleur des eaux stagnantes qui rendent la vie encore plus infecte. Un affluent de l’oued El Harrach, mare verdâtre jonchée de plusieurs couches d’ordures, traverse les baraquements en plein milieu. Tous les égouts s’y déversent faute de réseau d’assainissement. A force d’être inondée de déchets, l’eau s’est caillée. Et l’oued de se transformer en un immense marécage, charriant toutes les maladies possibles et imaginables. Des dizaines de gourbis sont implantés sur ses berges. Un vrai danger public.

    Mohamed nous montre un gué de fortune aménagé avec des buses pour traverser l’oued. «Déjà en été, tu peux à peine l’enjamber. En hiver, c’est carrément impraticable. Quand l’oued est en crue, le bidonville est submergé par les eaux usées», déplore notre guide.

    Comment Mohamed s’est-il retrouvé ici ? Son récit résume la détresse de tous les parias relégués, comme lui, dans cette «déchetterie humaine». Des personnes profondément abîmées, larguées au bord de l’humanité. «Ce sont les aléas de la vie qui m’ont amené ici. Je suis un citoyen algérien normal. Quand j’ai été en âge de me marier, j’ai dû quitter le domicile familial. Je suis installé ici depuis bientôt 7 ans. Ma famille vit dans un petit appartement, à Dergana. Mais je suis originaire de Hussein Dey. J’ai construit cette baraque à cause de "eddiq". J’ai sept frères et sœurs. On végétait dans une cage. Comment veux-tu mettre 10 chardonnerets dans une cage ? C’est impossible. Tous les gens que tu vois ici, c’est l’étouffement et la malvie qui les ont ramenés. "Makache elli djabou el khir ellahna"», fulmine-t-il. Comme nous le disions, Mohamed gagne sa vie à la force de ses bras. Il travaille par intermittence. Un «SBF» donc. Un sans boulot fixe. «En ce moment, je suis employé chez un privé et tu connais le privé chez nous. C’est un importateur de produits alimentaires qu’il ramène d’Italie, de Turquie, d’un peu partout, et qu’il revend à des grossistes. Moi, je suis porteur. Je décharge la marchandise. Je gagne 22 000 DA et je suis obligé de faire d’autres boulots pour boucler mes fins de mois. Et malgré ça, je me retrouve endetté.»


    «Dans la même circonscription que Sidi Yahia»


    Mohamed s’indigne de se voir privé de ses droits les plus élémentaires de citoyen algérien : «Normalement, chaque Algérien a droit au logement, à la santé, à l’éducation et au travail. Mais ces droits ne sont pas respectés ici.» Bien sûr, dans sa «pyramide de Maslow», notre ami place le logement en tête de sa hiérarchie des priorités. «J’ai fait un dossier et j’attends. Dernièrement, les autorités ont fait un autre recensement. Moi, je n’ai pas été recensé. On nous dit il y a les avant et les après-2006 (2007 en réalité, ndlr). Ce n’est pas juste. Tous ceux qui sont ici sont des Algériens. Nous avons les mêmes droits dans ce pays.» De fait, sur instruction ministérielle, seuls les locataires des bidonvilles recensés avant 2007 ont droit à un logement. Une manière de lutter contre la prolifération des constructions illicites. Il faut dire qu’Alger a battu un record dans ce chapitre, avec plus de 40 000 baraques recensées ces dernières années, soit 10% de l’ensemble du parc «bidonvillesque» national.

