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Putsch et contre-putsch : les nouvelles «constantes» du FLN

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  • Putsch et contre-putsch : les nouvelles «constantes» du FLN

    Simple poussée de fièvre ou véritable pathologie «existentielle» en train de le ronger en profondeur ? Les diagnostics se multiplient à son chevet et se contredisent, notamment. Selon les sensibilités politiques, certains le donnent comme agonisant quand d’autres, plus réservés, soulignent qu’il survivra quels que soient ses maux et tant que le «système» n’aura pas été soldé définitivement.

    Décidément, le FLN qui, par ailleurs, empêche par sa seule existence le pays de faire sa mue, suscite cycliquement un excès de commentaires et surtout une sollicitude suspecte de l’appareil d’Etat quand des conflits internes lui apparaissent comme préjudiciables aux «intérêts globaux» du pays ! Et l’on caricature à peine le rocambolesque épisode qui vient de mettre en scène un ministère de l’Intérieur et le Conseil d’Etat avec leurs arbitrages contradictoires dans un différend de ménage d’un parti, pas comme les autres. Une haute institution, qualifiée majestueusement pour trancher dans les litiges, qui déboute un ministre de souveraineté cela est, non seulement peu courant mais confère à ce clivage quelques interprétation politiciennes de l’atmosphère qui règne dans les sphères du régime.

    La plupart de nos confrères ont perçu avec pertinence cette lézarde dans l’unanimisme ambiant de l’appareil d’Etat et ont voulu même comprendre qui est derrière ce coup de canif et pourquoi le tout-puissant Ould Kablia a été publiquement désavoué, voire pour qui roulait-il ? Autant de questions ouvertes aux spéculations et qui, paradoxalement, font les bonnes affaires du FLN, en termes de communication. En effet, il importera peu, dans les jours et les semaines qui viennent, que la délibération du Conseil d’Etat ne soit pas respectée et que le putschisme administratif prenne le dessus en avalisant la session du CC de jeudi qui vient de propulser Saïdani à la direction du parti. Or, le fait que même des relais majeurs du pouvoir se déchirent autour d’une question organique de ce FLN indique bien que cet appareil demeure le pivot de toutes les recompositions en vue.

    De cette prééminence, confirmée au prix d’une quasi-crise d’Etat, cette chapelle confisque à nouveau tous les enjeux futurs dont la légitimation lors de la présidentielle. La perspective n’est pas réjouissante évidemment pour la refondation de l’Etat et pour les libertés politiques lorsqu’on sait qu’il demeure un levier de commande du pouvoir aux moyens disproportionnés prodigués par celui-ci. Que l’on se souvienne, à ce propos, des haussements de col d’un Belkhadem il y a de cela trois ans qui, pour remettre à leur place les satellites (RND et MSP) qui partageaient sa fidélité à Bouteflika, leur rappelait «l’aristocratie» partisane du FLN. «Il n’est pas né grâce à un agrément du ministre de l’Intérieur», plastronnait-il. Des propos fâcheux qui suffisent pour exhumer le passé peu glorieux de l’officine unique» qu’elle était et de l’imposture même du sigle dont il se prévaut à ce jour.

    Reliquat d’une période totalitaire, le FLN n’a-t-il pas toujours été la négation même du pluralisme ?

    Souligner au passage cette genèse revient à dire simplement que le «sang bleu» du militantisme est bien plus rare dans ses rangs que les tares de l’affairisme et du complot. Comme d’ailleurs l’ont souvent noté les mémorialistes des années troubles allant de 1962 à 1965, le FLN a été «tout» sauf un creuset fédérateur des sensibilités nationales. Conçu par la conjuration d’un clan (groupe de Tlemcen), il fonctionna constamment sur la base du sectarisme de la stigmatisation et de l’épuration. Or, près d’un demi-siècle après le fameux congrès de 1964 d’où même Ferhat Abbas fut exclu, son bréviaire n’a que peu évolué

    C’est ainsi que dans ses rangs, il est courant d’entendre parler de «ligne rouge» lorsque certains militants osent critiquer certains dogmes.

    Et que dire de cette atroce définition d’un parti aux ordres? «Il est la maison de l’obéissance», avait alors décrété Boualem Benhamouda pour justifier le limogeage de Mehri. C’est que l’on oublie souvent que dans cette «maison», le fait d’emprunter les sentiers de la réflexion autonome vous coûte le statut de «déviant». Même dans le contexte actuel, il ne s’est pas départi des procédés inquisitoires qui ponctuent violemment sa vie interne.

    Tel qu’en lui-même, comme au temps où il était l’unique, le FLN cultive le complot permanent. En cela, il possède justement le privilège d’avoir toujours été la bonne «université» où se sont formés les pouvoirs successifs. Et c’est grâce à cette ALMA MATER qu’une génération de dignitaires ont fait leur classe pour ensuite s’élever dans la hiérarchie des privilèges et en même temps acquérir ce sens de la «carambouille» politique qui les a prémunis des mauvaises surprises de la disgrâce et de la chute.

    En somme, ce qui se passe actuellement dans ses rangs avec son lot d’arguties réglementaires et de chasses aux sorcières n’est que la poursuite d’une même pédagogie du complot mais avec d’autres moyens, d’autres acteurs et pour des objectifs encore inavoués. Le FLN qui déclinait bruyamment son attache aux «constantes» nationales le voici dorénavant reconnu comme un parti constant… dans le putschisme.

    Par Boubakeur Hamidechi, Le Soir
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