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Syrie : une intervention peut-elle enflammer la région ?

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  • Syrie : une intervention peut-elle enflammer la région ?

    Par Armin Arefi 30/08/2013

    Les alliés de Bachar el-Assad promettent à l'Occident et à Israël les pires représailles en cas de riposte en Syrie. Pure rhétorique ou réel danger ?

    La Syrie sera le "cimetière des envahisseurs", jure Damas. Toute opération militaire contre la Syrie mènera Israël "au bord des flammes", prévient l'Iran.

    Une intervention occidentale aura des conséquences "catastrophiques", avertit Moscou. La guerre des mots a déjà débuté depuis l'annonce, en début de semaine, de possibles frappes contre la Syrie.

    La tension est même montée d'un cran jeudi lorsque la Russie a décidé de dépêcher deux bâtiments - un bateau de lutte anti-sous-marine et un bateau lance-missiles - pour renforcer sa flottille permanente en Méditerranée. Un message face aux cinq destroyers américains envoyés sur place.

    "Nous assistons actuellement à une partie de poker-menteur où chacun montre ses muscles avant d'entamer le bras de fer", explique au Point.fr le général Vincent Desportes, professeur à HEC et Sciences Po et ancien directeur de l'École de guerre.

    Contrairement à la Syrie et à l'Iran, les Russes n'ont jamais menacé l'Occident de représailles militaires. C'est que le bourbier de la guerre soviétique en Afghanistan (1979-1989) a laissé des traces à Moscou.

    "El-Assad ne pourra rester inactif" (général Desportes)


    "Les élites russes ne songent pas un instant à s'installer militairement en nombre dans la région, d'autant plus qu'elles seraient des cibles idéales pour les rebelles syriens", souligne François Heisbourg, président de l'Institut international des études stratégiques (IISS).

    Toutefois, Moscou pourrait prétexter l'intervention hors mandat de l'ONU pour augmenter ses livraisons d'armes sophistiquées à Damas, notamment les puissants missiles sol-air S-300.

    Pour sa part, le président syrien a d'ores et déjà affirmé que son pays se défendrait "contre toute agression". "El-Assad ne pourra se permettre de rester inactif, il en va de sa crédibilité face à son peuple", estime le général Desportes.

    Mais embourbée dans une guerre civile depuis plus de deux ans, l'armée syrienne a-t-elle seulement les moyens de ses ambitions ? "Tout comme l'ex-armée irakienne, l'armée syrienne (400 000 hommes, NDLR) est une force de masse de type soviétique, avec beaucoup de matériel qui souffre d'un manque d'entretien", note François Heisbourg.

    Les Français au Liban ciblés ?

    Constatant son retard sur son ennemi historique Israël en terme d'armes conventionnelles, la Syrie a investi au cours des vingt dernières années dans la défense aérienne pour contrer les frappes de Tsahal.

    "Clairement, ces systèmes sont amplement capables de nuire", indique Jean-Loup Samaan, maître de conférences au département Moyen-Orient du Collège de défense de l'Otan.

    Damas en a apporté la preuve le 22 juin 2012, lorsque sa DCA (Défense antiaérienne) a abattu un avion de chasse turc qui s'était aventuré à l'intérieur de son espace aérien.

    "Si l'armée syrienne ne peut faire jeu égal avec les forces modernes françaises ou britanniques, elle garde des capacités de défense asymétriques avec ses missiles balistiques et de croisière", souligne Jean-Loup Samaan, pour qui le risque d'un enlisement est beaucoup plus important qu'en Libye.

    Menaces iraniennes

    Reste l'épineuse question iranienne. Principal allié de Damas, l'Iran a déjà menacé Washington de "dures conséquences" s'il franchissait la "ligne rouge" en Syrie, pièce essentielle de l'axe chiite Téhéran-Bagdad-Damas-Beyrouth.

    Voilà pourquoi la République islamique fournit allègrement le régime syrien en argent et en armes depuis deux ans. Téhéran a même envoyé en Syrie de nombreux conseillers militaires chargés de superviser la répression de l'opposition.

    Inutile de dire que la destruction par l'Occident de sites stratégiques syriens tels que les aéroports risque de compromettre les futures livraisons iraniennes.

    "Si la chute de Bachar el-Assad serait très préjudiciable politiquement pour l'Iran, la République islamique ne peut pas forcément faire plus qu'aujourd'hui, surtout que le nouveau président iranien, Hassan Rohani, est confronté à d'autres problèmes comme l'état de l'économie iranienne et le nucléaire", soutient François Heisbourg.

    "La survie du régime syrien n'est pas liée à celle du régime iranien", renchérit Jean-Loup Samaan. Ainsi, en dépit de ses menaces, la République islamique ne trouverait elle non plus aucun intérêt à riposter sur son meilleur ennemi, l'État hébreu. Bien au contraire.

    "Toute attaque iranienne donnera à Israël (qui souhaite bombarder les sites nucléaires iraniens, NDLR) la légitimité pour attaquer l'Iran", avertir Ely Karmon.

    La riposte promise par l'Occident ne risque donc pas de déboucher sur une crise régionale majeure, si elle se cantonne à ses objectifs affichés de lancer des frappes limitées visant à dissuader Bachar el-Assad de toute nouvelle attaque chimique. Mais le scénario d'une guerre n'est jamais écrit à l'avance.

    Israël pas inquiet

    Cela fait plusieurs jours que l'État hébreu se prépare à d'éventuelles répercussions à sa frontière nord en cas d'intervention étrangère en Syrie. Selon la radio militaire, l'armée est en train de déployer des batteries de son bouclier antimissiles Iron Dome, ainsi que des missiles Patriot.

    Les Israéliens se hâtaient de s'équiper en masques à gaz cette semaine, de longues files d'attente se formant au bureau de poste de Tel-Aviv, qui fait office de centre de distribution.

    Soulignant jeudi qu'Israël n'était pas impliquée dans les événements en Syrie, le président israélien Shimon Pérès a précisé qu'en cas de menace, l'État hébreu répliquerait "avec toute sa force".

    "L'établissement politique israélien dort sur ses deux oreilles", fait valoir Ely Karmon, chercheur en problématique stratégique et en contre-terrorisme au centre interdisciplinaire de Herzliya (Israël). "L'évaluation est qu'en cas de riposte occidentale limitée, le régime syrien ne se sentira pas menacé et il n'aura pas de raison d'attaquer Israël.

    " Le spécialiste israélien est formel : Bachar el-Assad n'a pas intérêt à intervenir en Israël. "Toute attaque syrienne entraînerait une riposte massive israélienne, sur des bases aériennes et des dépôts de missiles, compromettant les chances du régime syrien de l'emporter face à la rébellion", souligne Ely Karmon.

    Quant au Hezbollah, ses unités d'élite semblent aujourd'hui plus utiles au président syrien dans les combats en Syrie contre la rébellion que face à l'État hébreu.



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