    La commune de Gué de Constantine abrite, à elle seule, plus de 10 000 baraques réparties sur quelque 19 sites. Mohamed en est persuadé : «Ici, vous êtes dans le plus grand bidonville du pays. Il y a au moins 5000 familles. Si vous comptez 4 à 5 personnes par famille, vous avez une population de plus de 20 000 habitants. Dans le Sud, ça correspond à la taille d’une wilaya.» Et d’ajouter : «Il n’y a pas que ce bidonville. Il doit y avoir une population de 40 000 âmes à Semmar, qui vivote dans des conditions précaires. Ce sont eux que tu trouves dans les cafés, à la mosquée, au marché.» Mohamed estime que la commune de Gué de Constantine «mahgoura bezzaf» (très négligée). «On ne sait même plus où la mettre. Un coup, elle est affiliée à la daïra de Baraki, un coup à Kouba, et maintenant, elle est rattachée à Bir Mourad Raïs, au même titre que (le quartier chic de) Sidi Yahia, alors que ce sont deux mondes diamétralement opposés...»
    Mohamed espère que le projet du grand viaduc, qui reliera le port d’Alger à l’autoroute Est-Ouest à hauteur de Oued El Kerma en passant par Oued Ouchayeh va débloquer les choses. «J’espère qu’ils vont nous évacuer définitivement et éradiquer ce bidonville à jamais. Nous, les hommes, on peut tout supporter. Ce qui me chagrine, c’est la situation des femmes et des enfants. On ne veut pas que nos enfants finissent leur vie ici !»

    «Tu prêtes au FMI et tu oublies ton peuple !»

    Mohamed plaide pour une opération de relogement équitable «qui profite aux vrais nécessiteux». «Il y a des gens qui ont été recensés alors qu’on ne les a jamais vus», soutient-il. Notre interlocuteur prévient aussi contre ceux qui versent dans le «business des baraques» et qui se conduisent en parasites sans scrupules aux dépens des vrais cas sociaux. Mohamed attend une action urgente de la part des pouvoirs publics avant que la situation ne dégénère. «Les gens prennent leur mal en patience, mais jusqu’à quand ? Apparemment, on n’a pas tous les mêmes droits dans ce pays. On n’est pas tous des Algériens. Inchallah ça ne va pas exploser. Ce peuple a prouvé qu’il est responsable. Voilà quatre mois qu’on est sans président et le pays continue à fonctionner. Quand on voit la situation dans les pays arabes, on se dit il y a pire que nous. Mais il ne faut pas abuser. Il faut que nos dirigeants soient à l’écoute du peuple. Que le ministre de l’Habitat se mette à la place des parents de ce gosse qui est tombé dans l’oued. Ou untel, écrasé par un train. Ou untel qui est asthmatique à cause de l’air pollué qu’on respire. Qu’il imagine son épouse à la place de la femme qui se lève et se retrouve avec un rat ou un serpent sous son lit.» Pour finir, Mohamed ne manque pas d’envoyer des piques à ceux qui gèrent nos deniers : «Quand tu vois à la télé que notre Etat prête de l’argent au FMI, ça signifie qu’on est bien. Or, ce n’est pas vrai. L’Etat est riche mais le peuple est pauvre. Tu prêtes au FMI et ton peuple moisit dans des trous à rats ! Ce n’est pas juste.»

  • #2

    Un employé du Centre de recherche nucléaire parmi les occupants du ghetto
    :

    Quand nous l’interrogeons sur son travail, il nous fait simplement : «En face d’El Aurassi.» Allusion au Centre de recherche nucléaire d’Alger (CRNA), «une entité opérationnelle d’études et de recherche chargée de la réalisation des programmes de développement dans le domaine de l’énergie et des techniques nucléaires, créé par le décret présidentiel n°99-86 du 15 avril 1999» peut-on lire sur une fiche de présentation du Centre.

    Au début circonspect, Kamel Abdelkader – c’est son nom – finit par nous confier : « Je suis employé au CRNA depuis 2009. Je m’occupe du dispatching des produits utilisés dans le traitement contre le cancer. »
    Kamel a 48 ans et il est père de deux enfants. Il est installé dans le bidonville depuis sept ans, précise-t-il. «Je suis originaire de Diar Echems», poursuit-il. «On était entassés à 11 dans un F2. Je me suis marié à l’âge de 42 ans. Au début, je louais à Cherarba.

