Ils sont près de 100 000 Algériens au Canada. La maîtrise de la langue française les a poussés à émigrer au Québec en premier lieu. Mais le Canada ce n’est pas que le Québec. D’autres ont choisi d’aller plus à l’ouest en Alberta. Récit d’un périple de 4000 km.
En route pour Calgary à la rencontre des Algériens de l’Alberta.
En route au sens propre ! On doit parcourir les 4000 km qui séparent Montréal de Calgary en voiture. Go west young men ! En Alberta, près de 1400 Algériens sont immatriculés auprès de l’ambassade d’Algérie au Canada. Donc, il ne faut pas trop espérer trouver des boutiques ou des restaurants algériens comme à Montréal où vivent la majorité des 100 000 Algériens du pays de l’Erable. Aventure pour aventure, le parcours se fera en covoiturage avec Sylvain et Julien, deux Québécois de Montréal et Magog. Sylvain, la cinquantaine, est un travailleur autonome dans la construction. Il laisse tout pour aller tenter sa chance en Alberta, la province qui connaît un boom pétrolier depuis 2005. Julien, 27 ans, est un homme à tout faire et un amoureux de la randonnée et du snowboard. Il s’en va dans l’ouest pour explorer les Rocheuses canadiennes et la vallée de l’Okanagan, près de Vancouver.
On quitte Montréal un samedi matin. Il est 8h20 quand Julien, au volant, lance : «C’est parti !»
En Subaru Outback année 2004, il faudra quatre jours de route pour atteindre Calgary – pas de conduite la nuit, par mesure de sécurité. On atteint rapidement la frontière du Québec vers 9h30. Bienvenue en Ontario ! Les drapeaux canadiens commencent à s’affirmer. Le Québec et son séparatisme sont derrière. Au pays de Naomi Klein, le «no logo» ne semble pas avoir d’impact sur les bords de la route. Des panneaux publicitaires le long du chemin : de la réclame à la campagne de sensibilisation sur les dangers de l’alcool au volant et aux avis de recherche d’enfants disparus… et, cerise sur le gâteau, des messages de Jesus du genre «born again» !
Les paysages commencent à devenir intéressants (lacs et rivières). Les criques donnent des frissons et rappellent la côte algérienne. Soudain, une pancarte : «SVP ne donnez pas à manger aux ours»…
La 3G dans une réserve indienne
A 19h30, on atteint Blind River, 3600 habitants, où vit Michelle, la cousine de Sylvain qu’il n’a pas vue depuis 25 ans… Ici se trouve Thessalon, la plus petite réserve indienne du Canada. Thessalon First Nation : 20 familles, une quarantaine de maisons et environ 200 habitants.
On passe la nuit chez Michelle, non sans vider la voiture de toute trace de nourriture à cause des ours qui rôdent la nuit. Au matin, juste le temps de vérifier les emails et essayer de mettre à jour les profils facebook. Bien qu’on soit dans «le bois», on a accès à internet grâce à la 3G du iPhone de Michelle qu’on utilse comme hotspot.
Sur le chemin de notre prochaine escale, Thuder Bay, à un peu plus de 900 km à l’ouest, tous les terrains de camping, hôtels, motels, restaurants ou autres lieux de pause mettent en avant la disponibilité de l’internet pour attirer une clientèle de plus en plus techno-dépendante. En soirée, on apprend que le ministre algérien des TIC a annoncé le lancement de l’appel d’offres pour la 3G le 1er août...Il était temps !
La route vers Thunder Bay (la baie du Tonnerre) se fait dans les montagnes et le long de lacs et de rivières dont les villages avoisinants portent des noms qui rappellent la toponymie des villages algériens (river et oued !).
On passe devant un secteur qui semble avoir été reboisé. Sylvain se rappelle du milieu des années 1970, quand il était étudiant et qu’il plantait des arbres lors d’opérations de reboisement pendant les vacances… Comme en Algérie, mais lui il était payé, pas comme les étudiants algériens qui le faisaient bénévolement sous le contrôle de l’UNJA et du FLN…
19h40. Arrivée au camping Koa de Thunder Bay. Au compteur de la voiture, 1869 km. Il reste 2200 km pour Calgary.
Dure journée pour les pouceux (auto-stoppeurs)
Direction Manitoba ! Derniers moments à Thunder Bay. La nuit, la température est tombée à 10 degrés. Pas d’ours ou d’animal sauvage en vue. La pleine lune et le bruit des trains qui passent pas très loin font penser aux gens de Lac-Mégantic, une petite ville située à 250 km à l’est de Montréal. Ses habitants ont vécu une nuit d’horreur quand un train transportant du pétrole a explosé en plein centre-ville au début du mois. 50 morts et autant de maisons et de commerces détruits.
