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Yakouren : La petite Suisse nord-africaine en péril

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    Les pluies qui se sont abattues, mardi et mercredi derniers, dans la commune de Yakouren, située à 50 km à l’extrême est du chef-lieu de wilaya de Tizi-Ouzou, ont transformé la ville en une immense mare aux canards, contraignant ainsi les habitants à évoluer dans la gadoue et dans une route complètement envasée.

    Le lancement des projets en cette période, coïncidant avec le début d’automne, saison des grandes précipitations, est malheureusement à l’origine de cette situation malencontreuse et la conséquence des perturbations aiguës du trafic routier dans cette importante région, constituant l’une des principales jonctions entre les wilayas de Tizi-Ouzou à Béjaia, du fait qu’elle est traversée par la RN°12. La petite Suisse nord-africaine d’antan, comme la nommaient les colons français, est précipitamment devenue un chantier dont les travaux sont réalisés en pagaille et dans un désordre donnant une idée sur la négligence des membres de l’assemblée élue. En effet, depuis le début des travaux en question et la fermeture du tronçon traversant le centre-ville à la circulation, les usagers de la RN12 ne cessent de déplorer le laisser-aller des autorités locales, notamment en matière de signalisation routière. L’entreprise chargée de réaliser les travaux, évalués à coup de millions, n’aurait pas jugé utile de mettre en place des plaques d’indication ou des panneaux signalant les déviations et l’itinéraire aux automobilistes étrangers à la région. Tenez-vous bien, en arrivant au chef-lieu communal, seuls une branche du tilleul qu’on a tronçonné pour élargir la route de la ville, un fût rongé par la rouille et un long fil délimitant le périmètre des travaux en cours sont placés en guise d’avertissement. Les usagers venus de la capitale du Djurjura à destination de Béjaïa, en particulier, sont contraints ainsi de faire un grand détour pour arriver à destination ou, au pire, se perdre dans un petit labyrinthe pour trouver l’issue à l’exception de ceux qui ont la chance de s’être bien renseignés. « C’est un calvaire ! Je me demande comment on peut lancer des travaux d’une telle envergure sans prévoir un plan de régulation routière pour cette ville qui connaît un important trafic routier au quotidien. Maintenant, si c’est parce qu’on veut consommer le budget de la commune jusqu’au dernier sou qu’on a engagé des travaux à la hâte, on peut comprendre », déplore un commerçant, une lueur de mépris dans son regard. Il n’est pas le seul à partager cette opinion, puisque tous les habitants interrogés sur le développement de la commune, l’état des routes notamment, se sont accordés sur la dégradation avancée de l’asphalte des chaussées. Les venelles épargnées jusque-là sont, malheureusement, truffées de dos-d’âne et de ralentisseurs à l’exemple de la route menant vers le village
    d’Ahmil où l’on en dénombre six sur une distance de moins de 400 mètres. Contactée par nos soins, une source de l’APC indique que « la pose de ralentisseurs a été entreprise au niveau des établissements scolaires dans le but de limiter les conduites à vive allure et du coup apporter sécurité et protection à nos enfants scolarisés. Quant à la remise des routes à leur état initial, je tiens à assurer qu’elle ne se fera qu’après l’achèvement des opérations engagées afin d’éviter le double travail. »

    Désastre écologique !
    Par ailleurs, on ne peut guère parler de Yakouren sans évoquer la situation désastreuse dans laquelle se trouve sa sylve. A peine l’hôpital d’Azazga dépassé, on découvre l’ampleur de la calamité. Les décharges sauvages, multipliées par la prolifération des monticules d’immondices, sont le spectacle qui ajoute une note de tristesse au ravage causé par les incendies ayant été enregistrés l’été dernier. Seuls des chênes rabougris, épargnés par les flammes, maintiennent un semblant de verdure avec les bourgeons des quelques feuilles poussées. 11 km de route avant d’atteindre le chef-lieu communal, on inhale l’air vicié émanant des grandes surfaces sylvicoles embrasées. Une véritable apocalypse. Le pire est que ce sinistre « naturel » est gravement accentué par la bêtise humaine. « Les décharges poussent comme des champignons. Les pique-niqueurs, indifférents au préjudice causé à l’environnement, abandonnent sur place les restes de leurs friandises et victuailles. Quoique sporadique, ce sont des associations bénévoles qui font le nettoyage de la forêt. Malheureusement, les autorités locales ne les aident que chichement. Il faut impliquer tout un chacun pour la protection de l’écosystème et mener des campagnes de sensibilisation à l’effet d’inciter les citoyens à la politique environnementale. Cependant, les louables initiatives demeurent toujours vaines quand on brille par l’incivisme », déplore un citoyen, la trentaine entamée. La situation va de mal en pis. En plus des pots de yaourt jonchant le sol, certains automobilistes n’hésitent point à jeter leurs déchets, des cannettes ou bouteilles de vin depuis leur véhicule, en témoignent les bordures de la route, lesquels regorgent d’ordures. Ce qui fut un itinéraire de découverte et un endroit de villégiature pour les adeptes de la forêt et des randonnées pédestres ne reste qu’en l’expression et relève désormais des lointains souvenirs. Ce qui fait mal aux cœurs, et même pour les plus endurcis, c’est que la fameuse forêt de Yakouren, constituant 47 % de sa superficie totale (7930 ha), agonise devant le regard complice de tous les responsables qui se sont succédé au trône de l’APC.


    Les macaques apprivoisés !
    Les macaques, autrement appelés les singes magots, attirent des touristes et restent incontestablement l’unique attrait dont jouit actuellement la forêt de Yakouren. Flanqués de leur marmaille, les appareils photo en mains, les parents y viennent quotidiennement, notamment en période de vacances où pendant les week-ends pour donner de la nourriture à ces créatures sans se rendre compte des conséquences qui peuvent en découler. « On les a apprivoisés. Tous les singes de la région ont perdu leur aspect sauvage. Ils ne peuvent plus vivre sans ces touristes. Malheureusement, on ne peut rien faire quand la raison est dominée par l’esprit narcissique de l’homme », déplore un habitant, ajoutant qu’« on est tous émerveillés par les acrobaties de ces singes, mais il ne faut pas exclure le danger qu’ils peuvent représenter s’ils ne trouvent pas de quoi craquer les dents : ils deviennent plus agressifs. »

    Ruée sur la fontaine fraîche
    Nous avons eu du mal à garer notre voiture en arrivant à la fontaine fraîche, à 2 km du chef-lieu de la commune de Yakouren, où est puisée une eau connue pour ses multiples vertus. Des voitures immatriculées dans plusieurs wilayas du pays sont stationnées des deux côtés de la route qui grouille de monde. « Cet endroit est le plus prisé en été, soit par les touristes ou par les passagers qui empruntent régulièrement cette route pour profiter de la fraîcheur de la forêt », nous dit un jeune de la région. Administrativement relevant de la commune d’Azazga, la fontaine fraîche reste incontestablement un lieu de villégiature de choix pour les travailleurs qui viennent y passer leur journée en vue de recharger leurs accus après des mois de labeur. L’endroit est rendu plus attractif avec la mise en place des boutiques rustiques destinées à la vente d’objets traditionnels, proposés aux visiteurs à des pris alléchants.

    par Abdelkrim Kirèche
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