    Mais la location n’est pas une solution. C’est jeter son argent par les fenêtres. Alors je me suis résigné à m’installer ici. Ma famille, elle, a quitté Diar Echems et a été relogée à Seballa. Moi j’attends toujours. Ma fonction ne m’a malheureusement pas permis de bénéficier d’un logement. Vous savez comment ça se passe dans ce pays…»


    Des «zawaliya» au secours des réfugiés syriens :


    Des habitants du bidonville nous ont affirmé que des «réfugiés» syriens viennent assez régulièrement leur demander assistance. «Nous les aidons du mieux que nous pouvons. Nous leur donnons de la nourriture et de l’argent. Nous les invitions à partager notre repas durant le Ramadhan. L’an dernier aussi, ils venaient chercher de l’aide», indique un résident de haï Erramli, avant de faire remarquer : «Ce sont les zawaliya qui ont le plus fait pour nos frères syriens.

    Il n’y a qu’un zawali pour comprendre la peine d’un homme qui souffre.» Selon un autre pensionnaire du ghetto, cette assistance ne serait pas du goût des services de sécurité qui surveillent de près le site et qui craindraient qu’une «colonie syrienne» prenne ses quartiers dans le bidonville. Outre les Syriens qui passent de temps en temps, haï Erramli compte une petite communauté de ressortissants tunisiens, assure-t-on, «mais ceux-là sont installés ici depuis très longtemps», précisent nos interlocuteurs.


    «Arrêtez de nous stigmatiser !» :

    Celui qui vient ici pour la première fois, faut-il l’avouer, ne peut s’empêcher de nourrir quelque appréhension, surtout si, avant de se risquer sur ce territoire marginal, il a pris le soin de lire certains papiers où il n’est question que de «chaâwadha» (sorcellerie), «guezanate», «gitans», «chapardeurs », «réseaux de mendicité» et autres… «sanctuaire de la drogue».

    Pourtant, à peine avez-vous franchi les rails qui séparent le ghetto de la ville que toute crainte se dissipe. Vous réalisez aussitôt que les habitants de ces zones de non-vie ne sont pas des flibustiers urbains surgis d’une cour des miracles ni des pirates des «kharaïbe», mais juste des Algériens trahis par le sort. Au demeurant, ce chapelet de tares prêtées au peuple du ghetto ne sont que les effets logiques de l’insoutenable condition qui est la sienne. Le vice n’est, en aucune manière, consubstantiel de leur caractère.

    Au vu de cette mauvaise réputation qui leur colle à la peau, on comprend les suppliques de Mohamed et ses camarades de galère quand ils nous lancent : «De grâce, ne parlez pas en mal de nous. Des journalistes d’Echourouk sont venus, ont pris des photos, ont été témoins de notre misère et, à la fin, ils ont raconté autre chose, comme quoi haï Erramli est un empire de la drogue et un repaire pour les voleurs et les charlatans. Gardez à l’esprit que malgré le fait que les gens d’ici sont des zawaliya, ce sont des gens de bonne famille, des gens dignes. Il y a des personnes cultivées parmi nous, il y a des diplômés, des policiers, il y a des gens pieux, il y a de toutes les espèces ici. Depuis que vous avez pénétré dans ces lieux, est-ce que quelqu’un vous a agressé ou manqué de respect ?» Nous devons à la vérité de reconnaître que nos hôtes ont été pleins de sollicitude à notre égard. Ils ont même insisté pour que l’on revienne partager le f’tour du Ramadhan avec eux. Gratitude et respect !

    SOS enfants en détresse :


    Lors de notre passage à haï Erramli, les habitants du bidonville étaient en émoi, et pour cause : un enfant de 6 ans s’était noyé, quelques jours auparavant, dans un bassin situé à quelques encablures du ghetto.

    Il voulait oublier la fournaise des baraques le temps d’une trempette et a laissé sa vie dans cette «guelta». C’est le troisième cas en sept mois. Fin décembre 2012, un autre enfant du ghetto avait été retrouvé dans le regard d’un égout. En mars dernier, un gamin de 3 ans qui enjambait l’oued qui traverse haï Erramli, en compagnie de sa mère, a glissé dans l’oued et est mort sur le champ.