8h20. Cap sur Winnipeg dans la province du Manitoba. 900 km à faire. On quitte Thunder Bay sous un orage et une pluie battante. Quoi de plus normal pour cette «baie du Tonnerre» ! «Difficile journée pour les pouceux», lance Julien. Pouceux pour autostoppeurs en québécois. Et c’est vrai que l’averse dissuaderait le plus téméraire d’entre eux. On en a croisés en cours de route. Généralement, ils sont deux, avec une petite pancarte sur laquelle ils ont écrit au feutre noir «west»…
Le vieux téléphone Nexus One (Videotron) de Sylvain rend l’âme. On essaie de le «réanimer». Rien à faire, il est fini. Sylvain n’étant pas techno-dépendant, il n’en est pas malade pour autant. Sa pensée positive quotidienne doit y être pour quelque chose. Fuseau horaire. Quelque temps après Thunder Bay, on entre dans le Central Time. On quite l’East Time. On repère les Tim Hortons (une chaîne de cafés canadienne qui existe même dans la base militaire de Kandahar (Afghanistan) parce qu’ils offrent le wifi ! A 15h, on atteint la frontière entre l’Ontario et la Manitoba. Finie la montagne, bonjour la descente vers les prairies, cette région du Canada où le pick-up est roi. On atteint Winnipeg, la capitale du Manitoba. On se perd dans les rues de la ville. Le GPS a du mal à réagir. Au bout de 45 minutes, on s’extirpe des entrailles de Winnipeg. On tombe sur un panneau vantant l’arrivée de la 4G au Manitoba – de quoi se rappeler Moussa Benhamadi, ministre algérien des TIC !
Direction Brandon, à 300 km, qu’on atteint vers 20h. Le terrain de camping est meilleur que celui de Thunder Bay. La raison ? Le wifi partout ! La route est directe. Il ne s’y passe rien. Les champs se succèdent. Des usines de transformation de grains. La nuit s’est passée sans encombre. A 9h, direction Calgary. On arrive à la frontière entre le Manitoba et le Saskatchewan à 10h15. La traversée de la province du Manitoba est un jeu d’enfant par rapport à celle de l’Ontario, qui nous a pris deux jours et demi.
En route pour Calgary à la rencontre des Algériens de l’Alberta.
En route au sens propre ! On doit parcourir les 4000 km qui séparent Montréal de Calgary en voiture. Go west young men ! En Alberta, près de 1400 Algériens sont immatriculés auprès de l’ambassade d’Algérie au Canada. Donc, il ne faut pas trop espérer trouver des boutiques ou des restaurants algériens comme à Montréal où vivent la majorité des 100 000 Algériens du pays de l’Erable. Aventure pour aventure, le parcours se fera en covoiturage avec Sylvain et Julien, deux Québécois de Montréal et Magog. Sylvain, la cinquantaine, est un travailleur autonome dans la construction. Il laisse tout pour aller tenter sa chance en Alberta, la province qui connaît un boom pétrolier depuis 2005. Julien, 27 ans, est un homme à tout faire et un amoureux de la randonnée et du snowboard. Il s’en va dans l’ouest pour explorer les Rocheuses canadiennes et la vallée de l’Okanagan, près de Vancouver.
On quitte Montréal un samedi matin. Il est 8h20 quand Julien, au volant, lance : «C’est parti !»
En Subaru Outback année 2004, il faudra quatre jours de route pour atteindre Calgary – pas de conduite la nuit, par mesure de sécurité. On atteint rapidement la frontière du Québec vers 9h30. Bienvenue en Ontario ! Les drapeaux canadiens commencent à s’affirmer. Le Québec et son séparatisme sont derrière. Au pays de Naomi Klein, le «no logo» ne semble pas avoir d’impact sur les bords de la route. Des panneaux publicitaires le long du chemin : de la réclame à la campagne de sensibilisation sur les dangers de l’alcool au volant et aux avis de recherche d’enfants disparus… et, cerise sur le gâteau, des messages de Jesus du genre «born again» !
Les paysages commencent à devenir intéressants (lacs et rivières). Les criques donnent des frissons et rappellent la côte algérienne. Soudain, une pancarte : «SVP ne donnez pas à manger aux ours»…
La 3G dans une réserve indienne
A 19h30, on atteint Blind River, 3600 habitants, où vit Michelle, la cousine de Sylvain qu’il n’a pas vue depuis 25 ans… Ici se trouve Thessalon, la plus petite réserve indienne du Canada. Thessalon First Nation : 20 familles, une quarantaine de maisons et environ 200 habitants.