    Outre le danger que représente le marécage qui cerne la favela, avec son lot de maladies et de risques de noyade, les enfants de haï Eramli sont exposés à un autre danger certain : la voie ferrée qui longe le bidonville. «Pour aller à l’école, nos enfants sont obligés de parcourir près de 2 km à pied, lestés de cartables qui pèsent plusieurs kilos. Il n’y a pas de transport scolaire. Et à chaque fois, ils doivent traverser les rails en frôlant la mort matin et soir sachant que les trains ont déjà fauché nombre d’habitants du quartier», déplore Mohamed Bellal, père de quatre enfants.

    Cette situation a poussé un des «locataires» du bidonville, Bouta Hadj Mokhtar, à retirer carrément ses trois enfants de l’école, et il n’est pas le seul à avoir pris une telle mesure. «N’khaf alihoum mel machina» (j’ai peur qu’ils soient fauchés par le train), nous explique-t-il, avant de lâcher : «S’ils doivent mourir, Allah la qraw !» Il précise toutefois qu’il les a envoyés chez leur grand-père, à Aïn Oussera, pour étudier. «Je ne veux pas gâcher leur avenir et en faire des analphabètes. Les études, c’est tout ce qu’on a pour se tirer de cette misère.»

    Il faut dire, par ailleurs, que Hadj Mokhtar éprouve toutes les peines du monde à subvenir aux besoins de sa progéniture. «Je suis sans travail. Je ramasse des objets de récupération, aluminium, cuivre, plastique, pour les revendre aux entreprises de recyclage de la région. C’est ma seule source de revenus», confie-t-il. Mais le danger absolu qui guette les enfants de haï Erramli est sans aucun doute le bidonville lui-même.

    La déperdition scolaire y a atteint des proportions alarmantes. «Ici, les enfants deviennent des vagabonds. Dès qu’il grandit un peu, le petit "yebda inavigui". Depuis son jeune âge, il ne voit que la violence. Comment veux-tu qu’il ne devienne pas violent ? Si nos gamins voyaient de belles choses, ils se conduiraient différemment», lâche Mourad, père de deux enfants, avant d’asséner : «Edoula samha fi oulad’ha !» (l’Etat a abandonné ses enfants)...
    [

    Commentaire


    • #3

      «Kabtek ou wilaytek» : entre précarité et racisme ordinaire


      Ounssouria» (racisme). Ce mot est revenu plus d’une fois dans la bouche des occupants du bidonville de haï Erramli que nous avons rencontrés. Ils se disent victimes d’une discrimination caractérisée. «Nos enfants sont victimes de racisme à l’école. A la cité Hayat, nos enfants se sont vu dire : "Vous êtes les enfants de l’oued, nous, on est des élèves d’El Hayat. On ne peut pas être dans la même classe"», témoigne un pensionnaire du ghetto.


      Mohamed Bellal, un autre locataire du bidonville, appuie : «Les enfants issus des vieilles familles de Gué de Constantine, celles des cités, étudient à part, les nôtres sont scolarisés à part. Ils ne se mélangent pas.» Ce qui fait dire à un autre Mohamed, originaire de la région de Bou Saâda : «Le fils du riche ne sera jamais mélangé au fils du zawali, c’est comme ça. Ils leur font toujours rappeler : "Toi tu es de Djelfa, toi de Laghouat..." Chacun a désormais son drapeau dans ce pays.»

      Les habitants du bidonville, comme ceux des autres sites fawdhawi, sont souvent toisés, avec, dans la bouche, cette sentence dégradante : «Kabtek ou wilaytek !» Entendre : «Prends ton cabas et retourne à ta wilaya d’origine.»

      Une expression qui a fait florès à Alger et qui exprime un certain «racisme» algérois qui voit dans tout «nouveau débarqué» issu d’une autre wilaya qui a le toupet de quitter sa «province» natale pour tenter sa chance dans la capitale, un intrus, un cavi, un chabrag qui ose profaner la «citadelle» et sa noblesse citadine. A Haï Erramli, il est beaucoup question de cela. Une souffrance diffuse qui accentue le sentiment d’exclusion. Pourtant, force est de reconnaître que les Algérois du site – et ils sont légion – font preuve d’une belle solidarité envers leurs concitoyens de l’arrière-pays.