On passe la nuit chez Michelle, non sans vider la voiture de toute trace de nourriture à cause des ours qui rôdent la nuit. Au matin, juste le temps de vérifier les emails et essayer de mettre à jour les profils facebook. Bien qu’on soit dans «le bois», on a accès à internet grâce à la 3G du iPhone de Michelle qu’on utilse comme hotspot.
Sur le chemin de notre prochaine escale, Thuder Bay, à un peu plus de 900 km à l’ouest, tous les terrains de camping, hôtels, motels, restaurants ou autres lieux de pause mettent en avant la disponibilité de l’internet pour attirer une clientèle de plus en plus techno-dépendante. En soirée, on apprend que le ministre algérien des TIC a annoncé le lancement de l’appel d’offres pour la 3G le 1er août...Il était temps !
La route vers Thunder Bay (la baie du Tonnerre) se fait dans les montagnes et le long de lacs et de rivières dont les villages avoisinants portent des noms qui rappellent la toponymie des villages algériens (river et oued !).
On passe devant un secteur qui semble avoir été reboisé. Sylvain se rappelle du milieu des années 1970, quand il était étudiant et qu’il plantait des arbres lors d’opérations de reboisement pendant les vacances… Comme en Algérie, mais lui il était payé, pas comme les étudiants algériens qui le faisaient bénévolement sous le contrôle de l’UNJA et du FLN…
19h40. Arrivée au camping Koa de Thunder Bay. Au compteur de la voiture, 1869 km. Il reste 2200 km pour Calgary.
Dure journée pour les pouceux (auto-stoppeurs)
Direction Manitoba ! Derniers moments à Thunder Bay. La nuit, la température est tombée à 10 degrés. Pas d’ours ou d’animal sauvage en vue. La pleine lune et le bruit des trains qui passent pas très loin font penser aux gens de Lac-Mégantic, une petite ville située à 250 km à l’est de Montréal. Ses habitants ont vécu une nuit d’horreur quand un train transportant du pétrole a explosé en plein centre-ville au début du mois. 50 morts et autant de maisons et de commerces détruits.
8h20. Cap sur Winnipeg dans la province du Manitoba. 900 km à faire. On quitte Thunder Bay sous un orage et une pluie battante. Quoi de plus normal pour cette «baie du Tonnerre» ! «Difficile journée pour les pouceux», lance Julien. Pouceux pour autostoppeurs en québécois. Et c’est vrai que l’averse dissuaderait le plus téméraire d’entre eux. On en a croisés en cours de route. Généralement, ils sont deux, avec une petite pancarte sur laquelle ils ont écrit au feutre noir «west»…
Le vieux téléphone Nexus One (Videotron) de Sylvain rend l’âme. On essaie de le «réanimer». Rien à faire, il est fini. Sylvain n’étant pas techno-dépendant, il n’en est pas malade pour autant. Sa pensée positive quotidienne doit y être pour quelque chose. Fuseau horaire. Quelque temps après Thunder Bay, on entre dans le Central Time. On quite l’East Time. On repère les Tim Hortons (une chaîne de cafés canadienne qui existe même dans la base militaire de Kandahar (Afghanistan) parce qu’ils offrent le wifi ! A 15h, on atteint la frontière entre l’Ontario et la Manitoba. Finie la montagne, bonjour la descente vers les prairies, cette région du Canada où le pick-up est roi. On atteint Winnipeg, la capitale du Manitoba. On se perd dans les rues de la ville. Le GPS a du mal à réagir. Au bout de 45 minutes, on s’extirpe des entrailles de Winnipeg. On tombe sur un panneau vantant l’arrivée de la 4G au Manitoba – de quoi se rappeler Moussa Benhamadi, ministre algérien des TIC !
Direction Brandon, à 300 km, qu’on atteint vers 20h. Le terrain de camping est meilleur que celui de Thunder Bay. La raison ? Le wifi partout ! La route est directe. Il ne s’y passe rien. Les champs se succèdent. Des usines de transformation de grains. La nuit s’est passée sans encombre. A 9h, direction Calgary. On arrive à la frontière entre le Manitoba et le Saskatchewan à 10h15. La traversée de la province du Manitoba est un jeu d’enfant par rapport à celle de l’Ontario, qui nous a pris deux jours et demi.
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