      Mohamed Bellal, natif de Hussein Dey, s’emporte : «Nous sommes tous des Algériens. Nous avons tous les mêmes droits. Personne n’est venu ici de gaieté de cœur. Tous ceux que tu vois ici, c’est la misère qui les a amenés. Qu’ils soient d’Alger ou des autres wilayas, ils partagent tous la même galère.» Et de renchérir : «C’est scandaleux de dire, pourquoi ils viennent des autres wilayas ? Si tu lui assures le travail, le logement, la santé, l’école, une vie digne, que viendrait-il faire ici ? Celui qui vient de Bou Saâda, de M’sila ou de Oued Souf, c’est la misère qui l’a ramené. Moi je suis un fils d’Alger et je suis dans le même panier qu’eux. Nous sommes tous des zawaliya.»

      Il faut noter aussi qu’une bonne partie des familles, ayant élu domicile à haï Erramli et dans les bidonvilles voisins, ont été contraintes de quitter leur région d’origine pour fuir le terrorisme, ce que confirme ce citoyen : «Celui qui est venu ici, yahlilou. Beaucoup ont fui le terrorisme et sont venus se réfugier ici après avoir souffert le martyre.»

      Et d’ajouter : «D’autres ont fui l’exiguïté, d’autres le chômage. Ici, vous avez de tout : il y a des mendiants, il y a des veuves qui n’ont pas de soutien pour subvenir à leurs besoin. "Kayen elli m’ranka allih khlass", qui n’ont même pas de quoi se payer une baguette de pain. Certains ne mangent que s’ils portent de lourds fardeaux sur leurs épaules.»

      Mohamed le Boussaâdi enchaîne : «Nous souffrons tous de la même manière.


      La chaleur est insoutenable sous la tôle. Nous galérons pour avoir de l’eau potable. Nous n’avons pas d’éclairage public, pas de route, pas de dispensaire, pas d’école. Nous sommes livrés aux rats et à l’insalubrité. Pourtant, nous sommes tous des Algériens. Nous voulons juste vivre, comme tout le monde.» Mohamed est originaire de Sidi Ameur, près de Bou Saâda.

      Ce quadragénaire, père de 4 enfants «et d’un cinquième en route» est établi ici depuis une dizaine d’années. Il raconte : «J’ai servi pendant sept ans dans un groupe d’autodéfense pour combattre le terrorisme. A la fin, "khardjouni sahra". Je me suis retrouvé sur la paille. On nous a oubliés. On n’a eu aucune indemnité de service, rien, pas la moindre considération pour nos sacrifices.

      J’étais rongé par la misère, je n’avais pas de travail, alors je suis venu ici. Maintenant, je travaille chez Netcom.» «On attend désespérément d’être relogés. Mais on ne voit rien venir. Ils disent qu’ils ont peur que ça tourne à l’émeute comme si nous étions des sauvages. Si ça continue comme ça, la population va doubler, et ça va devenir une "baladiya fawdhawiya" (une commune bidonville). Une commune clandestine, sans maire.»


      Mustapha Benfodil- El Watan

      Commentaire


      • #4
        Mais que fais l'état! Il n'a aucune honte à pavoiser à l'étranger pendant que les enfants d'Algérie galèrent et vivent la misère. J'aurais honte à la place des gens du gouvernement de montrer ma face au monde! Tfouu!

        Commentaire


        • #5
          Bonjour tout le monde!

          Mais la location n’est pas une solution. C’est jeter son argent par les fenêtres. Alors je me suis résigné à m’installer ici. Ma famille, elle, a quitté Diar Echems et a été relogée à Seballa. Moi j’attends toujours. Ma fonction ne m’a malheureusement pas permis de bénéficier d’un logement. Vous savez comment ça se passe dans ce pays…»
          Le tableau d'honneur!
          Il ne veut pas dépenser son argent, attend d’être relogé (malgré qu'il figurait dans une seul liste avec sa famille!!) et enfin espère que sa boite l'aide a prendre un logement malgré qu'il y travail que depuis 5 ans!!
          Wallah chikour hada



          «Prends ton cabas et retourne à ta wilaya d’origine.»
          Tout à fait d'accord!
          C'est un cercle vicieux.Dès qu'une famille reçoit un logement, c'est le cousin (ou l'oncle etc) qui remballe et squatte la baraque!!


          Il faut noter aussi qu’une bonne partie des familles, ayant élu domicile à haï Erramli et dans les bidonvilles voisins, ont été contraintes de quitter leur région d’origine pour fuir le terrorisme, ce que confirme ce citoyen : «Celui qui est venu ici, yahlilou. Beaucoup ont fui le terrorisme et sont venus se réfugier ici après avoir souffert le martyre.»
          Je compatis,mais que sont devenus leurs biens?
          Tous ces "bidonvillois" ont des biens dans leurs wilayas respectives,barkana men tmaskhir...
          La preuve au moment des fêtes Alger se vide...

          Cet article va au contre-sens du problème en le survolant et tire des conclusions erronées sur la base de "témoignages" à vérifiés.C'est de l'a peu près.Un bâclage journalistique dont n'arrete pas d'en faire preuve el watan qui n'a pas compris depuis un bon bout de temps d'ailleurs que Echaab khlas krah l'incompétence tous azimut...fhem al fahem...


          A+
          La pire chose pour l'Homme, serait qu'il meurt idiot.
          De grâce épargnez-moi la prolixe, la syntaxe et la chiffrerie à tout va
          .
          Merci.
          " TOUCHE PAS A MA NAPPE ALBIENNE "

          Commentaire


          • #6
            Le pire à comprendre c'est qu'il y a des jeunes de ces favelas qui crient sans honte : "tahya bouteflika", l'homme de khellil et d'autres
            C'est pas Bouteflika,qui va changer la planete,c'est la corruption de la majorite des algeriens qui font du trabendo.

            Tout le monde fait du trafique,donc faut pas croire a la solution divine.

            La moitie des habitants d'Alger viennent d'ailleurs,durant les annees du terrorisme,cela se comprennait,mais maintenant il n'y a plus de raison pour qu'ils vivent entasses dans des bidonvilles,ce sont actions voulus et premeditee par les gens meme qui vivent dans la misere.

            Commentaire


            • #7
              Mais que fais l'état! Il n'a aucune honte à pavoiser à l'étranger pendant que les enfants d'Algérie galèrent et vivent la misère. J'aurais honte à la place des gens du gouvernement de montrer ma face au monde! Tfouu!
              L'Etat ne peut pas mettre un flic derriere chaque algerien,c'est a nous de changer les choses,si on attend que cela vienne d'Alger alors on peut attendre indefiniment.

              Notre responsabilite est plus grande que celle de l'Etat,rien qu'a voir comment les gens du peuple se traitent mutuellement au quotidien,pas besoin de l'oppression de l'Etat.

              Commentaire


              • #8
                Je compatis,mais que sont devenus leurs biens?
                Tous ces "bidonvillois" ont des biens dans leurs wilayas respectives,barkana men tmaskhir...
                La preuve au moment des fêtes Alger se vide...

                Cet article va au contre-sens du problème en le survolant et tire des conclusions erronées sur la base de "témoignages" à vérifiés.C'est de l'a peu près.Un bâclage journalistique dont n'arrete pas d'en faire preuve el watan qui n'a pas compris depuis un bon bout de temps d'ailleurs que Echaab khlas krah l'incompétence tous azimut...fhem al fahem...
                Parfait constat,je pense exactement la meme chose,il faut arreter de chialer et passer a l'action,ce n'est pas a l'Etat de nettoyer ta maison,ni de te trouver du travail,ni de decider pour toi si tu dois vivre dans un bidonville a Alger pour te debrouiller un logement et le revendre le lendemain et retourner a ton village ou ville d'origine.

                L'escroquerie est devenu un sport national quand l'Etat nous offre un logement gratuit,on remercie le ciel,quand on arrive pas,on insulte dieu,c'est la betise humaine "in progress" comme on dit.

                Commentaire

                Chargement...
                X